Par TESTENOIRE
Nos sincères remerciements à celles et ceux qui nous font passer de si « délicieux » moments.
Bernard
LES CONFERENCIERS
Le conférencier est souvent
Un érudit, voire un savant,
Mais il fera surtout merveille
S’il récite impeccablement
L’anecdote ou le document
Qu’il connaît que de la veille.
Le conférencier quelquefois
Fait entendre sa belle voix
Deux heures de suite sans boire ;
Et chacun se demande, quand il parle, s’il est éloquent
Ou s’il a beaucoup de mémoire.
Les conférenciers débutants
Hésitent à parler longtemps ;
Ils craignent que d’eux l’on ne rit ;
Deviennent tout à coup peureux ;
Et leur conférence est par eux
Baptisé « Humble causerie »
Le conférencier, tel Ajax,
Doit savoir bomber du thorax ;
Et, non sans quelque irrévérence,
On cherche en lui (soins superflus)
Ce qui nous impose le plus :
Conférence ?.. ou circonférence ?..
Le conférencier met, coquet,
A sa redingote un bouquet
D’œillets sombres ou d’orchidées.
En les voyant ainsi fleuris
On prête à ces rois de Paris
De très poétiques idées.
Le conférencier en effet
Est riche en penser, dont il fait
A tous l’abandon méritoire ;
San en abuser cependant,
Car il serait outrecuidant
D’humilier son auditoire.
Le conférencier jeune ou vieux
Traîne après lui des tas d’envieux.
On le bafoue ; on le diffame ;
On lui reproche (c’est flatteur)
D’être le féal serviteur
De cette majesté : La Femme.
Sans rancœur, le conférencier
Se contente d’apprécier
Que parmi les divines choses
De notre terrestre décor
La plus divine, c’est encor
Le sourire des lèvres roses…
Hugues Delorme (Revue Fémina 1910)
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