TRAVAIL SCOLAIRE ET FAMILLE À ROANNE COMME AILLEURS LES PROBLEMES NE DATENT PAS DAUJOURDHUI<o:p> </o:p>
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Une plainte !<o:p></o:p>
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Dans tous les milieux enseignants, les maîtres sont unanimes à déplorer lincapacité où sont leurs élèves de fournir un effort soutenu. <o:p></o:p>
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Jadis ? Sur les livres sans images, imprimés en lettres fines, privés danecdotes, lécolier studieux peinait pour retenir à force de répétition la science sans charme quon exigeait de lui. Jadis le maître expliquait la leçon après que lélève lavait apprise ! A présent le maître expose, explique, raconte avant de demander à lenfant leffort dapprendre : à présent les livres sont pleins dagrément dans leur présentation bien imprimée, bien illustrée, bien résumée.<o:p></o:p>
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Jadis, lenfant « bûchait » ; son jeune courage et sa jeune science grandissaient dans leffort ; à présent, lenfant attend Il attend du dehors tout secours et dans lattente il ne fournit à peu près plus deffort personnel. Une étonnante mentalité sest formée en nos enfants : leurs parents doivent leur fournir les biens matériels, leurs maîtres doivent leur fournir la science. Et si ces paresseuses petites Majestés daignent agréer nos services sans critique nous devons, parents et maîtres, leur en savoir gré !<o:p></o:p>
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Un exemple !<o:p></o:p>
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Vous pensez que jexagère ? Il y a deux ou trois ans, la division du Cours supérieur lisait et expliquait la célèbre page de lenfance de Drouot, où il est raconté que le futur général apprenait ses leçons le soir à la lueur du four de boulanger de son père, celui-ci nayant pas les moyens dacheter des chandelles pour veiller. La maîtresse demande à lune de nos bonnes enfants, 14 ans, de dégager lidée morale du récit. Lélève répondit : « Le père était bien cruel de ne pas procurer une lumière plus confortable à son fils »Lenfant de jadis admirait spontanément lendurance du petit Drouot : lenfant dà présent trouve que le père navait qua se priver davantage !<o:p></o:p>
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Que conclure ?<o:p></o:p>
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Lenfant actuel nest pas plus mauvais que nous nétions, mais il est élevé comme un petit roi fainéant et le résultat est déplorable pour le savoir comme le caractère. Les enfants geignards, capricieux, paresseux se multiplient et les échecs aux examens nont pas pour cause tant que le dit la difficulté des épreuves ou la sévérité des examinateurs : le candidat sait mal ou ne sait rien parce quil napprend plus rien avec effort.<o:p></o:p>
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Vous entendez vos enfants répéter : « Je nai pas compris ce problème. » - « Je ne me suis pas rappelé ma leçon. » Neuf fois sur dix, ils pourraient dire : « Je nai pas cherché mon problème : je nai pas eu le courage de répéter ma leçon ». Ils ne pensent pas que certaines solutions mathématiques nécessitent des heures de recherches aux élèves intelligents, que bien des chapitres dHistoire ou de Chimie ne sont retenus par les mieux doués quaprès un long temps de rabâchage. Or lintelligence et la mémoire ne manquent pas aux enfants, mais il leur manque de plus en plus le courage de chercher, le courage de rabâcher un passage ardu, le courage de faire un effort, enfin le courage de travailler !<o:p></o:p>
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Alors ! Alors !<o:p></o:p>
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Les moyens dexciter lénergie de nos gentils rois fainéants ?<o:p></o:p>
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Dabord, ne les plaignez pas ouvertement davoir trop de travail ; nexagérez pas vos sollicitudes dans les questions de santé ; lenfant ne vous saura aucun gré des excès de votre attention à lui éviter le plus de peine possible (témoins lhistoire de Drouot). Tachez que vos enfants apprécient votre peine à vous. Mais ce nest pas par des discours que vous ferez naître en eux cette appréciation, cest en exigeant deux des sacrifices, en leur apprenant par la pratique ce que cest que la difficulté, leffort, le travail.<o:p></o:p>
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Obligez les a souffrir un peu sur leurs livres, cest indispensable. Mais aidez-les à souffrir. Veillez aux heures détudes inflexiblement ; faites réciter les leçons de temps en temps rabâchez parfois avec eux afin quils sentent mieux cette nécessité dagir avec ténacité. Travaillez avec eux tant que vous pourrez.<o:p></o:p>
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Ne les aidez pas à escamoter le travail. Oh ! Les billets dexcuse pour les devoirs restés en panne ; ces excuses dessayage, de voyage, de visite, de préparation de fête !... Nous les acceptons la mort dans lâme. Si vous nêtes pas résolu à faire passer le travail avant tout, comment osez-vous nous demander des diplômes et des succès ?<o:p></o:p>
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Du moins, dites-vous bien que pour réussir plus tard, il faut que les élèves commencent à sastreindre au travail dès 7 ou 8 ans ; dites-vous que la malchances aux examens poursuit parfois un bon élève, mais que la chance ne sourit jamais aux indolents ; pensez que les brillantes carrières seront plus que jamais disputées « par ceux qui bûchent » quelles que soient les aptitudes des autres.<o:p></o:p>
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Et puis encore <o:p></o:p>
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Songez que le professeur ou la maîtresse ne sont pas des magiciens capables de fixer <st1:personname productid="la Science" w:st="on">la Science</st1:personname> dans lesprit dun enfant qui nest pas disposé à la recevoir, soit quil somnole en classe, soit quagité par le défilé des images de ses précédentes distractions, il nentende que vaguement le bruit de la parole du maître. Les familles organisent ou détruisent les effets de lécole Nous ne pouvons que peu de chose sans vous.<o:p></o:p>
B. RABUT<o:p></o:p>
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Ce petit article, semble sortir tout droit de la plume dun « instit » ou dun « prof » de notre année 2008.<o:p></o:p>
Pourtant il est tiré dun excellent journal pédagogique « LEcole » dans son numéro du 22 juin 1935, il y a 73 ans et il reste d actualité aujourdhui.<o:p></o:p>
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