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LA ROUTE AUTREFOIS ENTRE ROANNE (Loire) ET LYON (Rhône)

Début de Mai 1968 à ROANNE



 

DEBUT de MAI <st1:metricconverter productid="1968 A" w:st="on">1968 à</st1:metricconverter> ROANNE<o:p></o:p>

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Début mai 68, nous avions peu d’informations sur ce qui se passait à Paris sur les répressions de la révolte étudiante, il fallu attendre le 10 mai pour en saisir toute son importance. Les violences policières de la nuit du 11, furent suivies le 13 mai de la décision de la C.G.T, C.F.D.T, F.O, F.E.N, U.N.E.F d’un appel à la grève générale, particulièrement suivi dans tout le pays.<o:p></o:p>

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Ce matin un car en stationnement devant la Bourse, dans l’attente d’un départ pour Paris. Un rassemblement national de la jeunesse organisé par la C.G.T. était prévu ce jour. Les jeunes attendaient dans le bistrot d’en face. Un télégramme arriva, informant que celui-ci était annulé. A ce moment une jeune femme se mit à pleurer nous disant : « C’était notre voyage de noce ! »<o:p></o:p>

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Dans notre région, pour les ouvriers, les étudiants, les lycéens, les luttes de mai commençaient. La première entreprise occupée fut C.F.M.F. Balbigny. Dans un vote très majoritaire les A.R.C.T.,  et les Ets DEMEURGER, l’ARSENAL suivirent avec une progression rapide dans les principales usines, Papeteries Navarre, RHONE POULENC, BECA, le secteur public, l’enseignement.<o:p></o:p>

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Il faut souligner : Dans la métallurgie, en particulier aux A.R.C.T, dans des usines environnantes, beaucoup d’employés du tertiaire, en majorité des femmes, les bureaux d’études, une partie des Cadres de base, participèrent aux occupations, Il n’en fut pas de même dans la bonneterie, les autres industries à part quelques exceptions.<o:p></o:p>

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Les Ets PIERRON, PROST, suivis des Ets GOUTILLE, MAVEST, furent les premiers occupés. En fait il régnait dans la plupart des ateliers un climat de crainte, de répression, se qui rendait difficile une expression syndicale. Pour ces ouvrières, mai fut une libération qui se poursuivit quelques années.<o:p></o:p>

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C’est dans ce climat de crainte, que les jeunes ouvriers, en particulier de la métallurgie se rendirent aux portes des usines pour inciter leurs consoeurs, à participer aux grèves et occupations, souvent celle-ci, préalablement demandaient leur présence. S’il y eut des moment folkloriques tels qu’aux Ets DESABRE, (800 salariés à l’époque 90% féminins) ce ne fut pas le cas partout, bien souvent nous avons évité des incidents.<o:p></o:p>

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Aux abords de cette usine, qui était considérée à l’époque comme la plus sociale, d’ailleurs il nous avait dit : « Si vous créez un syndicat dans cette entreprise, je serais Pape ». Ce jour, environ 300 jeunes, derrière les murs attendaient les décisions de leurs consoeurs, les invitant de loin à les rejoindre.<o:p></o:p>

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Après un contact avec M. DESARBRE père, il fut décidé que l’ensemble du personnel serait réuni dans la cour, les points de vue des Syndicats et de la Direction seraient exprimés. Par la suite deux groupes se formeraient selon le choix. La très grande majorité des ouvrières optèrent pour la grève.<o:p></o:p>

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Il restait à M. DESARBRE son encadrement et quelques anciennes. Un peu vexé, mais très fair-play il dit : « Je suis étonné, j’aime mes ouvrières, je leur fais souvent des petits cadeaux, des mots gentils ». En réalité ce n’était pas à leur patron qu’elles en voulaient, mais à l’encadrement. Pour la petite histoire, c’est dans cette usine que la future secrétaire de la bonneterie travaillait.<o:p></o:p>

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Dans les premiers jours, il y eut souvent des provocations de la maîtrise, comme aux Ets DALLERY à CHARLIEU, qui faillirent tourner à l’affrontement. Les ouvrières voulant sortir, en furent empêchées par les cadres, des menaces étaient proférées à l’encontre de délégation s’étant rendue devant l’entreprise à la demande de celles-ci. Il s’en suivit une situation confuse, qui fut réglée par la Direction Générale, laissant libre choix au personnel.<o:p></o:p>

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Dans le pays de Charlieu, ce fut au départ les métallurgistes de LOIRECORD, MODERN’TUB, qui occupèrent les premiers, suivis dans le textile des ouvrières des Ets PIERRON, puis, la peur passée, pratiquement toutes les petites entreprises. Il faut rappeler ici la mémoire de messieurs Thevenoux, Raquin, Maisonnette qui en furent des Militants actifs.<o:p></o:p>

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J’ai le souvenir après une manifestation d’un rassemblement dans la salle des Halles de plus de mille personnes, de nombreuses interventions, la présence du corps enseignant. La ville vivait pleinement cette période historique.<o:p></o:p>

Il n’y eut qu’un seul bémol. La délégation Loirecord, Charlieu, faisant partie du même groupe, s’était rendue aux portes des Ets POTAIN à la Clayette. Les délégués de l’usine ne purent mobiliser l’ensemble du personnel, il fallu attendre mai 69 pour que le réveil arrive.<o:p></o:p>

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Dans les jours suivants, la voiture de Pierre SOUCHON, secrétaire du C.E. A.R.C.T fut incendiée, nous décidons de prendre des mesures de précautions, nous avions à disposition une caméra, celle-ci était en fait dissuasive, quand des provocateurs constataient qu’ils étaient filmés, ils n’allaient pas plus loin.<o:p></o:p>

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Dans la majorité des entreprises les directions ne faisaient pas opposition. Il n’y eut pas d’incidents graves dans le Roannais, à l’exception de la voiture brûlée de P. SOUCHON, qui eut des suites judiciaires, les responsables ayant été reconnus. En fait nous maîtrisions assez bien les situations diverses.<o:p></o:p>

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Il fau  toutefois signaler qu’un Ingénieur Militaire de l’Arsenal fonça avec sa voiture sur les piquets de grève, heureusement il n’y eut pas de victimes. Aux A.R.C.T. une intention initiée par quelques cadres supérieurs pour forcer les piquets de grève, fut dissuadée par la direction.<o:p></o:p>

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A Saint-Germain-Laval, aux Ets GEVARM fabriquant de 4/4 COURNIL, le directeur endossa une tenue de parachutiste (probablement un souvenir de jeunesse) devant le peu d’effet de sa prestation, il reprit son costume trois pièces. Est-ce pour se réconcilier avec le peuple ? Il épousa une ouvrière, prit sa retraite dans ce lieu. C’est dans ce village que Jules ROMAIN auteur : « Des Copains d’abord » s’inspira pour son livre : « le Docteur KNOCK ».<o:p></o:p>

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Nous suivions les évolutions au plan national dans nos coordinations syndicales.<o:p></o:p>

Les assemblées, ouvriers, lycéens, dans la cour de l’ex caserne WERLE, Centre MENDES-FRANCE, avec aujourd’hui une Université face à la Bourse du Travail (ce qui ne plait pas à tous ?) étaient hautes en couleurs. Les défilés en ville tout comme les occupations d’usines prenaient de jour en jour plus d’ampleur, la vie était partout, les gens se parlaient, c’était la fraternité.<o:p></o:p>

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Il faut s’arrêter sur ce climat de ces jours de mai, de début juin, pour ceux qui les ont vécus ils restes inoubliables, il flottait comme un air de liberté rappelant l’été 44. La chape de plomb des années précédentes, le renfermement sur soi de la plupart, disparaissaient dans le dialogue général, le peuple des usines avait retrouvé le sens de son unité, le bonheur de vivre ensemble une période exceptionnelle était visible, en particulier dans la jeunesse, mais pas seulement.<o:p></o:p>

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Toutefois au fil des jours, dans nos déplacements aux portes des usines, nous constations qu’il y avait des absences, il nous semble que l’esprit du mai parisien dans la jeunesse, avec un de ses slogans c’étaient déplacé un peu en province. Les rendez-vous sentimentaux provoquaient des oublis, il fallait battre le rappel, il y avait par la suite des présences complémentaires au féminin…<o:p></o:p>

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Il nous faut aussi parler des étudiants, qui furent à l’origine de cet engagement populaire. Ceux des lycées roannais nous communiquaient pratiquement chaque jour, les tract de la coordination des universités de Lyon. <o:p></o:p>

Il n’y avait pas de problèmes particuliers, peut-être parfois un peu de confusion, les professeurs dont la plupart grévistes, étaient présents.<o:p></o:p>

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Les réunions de synthèse dans les salles adjacentes à la Bourse du Travail, auxquelles nous étions invités, avaient souvent des accents révolutionnaires, MARX, CHE GUEVARA, étaient souvent cités, c’étaient leurs références pour un monde qu’ils voulaient changer, elles restent d’actualité…Ils participaient aux défilés. Ici le slogan ouvrier, étudiants venu de Paris ne causait pas de problème. Merveilleux idéalisme de la jeunesse, que fut MAI 68.<o:p></o:p>

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                                  Je remercie bien vivement monsieur Victor Petit de son autorisation de pouvoir publier sur notre blog ces quelques lignes tirées de son futur ouvrage sur : Mai 1968 à Roanne<o:p></o:p>

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