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    SAINT-CYR DE VALORGES : LE BAPTÊME DE L’AIR<o:p></o:p>

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    Les contes des Bords du Rhins

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    Clémence Placide n’avait guère quitté, au cours de sa longue existence, les abords immédiats de son village natal : Saint-Cyr-de-Valorges.

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    Dans son jeune temps, aller jusqu’à Roanne était une expédition et elle avait conservé, malgré le développement des moyens de transport, une certaine méfiance à l’égard des voyages. « Et si je mourrais en cours de route » avait-elle coutume de répéter à ceux qui la plaisantaient sur son attitude.

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    Un jour, cependant, au grand étonnement de sa famille et de ses voisins, elle se laissa entraîner dans une « aventure » qu’elle n’aurait jamais imaginait si son petit fils, Éric avec la fougue de son âge, ne lui avais proposé. « Mémé, je t’emmène, si tu veux, à un baptême de l’air, mon amis André de Régny membre des Chemins du Passé, qui a appris à piloter à l’armée, veut bien de prendre à bord de son appareil, bien sur je t’accompagne ».

    La réponse ne fut pas moins surprenante que la question : « C’est à voir mon garçon, c’est à voir ». Et sur le moment l’affaire en resta là, chacun intimement persuadé que les propos de l’autre relevés tout au plus d’une aimable plaisanterie.

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    Mais dans la tête de Clémence, l’idée fit son chemin et un dimanche matin, alors qu’elle revenait de la messe vêtue de se plus beaux atours, elle lança à son petit-fils : « Croix-tu que ce serait une tenue convenable pour un baptême de l’air ? ».

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    Dès lors, Eric ne douta plus de son entreprise et l’on prit rendez-vous pour la semaine suivante, en téléphonant à Bois Dieu à Régny chez l’ami André pour la semaine suivante sous réserve que le temps se maintint au beau.

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    Ce fut un samedi très ensoleillé et Clémence avait préparé l’ombrelle qu’elle ne sortait que dans les grandes circonstances.

    « Tu sais, Mémé, dans l’avion… c’est inutile » souligna le petit-fils malicieux.

    « Dit donc, tu me crois déjà gâteuse ? Allez en route ! »

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    Eric se mit au volant de sa Renault 5 et, en moins d’une heure, on fut à pied d’œuvre sur l’aérodrome de Roanne-Renaison à Bois Combray.

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    Il fallut attendre un assez long moment : tous les avions avaient pris l’air. Comme le soleil était chaud Clémence Placide ouvrit son ombrelle et proposa moqueuse : « Veux-tu profiter de son ombre ? » Le petit-fils sourit mais il préféra s’allonger sur l’herbe en attendant le moment du départ. Trois-quarts d’heure s’écoulèrent avant qu’un monomoteur quadriplace n’atterrit et vain s’arrêter à quelques mètres de Clémence. Après une solide poignée de main avec le pilote, Eric s’écria « Dépêche-toi, Mémé, et laisse ton ombrelle, elle ne pourrait même pas nous servir de parachute ».

    Mémé s’installa non sans quelques appréhension devant toutes ses manettes boutons et lampes qui clignotaient et l’on décolla.

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    La visibilité était excellente et Clémence distinguait parfaitement les élèments d un paysage qu’elle avait appris à connaître sous un autre angle.

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    « Tiens, des chevaux »

    « C’est le club hippique de Saint-Cyr-de-Favières, précisa André le pilote. « dans quelques minutes nous survolerons Saint-Cyr-de-Valorges ».

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    Mémé était tout yeux. Nullement incommodée par les mouvements d’un appareil sensible aux « trous d’air » elle suivait avec une attention soutenue la leçon de géographie que lui donnait son petit-fils.

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    « Tient-toi bien, on va passer en rase-mottes au-dessus de ta maison » et il ajouta à l’intention du pilote « C’est bon André, tu peux y aller ».

    Mémé riait étonnement radieuse, elle avait cru apercevoir ses poules. Mais déjà l’avion avait repris de la hauteur et s’éloignait de Saint-Cyr après avoir décrit quelques cercles, de plus en plus larges, autour de son clocher ; encore quelques minutes de vol et il se poserait à nouveau sur l’aérodrome de Roanne-Renaison.

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    « C’est un peu trop rapide » remarqua Clémence qui avait pris goût à l’aventure. Eric lui signala que les heures en « l’air » coûtaient chères et André le pilote de surenchérir en précisant que « leur contrôle était strict ».

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    « Ça ne fait rien » conclut Mémé, « vous avez bien mérité un rafraîchissement ». Et les prenant chacun sous un bras, elle les entraîna vers le bar  dans une sorte de complicité juvénile.

    Avant de rentrer, Eric l’amena visiter la « caravelle » avion  très performant encore il n’y pas si longtemps, mais aujourd’hui complètement dépassé. Clémence Placide entrée à l’avant de l’appareil  fut très impressionnée en empruntant l’unique couloir permettant de traverser les rangées de fauteuils et de sortir à la queue de celui-ci. En elle-même elle pensas « pauvre avion, avoir fait tant de beaux voyages dans la monde entier et finir sa vie là, dans la « cambrousse », comme c’est triste ». En franchissant la portière de la carlingue, juste avant de descendre quelques marches pour rejoindre la terre ferme, un rayon de soleil lui caressa le visage. Son sourire revint aussitôt.

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    Le retour au village fut triomphal. Les voisins prévenus, vinrent féliciter Clémence qui un peu grisée, ne savait plus où donner de la tête ; et les moins fiers n’étaient pas les gens de son âge qui se disaient au fond d’eux-mêmes qu’après tout… eux aussi…

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    Mais le dimanche suivant, à la grand’messe, lorsque M. le Curé entonna le « Notre Père qui est au cieux » Mémé se souvint que là-haut, effectivement, on était assez bien placé pour surveiller son monde et elle n’en fut que plus recueillie tout au long de l’office.

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                                                                                                            Léo MIQUEL (1982)<o:p></o:p>


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    En marge des diverses expositions sur ce grand navigateur, reprenons les nouvelles d’un journal de l’époque<o:p></o:p>

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    DANS LE SILLAGE DE MONSIEUR DE LA PEROUSE<o:p></o:p>

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    C’est dans les premiers jours du mois d’août 1785 que « le Brigadier des armées navales » François Galaup de La Pérouse faisait hisser les voiles de sa frégate « l’Astrolabe », cependant que son ami, le capitaine de vaisseau Fleuriot de Langle prenait place à bord de « La  Boussole » sœur jumelle de « l’Astrolabe ».

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    La rade de Brest était le point de départ d’un voyage scientifique autour du monde qui promettait d’être l’expédition du règne de notre Bien aimé Roi Louis XVI.

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    Sa mission remplie, Monsieur de La Pérouse devait revenir à Brest en juillet 1789.

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    Héros de la baie d’Hudson<o:p></o:p>

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    Né en 1741 à Albi, le comte de La Pérouse, après un apprentissage à Brest sert comme garde de marine. Il compte à son actif vingt-deux embarquements, neuf de commandements, de nombreuses campagnes dont celle du Canada en 1757, des Indes et de Madagascar de 1772 à 1777. On se souvient des discussions passionnées qui avaient entouré son retour du Canada.

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    Après s’être emparés des forts anglais de la baie d’Hudson, dans des conditions particulièrement audacieuses qui faisaient de  cette action, une véritable épopée, il n’avait pas cru, après les avoir désarmés devoir les détruire, afin de ne pas conduire leurs occupants à une mort certaine dans ces solitudes glacées.

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    Ce trait d’humanité, associé à la gloire du vainqueur, lui avait valu l’approbation expresse de S.M. et n’est peut-être pas étranger au choix qui fut fait personnellement par elle de M. de La Pérouse, comme chef de l’expédition navale française dans le Pacifique.<o:p></o:p>

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    Fort de cette longue et riche expérience il ne faisait aucun doute qu’il mènerait à bien cette entreprise.

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    Le Roi lui-même<o:p></o:p>

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    Notre Roi, passionné de marine et de géographie, a tenu à tracer lui-même le plan de voyage et à rédiger de sa main les longues instructions qui lui furent données à cet effet. Il a vu dans cette expédition la possibilité d’affiner le tracé des cartes de nombreuses mers encore mal connues, celle d’approfondir les connaissances ethnologiques et de mettre en place de nouveaux circuits commerciaux.

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    L’Académie des Sciences et la Société Royale de Médecine ont contribué pour leur part à la réalisation du programme de recherche.

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    On sait également que les amitiés que M. de La Pérouse à tissées lors d’un séjour en Angleterre et l’estime que lui portent nos voisins, ont conduit l’éminente Société Royale de Londres à contribuer à la réussite de l’expédition en prêtant des instruments de navigation, dont certains ayant appartenu au célèbre capitaine Cook.

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    Le Cap Horn sans difficultés<o:p></o:p>

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    Parties du port breton le 1° août, les deux frégates devaient traverser l’Atlantique en longeant les côtes d’Espagne, d’Afrique et mettre le cap sur la Terre de Feu. Elles transportaient des vivres pour l’équipage ainsi que des présents pour les indigènes que l’expédition ne manquerait pas de rencontrer.

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    Un certain nombre de savants avaient pris place à bord ils devaient assurer par leurs observations le succès scientifique de l’aventure.

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    On sait par des correspondances envoyées lors d’escales, que les 97 marins et les 19 officiers ont gagné le Pacifique après des escales à Madère et à l’île Sainte-Catherine au large du Brésil.

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    Le 7 février 1786, les deux navires ont doublés Le Cap Horn sans difficultés. Ils ont alors remonté la côte américaine, abordé à l’île de Pâques et aux îles Hawaï, puis cinglé vers les côtes occidentales de l’Amérique du Nord, abordant en des lieux que nul navire n’avait jusqu’alors approchés.

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    M. Fleuriot de Langle assassiné.<o:p></o:p>

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    La traversée s’est poursuivie à travers tout le pacifique nord et l’expédition a fait escale à Macao puis à Manille vers janvier 1787. Après avoir abordée les côtes de Sibérie,  « L’Astrolabe » et « La Boussole » sont alors redescendues vers le sud et ont atteint les îles Samoa en décembre 1787 ;

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    D’après plusieurs témoignages, c’est dans l’archipel que s’est produit le premier incident. M. Fleuriot de Langle et dix marins ont été assassinés par les habitants des îles.

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    Malgré la profonde tristesse qui l’habitait M. de La Pérouse n’en a pas moins décidé de continuer sa route. Il est arrivé en Australie, plus précisément à Botany Bay.

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    Dans un ultime rapport daté du 7 janvier 1788, au ministre de la Marine, il faisait part d’un certain pessimisme quant à la suite de son périple. Les dernières nouvelles de l’expédition ont été envoyées le 15 février 1788 d’Australie par des compagnons du capitaine.

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    Depuis nous sommes sans nouvelle des deux frégates. Notre roi en ce début d’été 1789, préoccupé par la disparition de M. de La Pérouse et son équipage, a réunit un petit état-major de marins et d’explorateurs chevronnés afin de pouvoir reconstituer l’itinéraire inconnu de l’expédition.

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    Deux bateaux bientôt à sa recherche <o:p></o:p>

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    On a remarqué la présence de M. Fleurieu, connu pour ses qualités de stratège. Quant à la Société d’histoire naturelle, elle a saisi l’Assemblée Nationale afin d’armer deux bateaux de la Marine Nationale qui partiront croiser dans les zones indiquées par M. Fleurieu.

    Voilà pour l’heure les seules nouvelles que nous sommes en mesures de fournir à nos lecteurs, inquiets, comme nous, du sort de M. de La Pérouse et de son équipage.

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    Qu’est-il advenu de ce navigateur chevronné parti à la demande expresse du Roi, découvrir dans le Pacifique des terres encore inexplorées ?

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    Les dernières nouvelles envoyées d’Australie date de février 1788 ;

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    L’épopée de M. La Pérouse sombre dans le plus profond mystère

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    Avertissement aux lecteurs : en fait nous n’avons que reproduit une partie des articles d’un  supplément du Journal Le Progrès-Centre Dimanche du 8 octobre 1989.<o:p></o:p>

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    L’astuce étant que ce supplément était présenté sur deux pages,  et écrit à l’époque même des évènements.<o:p></o:p>

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    La Une était ainsi composée :<o:p></o:p>

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    - Hommes, de pleins droits : Déclaration historique à l’Assemblée.<o:p></o:p>

    - Quadruples exécution à Saint-Etienne<o:p></o:p>

    - Montbrison terre d’élection pour les états du Forez<o:p></o:p>

    - Vallée du Gier : la grande peur<o:p></o:p>

    - Une dent contre le modernisme deux ateliers stéphanois détruits (des ouvriers fabriquant des fourchettes pour les repas se révoltent contre la mécanisation de leur outil de travail)

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    Roanne : GALA DE LA RESISTANCE au Palais des Fêtes<o:p></o:p>

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    (Mardi 8 mai 1945, jour de l’armistice mettant fin à la 2° Guerre Mondiale)<o:p></o:p>

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    PROGRAMME : 1° partie.<o:p></o:p>

    Orchestre<o:p></o:p>

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    Renée TERDAL (Résistante Roannaise) <o:p></o:p>

    Dans son tour de chant<o:p></o:p>

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    Maurice SIGEL (Chanteur de la Forêt<o:p></o:p>

    Accompagné au piano par Yvon Alain

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    Jean-Jacques VITAL<o:p></o:p>

    Dans son répertoire<o:p></o:p>

    Animateur de l’Heure du Soldat<o:p></o:p>

    Metteur en onde de « Les Clandestins »<o:p></o:p>

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    A l’entracte : VENTE AUX ENCHERES DIRECTES<o:p></o:p>

    (Bicyclette, tableau, couvre-lit et autres objets de valeur)<o:p></o:p>

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    PROGRAMME : 2° partie.<o:p></o:p>

    Orchestre<o:p></o:p>

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    Jean NOCHER<o:p></o:p>

    Les meilleurs poèmes de la Résistance<o:p></o:p>

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    Pierre DAC<o:p></o:p>

    Le Roi de l’Humour<o:p></o:p>

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    Orchestre<o:p></o:p>

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    Dégustez à l’entracte nos brioches « RAMADIER »<o:p></o:p>

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    Quelques comme on dit aujourd’hui « sponsors » :

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    Articles de Fumeurs L. DHUME, 21 rue Beaulieu ROANNE

    Modern’Photo : R. GIACOMINI , 25 avenue de Paris  ROANNE

    Central-moto : FLACHER, 27 avenue de Paris ROANNE

    Machines de Bonneterie M. FERRET, 5 rue du Creux Granger ROANNE

    Hôtel de France rue Alexandre Roche ROANNE

    Déménagements G. SEITZ, 9 rue Emile Noirot ROANNE

    A l’Escargot Y. LAMURE 12, rue Anatole France ROANNE

    Beurre-Fromages-Alimentation A.FRENEA, 22 rue Alsace-Lorraine ROANNE

    Café GOMOT torréfaction 11 avenue de Paris ROANNE ;

    Chemiserie Michel W. COMBE 1O4 rue Jean-Jaures ROANNE

    Vins en Gros J. FOURNIER, 25 rue des Aqueducs ROANNE

    Au Cerf café–restaurant E. SIMON, 1 boulevard Baron du Marais ROANNE

    Grand-Hôtel, 15 cours de la République ROANNE

    Hôtel Moderne TROISGROS face à la gare ROANNE

    Café-Bar-Restaurant Le Tivoli CH. MAISON 8 cours de la République ROANNE

    Nouvel-Hôtel DEFOSSE, 56 avenue Gambetta ROANNE

    Hôtel de la Paix MONTILLIER-BERAUD avenue Gambetta ROANNE

    Manufacture de Soieries COMBE et MURAT SAINT-JUST-LA-PENDUE

    Les Magasins Roannais Bonneterie-Chemiserie-Ganterie 48 à 52 rue Ch de Gaulle ROANNE

    Au Grand Chausseur 2, rue Charles de Gaulle ROANNE

    Transports Internationaux A. COGNARD, 5 rue Charles de Gaulle ROANNE

    Central Hôtel place de la Gare ROANNE.

    Halte Fleurie 96, rue Jean Jaures ROANNE

    Vêtements NOVELTY  3, rue Brison ROANNE

    Tissus Confection EUGENE BELUZE  15, ru Charles de Gaulle Roanne

    Pharmacie GAILLARD  place des Promenades ROANNE

    Grand Café des Négociant J. MAGRANER  ROANNE

    Maroquinerie LEON 37, rue Charles de Gaulle ROANNE

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    LA BOITE À MONNAIE D’UN VITICULTEUR DU VILLAGE DE LAY<o:p></o:p>

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    L’obscurité était totale et des relents de moisissures imprégnaient toute chose alentour. L’argent dit-on n’a pas d’odeur mais lorsqu’il séjourne longuement dans une atmosphère confinée, il convient d’accueillir le dicton avec une prudente réserve.

    Une pièce de un franc, que les hasards d’une existence déjà longue avaient conduit dans le « bas de laine » d’un viticulteur beaujolais, faisait état de vingt années de service devant ses compagnes de captivité.

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     « Mes chères, l’expression gardait encore un certain crédit malgré les dévaluations successives, vous ne pouvez imaginer ce qu’on peut voir de choses, en deux décennies pour peu que la chance vous accompagne ».

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    L’auditoire devint attentif. L’intervenante poursuivit :

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    « J’ai débuté dans des conditions qui me parurent difficiles. Il faut d’abord se rappeler que pour nous, et vous en conviendrez je pense, la pire des situations est celle qui nous condamne à l’immobilité.

    (une voix)  - Nous en savons quelque chose…

    -         J’ai donc chu, à peine mise en circulation, dans une tirelire en terre cuite dont je ne pouvais sortir avant qu’elle ne fût brisée. Fort heureusement, la maladresse du garçon détenteur de ce bibelot me libéra plus vite que je ne m’y attendais et je connu alors ma première poche ; une poche de pantalon de gamin, vous voyez ce que cela peut-être ; une sorte de fourre-tout dont le contenu se renouvelle perpétuellement. Et je me retrouvai sur le trottoir ; enfin, presque, car une voiture me poussa aussitôt dans une bouche d’égout.

    -         Quelle horreur ! dirent à l’unisson quelques pièces neuves de cinq francs.

    -         De fait, ce fut un long calvaire, enchaîna la conteuse. Il fallut dix bonnes années avant que le cloaque ne parvint à me rejeter sur une plage de la Méditerranée.

    -         Vous avez dû éprouver un grand soulagement, murmura une auditrice.

    -         Mieux, un bonheur inexprimable : le va-et-vient des vagues me lavait de toutes les souillures et un soleil radieux me redonnait mon éclat.

    -         Jusqu’à ce que… avançât une consoeur dépressive.

    -         Jusqu’à ce que ma course reprit. Je dois avouer tout de même que je profitais largement des vacances estivales ; l’estuaire d’un collecteur d’égout n’étant pas, à l’évidence, un lieu fréquenté par le grand tourisme, je ne fus recueillie qu’à la mi-novembre par un garnement venu patauger dans une zone qui devait très certainement lui être interdite. Et je fus échangée le jour même, contre un chewing-gum dans un distributeur automatique.

    -         Cela doit être « sympa » de pouvoir de temps à autre retrouver des collègues, de briser son isolement, souligna une « cinquante centimes » qui avait le sens de la convivialité.

    -         Effectivement, reprit notre héroïne, j’ai passé là une semaine en discussions interminables, mais néanmoins enrichissantes, bien que nous fussions, toutes du même bord. Mais ce qui m’amusa le plus, ce fut tout autre chose.

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    On fit à nouveau silence.

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    « Y en a-t-il parmi vous qui savent ce qu’est une table de jeux ? »

    Personne ne semblait avoir connu une telle expérience.

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    « Imaginez un immense tapis vert sous une lumière éblouissante et là, une foule de billets de pièces, de jetons de toute sorte dans un échange incessant entre des mains avides et le râteau sélectif d’un habile croupier…Des saisons au casino, j’aurais aimé en connaître beaucoup je pense. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir pour nous de situation plus…

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    -         Enivrante ?

    -         C’est cela.

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    La « semeuse » se tut. Il y eut dans le récipient comme un grand moment de tristesse tant la condition des recluses était différente de celle qui venait d’être évoquée. On soupira dans l’obscurité.

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    Soudain, le couvercle se souleva et une main hésitante apparut ; chacun retenait son souffle. Quels allaient être les heureux bénéficiaires d’un nouveau voyage…

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    On attendait un long moment ; l’homme ne se décidait toujours pas. Tout à coup, ce fut la consternation ; la main s’ouvrit laissant échapper quelques monnaies qui vinrent ainsi s’ajouter aux autres. Et le couvercle se referma.

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    « Au temps pour les crosses », ricana un « napoléon » qui tenait à rappeler par cette formule toute militaire qu’il avait connu les guerres de l’Empire ».

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    Notre pièce de un franc sentit le découragement la gagner. Pourtant si j’ose m’exprimer ainsi, elle fit contre mauvaise fortune bon cœur et s’employa à remonter le moral de ses compagnes de misère :

    « Il est rare qu’une situation soit totalement désespérée. Nous ne somme ici que depuis quelques mois et ce serait bien le diable si notre propriétaire n’éprouvait pas le besoin de se servir de nous d’une manière ou d’une autre !

    - Mes petites, marmonna un louis d’or que personne n’avait encore remarqué, quand vous serez ici depuis un demi-siècle, vous comprendrez ce que cela signifie de tomber entre les mains d’un paysan avare, doublé d’un collectionneur « numismatique ».

     

                                                                      Léo MIQUEL (1982)

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    Visite du Général de Gaulle à Roanne le 7 juin 1959 (Cliché Gouttebaron)

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    DEVEAUX  UNE FIGURE DE ROANNE VEUT SERRER LA MAIN DU GENERAL DE GAULLE<o:p></o:p>

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    C’était à l’occasion de la visite à Roanne du général  de Gaulle. Une brève visite certes, mais qui avait nécessité de la part du service d’ordre et du protocole un énorme travail.

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    Tout avait été minutieusement préparé comme à l’accoutumée afin d’éviter tout incident. Le moindre détail avait été examiné à la loupe.

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    Pourtant, on frôla ce jour-là non pas l’incident grave, mais plus simplement le ridicule avec une séance au sommet imprévue, c'est-à-dire la grande rencontre Charles de Gaulle - Jean-François Deveaux. Un incident humoristique pour la presse et les lecteurs, mais qui vous envoie cependant un commissaire divisionnaire terminer sa carrière à Rodez où Privas.

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    En effet, un journaliste de nos amis, facétieux et nullement gaulliste (c’était son droit) avait décidé pour s’amuser, d’envoyer son coupe-file tricolore et anonyme à Jean-François Deveaux, chaque journaliste de la presse locale devant être présenté au général.

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    Recevant le bristol, Jean-François Deveaux, candidat malheureux aux élections, trouva tout à fait normal, que Charles de Gaulle lui soit présenté. N’avait-il pas d’ailleurs à lui communiquer sa façon de cerner les problèmes internationaux, d’améliorer l’économie et de transformer la France en un Pays où il ferait bon vivre. C’était l’occasion ou jamais.

    Malheureusement pour lui, il ne pensa pas qu’en cette circonstance il devait au moins faire toilette et notamment se raser ; trouver un costume moins fripé et cirer aussi ses brodequins éculés d’avoir tant parcouru l’asphalte roannaise. Enfin, de ne pas conserver sa musette d’ancien combattant 14-18, ni son chapeau délavé par les intempéries.

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    C’est donc en sa tenue habituelle qu’en ce jour où, le tricolore flottait à l’unisson en ville et que les anciens combattants avaient astiqué leurs décorations que J.F. Deveaux se dirigea vers le centre ville. Un voyage parsemé d’embûches avec les barrages de CRS comme jamais on n’en avait vu en bord de Loire. Avec comme objectif en vue l’Hôtel de Ville, il aborda serein le premier barrage. Discipliné, le CRS laissa passer cette espèce de vagabond sans hésiter. Au second barrage où les consignes devaient être plus sévères, le CRS sceptique appela son brigadier. Ce dernier crut comprendre au cours du questionnaire que l’homme était conseiller général (alors qu’il n’avait été que candidat).

    Il donna donc l’ordre de laisser passer ce suspect, en se disant que ce devait être un campagnard probablement demeuré et qui n’avait pas pris le temps de se changer.

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    Notre invité inattendu franchi le troisième barrage (normal puisque les deux autres l’avaient laissé passer) et il s’apprêtait à monter tout joyeux les marches de l’Hôtel de Ville face à quelques milliers de Roannais canalisés sur la place, des inconditionnels, afin de se rendre dans la grande salle de réception, quelques minutes avant l’arrivée du Président.

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    C’est alors que l’œil de lynx du commissaire des Renseignements Généraux opérant comme un laser, transmit aussitôt l’information à son cerveau, lequel sonna l’alarme générale et qu’au bord de l’apoplexie, il fonça tel un pilier de rugby sur l’intrus, l’imbécile qui allait tout ficher par terre son système de protection rapprochée. J-F. Deveaux se retrouva plaqué au sol puis saisi par des poignes vigoureuses et porté dans une pièce annexe, non pour y subir un passage à tabac mais un interrogatoire poussé.

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    Bien qu’éberlué d’un pareil accueil, lui qui s’attendait à une vibrante Marseillaise et à une poignée de main historique, voulant justifier sa présence, sortit de sa musette crasseuse son authentique laisser-passer. C’était à n’y pas croire. Et au R.G. on n’y croyait pas du tout puisque c’était ce même service qui avait supervisé toutes les demandes d’invitation. On enquêterait plus tard sur cela, probablement un opposant au régime, mais en attendant promptement, il fallait se débarrasser de l’intrus.

    C’est ainsi que par une porte dérobée, cinq minutes avant l’arrivée du cortège officiel, l’infortuné Deveaux, conscient d’être à nouveau victime d’une injustice flagrante et prenant la foule à témoins, fut conduit au poste de police tout proche, le temps de la réception officielle.

    Ouf, les inspecteurs de police pouvaient s’éponger la sueur qui perlait à leur front. Rétrospectivement, ils revenaient de loin.

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    Mais décidément, c’était un jour sans pour les RG que cette matinée là. Parmi les invités, se trouvait le commandant Gouttebaron, un baroudeur connu qui avait été lieutenant pendant la guerre dans le régiment blindé que commandait Charles de Gaulle

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    Le commandant était venu avec son fanion, qu’il avait bien l’intention d’offrir à son ancien colonel. Hélas pour lui, le protocole, encore lui, était tout à fait opposé à cela et il fut fait interdiction au commandant de donner suite à son projet.

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    Le commandant, un peu « soupe au lait », il est vrai, s’énerva quelque peu, ne comprenant pas, fort justement, pareil interdit. D’invectives en invectives et malgré ses décorations lui masquant une partie de sa poitrine, on arracha, un comble, le fanion des mains du chef de peloton du général. Ce fut la bousculade, pour ne pas dire une belle mêlée, et, en proie à une belle crise de nerfs, notre héros, ancien combattant, fut transporté manu militari en ambulance, non sans peine et non sans bruit car l’homme était nerveux, juste au moment où débouchait le cortège.

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    Et c’est ainsi que, Charles de Gaulle croisa son ancien subordonné sans le savoir.

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    Deux histoires que ne relatèrent pas nos confrères chargés de couvrir l’évènement et qui, pourtant, auraient bien mérité la « Une ».

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    Si pour le commandant, il n’y eut pas de suite, les fins limiers des services des Renseignements Généraux et de la Brigade Judiciaire tentèrent bien, mais en vain, de savoir qui avait pu fournir son laisser-passer à Jean-François Deveaux, l’invité que l’on n’attendait pas.

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    Le secret professionnel a été bien gardé ! Jusqu’ici du moins. A l’heure de la retraite le commissaire avait encore conservé au creux de l’estomac cet incident. Compte tenu de sa conduite vis-à-vis de la presse locale ce jour-là, touts les confrères roannais se délectèrent de ce bon gag.

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    Tiré de l’ouvrage de Gérard Decombe « Les Joyeux compères du Roannais ».<o:p></o:p>

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