Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes
<o:p> </o:p>
77 rue Magenta
69100 VILLEURBANNE
Tél : 04 78 70 81 75
fax : 04 78 70 81 85
mél : cmtra@cmtra.org
<o:p> </o:p>
Empruntez les chemins du Pays entre
Loire et Rhône et suivez ses chanteurs qui, une fois l'an, du crépuscule
jusqu'à l'aube, de fermes en villages, évoquent le printemps en chantant le
mois de mai. Sur les places des villages, les jours de fête, la musique des
batteries-fanfares se mêle au bruit des manèges et des rumeurs de la foule.
Ailleurs, dans l'intimité d'une abbaye, montent des chants liturgiques auxquels
répondent en quelques notes de bourrée, la cabrette et l'accordéon, héritage de
l'Auvergne toute proche.
Chants de mai, complaintes en patois, chorales, percussions des
batteries-fanfares et histoires particulières, les habitants du Pays entre
Loire et Rhône vous racontent et vous chantent leur vie, et celle de leurs
villages.
LE CANTON :
A quelques encablures de Lyon, si l'on se déplace du côté du
couchant après avoir franchi les Monts du Lyonnais, en direction de Roanne, on
découvre un charmant pays de vallées et de crêtes aux divers paysages de petite
montagne.
Ce canton est appuyé sur la dernière dorsale Ouest des Monts
du Beaujolais, qui s'achève sur les bords abrupts de <st1:PersonName productid="la Loire." w:st="on">la Loire.
</st1:PersonName>Il est à l'Ouest limité par ce grand fleuve en un site
exceptionnel. En effet, en 1977, un grand chantier de sauvetage a été ouvert à
l'emplacement du barrage en construction. Ces fouilles ont fait sortir un
campement fixe, presque un village, construit 25 000 ans plus tôt, peu avant le
Solutréen. Quand les eaux étaient basses, les hauts fonds rocheux permettaient
aux troupeaux de bisons, de rennes et de chevaux de se déplacer d'une rive à
l'autre de <st1:PersonName productid="la Loire" w:st="on">la Loire</st1:PersonName>
lors de leurs migrations saisonnières.
L'un des plus anciens villages d'Europe avec ses grottes, ses
outils, fresques, pendeloques et plaquettes de schiste est donc aujourd'hui
enfoui sous les eaux du barrage de Villerest, qui baignent les communes de
Cordelle, Saint-Cyr-de-Favières et Saint-Priest-la-Roche.
Au nord, l'Abbaye bénédictine de Pradines appuyée sur la
vallée du Rhins semble dominer le canton. Fondée en 1804, c'est en ses murs que
se réfugia Laëtitia, la mère de Napoléon en compagnie de son frère le cardinal
Fesch, en 1814.
Au Sud, comme sur une frontière naturelle fournie par le
plateau s'étend le Seuil de Neulise et le bourg lui-même, fondé par les Gaulois
puis devenu garnison romaine (Novalisio). Il est la dernière étape géographique
avant l'entrée dans le Forez historique.
A <st1:metricconverter productid="555 mètres" w:st="on">555
mètres</st1:metricconverter>, sur <st1:PersonName productid="la RN" w:st="on">la
RN</st1:PersonName> 82 qui relie Paris à <st1:PersonName productid="la Côte-d" w:st="on">la Côte-d</st1:PersonName>'Azur, nous nous trouvons en l'un des
points les plus élevés du canton. De là se dessinent au ponant les sommets
enneigés des Monts du Forez et Pierre sur Haute ainsi que l'étendue paisible de
la plaine qui ceinture <st1:PersonName productid="la Loire.Enf" w:st="on">la
Loire.
Enf</st1:PersonName>in, si l'on se tourne vers l'Orient, vers ses montagnes,
nous découvrons le Col du Pin Bouchain (<st1:metricconverter productid="760 m" w:st="on">760 m</st1:metricconverter>) où se trouve un tumulus défini par les
uns comme une tombe burgonde et par les autres comme une tombe féodale, ainsi
qu'un relais de poste célèbre.
En effet, Napoléon est passé par là et l'on a d'ailleurs élevé
un buste à sa mémoire. Les gens d'ici ne sont pas près d'oublier l'histoire de
Sophie Vallier qui déguisée en homme se change en postillon pour conduire
l'empereur après lui avoir fait payer des ufs à un prix très élevé. Le futur
exilé de Sainte-Hélène aurait déclaré : je me suis fais berner deux fois."
Nous sommes là dans l'arrondissement de Roanne, dans un canton
de <st1:metricconverter productid="25 000 hectares" w:st="on">25 000 hectares</st1:metricconverter>
aux terrains acides. Un grand plateau à l'altitude moyenne de 400 à <st1:metricconverter productid="600 mètres" w:st="on">600 mètres</st1:metricconverter> étale en son
relief les croupes d'innombrables collines.
Ici se situent les "Marches" du Beaujolais.
Avant <st1:PersonName productid="la Révolution Française" w:st="on">la Révolution Française</st1:PersonName>, Saint-Symphorien
appartenait d'ailleurs à <st1:PersonName productid="la Province" w:st="on">la
Province</st1:PersonName> de Beaujolais.
Ce petit pays riche de 16 communes s'étirait autrefois autour
de son ancienne capitale : Lay. Cette dernière, poste militaire romain était la
quatrième prévôté du Beaujolais et le siège d'une châtellenie. Elle est la
patrie du poète Joseph de Berchoux et des frères Prost, inventeurs du
régulateur monté sur les milliers de métiers à tisser.
Son assise féodale et ses remparts font de Lay un joyau du
canton.
Mais d'autres lieux prestigieux et chargés d'histoire parsème
les vallons. De nombreux châteaux se dressent aux bords des rivières et sur les
côtés. Le château de Saint-Priest-La-Roche quant à lui paraît surgir comme en
un conte des eaux de <st1:PersonName productid="la Loire. Nous" w:st="on">la
Loire. Nous</st1:PersonName> citerons également <st1:PersonName productid="La Forez" w:st="on">La Forez</st1:PersonName>, Verdier, Sarron et
l'Aubépin.
Outre l'Ecornu et le Bernand, deux rivières descendent des
monts du matin : le Rhins au Nord où la commune de Saint-Victor marque le début
d'une vallée magnifique resserrée et escarpée en amont, bordée de chapelles comme
la fameuse Naconne et de moulins en aval.
Le Grand au Sud passe sous le viaduc de Saint-Symphorien,
avant d'aller dolent poursuivre sa course à travers les vallons. Dans sa vallée
passait l'un des premiers chemins de fer de France.
LES ROUTES :
L'histoire et la géographie locale sont marquées par les axes
de communication. De l'Ouest vers l'Est se sont succédées depuis des temps
immémoriaux les anciennes voies rejoignant la capitale des Gaules. Cette route
principale plus tard nommée le Grand Chemin d'Italie, deviendra voie royale,
puis voie impériale. C'est aujourd'hui <st1:PersonName productid="la Nationale" w:st="on">la Nationale</st1:PersonName> 7, qui culmine au Pin Bouchain.
Du Nord au Sud se dessine <st1:PersonName productid="la RN" w:st="on">la RN</st1:PersonName> 82, "la route bleue" qui emprunte la
fameuse côte de Vendranges pour culminer sur le plateau, au Seuil de Neulise.
Ces voies et routes sont probablement à l'origine de
l'ouverture d'esprit des habitants et de la variété des langues locales.
LES MÉTIERS :
Sous l'influence de Lyon et de Tarare, depuis plus de trois
siècles, le canton est voué à l'industrie textile. Les monts ont résonné et
résonnent encore des tissages et des métiers annexes : teintures, filatures,
broderies, apprêts.
Métiers à main ou métiers mécaniques tissaient et pour
certains tissent encore la soie et la voile.
En 1830, 23 000 habitants vivaient sur cette terre
essentiellement rurale qui progressivement délaissait la culture du seigle et
de la pomme de terre pour les métiers. Au fil des années les habitants se
partagerons donc entre la culture des terres et le textile. En 1975, il ne
reste plus que 12 000 habitants, et bien que le textile et l'agriculture
occupent encore les uns et les autres, le canton se dépeuple.
De nos jours, il semble que la roue tourne et que l'exode est
moindre grâce aux voies de communication, au tourisme, au maintien de cultures
par des fermiers très motivés, à un tissu d'usines textiles encore vivace.
LES VILLAGES :
Parcourons à présent quelques unes des bourgades :
Lay était connue dès la fin du XVIe siècle pour les toiles futaines qui y
étaient tissées, mais avec l'essor de l'industrie locale, c'est
Saint-Symphorien qui est devenu la nouvelle capitale. Située à <st1:metricconverter productid="440 mètres" w:st="on">440 mètres</st1:metricconverter> d'altitude,
elle occupe <st1:metricconverter productid="3 360 hectares" w:st="on">3 360
hectares</st1:metricconverter> et fait vivre plus de 1 550 habitants. La
routes, les routes y ont une valeur primordiale. Depuis des siècles on fait
escale en ses murs.
Disons une première fois que le Relais de poste est célèbre, qu'il abrite à
présent un musée qui pourra faire connaître les multiples aspects de la vie
culturelle locale. Et l'histoire du Relais n'est pas des moindres quant on songe
à tout ceux qui y ont séjourné. En cette année 1994, nous mentionnerons surtout
le médecin et poète Rabelais. D'autres comme Joachim du Bellay y firent des
rêves...
Avec le relais, la route, le tourisme, cette cité jadis modeste est devenue un
chef-lieu qui connaît une grande expansion touristique grâce à ses équipements
de loisirs dont le fameux étang de <st1:PersonName productid="la Roche" w:st="on">la
Roche</st1:PersonName> et sa base nautique.
A Regny, le premier bourg a pris naissance au IXe siècle autour d'un prieuré
bénédictin, mais c'est en tant que cité ouvrière que ce dernier va s'accroître.
Son passé est marqué par la fabrication du crayon graphite "Comté" et
à ce jour, les tissus éponges poursuivent cette renommée avec l'usine très
moderne qui emplit une grande partie de la vallée. D'autres activités comme la
mécanique ou la maille trouvent ici à se développer également.
Saint-Just-la-Pendue (l'apendu, le perché) porte fièrement son nom dans la
mesure où ses rues dominent tout le canton. Elle est de fait bâtie sur la plus
haute des collines et la légende d'autre part nous raconte le retour d'une
pendue célèbre en ces lieux. Bourg d'industrie et de tissage, on y tissait dès
le XVIIe siècle le coton. Grâce à la mousseline, l'industrie textile s'est
encore renforcée au siècle dernier. Les fibres artificielles et synthétiques
supplantent aujourd'hui le coton mais la vie continue. Une grande imprimerie
uvre aussi du haut des collines haut perchées.
PRATIQUES MUSICALES :
Au siècle dernier, les nombreuses implantations textile et les
municipalités, ainsi que d'autres groupes sociaux influencés par le mouvement
orphéonique ont donné naissance à un grand nombre d'harmonies et de batteries
fanfares. Les patrons locaux, les communes, les paroisses aimaient à entretenir
ainsi une pratique musicale au sein des villages, faisant également fonction de
lieu de rencontre.
Les répertoires étaient diversifiés : militaires, populaires,
classiques, religieux. De nos jours, la pratique paraît moins marquée par un
style ou une tendance particulière. L'intérêt manifesté pour ces musiques à
changé, mais ces dernières se perpétuent. Malgré de grandes difficultés dues
aux manque de ressources, il existe encore dans ce canton, contrairement à
d'autres, un nombre important de chorales, d'harmonies et de fanfares.
Saint-Just-la-Pendue et Neulise possèdent ainsi une harmonie.
Quand à Saint-Symphorien-de-Lay et Chirassimont, elles accueillent une fanfare.
A noter à Chirassimont, outre les bugles, les clairons et les trompettes de
cavalerie, la présence de Monsieur Philippe Vignon, lauréat de plusieurs
concours nationaux et joueur de tambour réputé.
Nous avons retenu la fanfare de Saint-Symphorien-de-Lay,
dirigée par Thierry Jacquet dont les couleurs sont le vert de
l'"espérance" qui lui a donné son nom. L'une des particularités de
cette dynamique fanfare du chef-lieu de canton est l'utilisation du
glockenspiel, venu d'Allemagne, et introduit depuis une dizaine d'années.
L'essentiel de notre recherche a porté sur les voix des
habitants et sur leur patrimoine oral, et si l'on peut apprécier les qualités
du talentueux joueur de cabrette Pascal Pichonnier, il est évident que l'on
entendra davantage les récits et les chants des habitants, articulés à leurs
fêtes et leurs pratiques sociales.
LIEUX DE MÉMOIRE :
De part et d'autre de l'ancienne route de Paris -la fameuse
Nationale 7- autour du Relais de <st1:PersonName productid="la Tête Noire" w:st="on">la Tête Noire</st1:PersonName> à Saint-Symphorien-de-Lay, qui a vu
séjourner en ses murs tant de grands du Royaume de France, de poètes et de
courtisans, s'étend un charmant pays traversé par <st1:PersonName productid="la Loire.De Saint-Cyr" w:st="on">la Loire.
De Saint-Cyr</st1:PersonName>-de-Favières à Pradines et de Cordelle à
Machezal, nous en avons sillonné les routes en quête de "substrats de
civilisation" et de mémoires sonores, très riches en ces lieux dans la
mesure où se rencontrent là Forez et Beaujolais, lange d'oc et langue d'oïl, ainsi
que divers patois franco-provençaux.
Aussi, avons nous tenté, aux seins des fêtes de <st1:PersonName productid="la Groasse" w:st="on">la Groasse</st1:PersonName>, dont selon la
légende l'origine remonte à Henri IV, à travers les archives, les lectures de
l'uvre poétique de Louis Mercier, les rencontres et les veillées dans les
villages, d'approcher le patrimoine oral du canton, sous ses formes les plus
diverses.
De nombreuses associations comme les "Chemins du
passé" et le "Groupe artistique de Saint-Just-la-Pendue" -pour
ne citer qu'elles- uvrent depuis longtemps en ce sens, et notre intervention
n'aura fait qu'apporter un peu d'eau au moulin.
Tous les enregistrements présentés ici ont été réalisés sur le
vif, en direct, comme lors de la nuit du Mai où, de ferme en ferme, nous avons
arpenté les rues de Fourneaux, le micro à la main.
Avec le concours d'Olivier Richaume, nous en avons sélectionné
des pièces assez diverses qui permettent à l'auditeur de se représenter de
façon plus précise les pratiques musicales du canton.
Notre plus grand regret est de n'avoir pu présenter l'ensemble
des pièces recueillies et nous avons de ce fait omis, laissé en friches, des
récits, des chansons, des musiques et des histoires de vie : une seule cassette
n'aurait pu les contenir !
Mais, le feu couve sous la braise et le Mai, les veillées, les
"fourmis de Tonin Ganivelle", les voix et les fanfares continuent à
rythmer, ce qu'au delà de la réussite d'un Contrat de Développement Culturel,
nous pourrions appeler la mémoire collective d'un canton et de ses habitants.
La légende de Sainte-Agathe parcourue encore les terres du
château de l'Aubépin, les chants de Mai résonnent et les jeunes d'aujourd'hui
entassent vin et victuailles, pour la grande joie des habitants.
Parmi d'autres récits qui nous concernent au premier chef, on
ne peut ignorer que les Beatles ont dîné à l'Auberge des Terrasses voici
quelques années, empruntant à la suite des princes la célèbres Nationale.
Ainsi se joue et se rejoue l'histoire du monde, telle que
contée dans les longues soirées d'hiver et nous pouvons à loisir rêver aux
veillées de l'an 2 050 incluant en une trame unique les grands voyageurs
médiévaux et les prestigieux musiciens de Liverpool.
LES PATOIS :
Ces derniers sont aujourd'hui encore très vivaces et certains
de nos témoins le parlent couramment. Nous devrions dire les parlent, tant sont
multiples les formes de la langue d'un village à l'autre.
En règle générale, il s'agit là du patois de Coutouvre qui
appartient au franco-provençal "francisé", largement répandu aux
alentours de Roanne.
Le Noël de Ranchal, composé par l'Abbé Lucien Lacroix dans la
seconde moitié du XIXe siècle en est l'un des plus beaux fleurons.
Hormis le document que nous a fait écouter Anne-Marie Vurpas,
nous n'avons pu en retrouver de traces sonores. Cependant, nous en donnons en
fin de livret la version complète, dans la mesure où ce chant a rythmé durant
des générations la vie des habitants de ces montagnes entre Forez et
Beaujolais.
Il existe un autre chant des année 1840/1850 dont la mélodie
n'est malheureusement pas parvenue jusqu'à nous : "En chasse, La ligue de
Regny".
Cette complainte nous conte l'histoire de six propriétaires de
Regny qui se regroupent pour empêcher un chasseur de poursuivre le gibier sur
les domaines. Le chant sera composé par le dit chasseur pour se plaindre des
prétentions des six ligueurs.
En voici quelques couplets ; ainsi présentés :
Grande complainte en 32 couplets, inventée et chantée par le
"Nonni Vacher", avec accompagnement de tambour.
LOUIS MERCIER :
Il est incontestablement le chantre du patois local. Rédacteur en chef au
journal de Roanne, il est l'auteur d'une dizaine de volumes de vers et de six
volumes de prose, dont les fameux "Contes de Jean Pierre".
Ces contes ont été écrits en patois et, à l'instar des autres uvres de Louis
Mercier, il nous livrent une poésie rustique et simple qui donne corps et voix
à des héros très attachants comme le pauvre "Tonin Ganivelle" qui se
verra contraint pour échapper aux fourmis d'ôter son pantalon dans le train
sous le tunnel de Vendranges. Imaginez la suite !
Monsieur Louis Chartier nous livre quelques bribes de ce récits mouvementé dans
la cassette présentée ici.
LE POÈME DE <st1:PersonName productid="LA MAISON" w:st="on">LA
MAISON</st1:PersonName> :
Dans ce recueil, Louis Mercier nous parle d'"EUX".
Eux, ce sont ceux qui se sont endormis, mais dont la mémoire
est encore vive. On y entend la voix de ceux qui par leur amitié, par leur
travail, par leur courage ont forgé les mille et un ruisseaux de l'histoire
cantonale.
Car, au delà des musiques de la langue, les hommes ont laissé
dans les champs, dans les usines textiles, dans les foires des cris de joie et
des larmes.
Leurs témoignage, tel celui de Monsieur Joseph Puillet de
Saint-Victor sur Rhins retracent l'histoire secrète du pays, celle de ceux qui
sont partis ou oubliés :
"Nom de Gui ! Qu'est ce qu'il faisait froid ! On s'est
caché dessous des buissons toute la journée. Comme on nous avait pris notre
boussole à la première tentative, on se dirigeait au soleil couchant..."
("Les Anciens de Saint-Victor racontent").
LES TÉMOINS :
Ils sont nombreux qu'on ne pourrait les nommer tous : musiciens, retraités,
agriculteurs, curés, instituteurs...
Certains sont des figures locales, d'autres sont anonymes, mais tous, à leur
manière nous ont porté un peu de vie, de musique ou de légende.
Monsieur Louis Chartier nous faisant visiter la maison de Louis Mercier nous
semblait lui aussi devenu poète de cette nature paisible, de ces prés, de ces
troupeaux.
Quand à Monsieur Antonin Bécaud, qui siège au cur du canton, à la fameuse Tête
Noire, il est selon nous, un poète vivant et une mémoire unique de la vie
locale. Qui ne l'a entendu plaisanter ou chanter, raconter, danser, mimer, aura
perdu là l'occasion d'en connaître un peu plus sur la culture locale. Nom de
Gui !
<st1:PersonName productid="LA NUIT DU" w:st="on">LA NUIT
DU</st1:PersonName> MAI :
Cette coutume existe toujours dans les villages. Comme le
disait Marcel Mauss : "Monsieur Bogoras rapproche avec raison ces usages
de la koliada russe où des enfants masqués vont de maison en maison demander
des ufs, de la farine et on n'ose par leurs refuser. On sait que cet usage est
européen".1
Ici, les garçons s'habillent en filles et les filles en
garçons. Ces nouveaux "mayolous", paniers sous le bras, cheminent de
maison en maison, entonnant à la porte des chants liés au printemps ou au Mai.
Invités par les uns, seulement gratifiés par les autres, ils
recevront des ufs, du vin, du saucisson, lesquels seront en règle générale
consommés à l'aube par les joyeux drilles revenus à leur point de départ.
Voici le texte d'un chant de Mai considéré comme l'un des
chants typiques du canton.
<st1:PersonName productid="LA FÊTE DU" w:st="on">LA FÊTE DU</st1:PersonName>
<st1:PersonName productid="la Groasse" w:st="on">LA GROASSE</st1:PersonName> :
Unique au monde, cette fête de Fourneaux est l'un des grands moments de la vie
du canton. Mais laissons Bertrand Lacroix le soin de la présenter :
"Comme chaque année, à <st1:PersonName productid="la Saint-Michel" w:st="on">la
Saint-Michel</st1:PersonName>, par toutes les routes conduisant à Fourneaux,
les fêtards, les visiteurs, les jeunes, les moins jeunes arrivaient pour manger
<st1:PersonName productid="la Groasse" w:st="on">la Groasse</st1:PersonName>".
Mais qui est donc cette Groasse ?
<st1:PersonName productid="la Groasse" w:st="on">La Groasse</st1:PersonName>,
c'est la grosse poule de la basse-cour. Durant la fête patronale, toutes ces
vieilles poules seront tuées et consommées, bouillies. Ces
"massacres" donnent lieu depuis fort longtemps à des réjouissances
pantagruéliques.
Une habitante nous confiait à propos des jeux qui autrefois accompagnaient les
banquets :
"Les hommes étaient sur les chevaux avec un sabre ou un bâton. Ah, c'était
horrible ! Ils accrochaient une oie la tête en bas, une oie morte heureusement
et, à celui qui la décapitait !"
Les festins et les jeux de nos jours sont plus modérés mais la fête bat
toujours son plein.
LES VEILLÉES :
D'après Monsieur Joseph Puillet :
"On faisait des mondées, on cassait des noix chez nous ou
chez Joannis, prêtes à faire l'huile. Quant on avait fini le travail, on
cassait la croûte".
Paul Fortier Beaulieu quant à lui affirme :
"Ce sont les veillées qui jusqu'au début du notre siècle
ont le plus favorisé les mariages".2
On ne file plus et l'on n'émonde plus les noix. Les mariages
ne se négocient plus autour des bûches. C'est bien souvent de nos jours autour
d'une belote que l'on se retrouve, et les veillées d'antan semblent avoir
disparu. Toutefois, les veillées auxquelles nous avons participé n'ont pas
rompu le fil qui les relie à leurs aînées.
La tradition est dans ce cadre là un point de vue développé
par les hommes d'aujourd'hui. Les vieilles personnes sont les seules
accoutumées à se retrouver ainsi durant l'après-midi ou le soir.
Les autres participants possèdent leur point de vue sur ce qui
est censé représenter la vie "traditionnelle" et ils effectuent un
tri destiné à définir l'héritage qui leur convient.
Ainsi, certaines de ces veillées contemporaines
"fonctionnent" toujours.
C'est d'ailleurs dans ce contexte là qu'ont été enregistrées
les histoires et musiques jointes à ce livret.
Puissent-elles servir d'introduction à l'histoire non écrite
du pays de Lay, toute empreinte qu'elle est de la discrétion et de la
gentillesse des habitants de ces villages, qui des bords de <st1:PersonName productid="la Loire" w:st="on">la Loire</st1:PersonName> aux Monts du Lyonnais
gardent par dévers eux la mémoire de campagnes et de bourgs où il fait bon
vivre.
De ces lieux de mémoire chers au ethnologues, il reste aussi
des mots, des chants, des gestes qui inlassablement tissent la toile d'une
"mythologie" que les enfants reprennent.
C'est à eux, et à leurs parents, que j'ai vus avec joie battre
des mains, s'ébrouer et chanter durant la nuit du Mai 1992 que je dédie ces
lignes.
Patrick Favier
LES INTERPRÈTES :
(G.G) Germaine Garnier (Fourneaux) : Commentaires
(L.B) Louis Bourrat (Saint-Victor-sur-Rhins) : Chant
(M.P) Madeleine Pardon (Vendranges) : Commentaires
(A.B) Antonin Bécaud (Saint-Symphorien) : Chant
(P.P) Pascal Pichonnier (saint-Symphorien) : Cabrette
(B.M) Bernard Magat (Fourneaux) : Chant
(L.C) Louis claude (Saint-Just-la-Pendue) : Chant
(LO.C) Louis Chartier (Saint-Victor-sur-Rhins) : Récit et
chant
(M.N) Michel Noyel (Fourneaux) : Chant
(M.G) Marie Grionnay (Chirassimont) : Chant
(M.A) Marie Arquillère (Fourneaux) : Chant et récit
(M.C) Mr & Mme Cortay (Saint-Victor-sur-Rhins) :
Commentaires
(F.E) L'Espérance (Saint-Symphorien-de-Lay) : Fanfare
(J.J) Jean Jallon (Neulise) : Chant
(D.P) Daniel Pras (Fourneaux) : Accordéon
(J.F) Les Jeunes de Fourneaux : Chants
(J.L) Julienne Lion (Saint-Just-la-Pendue) : Chant
<st1:PersonName productid="LA CASSETTE" w:st="on">LA
CASSETTE</st1:PersonName> :
- <st1:PersonName productid="La Perita" w:st="on">La Perita</st1:PersonName>
(F.E) 2'46
-L'Eugène (M.A) 1'45
- Le Bossu (L.B) 2'37
- Les scieurs de long (A.B) 1'08
- Je voudrais un amant (A.B) 1'27
- Piare se lève (M.A) 0'51
- Le mais et la cloche (G.G) 0'26
- <st1:PersonName productid="La Yoyette" w:st="on">La Yoyette</st1:PersonName>
(P.P) 2'18
- Le petit vin blanc (D.P) 1'50
- Adieu la fête (M.G) 0'16
- Quant j'étais... (J.L) 1'31
- Chant de mai (A.B) 1'23
- La pâte à pain (M.C) 0'23
-La complainte de Maringes(L.B) 1'10
- Berceuse (B.M) 0'37
- La foire à la volaille (M.P) 0'34
- L'Aurillacoise (P.P) 2'22
- Saint Louis Marche (F.E) 1'13
- Le repas du battage (M.P) 0'21
- La perire Julie (LO.C) 1'52
- La belle s'y promène (M.N) 3'40
- T'as ben trop d'amies (A.B) 0'22
- Tonin Ganivelle (LO.C) 0'59
-Un p'tit teur à san Tzu (L.C) 5'04
- Tonin Ganivelle en patois(LO.C) 1'31
- Vive le Mai (A.B) 1'20
- Le pays de Neulise (J.J) 0'40
- Si jolie Mignonne (J.F) 2'10
- Berceuse forézienne (M.A) 0'20
REMERCIEMENTS :
Il convient tout d'abord de remercier ceux et celles, habitants du canton, qui
nous ont aidé dans notre travail en acceptant de nous recevoir, de nous confier
des documents et de se laisser enregistrer.
Mais nous nous devons de remercier également :
Antonin BÉCAUD, Marie-Christine CHAIZE, Louis CHARTIER, Michel CHARTIER, Jean
DAVALLON, François De BECDELIÈVRE, Olivier DURIF, DOURA EUROPOS, Myriam
FIGUREAU, les enfants de Paul FORTIER-BEAULIEU, Marguerite GONON, Melchior,
André MICOUD, Éric MONTBEL, Jacques NEYRAND, Michel RAUTENBERG, Nadine RIBET,
Ségolène, Anne-Marie VURPAS, Étienne GIROUDON, Bertrand LACROIX, Louis CHIRAT.
<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>