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LA ROUTE AUTREFOIS ENTRE ROANNE (Loire) ET LYON (Rhône)

Deveaux veut serrer la main du Général de Gaulle en voyage à Roanne



 

Visite du Général de Gaulle à Roanne le 7 juin 1959 (Cliché Gouttebaron)

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DEVEAUX  UNE FIGURE DE ROANNE VEUT SERRER LA MAIN DU GENERAL DE GAULLE<o:p></o:p>

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C’était à l’occasion de la visite à Roanne du général  de Gaulle. Une brève visite certes, mais qui avait nécessité de la part du service d’ordre et du protocole un énorme travail.

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Tout avait été minutieusement préparé comme à l’accoutumée afin d’éviter tout incident. Le moindre détail avait été examiné à la loupe.

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Pourtant, on frôla ce jour-là non pas l’incident grave, mais plus simplement le ridicule avec une séance au sommet imprévue, c'est-à-dire la grande rencontre Charles de Gaulle - Jean-François Deveaux. Un incident humoristique pour la presse et les lecteurs, mais qui vous envoie cependant un commissaire divisionnaire terminer sa carrière à Rodez où Privas.

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En effet, un journaliste de nos amis, facétieux et nullement gaulliste (c’était son droit) avait décidé pour s’amuser, d’envoyer son coupe-file tricolore et anonyme à Jean-François Deveaux, chaque journaliste de la presse locale devant être présenté au général.

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Recevant le bristol, Jean-François Deveaux, candidat malheureux aux élections, trouva tout à fait normal, que Charles de Gaulle lui soit présenté. N’avait-il pas d’ailleurs à lui communiquer sa façon de cerner les problèmes internationaux, d’améliorer l’économie et de transformer la France en un Pays où il ferait bon vivre. C’était l’occasion ou jamais.

Malheureusement pour lui, il ne pensa pas qu’en cette circonstance il devait au moins faire toilette et notamment se raser ; trouver un costume moins fripé et cirer aussi ses brodequins éculés d’avoir tant parcouru l’asphalte roannaise. Enfin, de ne pas conserver sa musette d’ancien combattant 14-18, ni son chapeau délavé par les intempéries.

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C’est donc en sa tenue habituelle qu’en ce jour où, le tricolore flottait à l’unisson en ville et que les anciens combattants avaient astiqué leurs décorations que J.F. Deveaux se dirigea vers le centre ville. Un voyage parsemé d’embûches avec les barrages de CRS comme jamais on n’en avait vu en bord de Loire. Avec comme objectif en vue l’Hôtel de Ville, il aborda serein le premier barrage. Discipliné, le CRS laissa passer cette espèce de vagabond sans hésiter. Au second barrage où les consignes devaient être plus sévères, le CRS sceptique appela son brigadier. Ce dernier crut comprendre au cours du questionnaire que l’homme était conseiller général (alors qu’il n’avait été que candidat).

Il donna donc l’ordre de laisser passer ce suspect, en se disant que ce devait être un campagnard probablement demeuré et qui n’avait pas pris le temps de se changer.

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Notre invité inattendu franchi le troisième barrage (normal puisque les deux autres l’avaient laissé passer) et il s’apprêtait à monter tout joyeux les marches de l’Hôtel de Ville face à quelques milliers de Roannais canalisés sur la place, des inconditionnels, afin de se rendre dans la grande salle de réception, quelques minutes avant l’arrivée du Président.

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C’est alors que l’œil de lynx du commissaire des Renseignements Généraux opérant comme un laser, transmit aussitôt l’information à son cerveau, lequel sonna l’alarme générale et qu’au bord de l’apoplexie, il fonça tel un pilier de rugby sur l’intrus, l’imbécile qui allait tout ficher par terre son système de protection rapprochée. J-F. Deveaux se retrouva plaqué au sol puis saisi par des poignes vigoureuses et porté dans une pièce annexe, non pour y subir un passage à tabac mais un interrogatoire poussé.

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Bien qu’éberlué d’un pareil accueil, lui qui s’attendait à une vibrante Marseillaise et à une poignée de main historique, voulant justifier sa présence, sortit de sa musette crasseuse son authentique laisser-passer. C’était à n’y pas croire. Et au R.G. on n’y croyait pas du tout puisque c’était ce même service qui avait supervisé toutes les demandes d’invitation. On enquêterait plus tard sur cela, probablement un opposant au régime, mais en attendant promptement, il fallait se débarrasser de l’intrus.

C’est ainsi que par une porte dérobée, cinq minutes avant l’arrivée du cortège officiel, l’infortuné Deveaux, conscient d’être à nouveau victime d’une injustice flagrante et prenant la foule à témoins, fut conduit au poste de police tout proche, le temps de la réception officielle.

Ouf, les inspecteurs de police pouvaient s’éponger la sueur qui perlait à leur front. Rétrospectivement, ils revenaient de loin.

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Mais décidément, c’était un jour sans pour les RG que cette matinée là. Parmi les invités, se trouvait le commandant Gouttebaron, un baroudeur connu qui avait été lieutenant pendant la guerre dans le régiment blindé que commandait Charles de Gaulle

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Le commandant était venu avec son fanion, qu’il avait bien l’intention d’offrir à son ancien colonel. Hélas pour lui, le protocole, encore lui, était tout à fait opposé à cela et il fut fait interdiction au commandant de donner suite à son projet.

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Le commandant, un peu « soupe au lait », il est vrai, s’énerva quelque peu, ne comprenant pas, fort justement, pareil interdit. D’invectives en invectives et malgré ses décorations lui masquant une partie de sa poitrine, on arracha, un comble, le fanion des mains du chef de peloton du général. Ce fut la bousculade, pour ne pas dire une belle mêlée, et, en proie à une belle crise de nerfs, notre héros, ancien combattant, fut transporté manu militari en ambulance, non sans peine et non sans bruit car l’homme était nerveux, juste au moment où débouchait le cortège.

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Et c’est ainsi que, Charles de Gaulle croisa son ancien subordonné sans le savoir.

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Deux histoires que ne relatèrent pas nos confrères chargés de couvrir l’évènement et qui, pourtant, auraient bien mérité la « Une ».

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Si pour le commandant, il n’y eut pas de suite, les fins limiers des services des Renseignements Généraux et de la Brigade Judiciaire tentèrent bien, mais en vain, de savoir qui avait pu fournir son laisser-passer à Jean-François Deveaux, l’invité que l’on n’attendait pas.

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Le secret professionnel a été bien gardé ! Jusqu’ici du moins. A l’heure de la retraite le commissaire avait encore conservé au creux de l’estomac cet incident. Compte tenu de sa conduite vis-à-vis de la presse locale ce jour-là, touts les confrères roannais se délectèrent de ce bon gag.

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Tiré de l’ouvrage de Gérard Decombe « Les Joyeux compères du Roannais ».<o:p></o:p>

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