C’est avec une profonde émotion, que je viens, adresser un dernier et suprême hommage à la mémoire de Monsieur le Comte Hélen Desvernay, enlevé à l’affection des siens, de ses amis, et du personnel de l’usine des Crayons CONTE, après une longue et douloureuse maladie.
Il y a quelques années, le sacrifice de son fils Guy, tombé héroïquement pour la Patrie sur le front de la résistance, fût pour lui une cruelle épreuve. Peu de temps après, il commençait à se ressentir du mal implacable qui devait l’emporter. Cependant, malgré la douleur et la souffrance chrétiennement supportée, il continuait à venir passer quelques heures à l’usine qu’il aimait tant et à laquelle il a consacré quarante années d’un labeur opiniâtre
Ses collaborateurs immédiats l’affectionnaient beaucoup, ainsi que tout le personnel. Tous le considéraient comme un ami et comme un père auquel on pouvait se confier lorsque l’on était durement atteint et meurtri par les vicissitudes, les deuils, les cruels ennuis et les déboires de la vie.
Neveu du grand soldat, le Maréchal Franchet d’Esperey, et mobilisé pendant la guerre de 14 /18 comme officier d’artillerie, il fit vaillamment son devoir. C’est à ce titre qu’après le décès de notre camarade Adrien Rivière, il fut désigné par acclamation, président d’honneur de notre Association d’Anciens Combattants.
Pendant la dernière guerre, il s’occupe très activement du comité d’entraide aux prisonniers. Merveilleusement secondé par Madame la Comtesse et par notre regretté camarade Desgranges, il fit preuve d’un dévouement admirable en s’occupant de faire confectionner et acheminer régulièrement les colis qui allaient réconforter nos chers absents dans les lointains stalags.
Elu conseiller municipal à une élection complémentaire le 19 février 1939, la confiance du corps électoral lui fut constamment renouvelée par des majorités accrues. Lors des dernières élections, il ne voulut pas solliciter le renouvellement de son mandat en raison de son mauvais état de santé.
Il avait acquit le respect et l’estime de tous ses collègues au conseil municipal qui appréciaient beaucoup son avis judicieux, très écoutés, très étudiés et très précis.
C’était un homme juste, bon et pondéré qui savait toujours mesurer sagement les possibilités avant de prendre les décisions nécessaires.
Le Comte Hélen Desvernay fût, pendant de longues années, président du conseil paroissial et, il y a deux ans, il avait été nommé Président de l’Association d’Education Populaire. Il savait toujours trouver une solution heureuse aux problèmes les plus délicats à résoudre qui se posaient parfois avec une acuité particulière.
En terminant, je veux aussi apporter à Monsieur le Comte Hélen Desvernay l’hommage respectueux et le souvenir attristé de ses conscrits de la classe 1907.
Puisse la sympathie unanime de la population de Régny, ainsi que celle manifestée par la très nombreuse affluence d’amis venus l’accompagner à sa dernière demeure, apporter une faible consolation à l’immense douleur de son épouse éplorée, de ses nombreux enfants et petits-enfants, ainsi qu’à toute sa famille.
Mon cher Monsieur Hélen vous fûtes toute votre vie un croyant sincère, je ne veux point vous adresser un adieu définitif et sans espoir mais, bien simplement un au revoir dans un monde meilleur où nous nous retrouverons un jour, qui ne saurait être très lointain. C’est la suprême espérance et l’ultime consolation pour tous ceux qui pleurent, qui souffrent et qui luttent, mais qui croient en l’immortalité.
Etienne CHEVILLARD (Régny : les mémoires de Jean DEVILLAINE 1887-1964)