DANGERS A CORDELLES EN 1691
Ce récit d'un fait, qui s'est passé à Cordelles en 1691,
met en pleine lumière le manque de sécurité des campagnes
à la fin du XVII° siècle.
La veille de Notre-Dame de février 1691, raconte Jean Vignant,
demeurant au village de Changy, paroisse de Cordelles, le sieur
de Foris La Valette, capitaine du régiment de la marine,
« qui était venu en ce pays pour faire recreùe et qui était logé
et demeurait avec le sieur Chapuis de Foris son père, en son
château de Rilly, susdite paroisse de Cordelle, et lequel faisait
tant dans ladite paroisse que dans tout le voisinage des désordres
terribles et inouys avec ses soldats, prenant par force tous ceux
qui paraissaient devant eux, tant pères de famille, maistres de
maisons que autres », lesquels soldats, au nombre de treize, dont
onze armés de fusils, un d'une coignée et l'autre d'une massue,
entrèrent de force dans la maison du plaignant, se chargèrent des
nippes qu'ils purent trouver, prirent un lard tout entier et tous
les jambons, andouilles et autres menuses, (menues viandes salées)
« même s'en furent dans la cave tirer du vin à pleins sceaux et à
pleines chaudières qu'ils jettaient par la maison, même lâchaient
les poinçons sans les boucher », malgré les représentations de la
dame de Bienavant, qui était accourue en toute hâte en robe de
chambre et pieds nus, pour les prier de ne pas faire davantage de
désordres, renversèrent le père du suppliant dans le feu et lui
auraient fait à lui-même un mauvais parti s'il n'était parvenu à
s'évader, pieds nus, dans la neige et à échappera leurs poursuites
bien que meurtri d'un coup de fusil qu'ils lui avaient tiré dans
les jambes et « étant arrivé à la rivière de Loire, qui était
glacée, il se hazarda de la traverser comme il fit, mais il n'en
pouvait plus et serait mort s'il n'avait trouvé le village
d'Odenais, paroisse de Saint-Maurice, où il fut reposer chez le
nommé Lachaud »