<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>
ROUTE DE ROANNE À LYON .BEAUCOUP DE MENDIANTS<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>
Le nombre de mendiants arrêtés sur la route est inimaginable. Cet « état » de mendicité leur permettant de se déplacer impunément sert, un grand nombre de camouflage à un banditisme grandissant. On leur fait une chasse implacable. On se rappelle lattitude de La Reynie lieutenant Général de Police à Paris à légard de la fameuse « cour des miracles », école du crime et asile des bandits chevronnés. Tous les « habitants » semblaient être infirmes et perclus. Arrivant sur la place avec ses hommes, il proclama que les douze derniers qui demeureraient dans lenceinte seraient pendus : « En un clin dil, les mendiant retrouvant des membres hors dusage se ruèrent aux sorties et leur étrange demeure fut incontinent rasée ». En 1754 on arrête « deux homme et une femme accusés de mendier en contrefaisant les estropiés » En 1756 un jugement prévôtal déclare « Placide Laurent Bègne, mendiant valide, convaincu davoir été trouvé portant un pistolet chargé de balles et condamné à servir le Roi en ses galères en qualité de forçats pendant 9 années et à être préalablement marqué par lexécuteur de la haute justice sur lépaule droite au 3 lettres : G.A.L. en la Place du Pilori de la ville de Roanne » (Actuelle place Georges Clemenceau).<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Quelques années plus tard, de véritables bandes de mendiants se forment, sorganisent et, à partir du Grand Chemin, senfoncent dans les campagnes pour tuer, piller, rançonner En 1761 on met la main sur un « mendiant valide et trois jeunes filles ou femmes dans les bois de Longesaigne où il y a une bande de voleurs composée de 35 à 40 mendiants valides sans domicile fixe qui infestent la partie du Forez et Lyonnais en forçant les habitants de Violay, Panissières, Villechèneve, Montrotier, Longesaigne, Avaise et autres paroisses de leur donner des provisions et pour réussir à mieux obtenir deux, les menacent publiquement dincendier les granges, greniers à foin, gerbiers et leurs habitations » (A.D.L. B. 834).<o:p></o:p>
Les assertions de certains, pour se tirer daffaire sont surprenantes de naïveté, tel ce Marc Angeline se disant « bourgeois ordinaire de Venise et prétendant aller par dévotion à Tours en Touraine » (A.D.L. B. 864).<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
En 1766, Antoine Detours tailleur de pierres est assailli et volé sur la route. La même année, « J. Baptiste Noyer Postillon, est attaqué à coup de pierres en revenant de conduire une chaise de poste de St-Germain lEspinasse, près des Tuileries appelées de Forchambu » (A.D.L. B. 842).<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
On procède en 1771 à lexhumation dans le cimetière de Lay « du cadavre dAntoine Landrivon » soupçonné davoir été assassiné dans la paroisse de Saint-Symphorien-de-Lay, sur le Grand Chemin de Paris à Lyon près de la rivières de Rhins et du chemin qui mène à Boisset. Deux chirurgiens de Roanne : Georges Say et Guillaume Labarre, commis à lexamen de la dépouille accompagne Georges de Lucenay lieutenant de maréchaussée à Roanne chargé de lopération.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Au Bas-de-Rhins « rière la justice de Parigny, en 1781 un meurtre est commis à coups de couteau contre Claude Baudinant dans le cabaret de Claude Perraut joignant immédiatement le chemin royal de Roanne à Lyon »<o:p></o:p>
Bien dautres arrestations sont opérées entre Roanne et Tarare. Nous notons celles de plus de 200 déserteurs dans la seconde moitié du XVII° siècle. On en trouve aussi de surprenantes, telle cette « femme errante, menant une vie licencieuse » « ce petit mauvais sujet qui par gourmandise faisait quelques petits vols comme, pain, viande et vin, et accusé aussi davoir abattu une croix en pierre sur la route de Tarare à Pontcharra » « ce vagabond prévenu de se donner la qualité de sorcier dans les différentes paroisses où il errait, portant une peau de loup pour mieux persuader et en imposer au profane vulgaire et autres personnes les plus simples et les plus crédules » Ou encore ce « Pierre Fédollière tisserand de Fourneaux tout éberlué » qui, pour avoir hébergé deux passants et accusé « dêtre fauteur et complice de la désertion des nommés François Berry et Jean-Baptiste Poiseuil soldats du corps royal de la marine, division Rochefort » <o:p></o:p>
La Révolution ne fait quaccroître toutes ces formes de délits et de banditisme.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
La municipalité de Saint-Symphorien sen émeut et le 13 février 1791 envoie un compte-rendu alarmant au Comité Révolutionnaire départemental :<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
« Les courriers de la malle de Paris à Lyon sont fréquemment attaqués par des malfaiteurs parce que léloignement quil y a de Roanne à Tarare est de 10 lieues de poste et quil est impossible aux maréchaussées établies dans ces deux villes den imposer et de contenir les brigands qui infestent cette contrée et la menace journellement dassassinats, de vols et de rapines » (Registre Délibérations du Conseil Municipal de Saint-Symphorien-de-Lay).<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
En 1798, lAdministration Centrale du Département suspend de leurs fonctions les officiers municipaux de Tarare pour « carence détablissements de postes militaires qui leurs avaient été prescrits à la suite de 2 arrêts de la Malle de Paris aggravés du meurtre dun cavalier et du vol des paquets et du numéraire » <o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Malgré une loi votée cette même année condamnant les auteurs de vols sur les routes, les attaques continues. Le citoyen Bertrand, brigadier de gendarmerie à lArbresle est agressé en janvier 1799 par six bandits. Après avoir « essuyé un coup de tromblon dont quelques plombs ont percé son baudrier », il ne doit son salut quà une fuite éperdue jusquà lauberge la plus proche Au cours des mois de Floréal et Prairial An VII, deux diligences sont interceptées et les voyageur détroussées. Cette affaire ayant eu lieu sur le territoire de Joux, lautorité veut rendre la commune responsable. Le tribunal ne retient aucune charge car « lendroit où la voiture a été interceptée est jugé éloigné et hors de vue du village ».<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Le 4 Frimaire An VIII (25 novembre 1800) cest encore une attaque de la malle-poste de Paris entre Bully et lArbresle. 25 brigands sont postés. Le postillon refuse de sarrêter. Ouvrant alors le feu, ils tuent un cheval, blessent le courrier et deux des quatre militaires de lescorte. Le pillage commence La garde Nationale de Bully ainsi quun détachement du 14° Régiment de Chasseurs arrêté à lArbresle arrivent après la curée.<o:p></o:p>
Les auteurs ne seront pas retrouvés.<o:p></o:p>
<o:p></o:p>
Le 2 Pluviôse An XI, huit habitants de Meys et Saint-Barthélemy-Lestra interceptent la malle entre Saint-Loup et Tarare à la Goutte-Vignole. A peine Jouban leur chef fait-il arrêter la voiture que les gendarmes apparaissent. Affolé, il tire et en blesse un : le citoyen Vergnet de la brigade de Tarare. Les représentants de lordre donne la chasse aux voleurs Trois seront condamnés à mort : Jouban, Pignard et Claude Bador. Deux seront acquittés : J.-Claude Tivel et Antoine Bador. Les trois autres jugés par contumaces avaient réussi à senfuir : Voiturin, Beyron et Denis.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Les archives de la Police de Lyon fournissent encore le récit dattaque de la malle-poste à Tarare en 1809 et du complot de 1816 pour une nouvelle interception.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
En ce qui concerne le recel et lécoulement des marchandises volées, une mention spéciale doit être faite pour lArbresle. Cette cité carrefour semble prédestinée à ce genre de trafic. Proche de Lyon, on peut anonymement y écouler les produits subtilisés. Par la vallée de lAzergue, on peut « ravitailler » tous les villages en amont : le Bois dOingt, Grandis, Lamure et gagner facilement Belmont, Chauffailles et les marchés prospères du Brionnais. En aval, les innombrables auberges en bordure de la route de Lyon à Paris par la Bourgogne sont ravies dacheter à bon prix les victuailles dont les voituriers ont été détroussés <o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Il ne suffit que de consulter les archives de la Maréchaussée de lArbresle pour être ébahi par les découvertes juteuses et inattendues quelle a réalisées les pots dhuile dolive voisinent avec les balles de coton filé ou en bourre, les paquets de savons, les bouchons de bouteilles alors fort prisés, les pièces de toile pour tailleurs, les toiles demballage, les toiles appelées « bourras », les barreaux de fer, les pièces de confection : chemises et autres <o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Le 10 mai 1784, dans la même opération, pas moins de six aubergistes sont compromis (quand on pense quils font souvent payer, aux clients, les choses 10 fois le prix quelles valent) plus loin, « un marchand épicier de Villefranche ainsi que son fils servant présentement dans les dragons viennent toutes les semaines charger les marchandises volées »<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Le Grand Chemin de Paris à Lyon était dun bon rapport pour la pègre du moment.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
Gabriel Fouillant (La traversée des monts de Tarare et dAmplepuis)<o:p></o:p>