En marge de la sortie des Chemins du Passé dans le Brionnais :
CAGLIOSTRO EST-T-IL VENU A MONTCEAU-L’ETOILE
Un peu d’Histoire
Les Vichy : pour situer cette famille qui possède un hôtel particulier à Roanne qui fut démoli pour être remplacé par l’actuel bureau de poste place Georges Clémenceau, reportons nous au XVIII° siècle dans la cour du Château de Chamrond situé à Ligny en Brionnais près de Saint-Julien-de-Jonzy en Saône-et-Loire.
Sous les arbres, Gaspard de Vichy, comte de Chamron et son épouse, née Diane d’Albon ; Marie de Vichy, 55 ans, veuve du marquis de Deffand, sœur de Gaspard, Julie de Lespinasse une toute jeune fille de 20 ans et deux enfants : Abel 12 ans et Anne-Camille, fils du Comte et de la Comtesse de Vichy.
Bien des années plus tard l’homme d’affaire révèle les rapports qu’eut à Paris le marquis avec Cagliostro, effrayé de voir la fortune d’Abel s’en aller dans les fréquentations de celui qu’il traite de « charlatan » et d »d’escroc ».
Le marquis loue en 1784, une maison à Paris et vient y étudier en 1785 le magnétisme en même temps qu’il monte un laboratoire de chimie. En 1786, Abel se rend en Angleterre pour rejoindre Cagliostro. Le marquis aurait dépensé 800 000 francs, soit le double de son revenu, pour ce séjour à Londres d’où il revint en 1787.
Cagliostro est-il venu à Montceaux-l’Etoile ? Sans doute pas, mais au XIX° siècle les habitants y croyaient, croyance populaire fortement ancrée. L’historien local du moment Joseph Sandre (qui ne trouva pas trace de Cagliostro dans ce village) l’instituteur est impressionné par ce qu’il entend de la bouche des habitants de Montceaux et il écrit : « La tradition du séjour de Cagliostro est trop vivace pour ne pas être l’expression de la vérité ».
Les croyances populaires vont très loin quand il s’agit des exploits du mage. Il se dit que « Cagliostro à dévoré un enfant… » « Que pour composer son baume universel il avait besoins de deux choses essentielles : du sang artériel et de la graisse d’une jeune fille vierge, virgo incacta, que pour se procurer ces deux éléments il immola une jeune beauté qu’il fit bouillir ensuite dans une chaudière ; une autre version veut qu’il ait choisi, au contraire, une affreuse bossue, vierge de par sa hideur, dont il aurait ensuite monté le squelette ».
Au musée de Marcigny des instruments de chimie sont exposés, provenant de Montceau-l’Etoile tout proche et on dit avoir été utilisé par Cagliostro dans un corps de bâtiment appelé « La Tour », seul vestige du château Vichy. Ils ont plus probablement servi à Abel pour ses propres expériences dans ce logis excentrique, imaginé par lui-même, et il est fort possible qu’il ait rapporté ces instruments de Paris, où Cagliostro s’en servit. Une hypothèse très vraisemblable.
On a supposé qu’Abel pouvait espérer de l’alchimie une rencontre par-delà la mort avec son épouse dont la mort prématurée le laissait inconsolable.
Antoine Fargeton (Une Famille au XVIII° siècle à la ville et aux champs).