Le Chti Pierre : le parler du Roannais<o:p></o:p>
Comme dans toute région française, les habitant du Roannais ne se cantonnent pas au français classique du dictionnaire. Ils emploient leurs propres expressions donnant ainsi un peu de relief à leurs conversations. Ces mots méritent dêtre conservés car ils contribuent à lidentité du territoire.<o:p></o:p>
Le chtit Pierre, bougeon (remuant) de nature, senvenait (rentrant) à point dheure (tard), plan-plan (tout doucement), guenillant (peinant) pour faire avancer ste bourouette (cette brouette), bugnant (heurtant) chaque chirat (tas de pierres).<o:p></o:p>
Cest quelle était toute remplie de biches (gros pots en grès) et de panières (corbeilles en osier) mais ces dernières étaient presque vides.<o:p></o:p>
Point de doucette (mâche), ni truffes (pommes de terre), ni carottes rouges (betteraves), rien que des pois (haricots). Il aurait voulu en ramener mieux (plus), au moins un quintal de rates (petites pommes de terre) et ça lui faisait malice (peine). Il rentrait souper (dîner) et il savait que la mère allait faire vilain (faire des réprimandes). Il ne voulait pas chougner (pleurer) devant elle. Elle ronflait (bougonner) tout le temps après lui. Pourtant il avait embrayé (commencé) à la piquée du jour (laube). Après avoir déjeuné (petit déjeuner), il avait éclairé (allumé) le figot (feu), pansé (nourri) les vaches à lécurie (étable), rempli la bâchasse (lauge) des cayons (porcs).<o:p></o:p>
Au village tout le monde le prenait pour un bredin (nigaud), un brelot (incapable) avec sa boge (cartable) sur le dos courant franc (complètement) fou, faisant ficelle (se hâtant) en passant par les coursières (raccourcis).<o:p></o:p>
Cétait pourtant pas un galapiot (garnement). La morvelle (goutte) au nez, le visage picassé (marqué par des tâches de rousseur). Paul était le queulot (le dernier) de la famille. Ses grands frères le faisaient flic (lembêtaient), lui envoyaient toujours des fions (moqueries), le niaquaient (mordaient) parfois lapeurant avec la bête faramine (animal fantastique).<o:p></o:p>
Ils étaient farauds (débrouillards), fréquentaient (avaient des relations avec lautre sexe) les filles des villages voisins, jouaient de largent à la coinche (variante de la belote), lemboucanaient (gênaient) tout le temps, et prenaient régulièrement des margots (senivraient) dans les bals.<o:p></o:p>
Hier encore ils sétaient pris une caisse (saoulés) et sétaient oubliés (en retard pour se lever du lit le matin). Lui il travaillait tous les jours aux champs. Ste (ce) matin, il était passé par la pisserotte (petit cours deau) pour aller plus vite. Mais tout par un coup il avait débaroulé (dégringolé) sur le gore (sable granitique), sétaient fait mal à un arpion (orteil) et maintenant la blessure le lancait (lélançait).<o:p></o:p>
Un peu plus et ses outils tombaient dans la boutasse (mare) ! Cétait pas de la daube (mauvaise qualité) et ils lui étaient bien utiles. Le goyard (la serpette) et la daille (la faux) lui auraient faits faute (manqués) pour essarter (débroussailler) la vigne et heureusement quil sétait mis en sale (habillé en vieux vêtements usagés) !<o:p></o:p>
En plus tantôt (cet après-midi), alors quil arrivait en haut du crêt (sommet dune petite montagne). Il y avait de grandes éluides (éclairs) dans le ciel et la radée (forte averse) qui sen était suivie lavais tout trempé. Point dendroit (lieu) pour sabriter. Il sétait alors mis à crepetons (accroupi) en attendant la fin de lorage.<o:p></o:p>
Rentrant manger, il rêvait de perriers (gésiers de volailles) accompagnés dune fricassée (pommes de terre à la poêle), de grattons (résidus solides de la graisse de porc refroidie), de cabrillons (fromage avec du lait de chèvre) de bugnes (pâtisserie) et dun pâté (chausson au fruits) chaud que la gendresse (la bru) savait si bien préparer.<o:p></o:p>
Ces quelques lignes sont tirées du Quinzomadaire : « Le Ptit ROANNAIS » N° 26, petit programme de télévision gratuit très sympathique bourré dadresses et de bonnes idées distribué gratuitement dans les boîtes aux lettres de Roanne.<o:p></o:p>