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LA ROUTE AUTREFOIS ENTRE ROANNE (Loire) ET LYON (Rhône)

Le cardinal FESCH, oncle de Napoléon


 

A PROPOS DU CARDINAL FESCH

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FESCH (Joseph., cardinal), né à Ajaccio le janvier 1763, mort à Rome le 13 mai 1839. II était l’oncle de Napoléon 1er, voici par quel concours de circonstances : Charles Bonaparte, père de Napoléon, avait épousé Laetitia Ramolino, dont la mère, Angela-Maria Pietra-Santa, veuve du patriote Ramolino,                                                                                                              s'était remariée avec le brave François Fesch de Baie, premier lieutenant dans le régiment suisse de Boccart, au service de la France depuis 1672, et non, comme on l'a dit fréquemment, capitaine dans un des régiments suisses que la république de Gênes entretenait dans la Corse au temps de sa domination .

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Car il n'est pas vrai que les Génois avaient entretenu des régiments suisses en Corse. De ce second mariage de Mme veuve Ramolino est né Joseph Fesch, d'origine suisse par son père et de sang corse par sa mère, ce qui explique la physionomie germanique de son nom. Peu de temps après son avènement au trône, Louis XVI avait ordonné que l'école royale militaire de Brienne et la maison de Saint-Louis à Saint-Cyr reçoivent, à ses frais, un certain nombre de jeunes gens de la noblesse corse. C'est à ce titre que Napoléon, avait été élevé dans la première de ces maisons. D'autres bourses furent créées dans le collège des Quatre-Nations, à Paris, pour des jeunes gens roturiers de l'île. Enfin, on admettait, toujours aux frais du roi, dans le séminaire d'Aix, vingt insulaires choisis par les états-généraux de la Corse, concurremment avec les cinq évêques de l'île. C'est dans ce dernier établissement que Joseph Fesch fut admis à l'âge de treize ans. Avant d'entrer au séminaire d'Aix, il avait fait quelques études préparatoires à Ajaccio, dans

une maison d'éducation tenue par des jésuites réfugiés en Corse, et c'est là qu'il faut aller chercher le secret de cette sympathie que l'élève eut pour ses maîtres et que le cardinal prouva plus tard avec une trop affectueuse insistance. Il était d'une intelligence assez médiocre, et assurément, s'il n'eût pas été l'oncle de Napoléon, il ne serait jamais arrivé à une dignité éminente dans l'ordre ecclésiastique. Il suivit sans "éclat », mais avec une louable persévérance, les cours de philosophie et de théologie au séminaire d'Aix, et c'est là qu'il connut le jeune d'Isoard, depuis cardinal-archevêque d'Auch, et par la grâce du cardinal Fesch, président de la Rota en 1804.

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Après sept ans de séminaire, le jeune Corse rentre à Ajaccio, où Monseigneur Doria l'ordonne prêtre, se voit pourvu d'un bénéfice fort important au chapitre de la même ville et, à la mort de Lucien Bonaparte, prend le titre d'archidiacre. A l'époque de la Révolution, il protesta de toutes ses forces contre la constitution civile du clergé, et, les chapitres ayant été supprimé, il rentra dans sa famille. Quand Paoli se donna aux Anglais pour empêcher les progrès de la Révolution en Corse, la famille Bonaparte resta fidèle à la France et lutta énergiquement contre l'insurrection envahissante. Fesch changea tout à coup de principes : il adopta pleinement ceux de la Révolution, et peut-être même son enthousiasme de néophyte eut-il une certaine influence sur les brillantes destinées de cette famille. Le conseil supérieur de l'île ayant déclaré infâmes ceux qui se faisaient l'écho de la France, et les ayant chassé de leur demeure, les Bonaparte errèrent plusieurs jours sans pain, sans asile, dans les environs de Calvi ; enfin, ils trouvèrent une barque qui les conduisit à Toulon. Il y avait là cinq fils, trois filles, la mère et l'oncle Fesch, tous pauvres, tous obligés de gagner leur vie en travaillant. L'archidiacre renonça à son costume ecclésiastique, et le général Brunet lui fit obtenir un emploi de garde-magasin dans sa division de l'armée des Alpes ; plus tard, Bonaparte, devenu général en chef de l'armée d'Italie, le nomma commissaire des guerres, poste où nous le retrouvons encore le 18 brumaire. Tout en s'occupant des innombrables détails matériels que comporte l'entretien d'une armée, Joseph Fesch se livrait à un genre d'occupations qui ne paraît pas un titre bien recommandable à nos yeux : il collectionnait des tableaux. Bonaparte, quand il avait conquis une ville, s'arrogeait le droit de la priver de ses plus beaux objets d'art, surtout de ses tableaux. Deux savants, Monge et Berthollet, l'accompagnaient dans ces pirateries artistiques, et étaient chargés de composer le butin. On choisissait les meilleures toiles, et les autres étaient partagées entre les officiers. Fesch conçut l'idée d'ouvrir un asile à tous les « refusés » et se mit en quête de tableaux. Son neveu, favorisant ses goûts, lui en réservait toujours quelques-uns ; mais, comme ce petit nombre ne suffisait pas à l'avidité du futur cardinal, lui-même, il achetait aux officiers à un prix généralement très modique, tous ceux qu'il pouvait trouver. Il s'était ainsi formé une magnifique collection, dont il laissa en mourant une bonne partie au musée de Lyon. Le grand-duc de Toscane, connaissant la passion de l'oncle du général Bonaparte, lui fit cadeau de quelques échantillons de sa fameuse galerie du palais Pitti.( La commune de Saint-Symphorien-de-Lay possède en son église : 6 tableaux provenant des collections du Cardinal Fesch. Les historiens locaux ont cru pendant de nombreuses années à un cadeau du cardinal lui-même à notre église, mais des recherches récentes établissent que les tableaux furent achetés par le curé Roux à la fin du XIX° siècle près du diocèse de Lyon) La fortune de Bonaparte allait toujours croissant. Pendant la campagne d'Egypte, Fesch se fit le tuteur et le gardien de sa famille, et remplit ces fonctions avec un zèle et un dévouement qu'on ne saurait trop louer. Après le traité de Campoformio, il part pour la Corse et y rachète deux propriétés de la famille Bonaparte; l'une d'elle avait été acquise par Volney. Peu de temps après, sous le Consulat, nous voyons reparaître Joseph Fesch ; mais cette fois revêtu de son habit ecclésiastique. Il prend part au Concordat et, le 15 août 1802, il est sacré archevêque de Lyon par le cardinal légat. Le 25 février, nommé cardinal au titre de Saint-Laurent in Lucia, il devint successivement Grand aumônier de l'Empire, Grand-aigle de la Légion d'honneur, sénateur, et fut décoré, en juillet par le roi d'Espagne, Charles IV, de l'ordre de la Toison D’Or.

II avait été, au commencement de l'année nommé ministre plénipotentiaire de la République française auprès du pape, en remplacement de Cacault, l’un des plus francs et des plus habiles diplomates de la République. Bonaparte estimait Cacault ; mais il le savait trop sincèrement attaché à ses principes politiques pour compter sur son aide dans une négociation qui devait aboutir au couronnement de Napoléon Empereur, par le pape. Cacault, Breton entêté et républicain sincère, n'était pas l'homme de la circonstance. Fesch, au contraire, semblait avoir toutes les qualités nécessaires pour une telle mission. Le   cardinal fit son entrée à Rome le 2 juillet, ayant pour secrétaire de légation M. de Chateaubriand ; l'inférieur par l’esprit et le cœur était ici,, comme il arrive trop souvent, le supérieur à titre officiel. Plus d'un dissentiment marqua dès lors les tendances de ces deux hommes, d'un caractère et d'un génie si différents.

On a beaucoup exagéré les difficultés que le cardinal rencontra dans cette délicate mission. Pie VII était très naturellement disposé à couronner le nouvel empereur; il espérait, en effet, tirer de cet acte pontifical de grands avantages pour la puissance ecclésiastique. Plus tard, Fesch fut assez embarrassé lorsque éclatèrent les dissentiments entre l'empereur et le pape ; à la fois prince français et prince romain, il se trouva dans une situation équivoque, et ne satisfait, à proprement parler, ni le pape ni l'empereur ; mais en ce moment tout le monde était à genoux devant Napoléon 1er. Son Eminence le cardinal Maury, évêque de Montefiascone et de Borneto, lui écrivait : Sire, c'est par sentiment autant que par devoir, que je me réunis loyalement à tous les membres du sacré collège pour supplier Votre Majesté Impériale d'agréer avec bonté et confiance mes sincères félicitations sur son avènement au trône... Un diadème d'empereur orne justement et dignement, à nos yeux, le front d'un héros qui, après avoir été si souvent couronné par la victoire, a su se soutenir, par son rare génie dans la législation, dans l'administration et la politique, à la hauteur de sa renommée toujours croissante, en rétablissant la religion dans son empire, en illustrant le nom français dans tous les genres de gloire, et en terrassant cet esprit de faction et de trouble qui perpétuait les fléaux de la Révolution en la recommençant toujours. C'étaient là, comme le dit Maury «  les sentiments de  tous les membres du sacré collège. » Le pape vint à Paris, sans se faire trop prier, quoi qu'on en ait dit, et il garda de son voyage un bon souvenir. Le cardinal Fesch le reçut dans sa ville archiépiscopale avec une telle distinction, que le saint-père crut devoir en parler de la manière suivante, dans le consistoire secret du 26 juin 1805 : « Nous avons été reçu avec une généreuse magnificence par  le cardinal Fesch, dont les bons offices et les soins affectueux envers nous sont au-dessus de toute expression. Nous nous réjouissons de trouver ici l'occasion de le publier et de lui témoigner notre gratitude ». Dès ce moment, le cardinal Fesch jouit sans trouble des faveurs impériale et pontificale, sans songer qu'il aurait bientôt à opter entre l'une ou l'autre. Un des actes les plus singuliers du cardinal Fesch, comme archevêque de Lyon, fut le rappel, sous un nom déguisé, de la compagnie de Jésus, habile à se couvrir de tous les masques pour arriver à ses fins. Sous le nom de pacanaristes, on vit un vrai bataillon de jésuites infester le diocèse de Lyon. La première société, fondée par un religieux italien nommé Pacanari, d'où le nom de pacanaristes, devint peu après la compagnie des Pères de la foi, mais bientôt il n'y eut plus, aux yeux de Rome, ni pacanaristes, ni pères de la foi : il y eut tout bonnement des jésuites. La bulle qui les rétablit est datée d’août 1814. Directement ou indirectement, le nom du cardinal Fesch reste attaché à l'introduction illégale, en France, de cet ordre fameux. A la chute de l'empereur, Lyon était menacé par les Autrichiens. Le cardinal suivit les autorités jusqu'à Roanne, et, peu après, il se retira dans une communauté de religieuses, fondée à Pradines. Forcé bientôt de s'en éloigner, il se rendit à Rome, où Pie VII lui fit le meilleur accueil. Il y resta dans le silence et l'inaction jusqu'au 20 mars Il revint alors à Paris, et fut promu, par son neveu, à la dignité de pair, le 4 juin 1815.Après les Cent-Jours, forcé encore une fois de quitter la France, il fut escorté par un général autrichien. Arrivé à Sienne, il fut prié de donner sa démission d'archevêque de

Lyon ; mais il s'y refusa. On lut un jour cette étrange phrase dans le journal « l'Ami de la religion et du roi », de cette époque : « Quelques personnes se demandent si on lui a fait donner sa démission de Lyon, siège qu'il ne saurait plus occuper sans doute sous le règne de sa Majesté. » Par mandement du chapitre de son diocèse, un Te Deum fut chanté à Saint-Jean eu l'honneur de la Restauration et des lis, sans nul souci de l'archevêque absent. Le chapitre, dit sur ce fait un des biographes du cardinal : » à plus consulter, en cette occasion, son zèle pour le prince, que les règles de l'Eglise. ». « L'Ami de la religion et du roi » de 1815 fait les réflexions, suivantes au sujet de l'entrée du cardinal à Rome : « Le 15 août, dit-il, le cardinal Fesch est arrivé à Rome avec sa sœur. On a été surpris de le voir faire une espèce d'entrée dans une belle voiture, avec quatre autres de suite. Peut-être un peu de modestie eût-il été mieux à sa place. Les membres de cette famille devraient, sur toutes choses, faire en sorte qu'on oubliât ce qu'ils ont été. » De la loi du 12 janvier 1816, qui bannissait à perpétuité tous les membres de la famille Bonaparte, il résultait que le diocèse de Lyon n'aurait pas d'archevêque résidant, tant que le cardinal Fesch ne donnerait pas sa démission. Naturellement, le diocèse de Lyon se trouva alors divisé en deux camps : l'un dévoué au cardinal et soutenant ses prérogatives épiscopales; l'autre, au contraire, prétendant qu’un évêque banni est tenu de résilier son titre. « L’Ami de la religion et du roi » devait se prononcer dans la question ; il n'y manqua pas. Il se mit du côté des démissionistes, et défendit leur cause si chaudement, qu'il indigna le vicaire général administrateur de Lyon, M. Boehard, qui, dans une très vive réponse, prit la défense de son  archevêque absent.

Cette lettre fut insérée dans « l’Ami de la religion et du roi », sous la date du 3 janvier mais le pieu rédacteur de la benoîte feuille n'eut garde de s'avouer définitivement et canoniquement vaincu par l'honorable vicaire général de Lyon. « De quoi se plaint-il ? Disait le même journal. On lui a laissé ses propriétés ; il touche son revenu et ses honoraires; il est libre. Dans une circonstance à peu près semblable, le cardinal de Retz fut mis en prison, et sa juridiction entravée avec éclat ; il finit par donner sa démission. »

A toutes ces menées, le cardinal opposait une vive résistance. En vain Consalvi essaya d'intervenir dans cette affaire délicate ; son habileté échoua comme la violence avait échoué. Pour en finir, Pie VII se détermina à préconiser M. de Ërnis comme administrateur spirituel du diocèse de Lyon. Fesch protesta de nouveau ; mais il sentit bientôt que son neveu n'était plus là, et il dut se soumettre. Le reste de sa vie se passa dans la retraite, et il ne mourut qu’après avoir vu s'éteindre autour de lui tous les êtres qui pouvaient consoler ses derniers instants.

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