LA GRANDE AMIE
(Terre du canton de Saint-Symphorien-de-Lay)
C’est le nom donné à la terre par un écrivain délicat qui est en même temps un homme de cœur et un artiste.
Oui, la terre est la grande amie, parce que, malgré le dur travail qu’elle exige et à cause de cela d’ailleurs, elle est la pourvoyeuse fidèle et généreuse des choses nécessaires à la vie : parce qu’elle est une source de santé et de joie, et qu’elle ne trompe pas ceux qui lui donnent tous leurs soins et qui ont confiance en elle.
La terre ! Nous l’avons vue dans sa beauté ces dernières semaines à l’occasion de notre visite paroissiale ; et maintes fois nous nous sommes demandé s’il existait en France une terre plus agréable et mieux cultivée que celle du canton de Saint-Symphorien.
Nous n’avons ni la haute montagne ni la plaine, mais un ensemble bien équilibré de douces collines et de gracieux vallons, dont les aspects sont infiniment variés.
Deux gros ruisseaux, le Gand et l’Ecoron, emportent vers la rivière de Rhins, sous le couvert des saules et des ormeaux, leurs eaux limpides et chantantes. Cà et Là, de calmes étangs, dont les plus remarquables sont ceux de la Roche, de Lespinasse et de Buis, reflètent la forme des nuages et la couleur du ciel.
Chez nous les arbres fruitiers sont rares, à cause sans doute de la nature du sol et de la fréquence du vent ; mais les arbres forestiers, principalement les chênes, y abondent.
De petits bois de pins et de sapins ajoutent au clair paysage leurs taches d’ombre.
Sur le territoire de la paroisse, dont l’étendue est de 5 000 hectares, ce sont les prairies qui dominent. Elles sont belles au printemps, quand l’herbe est encore fraîche et que les blancs troupeaux y pâturent ; elles dont reposantes aussi pour les yeux, pour l’esprit et le cœur, pour tout l’être.
Nos sites sont intéressants, et nos panoramas superbes.
Ce que l’on peut découvrir des hauteurs du Fay, de Bel-Air, du Picard, de Maroille, du Ronfin, du Désert, de Montceaux, est un enchantement… Dans les bas-fonds, il est des coins délicieux comme la combe du Moulin, avec sa plantation de peupliers et les méandres de la rivière ; comme le val étroit qui aboutit à la ferme altière de Pesselay, ou encore la thébaïde ombreuse de Pramondon : sites virgiliens qui appellent le berger antique, « essayant des airs champêtres sur son léger chalumeau… »
Un religieux silence plane sur nos vallons, qui n’est interrompu le plus souvent que par le chant suave des oiseaux, quelques fois par le cahotement des chars, presque jamais par le sot blasphème des hommes.
Notre magnifique campagne « symphorienne » est toute constellée de fleurs rustiques ; elle a de nombreuses fermes aux longs toits rouges, elle est habitée par de brave gens qui nous ont fait bon accueil…
Toujours aimable est toujours bienfaisante, elle est vraiment, pour ceux qui savent la comprendre, la « Grande Amie ».
L.S. Juin-Juillet 1935