<o:smarttagtype namespaceuri="urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" name="metricconverter"></o:smarttagtype>
LA FIN DU GENERAL MOUTON-DUVERNET<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Dans les premiers mois de 1816, les ordonnances, circulaires, avis continuent à affluer sur le bureau de la mairie de Saint-Symphorien-de-Lay.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Un de ces avis, concernant les généraux Gilly et Mouton-Duvernet, mérite surtout pour le second de ces personnages que l’on s’y arrête un instant. Cet évènement fait partie de notre histoire locale.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Il a pour théâtre Montbrison et ensuite les personnages qui y sont mêlés, et qui n’ont pas hésité à courir de grands risques par simple bonté et générosité, pour tenter de soustraire le général Mouton-Duvernet aux recherches dont il était l’objet.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Voici le texte de l’avis communiqué à tous les chefs-lieux de canton des départements :<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
« Montbrison, le 2 février 1816<o:p></o:p>
Le Maître des requêtes. Préfet du Département de la Loire.<o:p></o:p>
Donne avis qu’ensuite d’une décision de S.E. le Ministre de la Police Générale, il sera allouée une récompense de deux mille francs à quiconque fera arrêter les ex-Généraux Gilly et Mouton-Duvernet, pris dans l’art. I de l’Ordonnance du Roi du 24 Juillet dernier ».<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Dans le même avis une somme de 10 000 Frs est également promise aux personnes qui livreront le général Lefebvre-Desnouettes. Si l’on s’en réfère à l’importance des récompenses, les généraux Gilly et Mouton-Duvernet paraissent être du menu fretin.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Le signalement très détaillé de chacune des personnes recherchées accompagne ces avis. Ainsi, le Général Mouton-Duvernet, prénommé François Régis, né au Puy, Haute-Loire, est âgé de 45 ans, à une taille de <st1:metricconverter productid="5 pieds" w:st="on">5 pieds</st1:metricconverter> <st1:metricconverter productid="3 pouces" w:st="on">3 pouces</st1:metricconverter>, des épaules larges, un front un peu chauve, des cheveux gris, frisés et un peu épais, des yeux gris, un nez pointu, une bouche un peu grande il est marqué de la petite vérole et de taches de rousseur petites et rapprochées, sa voix a un son rauque et un accent méridional. Avec tant de détails il nous est facile de faire un portrait du fugitif.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Ainsi, le Général Mouton-Duvernet recherché par toutes les polices de France, avait trouvé asile à Montbrison dans la maison de Monsieur de Meaux, où il logeait au moment où, pour la seconde fois l’Empereur Napoléon abdiquait et prenait le chemin de l’exil. Cette hospitalité lui avait été offerte généreusement par ses hôtes, afin de le soustraire aux recherches dont il était l’objet. Le fugitif ne pouvait trouver un refuge plus sûr, car la demeure de M. de Meaux était fréquentée par de nombreuses personnalités ; parmi celles-ci, M. de Nonneville, Préfet du Département était un hôte assidu, qui, certe ne se doutait pas le moins du monde que le Général ; dont il avait signé l’avis de recherche, était lui aussi un invité permanent.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Cependant, un dénonciateur appâté par la récompense, avait par déduction, obtenu la certitude que le Général n’avait pas quitté Montbrison ni la demeure de M. de Meaux. Il s’adressa directement au Ministre, et certifia être sûr de faire arrêter le fugitif si on lui donnait carte blanche, mais qu’il fallait qu’aucune des autorités Montbrisonnaises ne soit mise dans le secret. Les pouvoirs les plus étendus lui furent accordés, et une visite domiciliaire eut lieu, sous les ordres du Général de la Roche Aymon, pendant l’absence de M. de Meaux appelé à Paris par son mandat de Député de la Loire.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Cette perquisition n’eut aucun résultat, mais l’alerte avait été chaude. Une cachette, heureusement aménagée derrière une armoire, avait permis au Général de disparaître à temps. Madame de Meaux, aidée par deux de ses domestiques, Claude Bonhomme et Agathe Condamine, reçut avec sang-froid ces visiteurs indésirables.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Agathe Condamine guida l’officier qui dirigeait les recherches, ouvrit elle-même l’armoire derrière laquelle le Général avait trouvé asile, pour lui faire constater qu’elle ne contenait rien autre que des liqueurs ; elle referma la porte avec tranquillité, confiant ensuite la clé à cet officier, afin de préserver, lui dit-elle, son contenu de quelques uns de ses hommes par trop altérés.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
En dépit de cet échec le dénonciateur persistait toujours dans ses affirmations, obtint que la cuisinière de M. de Meaux fut mise en état d’arrestation, cette femme interrogée sans ménagement, conduite à Lyon, mise au secret, persista dans ses dénégations avec un rare courage, devant lequel les policiers durent s’avouer vaincus.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Le Général, peut-être impressionné par cette arrestation et dans la crainte de faire encourir de semblables dangers à ses hôtes s’il était découvert dans leur demeure, prit la funeste résolution de se constituer prisonnier et s’en remettre ainsi à la clémence du Roy. En vain, M. de Meaux et son épouse cherchèrent à l’en dissuader ; connaissant l’acharnement qui existait contre lui, ils pensaient qu’en mettant son projet à exécution, il courrait de grands dangers. Toutes leurs sollicitations furent vaines. Le 14 mars 1816, le Général adressait une lettre au Préfet de la Loire dans laquelle il l’informait qu’il serait en personne ce même jour à 10 heures du soir, place St Pierre, pour ce mettre à sa disposition.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Le 15 mars, une note officielle était adressée à tous les Maires des chefs-lieux de canton, afin que tous en soient informés<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
« Monsieur le Maire, je m’empresse de vous annoncer que l’ex-Général Mouton-Duvernet compris dans l’ordonnance du 24 Juillet dernier, convaincu qu’il ne lui restait pas d’autre ressource que de s’abandonner à la clémence du Roy, est venu se remettre entre mes mains le 14 de ce mois.<o:p></o:p>
Cet évènement suffira, sans doute, pour discréditer les bruits mensongers, que la malveillance chercherait encore à répandre dans les intentions criminelles, que le dévouement et l’énergie des bons Français sauront toujours prévenir et déjouer.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Le Préfet de la Loire : Tassin de Nonneville<o:p></o:p>
Le secrétaire : Duplessy. »<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>
Le Général, transféré à Lyon, fut traduit devant une commission militaire au mois de juillet 1816. Monsieur de Meaux, n’abandonnant pas pour autant celui qui était devenu son ami, vint à la barre comme témoin en faveur de l’inculpé sans craindre de se compromettre. Il n’épargna pas ses efforts pour essayer de le soustraire au sort qui l’attendait, en dépit des pressions plus ou moins discrètes faites auprès de lui ou de son entourage pour l’inciter à s’abstenir.<o:p></o:p>
Engagé dans ces conditions le sort qui attendait le Général ne pouvait faire aucun doute. La commission militaire, rejetant les témoignages en faveur de l’accusé comme étrangers à l’affaire, passait outre et rendait un verdict, condamnant le Général à la peine de mort. Cette sentence fut exécutée à Lyon quelques jours plus tard, lorsque le Roi eut refusé la grâce du condamné.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
« Ces quelques notes sur le Général Mouton-Duvernet, sont extraites du Recueil des actes de la Préfecture de la Loire, ainsi que de l’ouvrage de Monsieur le Vicomte de Meaux : « Souvenirs sur la vie de mon grand-père », parut en 1935 ».<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Quant au Général Gilly, qui on s’en souvient figurait sur le même avis de recherche, il parvint à se retirer à New-York. Condamné à la peine de mort par contumace, il se constitua prisonnier en 1820, pour demander la révision de son procès. Emprisonné à Paris dès son retour, le Duc d’Angoulême demanda et obtint de Louis XVIII qu’il fût libéré.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>
Roger Garnier (ST-SYMPHORIEN-DE-LAY 1814 – 1816)<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Notes : Si l’Histoire retient surtout du gros Roi Louis XVIII sa couardise et sa rapide facilité à se « débiner » à l’étranger devant l’approche de l’ennemi. Le nom du Général Mouton-Duvernet est bien présent de nos jours. Outre que même mort il rassembla encore du monde ; en effet on peut lire dans le : Dictionnaire de lyonnaiseries par Louis Maynard :
Mouton-Duvernet - "on sait que ce général fut fusillé à Lyon après Waterloo.
Le 12 septembre 1829, vingt mille personnes, avec un crêpe au bras, montèrent au cimetière de Loyasse à la tombe de Mouton-Duvernet. Un discours remarquable fut prononcé par le général Bourguignon. Ce fut une des nombreuses manifestations qui marquèrent, à Lyon, l'esprit d'opposition au gouvernement de Charles X".<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Le Général a également donné son nom à une rue et une station de métro dans le 14° arrondissement de Paris et à un style.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
La station est rénovée au début en 1969 avec une nouvelle décoration fondée sur du carrelage orange, qui sera ensuite surnommé le « style Mouton ». Vingt autres stations sont transformées sur le même modèle durant les années qui suivent. Mais elle a perdu le style « orange » depuis le 13 mars 2007, à la suite de sa rénovation dans le cadre du programme « Renouveau du métro ».<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Une rue du 3° arrondissement de Lyon porte aussi son nom.<o:p></o:p>