PENDANT CETTE ANNEE 2010 J’AI DISTRIBUE UN CERTAIN NOMBRE DE CARTONS ROUGES.
AUJOURD’HUI AU CONTRAIRE J’ATTRIBUE UN :
CARTON VERT A STEPHANE HESSEL
Ce sont quelques dizaines de pages, une trentaine tout au plus, dans une collection au nom charmant, «Ceux qui marchent contre le vent» publiée par l’éditeur Indigène, basé à Montpellier. Le petit fascicule, Indignez-vous!,vendu 3 euros, s’est déjà arraché à 500 000 exemplaires et ne devrait pas s’arrêter là. Derrière ce «succès d’édition», comme il est d’usage de le nommer désormais, un homme au destin étonnant, dont le nom n’est pas familier à tous: Stéphane Hessel.
Il connaît plus de cent poèmes par cœur et à 93 ans, il considère que c’est assez.
Marqué par la montée du totalitarisme, Hessel l’est aussi par la «chance» inouïe qui lui fut donnée de réchapper des camps de la mort. Une chance qui n’a, dès lors, cessé de le guider: plutôt que la philosophie, il choisit l’action, via la diplomatie.
Les Droits de l’Homme, le combat d’une vie pour ce diplomate qui, passé au gouvernement éclair de Pierre Mendès-France, exerce à Saïgon, Alger, Genève et New York. Il occupe différents postes dans la France de François Mitterrand et en 1996, devient notamment médiateur dans l’affaire des sans-papiers de l’église Saint-Bernard.La défense des immigrés, africains, malgaches, jusqu’aux Roms - le sort des Palestiniens –l’évocation des «crimes contre l’humanité» perpétrés par Israël à Gaza lui vaut régulièrement de violentes attaques dans les rangs sionistes, mais aussi la dictature des marchés financiers, les acquis bradés de la Résistance comme les retraites ou la Sécurité sociale :autant de sujets qui font d’Hessel un éternel résistant.
Avec ce petit ouvrage aux ventes miraculeuses, le digne monsieur indigné souhaite visiblement passer la main aux jeunes générations. « Il faut savoir dire non, clame l’ex-ambassadeur de France ! ».
Juliette Serfati(extraits de son article duVendredi 31 décembre 2010 pour la revue : GALA).