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LA ROUTE AUTREFOIS ENTRE ROANNE (Loire) ET LYON (Rhône)

Persécutions des catholiques de la Loire sous Louis XVIII

 

Persécutions des catholiques de la Loire sous Louis XVIII


Billet de confession :


On appelle ainsi le billet que le confesseur donne à son pénitent pour attester qu'il l'a entendu en confession. Au moment de la révocation de l'édit de Nantes, ce billet fut exigé des calvinistes nouvellement convertis; il fut encore imposé, après la publication de la bulle Unigenitus, à tous ceux qui étaient soupçonnés de jansénisme. Actuellement, en France, il est demandé aux futurs époux qui se présentent devant leur curé pour contracter mariage.

Certains protestants, afin de ne pas être persécutés, allaient une fois de temps en temps à la messe, tout en conservant secrètement leur religion. Mais pour les curés, la façon de contrôler les pratiquants était la confession.Afin de pouvoir se confesser, il fallait demander un "billet de confession". Ces billets de confession avaient des couleurs différentes selon les années.

 

A MESSIEURS LES DÉPUTÉS DES DÉPARTEMENS

SÉANT, A PARIS, EN 1819.

Messieurs,

Les soussignés, pleins de confiance dans les lumières et l'équité de votre Chambre, osent réclamer sa protection contre les vexations dont ils sont l'objet.

H y a longtemps que le diocèse de Lyon, privé de la présence de son premier pasteur, gémit sous l'oppression dé ses Vicaires-Généraux, et particulièrement de M. Courbon, le premier d'entre eux. Dès 1803, ledit sieur Courbon obtint des ordres du Gouvernement contre douze prêtres à la fois, en les accusant faussement de se séparer des nouveaux pasteurs, et cinq d'entre eux expièrent par une prison de neuf mois ce prétendu crime dont ils étaient parfaitement innocents. Plusieurs curés furent dans le même temps non-seulement évincés de leurs places, mais privés sans la moindre de toute fonction ecclésiastique et même de la faculté de célébrer les SS. Mystères, quoique toutes les lois de l'Église et de l'Etat s'opposent à un tel abus de l'autorité, et cette injustice subsiste encore. Mais ce n'était pas assez pour ledit sieur Courbon de frapper les pasteurs ; les brebis n'ont pas été plus épargnées. Par ses ordres, on exige dans plusieurs paroisses des billets de confession pour se présenter à la table Sainte ; on refuse publiquement la communion à tous ceux qui ne croient pas devoir se soumettre à une exaction si odieuse ; on prive les mourants des derniers sacrements, et les morts de la sépulture ecclésiastique ; on ne permet ni le son des cloches après le décès, ni l'usage du drap mortuaire, de la croix et de l'eau bénite, ni l'introduction des corps morts dans l'Église avant la sépulture; on refuse de publier et de bénir des mariages, et de donner les Cendres le premier jour de carême ; on exclut arbitrairement des fonctions de parrains et de marraines ; ou se permet dans l'église même, des déclamations injurieuses et des voies de fait ; on sème la division dans les familles. Saint-Etienne , Saiut-Bonnet-le-Château, Saint-Nizier , Périgneux, la Tourette, Marols, Saiut-Jean-Soleymieu, Saint-Galmier, Chazelles, Saint-Médard, Avezieu, Maringe, Chirassimont, et bien d'autres paroisses, sont sans cesse témoins de pareils scandales : le détail de ces vexations serait infini.

En vain nombre de plaintes ont été adressées, et à Monseigneur l'archevêque de Lyon et à Son Excellence le Ministre des Cultes, et au Conseil d'État. Le mal est resté jusqu'ici sans remède.

Or, le prétexte de tant de violences dont les réclamants sont prêts de fournir la preuve en justice réglée, c'est qu'il a plu audit sieur Courbon de remettre en honneur dans ce diocèse de vieilles disputes, sur lesquelles les déclarations du Roi, du 2 Septembre 1754 et du 10 décembre 1766, avaient sagement imposé un éternel silence. C'est encore parce que les soussignés font hautement profession de combattre le système ultramontain que l’on prêche ici sur les toits, et de montrer le plus sincère attachement aux libertés de l’église Gallicane, dont une partie de notre clergé semble avoir conjugué la ruine (1).

Serait-il possible que sous un roi qui se déclara si franchement le protecteur de ses saintes libertés, dans le discours qu’il prononça à l’ouverture de Chambre de 1817, sous un roi juste et bon, qui sentait dès lors la nécessité d’une loi qui mit ses sujets à l’abri de pareilles vexations, un projet de loi tendant à investir les Cours Royales de la connaissance des appels comme d’abus ; serait-il possible disons-nous que des prêtres et des fidèles, soumis aux lois, et irréprochables dans leur conduite, fussent persécutés, calomniés, privés arbitrairement et sans forme de procès, des droits, les plus sacrés ? Le gouvernement serait-il insensible à l’oppression de l’innocence, le violement de l’ordre et le mépris de toutes les lois ? Et tandis que l’État soit à la sagesse de son auguste Monarque une constitution qui garantit les droits et propriétés des citoyens, l’Église seule aurait-elle encore à gémir sur la tyrannie de ses pasteurs ?

Non, nous avons la douce confiance que le Corps législatif ne sera pas sourd à nos plaintes, et qu'il nous accordera la faculté de défendre notre réputation, notre liberté et nos droits dans des tribunaux plus rapprochés de nous que le Conseil d'État.

En conséquence, nous prions instamment la Chambre de demander à Sa Majesté qu'elle daigne proposer de nouveau ledit projet, afin qu'il soit bientôt converti en Loi, et que nous puissions obtenir justice de tous les griefs, dont nous avons tracé ci-dessus le tableau.

Fait à Saint-Galmier, Département de la Loire, canton de Chazelles, le 19 janvier 1819.

Suivent trente-huit signatures, recueillies dans diverses paroisses où s'exerce la persécution, et l'on croit pouvoir assurer qu'il serait facile de se procurer, s'il était nécessaire, bien d'autres témoignages.

Pareille pétition est adressée à la Chambre des Pairs, et une autre à peu près semblable à Sa Majesté.

Ce sont là uniquement les demandes et réclamations de ces bons habitants du diocèse de Lyon, hommes simples, amis de la paix, et qui n'ont d'autre prétention en ce monde que d'être mis à couvert de ces vexations arbitraires dont ils ne cessent point, contre toutes les lois de la Société catholique, d'être les malheureuses et innocentes victimes. Seront-ils écoutés, et peut-on se flatter que ces hommes religieux et irréprochables ne seront point aux yeux de nos législateurs de pire condition que les autres citoyens ? N'en doutons point, ils seront écoutés, et ils le seront favorablement, car qui pourrait supposer dans les magistrats du peuple français, une indifférence funeste qui ne ferait qu'enhardir et accroître les entreprises du faux zèle, dont il importe à la nation entière qu'on prévoie et que l'on arrête les trop dangereuses conséquences .Or, quelle mesure plus simple, à cet effet, que celle qui se borne à investir, comme ils l'étaient jadis, nos premiers tribunaux du pouvoir nécessaire pour faire observer les Canons de l'Église qui sont en même temps lois de l'État ?

Toutes ces lois, réprouvent et condamnent les refus publics de sacrements : elles ne souffrent pas que l'on diffame et qu'on traite publiquement comme un membre étranger à la Société catholique, quiconque n'est pas, nommément, après un jugement canonique, excommunié - dénoncé : enfin, elles sont également contraires à toute exaction de billets de confession, soit à la vie, soit à la mort. L'on a vu par quelles raisons : mais en terminant le présent écrit, l'on croit devoir en rappeler encore l'une des principales, qui est que ce joug inconnu et nouveau en France pour des catholiques, n'est propre qu'à rendre odieuse la Religion. Qu'on s'avise de l'imposer, et bientôt nous verrons ses ennemis nous dire : « Où les prêtres s'arrêteront-ils ? A quel prix mettront-ils les billets de confession ? A quelles conditions les accorderont-ils ? Quel est donc ce moyen, ce secret inouï qu'imaginent ceux qui tiennent la clef des consciences, pour devenir les maîtres d'ébranler et de faire mouvoir, dans leur sens, toute l'Église de France, et par elle, s'ils le peuvent, l'État et le Gouvernement ? (2).

Ainsi parleront les hommes du monde, tandis que le fidèle éclairé et instruit des règles, s'il ne veut se soumettre à un joug honteux, et par suite à toute nouveauté que l'on serait maître de lui proposer, sera contraint de gémir en silence, portant le poids de l'anathème, et réduit à un pire état qu'autrefois les pécheurs publics et scandaleux. Combien donc n'est-il pas urgent que l'on s'oppose au mal dans son principe, que l'on arrête le cours de ces exactions, de ce violement de toutes les règles, dont le faux zèle fait les premiers essais dans un coin de la France, sur des hommes inconnus au monde, et qui semblent n'avoir ni secours ni appui!

Mais qui peut mieux réprimer ces excès et ces vexations inouïes que notre auguste Monarque, le père du peuple et le protecteur des opprimés ?

SIRE, lui diront nos pétitionnaires, le plus beau droit que le maître des empires ai remis dans vos mains, est celui de défendre et protéger le faible par le maintien des lois contre l'injustice et l'oppression. Nul corps, nulle société qui puisse dans l'État se soustraire à ce droit, parce qu'il est l'apanage nécessaire et inaliénable de la souveraineté. L'Église elle même, l'Église catholique n'a cessé d'invoquer cette protection salutaire, soit pour le libre exercice de son culte, soit pour donner force à sa discipline. Cependant, SIRE, les suppliants, vos très-fidèles sujets, dans le sein même de cette Société sainte, sont opprimés, diffamés, et traités à l'égal des grands criminels et des plus indignes scélérats. Oui, Sire, au milieu de votre royaume, au mépris de toutes les lois civiles et ecclésiastiques, une injuste et barbare persécution s'est élevé dans le diocèse de Lyon, et depuis quinze ans ne cesse de s'accroître avec scandale, avec impunité. Tandis que de tous les côtés la rareté des ministres du culte se fait sentir aux fidèles catholiques, des prêtres irréprochables, et qui ont blanchi dans le ministère, sont interdits, rassasiés d'opprobres, réduits enfin à un état plus bas que n'est celui de vos moindres sujets.

D'une autre part, des laïcs tranquilles et amis du Gouvernement, gémissent sous le poids des refus les plus humiliants de tous les secours de l’Église : leur juge est en même temps leur partie et celui qui fait contre eux exécuter ses ordres. Seriez-vous, SIRE, insensible à la voix de vos très-fidèles sujets, quand ils ne réclament que l'exécution des lois de votre auguste aïeul, des saints Canons de leur propre Rituel. S IRE, faites-leur rendre justice ; qu'il ne soit pas dit que sous votre Charte, sous un Roi le plus ennemi qui fût jamais des mesures arbitraires, et de toute injuste domination, des innocents n'aient pu trouver en France ni refuge, ni protection.

Non, Roi Très-chrétien, vous ne refuserez pas à des sujets qui s'honorent du même nom, cette justice que le grand Apôtre attendait d'un Prince idolâtre, lorsqu'il disait : J'en Appelle A CESAR. ( Act. XXV, II.) Vous étendrez votre main protectrice sur des catholiques opprimés, et enfin vous leur procurerez les moyens de participer aux biens que leur assurent toutes les lois de l'Église, que leur ravit un grand abus de pouvoir, et dont ils ne veulent user que pour offrir, dans les liens d'une même communion, avec tout le peuple fidèle, la victime de propitiation qu'ils ne cessent d'invoquer pour la tranquillité et les jours heureux de Votre Majesté.

  1. L'on a remarqué qu'il n'y a point en France de diocèse où il ait paru plus de brochures ultrarnontaines que dans le diocèse de Lyon. L'on en a cité deux, p. 21 : mais il y en a eu d'autres tellement exagérées qu'elles ont attiré l'attention du Gouvernement. Quand on songe que les auteurs de ces diverses brochures sont des directeurs de conscience bien connus, on ne trouvera rien d'excessif dam ce trait de la pétition.
  2. L'on dira, sans doute, que ce moyen est presqu'impraticable à Paris et dans les grandes villes ; mais on peut répliquer que les petites villes et toutes les campagnes forment l'immense majorité de la population ; et que déjà, à l'égard des mourants, cet usage abusif, auquel nos Parlements, se sont constamment opposés, semble devenir commun même dans la capitale. Voyez, sur ces billets de confession exigés à la mort, les principes démontrés par nos Parlements dans ses remontrances du 4 mars 1751.

 Tiré de l’ouvrage : Henri IV et les Jésuites (Adrien Egron, imprimeur, Paris 1818).

 

 

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