UNE MALADRERIE A PARIGNY<o:p></o:p>
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Au début du XXème siècle, le bulletin paroissial du Coteau dont les missions sont : « Instruire, renseigner, édifier » publie de nombreux articles sur lhistoire locale. A partir de décembre 1909, paraît une étude bien documentée sur la maladrerie ou léproserie de Parigny
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Larticle du bulletin paroissial indique que les renseignements sur la maladrerie de Parigny ont été communiqués par monsieur Eugène Du Sauzey, ancien notaire à Roanne, propriétaire du château de Saint Vincent depuis 1886. Il possédait des archives importantes sur ce sujet et les a aimablement prêtées aux auteurs. Cest leur étude qui servira de base à lélaboration de notre article.
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Au Moyen-âge, Roanne, Villerest, Saint-Haon-le-Chatel, Pouilly-sous-Charlieu possédaient aussi une maison daccueil pour les lépreux. Les documents se rapportant à ces hospices sont très rares, donc dun réel intérêt, lorsquon les découvre ; ils authentifient lexistence de ces hospices bien spécifiques dont certains se transformeront en hôpitaux généraux. Ce ne sera pas le cas de la maladrerie de Parigny.
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Longtemps la lèpre fut une maladie redoutée qui faisait très peur. A la fin du XIXème siècle, à un congrès de médecins et hygiénistes réunis afin de rechercher les moyens de faire disparaître ce fléau, un congressiste a dit : « la lèpre fait dun homme vivant un spectre échappé dun cercueil ».
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Actuellement, cette maladie est mieux connue, mieux traitée mais reste cependant endémique dans certains pays du globe.
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Création de la maladrerie : les documents consultés alors nont pas donné la date exacte de la création de cette maladrerie. Cependant, un acte de 1508 porte le nom de son fondateur et sa situation géographique.
Un noble seigneur du pays nommé Geoffroy Bec a le titre « de fondateur et gouverneur » de cette maladrerie. Comme celui-ci vivait encore en 1508, on peut faire remonter sa fondation aux dernières années du XVème siècle ou au tout début du XVIème siècle.
Historiquement à cette époque, on note une recrudescence de la peste qui pourrait bien être attribuée aux importants mouvements de troupes dus aux expéditions dItalie. La population ressentait alors le besoin de se protéger de la contagion.
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Le créateur de la maladrerie : Qui était Geoffroy Bec ?
Les membres des différentes branches de la famille Bec ou Bek étaient les premiers seigneurs du château de la Motte Saint Vincent que les premiers documents du temps qualifient de « maison forte. » (LAbbé Prajoux historien local écrit : construit sur une butte au dessus du sol voisin, on disait autrefois une « motte » le château de Saint Vincent est connu sous le nom de la Motte Saint Vincent)
Cette famille sétait établie dans le pays dès la fin du XIIIème siècle et possèdera le château jusquen 1667. Les seigneurs du Bec sont cités en 1441 comme « devant foi et hommage au Comte de Forez. »
Selon les actes officiels, Geoffroy est également Seigneur de Cour (ou Court) et de Rilly. La maison forte de Rilly, située sur la paroisse de Cordelle lui appartenait en <st1:metricconverter productid="1441. A" w:st="on">1441. A</st1:metricconverter> la fin du XVème siècle, ce fief passera par alliance aux de la Roche puis sera vendu à Jean de la Mure le 2 mars 1574. Ce manoir existe encore de nos jours.
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Lhistoire du fief de la Cour nous intéresse davantage ; cest sur cette terre que fut édifiée la maladrerie.
Le château de la Cour avait été construit dans le voisinage du château de la Motte « du côté de bise un peu couchant. »
En 1691 ; il est signalé « grange et domaine de la Cour. »
En 1900, il ne restait de ce château quun mur de soutènement à moitié éboulé. Il était situé au sommet du chemin qui conduit de lactuelle route de Lyon au château de Saint Vincent. Les dépendances de Geoffroy Bec sétendaient sur les deux rives de la rivière de Rhins jusquau grand chemin de Paris à Lyon.
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Cest précisément en bordure de ce grand chemin que le seigneur de la Cour fit édifier le bâtiment destiné à donner asile à un ou plusieurs lépreux. Ce passage fréquenté empruntait la vallée et était sans doute, comme la voie Sayette, un itinéraire vers Lyon.
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Un don royal : la vue dune maladrerie indiquait aux voyageurs quun pauvre lépreux vivait en reclus dans cette maison. Cette pensée apitoyait le passant et pouvait le rendre généreux. Les aumônes étaient les bienvenues ; elles contribuaient à lentretien et au soulagement des malades
Le jeudi Saint de lannée 1508, Louis XII de passage à Roanne fit un don royal de treize écus dor à la léproserie. Il confia cet argent à son aumônier qui les remis à un notaire de Roanne, Georges Populle, lui recommandant de les hypothéquer « sur des fonds bons et surs » afin quils servent à perpétuité aux soins des lépreux.
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C²est le 9 juin 1508, par un acte solennel que Georges Populle remis les treize écus dor à Jean Béraud, laboureur à Saint-Romain-la-Motte. Celui-ci sengageait à conduire chaque année, huit jours avant ou après la Saint Lazare, à la maladrerie de Parigny : « deux asnées de vin blanc, bon, pur et marchand et deux boisseaux de blé, mesure de Roanne. »
Lacte fut revêtu de la signature de personnages de marque, parmi lesquels on peut citer :
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Inauguration de la maladrerie : Lorsque la construction de cette maladrerie fut achevée, on y installa un lépreux du pays au cours dun curieux cérémonial.
Au jour fixé, on alla chercher le lépreux chez lui avec la croix et leau bénite. Il fut conduit à léglise où il entendit la messe assis dans la nef.
Puis le prêtre sapprocha de lui et en présence du peuple lui parla ainsi : « Mon ami, accepte la peine de cette maladie pour la rémission et le pardon de tes péchés. Notre Seigneur ne te méprise pas et veux que tu ais bonne et sainte patience et ainsi tu seras sauvé, porté tout droit au paradis. »
Puis le prêtre bénit les habits du lépreux : une courte robe de couleur brune quil ne devait jamais quitter. Il bénit également ses gants, des languettes de bois : les « cuillères » destinées à recevoir laumône des passants.
Le pauvre lépreux ne devait boire que leau de la fontaine, ne parler que sil était interrogé « après sêtre placé sous le vent »
Il était également muni dune crécelle afin dalerter le voyageur de sa présence.
La procession se reforma, conduisant le malade dans sa maison.
Le prêtre bénit cette maison, le lit, le feu, le jardin, la fontaine. Après quelques paroles dencouragement, tout le monde se retira laissant le malheureux à sa solitude.
Ses moyens de subsistance provenaient de son travail : il cultivait blé et légumes dans son jardin et lobole des passants complétait ses ressources.
A côté de la maison du lépreux se trouvait une petite chapelle dédié à Saint Lazare, personnage évangélique ressuscité par Notre Seigneur avant la putréfaction du tombeau, est devenu pour cette raison le saint patron des lépreux.
Aussi la fête de Saint Lazare était-elle célébrée avec solennité à la maladrerie.
Ce jour là les pèlerins accourraient de toutes parts pour assister à la messe dite par le curé de Parigny. De nombreuses offrandes étaient faites par les fidèles. Dans les actes anciens, ce jour est appelé « le jour des apports. »
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Différent entre temporel et spirituel : Au milieu du XVII° siècle, un différent séleva entre la Dame de Saint Vincent, patronne de la maladrerie et le curé de Parigny.
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La Dame soutenait que les offrandes recueillies le jour de la Saint Lazare devaient être entièrement employées à lentretien des lépreux, alors que le curé prétendait quune partie de cet argent lui revenait pour le service quil faisait à la chapelle. Les deux parties ont vainement essayé de sentendre et convinrent dun commun accord de sen remettre à larbitrage de notables.
Le 21 août 1648, en présence des intéressés, les arbitres firent connaître leur décision : le curé de Parigny restait chargé du spirituel et la Dame de Saint Vincent, héritière des fondateurs nommerait un recteur « capable et solvable » qui recevrait les offrandes et administrerait les biens de la maladrerie.
Arrêté à Roanne, cet acte est dûment signé par entre autres : Philippe de la Ronzière, éminent jurisconsulte de la prévôté de Perreux, F. Grillat, curé de Roanne, Crestolier, notaire royal.
Ce précieux document est le dernier connu concernant notre maladrerie.
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Que devinrent ensuite les bâtiments, la chapelle et les biens de ce petit hôpital ?
Les auteurs de ces articles parus en 1909 dans notre bulletin paroissial concluent ainsi : « nous lignorons, mais nous ne serions pas surpris que « les restes » de ses biens aient été utilisé pour le soulagement des pauvres de la commune de Parigny. »
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Article de Marie-Claire HUGUENY pour la revue « NOUVELLES », bulletin n° 44 de décembre 2006 pour lassociation : Le Coteau dhier et de demain
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