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LA ROUTE AUTREFOIS ENTRE ROANNE (Loire) ET LYON (Rhône)

UN COMPLOT DECOUVERT EN PROVINCE CONTRE BERNARD PIVOT

 

UN COMPLOT DECOUVERT EN PROVINCE CONTRE BERNARD PIVOT

 

                                                                                                                         Le 3 Septembre 1966

 

 

 

Cher Bernard Pivot,

 

                                         Ce dernier dimanche d’août, il y avait des remous dans la foule qui se pressait à l’exposition régionale « LES CHEMINS DU PASSE » à SAINT-SYMPHORIEN-DE-LAY (Loire) sur la Nationale 7, pays d’origine du poète local Joseph Berchoux (auteur de la « GASTRONOMIE ») et berceau de votre propre famille.

 

                                          Nous commentions tout haut votre chronique « Ceux qui passent et ceux qui restent » bien amusé au fond de nous,  d’avoir pu vous donner l’occasion involontaire de divertir vos lecteurs, quitte à passer pour des « exploitants de l’histoire locale ».

 

                                          Certains cependant s’indignaient que vous n’ayez pas bougé de Paris pour en juger par vous-même, et que vous ayez, d’ailleurs avec talent, choisi justement dans notre programme, deux ou trois à-côtés accessoires ou superficiels.

 

                                           A l’effroi de votre parenté, quelques uns même, la narine frémissante, parlaient ni plus ni moins de décrocher nos cannes-épées, nos vieux fusils, notre hallebarde, et d’organiser une marche punitive sur le rond-point des Champs-Élysées. D’autres à voix-basse, parlaient de se mêler secrètement à la noce prochaine d’une de vos jeunes parentes, espérant vous y rencontrer, et de vous faire subir sur place le sort tragique du Président Carnot, assassiné à Lyon le 24 juin 1894.

 

                                           Mais, face au grand succès de notre premier mois d’exposition, vos ironies gentilles ont été vite oubliées, et nous avons finalement, tous souri de votre méprise : nombreux, en effet, sont les visiteurs, pour la plupart gens de goût et même parisiens de marque, qui sont venus nous féliciter et nous encourager.

 

                                           La Télévision, qui existe même dans notre province reculée, est venue faire un reportage sur ce qu’on appelle déjà, parait-il, une étonnante réussite.

 

                                            Madame Rambaud, Conservateur à la Bibliothèque Nationale était présente à l’écran et a commenté notre beau manuscrit enluminé du XIV° siècle. Des milliers de gens, lors de l’émission, l’ont vue et entendue admirer cette pièce rare de notre exposition, qui est loin d’être ce que vous appelez « un bric-à-brac souvent joli et amusant ».

 

                                            Pensez-vous, brave Bernard Pivot,  nous avons gagné une victoire sans vous ! Accourez cependant à Saint-Symphorien-de-Lay, avec notre carte d’invitation comme sauf-conduit, embrasser votre charmante cousine qui était, l’autre samedi, la plus ravissante mariée de toute la province !

                                           

                                             L’exposition durant jusqu’au 18 septembre, sans tolérer d’autre parisien que vous seul (choisi entre mille), et sans vous délester du moindre argent (nous ne sommes pas des bandits de grand chemins et nous avons des métiers honorables) nous vous y montrerons ce que vous avez passé sous silence :

                                                                      Quelques belles statues,

                                                                       Un tableau de Jean Puy (vous connaissez ?)

                                                                       Et le magnifique bréviaire dont les pages enluminées s’ouvriront spécialement pour vous.

 

                                               Comme pénitence, vous offrirez un  pot de Beaujolais à notre Comité (c’est le seul sang digne d’être versé entre-nous), et dans 150 ans, à côté des vers de Joseph Berchoux (poète local né en 1762) vous nous permettrez de faire figurer dans nos vitrines, à l’admiration du chaland qui passe, les œuvres de Bernard Pivot…

                                                    Antonin Bécaud (Président) et le Conseil d'administration des Chemins du Passé

 

                                                               

 

 

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