LES FUNAMBULES A ROANNE
A Roanne que s’est-il passé :
Dans le courant de l’année 1880, sans date vraiment précise, première grande traversée sur un fil de fer par un « nègre » celui-ci a tendu son câble au bassin du port de Roanne.
Il est mort quelque temps après d’un accident du travail. Mais qui est-il ? Quel était son nom ? D’où venait-il ?
Que des points d’interrogations !!!
Toujours est-il que si l’histoire n’a pas retenu son nom, il fut quand même le premier.
Neuf ans plus tard : la presse s’inquiète car chaque soir sur la place de l’Hôtel de ville, un équilibriste « gymnasiaque », s’installe sur son fil et tire au canon. Les journalistes ont peur d’un accident.
Suite à cet article, Blondin, (est-ce le vrai, un pseudonyme, un pastiche ?) explique par un article de sa main écrit au journal local, qu’il n’y a aucun risque avec une petite pièce d’artillerie.
L’artiste suspendu par les pieds, se tient au trapèze. La pièce de canon est suspendue à sa mâchoire. Elle est chargée exclusivement de poudre. Il n’y donc que du bruit.
A la fête de la gare de Charlieu, en juin 1896, Monsieur WILLIAMS présente son spectacle de fil fériste.
A Roanne en juin 1896, les « ORSCELL » ont tendu leur fil d’Ariane au sommet de l’Hôtel-de-ville pour arriver au faîte de l’immeuble du Café des Deux Mondes.
Ils se produisent : en avançant, en reculant, aves des sandales, des sabots et même des paniers aux pieds. Ils exécutent leurs exercices en nocturne en s’éclairant de torches.
Les beaux jours sont là, les funambules aussi avec la troupe « LES KEPTON LOTTIES » avec LEONARDY, le seul gymnaste bossu.
Ils présentent leur spectacle sur la place de la Mairie.
Le câble est tendu entre l’Hôtel-de-Ville et le Grand Café.
En final Léonardy descend la longueur du câble suspendu par les dents.
En 1906, nous verrons apparaître les « CORONNAS » et leurs vertigineux numéros entre « Ciel et Terre ». Ils présentent un spectacle extraordinaire, la foule privée depuis de nombreuses années frisonne à chaque pas sur le fil.
« Nous espérons les revoir avec plaisir », mais le journaliste local un peu pingre rajoute « avec cette réserve toutefois que l’on n’aime pas bien en France, de se voir taxer d’office de 50 francs par personne pour un spectacle en plein air ».
Un mois plus tard, toujours au même endroit, les « NIAGARAS » présentent à partir d’un mât télescopique, relié à un filin, des exercices de funambulisme.
Ceci sur une longueur de 250 mètres.
Ils agrémentent le passage sur le câble avec pour la première fois une moto qui sert de tremplin acrobatique.
De septembre à octobre 1908, « DJELMALTRO » donne des représentations classiques toujours place Hôtel-de-ville.
C’est un succès, un triomphe, l’équilibriste fait place comble.
Il se fait raser sur son câble par un barbier de notre ville : monsieur Arthur Pariot.
Une autre fois, il pratique un combat de boxe sur le fil avec un courageux roannais.
Le jeudi (à cette époque il n’y avait pas d’école) le samedi et le dimanche il se promène sur son câble.
L’irrésistible funambule avait fait la conquête du public et sa dernière représentation du dimanche soir, au profit des pauvres et des ouvriers de la société textile, fut ovationnée.
Une délégation d’ouvrières luis remis un bouquet de fleurs. « Elles m’ont tant embrassé, que j’en avais la figure toute trempée » affirme Djelmaltro
Puis il s’en est allé à Marseille où il prépare une innovation extraordinaire. Il ne s’agit que de faire une traversée à la corde raide en automobile.
Djelmatro parti, les autres entrepreneurs de spectacle ne sont pas fâchés, car il n’y en avait que pour lui
Deux ans plus tard de retour dans notre ville « l’indien » connait un franc succès. On peu estimer à 4 ou 5 000 « nez en l’air » qui suivent les exercices. Djelmatro n’est pas seulement un brillant acrobate, mais un excellent metteur en scène. Ces représentations, de nuits, avec des flambeaux et de la musique attire la foule.
Il en est de même avec la cuisine fantastique, le tir aux ballons et surtout la traversée en automobile actionnée par un moteur à pétrole.
Pourtant les recettes ne sont pas ce qu’elles devraient être. Les roannais raffolent des spectacles qui ne coûtent rien. Certes, le public a chaleureusement applaudi le funambule, mais celui-ci ne vit pas que de l’air du temps !
Il faudra attendre ensuite 16 années pour avoir la visite de la célèbre troupe des « ORSOLA » sur la non moins célèbre place habituelle de l’Hôtel-de-ville a-t-elle été créée pour cela ?
Toujours est-il que les Orsola on fait des passages avec tête dans un sac, à genoux, en brouette, etc…
Alain BOUCHERY (Ils planent, histoire du cirque) 1995
Note : Alain Bouchery surnommé affectueusement « Monsieur Bouglione » par ses amis de la Médiathèque et du Musée Déchelette de Roanne est certainement le chercheur le plus érudit sur le cirque que connait la région Roannaise. Même le grand Pierre Etaix , mari d’Annie Fratellini, lui a témoigné sa reconnaissance en voulant bien venir parrainer une de ses expositions à la Médiathèque de Roanne, il y a quelques années en arrière.