Passage de François Vinchant (historien) sur notre route
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Photographie : Roanne, la chapelle des mariniers de Loire, transformée en bureau de poste au début du XX° siècle<o:p></o:p>
François Vinchant, historien montois, fils de Gilles Vinchant et de Marguerite Dessus-le-Moustier, naquit à Mons, le 12 février 1582
Il appartenait à une famille riche et honorable qui avait donné plusieurs de ses membres à ma magistrature échevinale, et qui depuis 1501, porta dazur à la bande dor, chargée de trois étoiles de gueules : sa devise fut VINCENTIBUS ASTRA.
Il eut un frère, Jean, qui fut reçu conseiller à la Cour souveraine de Hainaut, le 20 avril 1626 et mourut le 15 mars 1659. Cest de lui que descendaient Charles-Antoine-Joseph Vinchant et Pierre-Félix-Joseph Vinchant, créés comtes en 1756.
Leur père, Gilles Vinchant, écuyer, seigneur de la Haye, Morval, Milfort, la Motte, Offrebaix, etc fut en 1584 capitaine dune compagnie bourgeoise de Mons.
François Vinchant fit un voyage en France et en Italie du 16 septembre 1609 au 18 février 1610.
Il se trouve bientôt à Lyon mais laissons-lui la parole :
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« Ceste ville, est marchande pour autant questante scitué au milieu de lEurope. Chacun y accourt. Et dautant que cest une des clefs du royaulme de France, lon y fait bonne garde tant de jours que de nuicts, mais principalement de nuict, car lors les bourgeois y font tousjour la ronde pour descouvrir toute inconvénience, et pour autant, disoit très bien un certain, que « Armatum négotium, parit otium ».
Partant de Lyon, je fus davis daller à la ville de Vienne laquelle est ville ancienne.<o:p></o:p>
Cest une des plus belles villes du pays de Dauphiné, auquel y a plusieurs fontaines fort remarquables. Lune desquelles ayant leau exttresmement claire, jette des pierres glissantes et polies, qui garissent non seulement de lophthalemie et malles des ieux, mais aussi attirent dehors toutes ordures qui sont en lil. Une aultre, assise non long de là, est de telle nature, à ce quon dit, quand il doibt advenir quelques stérilité ou famine dans le pays, elle sort en telle abondance que deux moulins en mouleroient.<o:p></o:p>
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On dit aussy quil y a une histoire dans ceste ville de Vienne ; quelle porte que Pilate seroit dans un puits dune tour, que lon dit la Tour de Pilate, où il est entendu faire de grands hurlemens. Lon sait quil jugea à mort Nostre Seigneur injustement, et quil fust envoié en exil à Vienne par les Romains. Aulcun disent quil estoir natif de Lyon et filz dun meusnier, mais bastard ; et quencore les seigneur de Pila, alentour de Vienne, sont descendu de ce Pilate. De surplus les mesmes autrheurs disent que peu avant le relèguement de Pilate à Vienne, Hérode avec son Hérodias avoit esté envoié en exil à Lyon par lempereur Caligula.
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Quoy quil en soit, je trouva bon en mon avis daller droit à Roane pour aller par barque sur la Loire à Orléans.
Estant donc party de Lyon, lon laisse à main droite près de la ville, lhostellerie où Henryh-Corneille-Agrippa, homme de grande estude, estant envoyhé par lempereur en embassade au Roy de France, mourut. Il estoit suspect de Négromancie Aulcuns disent couvertement quil estoit le plus grand sorcier de son eage. Il avoit toujours chez lui un petit chien noir, quil mesnoit de toute parte ; et il le faisoit coucher en son lct. Estant proche de la mort, il osta audit chien un golier tout chargé de cloux dargent, et où se voyoient divers caractères, disant : « Va-t-en, beste perdue ; tu mas du tout perdu ». Labeste salla ruer dedans le fleuve Saosne, duquel on ne le veit jamais sortir. Aulcuns estiment que cestoit le diable quil mesnoit ainsi en forme de chien.<o:p></o:p>
Ceulx de Louvain racontent merveille de cest homme, disant quun certain gentilhomme allemand sestant troujvé mort en sa maison, quil commanda au diable de faire promener ce corps de çà, de là parmi la ville. Ce que le diable exécuta . Et ce corps fust en après par le diable délaissé » estendu mort en plein marché.<o:p></o:p>
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Retornons à nostre voiage. Depuis Lyon jusquà Roanne, lon passe La Tour (de Salvagny), Bresle, (lArbresle) Tarrare, beau bourg, la Montaigne de Tarrare qui dure deux lieues et demye, Capelle (La Chapelle sommet du Pin bouchain) Fontaine (La Fontaine sur la commune de Machézal) St-Symphorien, Ste Marguerite (de Neaux) La rivière de Loire.
Puis estant parvenu à Roanne, petite ville, je fist provision de vivres selon la coustume de tous pour membarquer jusquà Orléans, avec compaignie daulcuns gentilzommes que je trouve.<o:p></o:p>
Ceste rivière de Loire, dite en latin « Ligeris », est de grande longueur, prenant son origine dune fontaine qui est sur la limite dAuvergne et près de la ville du Puy. Elle croist peu à peu de fontaines et de neiges fondues en montaignes, et court vingt quatre lieues sans porter de bateaux de grande charge.<o:p></o:p>
Or nous ne fusmes si tost embarquez que nous trouvasmes matière à rire, car plusieurs bateaux partoient quant nous remplis de bufs. Lun diceulx sestant jetté dans la Loire pour quelque umbraige quil receut, les aultres jusquau dernier, firent le mesme sans quon les peut arester. Et comme la rivière estoit dune course vitte, ils furent emportez bien long arrière de nous, avant quils se peuvent mettre à bord.<o:p></o:p>
Nous laisserons notre voyageur ici, alors que son embarcation lui permet de découvrir dautres villes comme « Palisse » (Lapalisse) et « Chasteau Bourbon » où se trouvent des bains.<o:p></o:p>