• DVD LA GAZETTE jpg
     
    Le dvd vient de paraître. Il comporte : 154 numéros  du 1° janvier 1974 au 1 janvier 2013  de la "Gazette." publication trimestrielle
     
    PHILAPOSTEL, association des philatélistes et collectionneurs du personnel des Groupes La Poste et France Telecom Orange Partenaire d'Yvert et Tellier
    8 rue Brillat Savarin -75013 PARIS
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    2 CORPS FRANCS
     

    Il est intéressant de savoir que Napoléon avait créé des unités paramilitaires avec des civils cachés dans la population des villes et villages.

    Les auteurs mentionnent trois noms de personnes pour notre village de Saint-Symphorien-de-Lay.

     

     

    2 CORPS FRANCS 1
     

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    1 LAY
     

    Lay a du

     

    caractère

     

     

    1 LAY A

          Ce blason est peint à l’intérieur de l’église St Clair  de Lay  au dessus du grand portail d’entrée et également sur la plaque commémorative de la guerre de 1914 – 1918, mais malgré de sérieuses recherches, son origine n’est pas connue.  Une très ancienne famille , Chavanne de Bostgrand, qui a vécu dans le manoir de la Forest sur Lay , porte en 1684 : « de gueules en sautoir d’or ». Sur le blason ci-dessus, les couleurs sont inversées. En effet, la description héraldique du blason stipule :

     

         « D’or au sautoir de gueules, surmonté d’une couronne murale à trois tours et placé entre deux branches de sinople, l’une de laurier à gauche et l’autre de chêne à droite ».

     

     

         Le nom de Lay viendrait du latin « latus », qui signifie pente ou coteau ; mais il peut venir du celtique également qui voudrait dire hauteur. 660 habitants au sobriquet de « chats » vivent à Lay. Le village, à 460 mètres d’altitude, regorge d’eau  et de charbon sous ses pieds.

     

     

          - Caractère de ses habitants illustres ou simples particuliers, mais tous imbus d’esprit d’indépendance. Entre autres :

     

     

          Un des premierschevaliers layois, Aymon de Lay, entre en conflit armé avec la puissante abbaye de Savigny et son abbé, vers l’an 1080. Le château de Lay est alors pris et rasé. Aymon appela à son secours amis et alliés et allait se venger de l’abbé, quand des amis communs s’entremirent pour les régler et les accommoder. Un compromis pécunier et l’échange de quelques « manses » mirent fin à l’affaire. Quelques années plus tard, la maison de Lay donnera un abbé à Savigny, Ponce de Lay. (Cartulaire de Savigny).

     

         La famille du Terrail, à laquelle appartenait le chevalier Bayard, « sans peur et sans reproche », abrita plusieurs siècles dans son manoir de la Forest,  le cœur administratif et financier de la châtellenie, qui gérait la plupart des fiefs des environs.

     

         Propriétaire du château de la Verpillère, la famille Desvernay s’honora localement de hautes fonctions publiques. Entouré d’une estime méritée pour son caractère et ses œuvres innovantes dans l’industrie locale,  Pierre François Desvernay  traversa sans inquiétude la période révolutionnaire, même s’il échappa par miracle aux jacobins en se déguisant et conduisant un tombereau de fumier dans lequel était caché un curé réfractaire recherché.

     

        Qui dans notre village n’a entendu parlé de Joseph Berchoux, l’auteur illustre d’un long poème en quatre chants, d’un millier d’alexandrins, intitulé « Gastronomie ou l’homme des champs à table », dont les formules pittoresque se transformèrent vite en proverbe ? Citons entre autres : « Rien ne doit déranger l’homme qui dîne » ou « Quand on donne à dîner, on a toujours raison ».

    1 LAY B
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       Développeurs du régulateur, pièce technique,  qui fut monté sur des milliers de métiers à tisser, les frères Antoine et Michel Prost se révélèrent également de doués architectes puisqu’ils furent les auteurs des plans de l’église paroissiale lors de sa reconstruction entre 1823 et 1825 et les inventeurs d’un pèse - grains.

     

        Que penser de Charles Bellanger, ingénieur des Mines, directeur d’un gisement à Lay, maire de la commune de 1888 à 1897 et qui emporta dans sa tombe son secret sur la guérison du paludisme qu’il tenait d’un chef indigène auquel il avait sauvé la vie ? Ne disait-il pas qu’il ne vendrait son secret que contre un million de francs-or ?

     

         Le célèbre aquarelliste Antoine Barbier, dont les œuvres d’une grande valeur se retrouvent aujourd’hui dans le monde entier, aimait revenir dans la maison du « Point du jour » d’où il était originaire. Le Musée Carnavalet à Paris, Calais, Alger, Anvers, le Caire, Berne, Oxford ou encore la Chambre de Commerce de Roanne détiennent certaines de ses œuvres. Il a fondé la Société des Aquarellistes Lyonnais, société toujours active et qui organise de nombreuses expositions.

     

     

    -  Caractère de son riche passé historique deux fois millénaire et longtemps proche du pouvoir.

     

     

          Même s’il faut attendre le XIème siècle pour voir apparaître la première citation de Lay dans les écrits, l’antériorité de la ville est attestée à la période romaine par les voies qui sillonnaient notre pays ou d’autres vestiges domestiques. Rattachée dès le Haut Moyen Age (XIIème siècle) à la province du Beaujolais pour la protéger contre les incursions fréquentes et belliqueuses de la province voisine de Forez, la ville de Lay en devint la quatrième prévôté et fut le siège d’une châtellenie où le Prévôt exerçait droit de justice sur les villages de Lay, St Symphorien, Ste Marguerite de Neaux auxquels il faut ajouter partie de sept provinces voisines. Des foires importantes dès cette époque amènent à Lay marchands et camelots pour commercer avec les populations locales.

     

    1 LAY C

     

        Peu avant la Guerre de Cent Ans, Lay eut l’heureuse initiative de s’entourer de hautes murailles pour se protéger mais cela ne lui suffit pas pour éviter le pillage des bandes de routards. La période est triste pour la population soumise aux rapines et faits de guerre, surtout que les guerres de Religion feront à nouveau de nombreuses  victimes un siècle plus tard.

         Au début du XVème siècle, Lay passe à la maison de Bourbon jusqu’au milieu du siècle suivant puis aux maisons de Montpensier et d’Orléans. Riche en descriptions précises, le terrier de la duchesse de Montpensier de 1653, permet une localisation déjà détaillée des lieux dits de Lay avec leurs possesseurs. Le Duc d’Orléans, « Monsieur », frère du Roi, possédant Lay, notre village dépend donc alors de façon très proche, directement de la famille royale.

     

         Au début du XVIème siècle, on ne compte pas moins de cinq foires annuelles auxquelles il faut ajouter le lundi, jour retenu pour le marché, dont celui important des toiles et futaines.

     

        La ville elle-même de Lay, à l’intérieur de son enceinte murée, et son faubourg hors les murs témoignent de l’importance de la localité où simples particuliers côtoient robins, juges, prévôt, procureurs greffiers, huissiers, c'est-à-dire toute la bourgeoisie locale.

     

     

       

        Au XVIIéme siècle, par le fait que la route Royale s’éloigne de Lay en avantageant St Symphorien mais en créant également rivalité et rancune, Lay perd de son importance. D’abord dépossédée de son titre de paroisse, Lay devient une simple annexe de St Symphorien jusqu’à lui être purement et simplement rattachée.

     

        Ce n’est donc pas à la période révolutionnaire, où la simple qualification de « parcelle » est employée, mais seulement en 1873 et après de nombreux démêlés politiques et judiciaires débutées dès 1820 que Lay (1356 habitants en 1876) obtint son indépendance et autonomie tant désirées vis-à-vis de sa grande voisine de St Symphorien de Lay. L’opiniâtreté a payé.

     

     

              - Caractère de sa configuration circulaire particulière abritant rues et édifices à l’architecture peu commune.

     

     

          Une des premières impressions ressenties encore aujourd’hui par la visite du bourg de Lay est un sentiment défensif. Idéalement située sur une éminence qui la désignait comme maison forte, Lay s’affirme très vite comme point stratégique vital. A l’époque peu sûre précédant la guerre de Cent Ans, remparts fortifiés s’édifient, ceinturant alors la ville et seulement entrecoupés de tours défensives (tour de beurre, tour de Pertuis ou de la Purcherie actuellement non localisées) ou de portes solidement défendues (Porte de Lyon, de Foretz, du Portail vieux ou de Corette)

     

    1 LAY D

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     Les invasions successives pourraient être à l’origine de la particularité du village construit en forme circulaire autour du noyau central que constituait la maison forte du bourg ou château avec la Perrière (castellum de Lay cité en 1078). La consultation du plan cadastral confirme cette configuration particulière.  Comme d’autres villages de même forme, Lay n’a pas pris immédiatement une forme parfaite ; ce fut le résultat d’une longue évolution. Les habitants des campagnes environnantes, exposés aux assaillants vont chercher refuge dans le cercle du bourg, protégeant surtout leur bétail, leurs maigres provisions, leurs sacs de grains, leurs barriques de vin et jusqu’à leurs outils dans des abris sommaires.

     

        Se protéger et se défendre sont primordiaux. Dépourvue d’angles morts donc de risque de surprises, une construction fortifiée de forme circulaire apporte plus de sécurité et à moindre frais car ce type de défense est la forme la plus courte par rapport à la surface à défendre. Le château devient également primordial car il se situe au centre de l’agglomération et ceci aux  dépens de l’église qui aurait été implantée en dehors du noyau central.

     

         Ainsi, Lay s’entoure de remparts et d’un chemin de ronde où l’on accède toujours par le « trou de beurre » à forme si particulière, où il est encore possible de circuler et d’admirer la campagne environnante. Vestige de cette longue période tourmentée, la tour de la Prébende nous conte par sa stature particulière ses trois appellations successives à l’origine supposée de sa vocation. Ces imposantes fortifications défensives n’empêcheront malheureusement pas la ville d’être pillée à la période des guerres de religion.

     

         Rue de la Perrière, une maison de style renaissance conserve un encadrement de porte en pierre dorée avec un magnifique linteau sculpté.

     

         Vers 1650, par manque de place, et donc en dehors des murs de protection car l’insécurité est moindre, se construit le « faubourg » qui sera vite aussi peuplé et important que la ville elle-même.  

       

          C’est en l’an 1746 que Joseph de Berchoux et Marianne Grobert, ancêtre maternelle des Desvernay firent construire à Lay une maison de charité et appelèrent pour la desservir des religieuses de Ste Geneviève. Arrivant à Lay, les religieuses sont logées dans une vieille maison noble, « la chapelle des Chanoinesses » actuelle, sur la place des Halles. Une petite pièce y était aménagée en oratoire. A une période, le bâtiment sera également relais de poste.

     

         Au devant de cette bâtisse historique, avaient été édifiées par les princes d’Orléans, les Halles où s’animaient marchés hebdomadaires matinaux, foires « baladoires » ou aux bestiaux, fêtes religieuses et patronales   et où le « commis à la marque des toiles » officiait, quelques soient les conditions climatiques, parfois en plein vent, au marquage des toiles qu’elles soient apportées par les vendeurs ou fabriquées localement. Pendant plusieurs siècles, l’industrie du tissage fut en effet très développée localement. Basins grossiers, toiles de chanvre, coutils, grenades, brillants côtoyaient siamoises garots ou guinées. Ces halles ont malheureusement été détruites dans les années 1870, car jugées inutiles.

     

          Avec son clocher octogone, ses statues de bois du XVIIème siècle, ses peintures de l’artiste renommé Zacchéo, l’église dédiée à St Clair et St Eugende, est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (Arrêté du Préfet de Région, n° 91-516 en date du 19/11/1991).

     

          La chapelle Notre Dame de Lay fut réédifiée entre 1838 et 1842 selon les plans de l’architecte Boisson et reste le centre du pèlerinage de la Quinquennale avec ses statues classées.

      

     

          - Caractère de ses deux trésors monétaires.

     

     

         Le premier de ses trésors fut découvert  en 1949, par le cantonnier Rodriguez.

     

         Chargé par le maire de tirer du gorre pour aménager le chemin local près du hameau des Veilles, le cantonnier a alors trouvé un débris de muraille, dont un pavement grossier. Sous une pierre de ce pavement qui s’avéra être un canal de drainage, 1127 pièces romaines, un trésor, s’étaient parfaitement conservées. Bien évidemment, elles  firent l’étude d’un numismate célèbre pour leur datation. La crainte de l’invasion sur ce lieu de passage très fréquenté à l’époque ou la surprise d’une incursion expliqueraient la présence de ce trésor à cet endroit. Il pourrait s’agir de la solde de militaires romains.

     

         Si le trésor romain layois a bien été découvert, le second lui reste à découvrir, même si des preuves de son existence sont attestées.

     

    1 LAY ELay bat monnaie

     

     

     

     Publié en 2001, un fascicule très détaillé « Quand Lay battait monnaie »  retrace les circonstances qui ont amené Lay à frapper monnaie sous le règne de Louis XIII. Le Roi a besoin d’argent pour ses guerres et pour la construction du Louvre. Pour cela, il « afferme » la frappe de la monnaie à des traitants bourgeois qui vont choisir et installer des ateliers dans les diverses provinces. Localement Feurs est retenu mais très vite la fabrication est orientée sur Lay, du fait des affinités particulières entre la couronne et la famille d’Orléans dont Lay dépend. Nombre de pièces sortiront des ateliers mais, à ce jour, aucune avec le « différent » de Lay n’a été trouvée, même si le contrôleur de la cour des monnaies, un dénommé Becquas, affirme dans ses rapports qu’il a vu des pièces frappées avec cette caractéristique.

     

         Si donc vous possédez un  double tournois en cuivre à l’effigie de Louis III, daté de 1642 et avec un « L » qui indique qu’il a été effectivement frappé à Lay, vous possédez un exemplaire unique au monde. Alors bonne chance et ouvrez les yeux chez les numismates professionnels pour découvrir cette pièce de caractère.

     

     

     

         -  Caractère  de ses traditionnelles coutumes ancestrales ou religieuses.

     

     

         Au début du XVIème siècle, cinq grandes foires annuelles animaient Lay : le 2 janvier, le lundi gras (avant le mercredi des cendres), le lundi après Quasimodo (premier dimanche après Pâques), le lundi avant la St Jean Baptiste (24 juin), et le lendemain de la fête de St Michel (30 septembre). Rappelons que le lundi était jour de marché chaque semaine et que ce jour là, tisserands et toiliers commerçaient place du Plâtre et de la Perrière et échangeaient toiles et futaines.

     

         Forains, charlatans, maîtres de blanques (loteries), saltimbanques, comédiens, marchands de tous ordres envahissaient alors la cité et attiraient les populations locales aussi bien que celles des villages voisins désireuses de ne manquer aucun spectacle, à une période où ils étaient rares, désireuses également de s’approvisionner de toutes sortes de denrées et de commercer.

     

         On imagine aisément les embarras créés par le déplacement de toute cette population sur la place des halles et les ruelles avoisinantes ; à tel point qu’il fallut même afficher des règlements de police, les faire proclamer par les gardes champêtres du moment et surtout les faire respecter.

     

     

     

     

    La procession à la Verpillère  lors du Congrès Eucharistique de 1913

     

     

        Si les marchés ont disparu de nos jours, la seconde coutume, elle, est toujours bien vivante ; il s’agit de la Quinquennale. L’origine de cette fête religieuse dédiée au culte mariale est décrite de façon minutieuse dans le fascicule édité en 1955 par l’abbé J. Prajoux.

     

         Dès le XVème siècle, la dévotion particulière à la Vierge Marie est attestée pour la chapelle de l’hôpital de Lay. La Quinquennale a pour origine le souhait des habitants locaux de voir se renouveler tous les cinq ans, c'est-à-dire les années en zéro et en cinq, la fête de 1854 organisée à l’occasion de l’inauguration de la statue de Notre Dame de Lay ornant la façade de la chapelle. Depuis cette période, mais sauf les années de guerre, la tradition se perpétue avec la venue régulière de hauts dignitaires ecclésiastiques. 2010 verra donc bien se dérouler les cérémonies.

     

         Ce jour là, une affluence de pèlerins est accueillie dans le village paré et décoré pour une messe dominicale solennelle, celle de 2005 était retransmise à la télévision, à laquelle succèdent  l’après midi, une première procession où la statue de Marie est portée et vénérée, et le soir, une seconde procession aux flambeaux où chaque participant peut lire et chanter sur le cylindre de papier entourant sa bougie les cantiques religieux retenus. Une pieuse ambiance illumine alors le village.  

        

     

         -  Caractère de sa campagne vallonnée et verdoyante quand hameaux besogneux et à riche toponymie  s’égrènent sous la garde sécuritaire des manoirs ancestraux.

     

         

         Depuis le tumulus du « Château-Vieux » à l’intérieur du parc de la Verpillère, en passant par le manoir imposant, déjà cité en l’an 1400, du relais de chasse des Sires de Beaujeu à Pesselay, par la demeure ancestrale de la Forest qui abrita successivement les famille Buret, du Terrail, Chabanne de Bostgrand et la branche des de Berchoux et enfin Marchand, ainsi que le rappelle une monographie de la bâtisse illustrée des armes de ces nobles familles, et enfin par la Verpillère (ou terrier du renard) dont la première citation dans les Chartes apparaît vers 1400 avec le mariage de Clémence de la Vulpilière et Pierre de Thélis ou plus tard avec, entre autres,  un acte de 1738 qui lui reconnaît tous droits de justice, haute moyenne et basse, et finalement la réhabilitation des bâtiments à partir de 1867 par la famille Desvernay titrée et honorée de hautes fonctions publiques, on ne peut que reconnaître le riche passé des vieilles demeures ancestrales du village.

     

        A ces nobles maisons,  s’ajoutent les hameaux  tout autant chargés d’histoire de Butery, de Laye, des Arbres, de Dorthoray, d’Ecoron, de Roussillon, de Ronzières etc… cités avec leurs possesseurs sur les terriers du XIVème siècle (Terrier de Bonpar de Lorgue) puis du XVIIéme siècle (Terrier de la Duchesse de Montpensier) avec déjà les mêmes dénominations.

     

        Ne pas parler du sous sol de Lay et de son patrimoine minier serait inconcevable ici quand on sait qu’un Rapport découvert récemment à la Bibliothèque Nationale de France et rédigé par M. Gruner, ingénieur-directeur de l’Ecole des Mines, stipule, en 1879, pour le bassin de Lay :

     

        « … Qualité du combustible :

     

    Le charbon du bassin de Lay est d’une qualité spéciale ; sa puissance calorifique est considérable ; sa teneur en cendres et en matières volatiles varie avec les différentes couches d’où on l’extrait. Mélangé avec de la houille grasse, il donne un excellent coke et un combustible d’un excellent emploi ; uni au brai, il forme de très bons agglomérés ; brûlé seul, il constitue un combustible industriel et domestique d’un emploi usuel dans le pays… » (Publication de l’Union financière   L’hypothèque minière    Paris   Dubuisson et Cie Imprimerie brevetée  5 rue coq héron  1879).  

     

     

         

     

     

    Un des nombreux plans de mines sur la concession de Lay

     

     

         Malheureusement, même si notre charbon avait lui aussi du caractère, la concurrence des houilles de St Etienne, qui se vendaient alors à vil prix, rendit cette exploitation peu productive et peu rentable. Le déclin d’exploitation était inexorable, même si au XIXème siècle, le principal employeur de la commune de Lay était le charbon et son exploitation.

          

        Terminons enfin par le caractère mystérieux qui entoure le hameau de Paillasson, au Nord Est de la commune.

     

        En effet, la tradition orale, bien ancrée encore actuellement chez les anciens, laisse entendre qu’une occupation moniale s’y serait déroulée. « Ah, Paillasson, là où il y avait des moines !!! » disent-ils, sans toutefois pouvoir préciser de façon plus certaine la date ou l’obédience qui y aurait vécu. Un moutier s’y serait donc développé. Des moines y auraient été enterrés dans un cimetière situé autour de la chapelle…

     

     

        1 LAY H

     

    Le hameau de Paillasson

     

     

        L’importance et la configuration des bâtiments actuels  peuvent attester de cette présence par leur similitude avec d’autres sites monastiques et religieux reconnus. Autour d’un bâtiment central fortifié, d’une chapelle ceinte d’un cimetière, d’une immense grange aux boiseries anciennes particulièrement travaillées, tout rappelle les installations habituelles cisterciennes ou bénédictines.

     

        Une ambiance calme au milieu d’un cadre magnifique d’où 17 clochers sont visibles par temps clair, incite naturellement au recueillement.

     

        Un DVD de l’Association des Chemins du Passé, société savante locale reconnue, est à disposition.      

      

    LES CHEMINS DU PASSE                 05/2013

     


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    Des cloches aux cadrans

    Même l'apparition des premiers cadrans est aussi vielle que celle des horloges elles-mêmes, ceux-ci ne se généralisent qu'à partir du début du XVe siècle sur les horloges publiques. Ils n'ont alors qu'une seule aiguille, d'une part à cause de la précision des horloges à cette époque, d'autre part parce qu'une précision supérieure n'était généralement pas nécessaire. Une variante du cadran est le dyal, où c'est un disque cadran qui tourne derrière une aiguille fixe.

    Quelques soient les techniques d'affichage, l'important ici est que l'on passe d'une indication sonore à une indication visuelle de l'heure, sans que celle-ci ne remplace la sonnerie toujours présente et même prépondérante pour la régulation de la vie sociale. Notons en particulier que des horloges sans cadran continueront d'être installées jusqu'au XXe siècle.

    Diffusion européenne

    Suite à cette série d'évolutions et d'inventions, les horloges mécaniques sont progressivement déployées dans toutes les villes d'Europe. Schématiquement :

    ·                    1350 - 1360 : diffusion à partir de l'Italie du Nord aux grandes villes princières européennes.

    ·                    1360 - 1370 : diffusion dans les grandes villes de l'empire Allemand, des Pays Bas et de la France.

    ·                    1371 - 1380 : diffusion plus importante, jusque dans les villes moyenne (2 à 10 000 habitants).

    ·                    Fin du XIVe siècle : diffusion jusqu'aux frontières de l'Europe (1395 pour St Jacques de Compostelle, 1404 pour Moscou).

    ·                    1450 : après un ralentissement de la diffusion entre 1410 et 1450, celle-ci reprend de façon systématique sous l'impulsion des administrations.

    Cette diffusion des horloges publiques continuera au cours des siècles suivants pour atteindre son paroxysme entre 1850 et 1950 où même les petites communes de France s'équiperont.

    Dans son Dictionnaire de l'industrie manufacturière de 1837, Alexandre Baudrimont estime ainsi « qu'il n'y a, en France, que 20,000 communes sur 44,000 qui aient des horloges » [A0023, p. 358]. Cette situation évoluera jusqu'en 1950, où pratiquement toutes les communes seront équipées d'une ou plusieurs horloges publiques.

        Renseignements parvenant de : 

    http://www.horloge-edifice.fr/


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    1 CHIRASSIMONT
     

    Notre terroir    26/04/2013

     

        Le terme « Terroir » répond à trois définitions :

     

    - Etendue limitée de terre de production agricole

     

    - Région provinciale rurale influant sur ses habitants

     

    - Goût particulier : goût de terroir.

     

        Essayons d’aborder chez nous ces trois aspects. Toute ressemblance avec des personnages locaux imaginaires est parfaitement fortuite et n’engage pas l’auteur.

     

    1/- Etendue limitée de terre de production agricole.

     

        Petit Pierre est venu passer ses vacances chez pépé et mémé, au hameau des Champs à Chirassimont. Il aime beaucoup ce hameau vallonné où sa mère est née avant la première guerre, pour ne le quitter que lors de son mariage. Le couple s’est alors installé au village.

     

         Il connaît la vieille ferme par cœur pour y venir régulièrement avec sa petite sœur Marie mais aujourd’hui, il va y rester plusieurs jours.

     

        « C’est toujours toi qui pars chez pépé et mémé et jamais moi » lui a répété sa sœur sur le pas de la porte, une larme perlant sur sa joue.

     

        « Je te promets que la prochaine fois, ce sera toi. Mais deux enfants pour mémé, c’est beaucoup avec tout le travail qu’elle a ». La promesse de sa mère calme la petite qui tire la langue à son frère, assurée de sa prochaine victoire.

     

         Dès son arrivée, il a couru voir les lapins dans les cages grillagées en bois, surtout les petits à qui il va glisser quelques brindilles d’herbe à travers le grillage. C’est toujours un plaisir pour lui de les voir tirer de leurs petites dents affûtées et grignoter le pissenlit fraîchement cueilli. Et puis leur nid tout en poils semble si douillet.

     

         « Dis mémé, tu me feras des pommes de terre comme tu sais si bien les faire ». « Elles sont déjà épluchées et sur le poêle, prêtes à cuire », lui répond sa grand-mère. 

     

         Pépé a toujours mis des pommes de terre sur son exploitation de 15 hectares. Elles rendent bien sur cette terre où le gorre n’est jamais très loin profondément mais la culture en est simple. Il suffit de surveiller les doryphores. Pépé dit toujours de ces prédateurs : « Tant que ce n’est pas rouge, ce n’est pas grave et puis les nichées de perdrix s’en nourrissent. »

     

          Chaque année, il trie la part qui va à la féculerie à Croizet et celle qu’il conserve précieusement dans un coin de la cave pour le bétail, là où il ne gèle pas, et enfin celle qu’il ne dégerme pas,  pour les replanter l’année suivante. Ainsi toute la famille peut en profiter aussi bien pour la soupe journalière qu’en plat. Il existe tellement de façons de les cuisiner. Petit Pierre aime bien celle qui sont coupées en long et frites sur le poêle dans du bon beurre battu par mémé.

     

         Les animaux ont leur part eux aussi du précieux tubercule, aussi bien les poules que les cochons ou les lapins. Dans la lourde chaudière du fournil, pépé a mis les petites et celles que la grappine a endommagées. Après la cuisson avec les fagots, pépé a prélevé quelques unes entières pour les poules puis a passé les autres dans le broyeur pour les cochons. Petit Pierre pourra même en manger une lors de la prochaine cuisson. A la distribution journalière, seules les rations varient suivant les espèces d’animaux.

        Quant aux céréales, Pépé fait du froment, du seigle et de l’avoine. Il en a toujours été ainsi depuis qu’il a pris la ferme. Là aussi, l’alimentation des animaux est la principale utilisation même si le boulanger absorbe une grande partie de la farine du froment. Il est en effet en accord avec un des deux boulangers de Chirassimont pour lui fournir la farine qu’il a extraite du passage au concasseur. Il peut ainsi récupérer le son pour la nichée de cochons toujours affamée. En retour, le boulanger assure la cuisson du pain. A la base de l’alimentation journalière, le pain fait dire aux tisseurs casamontois qu’ils vont gagner leur croûte.

     

        Vivant pratiquement en autarcie, pépé possède un troupeau de 12 vaches  pour la production de lait et surtout de fromages. C’est déjà une grosse ferme où un tas de fumier imposant se vide à chaque printemps. Toujours attendus, les veaux sont vendus au boucher local. Poules, poulets, quelquefois pintades ou canards agrémentent la cacophonie journalière. C’est même lui qui a débuté dans la ferme l’élevage de pigeons dans les boulins. C’est un art ancestral et un complément non négligeable.

     

        Ainsi donc, une grande partie du travail du paysan en cet « entre deux guerres », consiste à produire pour s’auto alimenter et nourrir les animaux en complément des pâtures. La vente du blé,  des pommes de terre pour la féculerie, des veaux, des petits cochons, des lapins, des œufs, des fromages, du beurre apportent l’argent nécessaire à l’amélioration du confort, au renouvellement du matériel, à l’entretien des bâtiments et à l’achat des vêtements familiaux ou des compléments alimentaires. Un jardin toujours bien entretenu assure un précieux complément indispensable.

     

         Le dimanche suivant, papa, maman et la petite sœur sont venus récupérer Petit Pierre aux Champs. « Tu as pris des couleurs » lui assure son père en l’embrassant. Même sa sœur semble heureuse de le retrouver.

     

        Autour de la grande table familiale où le poêle stéphanois chauffe toujours, flotte un prometteur goût de cuisine. Après l’ancestral gâteau de foie dominical où tout vient de la ferme et agrémenté de riz, un canard aux flatteuses couleurs rôties titille déjà les papilles adultes: « Moi, je veux une aile » lance Marie en toisant son frère d’un regard inquisiteur. Sachant qu’il y en a deux et qu’on lui demandera son avis, Petit Pierre ne réagit même pas à la demande hostile de sa sœur.

     

        « Tiens, Petit Pierre, prends du fromage de Mr Jallon. Tu as mangé des miens pendant toute la semaine. Ca te changera ». « Mais, mémé, j’aime bien tes fromages, surtout les petits ronds que tu fais dans les écuelles. Et puis j’ai plus faim » fait remarquer Petit Pierre en quittant le grand banc familial pour aller caresser le chat qui guette si quelque chose de dessus la table lui est réservé.

     

        Seule l’île flottante amoureusement préparée par mémé avec des pralines d’un rouge intense peut ramener l’enfant à table. Quelle crème enchanteresse d’un doux mélange jaune et blanc entoure l’île !

     

        « Tu prendras bien une petite gnôle aux pelosses pour finir le repas, ou alors une bonne poire » propose le beau père à son gendre ; « C’est pas de refus. Allons y pour la poire». Fascinante car rentrée on ne sait comment à l’intérieur de la bouteille, une poire imbibée d’alcool y repose nonchalamment. « Dis, comment tu as fait pépé pour la mettre à l’intérieur » questionne Marie. Je te ferais voir un jour ». « Il faudra que j’essaie avec une vipère ou un crapaud, mais ni l’un ni l’autre ne sont faciles à attraper » soupire le gendre en levant le coude.

     

        « Tu nous as fait une fois encore un repas savoureux » susurre la fille à sa mère. « Tant que je pourrai  et que ça vous fera plaisir».

     

         Petit Pierre nous laisse pour reprendre le chemin de l’école casamontoise.

     

     

    Poème lu par Martine

     

    SONNET LOUIS MERCIER

     

    Voix de la Terre et du Temps

     

    A la terre

     

    L’homme en vain te soumet à son cruel empire ;

    En vain, pour y semer, chaque automne son grain,

    Il fait saigner tes flancs maternels sous l’airain

    Et promène en ton cœur le soc qui te déchire.

     

    Malgré les jours nombreux qu’a duré ton martyre,

    Nous n’avons point lassé ton amour souverain,

    Mais ton front toujours jeune et demeuré serein

    Vers le vieux firmament n’a cessé de sourire.

     

    Et pour qu’avec le pain, nourricier de la chair,

    Nous te devions le don surhumain et plus cher

    De sentir la Beauté tressaillir dans les choses,

     

    Clémente à nos affronts et douce à nos oublis,

    Tu te souviens toujours de la forme des roses

    Et tu sais ciseler encore les grands lis.

     

     

     

    2/ Région provinciale rurale influant sur ses habitants

     

        Petit Pierre a bien grandi. C’est maintenant Pierrot.

     

        « Quel gros investissement je viens de faire ! » soupire – t – il à sa jeune femme. « Pourvu que nous y arrivions ! »

     

        La seconde guerre mondiale a changé beaucoup de choses. Tout est à reconstruire mais tout s’emballe et va très vite.

     

        Après le certificat d’études obtenu sans soucis, un moment tenté par le tissage dans un des nombreux ateliers du village, Pierrot a débuté au bourg  comme tisseur, là où travaillait son père,  avant de choisir le plein air et les animaux. Papa le voyait tisseur comme lui, mais lui ne fera pas ce que faisait son père.

     

        Après l’adolescence marquée par le temps de la privation, de la mauvaise qualité des choses car tout part en Allemagne, de la peur de la guerre qui n’en finit pas, Pierrot a choisi à 20 ans de reprendre la ferme de pépé. Mais, à cet âge où l’on refait le monde, il décide de tout moderniser, aussi bien le matériel que la ferme elle-même et les pratiques ancestrales. C’est beaucoup de travail en perspective.

     

        Le choix a été difficile car le tissage marche bien. La demande énorme après le long conflit assure une rentrée régulière d’argent. 3 équipes de tisseurs animent Chirassimont à chaque entrée et sortie d’usine et tournent régulièrement au rythme de la pointeuse. C’est tentant d’y faire carrière.  L’arrivée et le développement des fibres synthétiques, comme on dit, y sont pour quelque chose. Aménager son propre atelier avec 4 ou 5 métiers à l’intérieur se pratique régulièrement. On est maître chez soi. Les donneurs d’ordre lyonnais ont trouvé là une main d’œuvre bon marché et toute proche. Toutes les communes voisines vivent alors au rythme du « tiacapan ». « Bistanclac » disent les lyonnais.

     

        Ce qui l’a fait choisir c’est le bruit. Rester une équipe complète à entendre le bruit incessant des métiers ne l’a finalement pas séduit.

     

        Et puis, il y a eu un autre élément. Au cours des longues soirées passées avec les copains à discuter, à jouer de la musique à l’Indépendante,  à boire parfois plus que de raison lors des classes ou des cocardes avec les conscrits et les conscrites, il a bien remarqué qu’il n’était pas étranger à Jeanne, la fille des BILLAUD de Baracand. Belle brunette aux cheveux courts comme la mode le veut alors, elle a plusieurs fois dansé avec lui au son de l’accordéon dans la salle communale. En plus, elle a beaucoup appris dans une maison familiale de la côte roannaise où ses parents l’ont placée comme pensionnaire. Elle a quelque chose, comme on dit. Ils se sont revus souvent et commencent à penser aux choses sérieuses. Bref, ils fréquentent. Et Jeanne préfère elle aussi la ferme au bruyant atelier. Et quand femme veut…  

     

        Aussi, quand pépé a décidé d’arrêter, c’est avec un grand plaisir qu’il a appris que son petit fils allait reprendre derrière lui. Il avoue qu’il avait un peu peur que le domaine ne soit récupéré par ailleurs, mais tout semble maintenant bien parti pour que seule une génération ait loupé le coche. Dans la logique des choses, il va tout faire pour aider le petit fils.

     

       Vint alors le temps des fiançailles où l’on porte les dragées dans la famille. La tradition où le fiancé sortait de la poche une tabatière décorée qu’il ouvrait  pour offrir une prise qui va faire éternuer, est pratiquement révolue. Devant une tasse de café sortie avec la soucoupe pour cette grande occasion, c’est le moment pour le jeune couple de parler des projets. « Alors, tu vas reprendre la ferme du grand père ? Il doit être content. Je l’ai toujours vu la haut, aux Champs » « J’y ai tellement passé de temps pendant ma jeunesse » commente Pierrot «  que je me sens un peu obligé de m’y installer ; mais il y a beaucoup à faire et puis, il faut évoluer. On ne travaille plus comme il y a 50 ans… » « Tu es jeune et plein de vie. Et puis avec une femme comme celle que tu vas prendre, tu auras une aide précieuse ».

     

        Pas moins de 60 personnes ont participé à la noce. Que de belles toilettes à admirer ! Après la cérémonie civile à la mairie, ce fut l’église qui accueillit le jeune couple. Septembre est encore souvent beau à Violay et le choix du restaurant s’est porté sur ce village.

     

        Jusqu’à trois heures du matin, les jeunes mariés ont été surveillés. Pas question de partir pour la nuit de noces malgré les diverses tentatives. Pourtant ils réussirent, « parce qu’on l’a bien voulu » dirent certains, à fausser compagnie à la noce avant de voir à nouveau arriver les plus fêtards avec la « gravirotte » dans un pot de chambre. C’est la coutume. Pas question d’y échapper.

     

        Sur son beau tracteur tout neuf équipé d’une charrue du dernier modèle, Pierrot quitte fièrement sa jeune femme pour aller labourer et repense encore à tout cela. Le grand père et le père l’ont un peu aidé dans son achat. Le tracteur vaut cher mais quel gain de temps et quelle puissance pour tirer le matériel. Il n’y a plus rien à voir avec le temps où pépé équipé  de sa guise passait la charrue avec ses deux vaches trop lentes , puis ses deux grands bœufs blancs au nom de « Blanc » et de « Frisé »,  pour finir avec un puis deux chevaux. Le brabant avait quand même constitué une grande avancée car il retournait mieux la terre que la charrue ne faisait que rayer.

     

        « La première guerre mondiale a amené les barbelés et la seconde les bottes en caoutchouc » lui a rappelé son grand père. « Autrefois, on vivait les pieds mouillés et on avait froid car les sabots n’étaient pas étanches, même si on y mettait de la paille ». « La guerre, c’est pas bien ; je ne te souhaite qu’une chose, c’est de ne pas la connaître… » a-t-il ajouté.

     

        Tout au long des sillons parfaitement rectilignes de la grande terre, Pierrot a le temps de penser à tout cela. Mais il faut aussi ne pas oublier de payer le charron pour le nouveau tombereau et la fin du mois va être dure à boucler car les veaux se vendent mal. Peut-être faudra –t-il vendre une génisse pour faire le joint ? Il y a toujours quelque chose à penser au cours des longues et laborieuses journées débutées quotidiennement à 5 heures du matin, quelque soit l’époque de l’année, pour ne s’achever qu’à 10 heures du soir, quand il ne faut pas se lever encore la nuit pour voir si la frisette n’a pas fait le veau ou si la truie, la caille comme on dit, n’a pas écrasé un ou deux porcelets en se couchant dessus.

     

        Heureusement la santé du jeune couple aide à supporter toutes ces contraintes, même si quelquefois Jeanne se plaint de n’avoir jamais un jour de repos. « Finalement, tu serais à l’usine, tu aurais des vacances et nous pourrions partir au moins un jour ou deux» lui a-t-elle souvent répété, surtout quand le temps est au beau. Heureusement, les sorties avec l’Indépendante apportent quelques distractions locales et l’occasion de voir du monde, même si le soir, il faut rentrer tôt pour la traite. Les bêtes n’attendent pas et pépé n’a plus la force de s’en occuper.

     

        Joies et malheurs rythment la vie du hameau des Champs qui s’endort parfois difficilement avec le bruit de la Nationale 7 au dessus. Heureusement l’habitude ne l’entend plus mais que de trafic maintenant ! Peugeot, Citroën et Renault cadencent les kilomètres de bitume dans le Pin Bouchain et la montagne de Tarare garde son col embrumé ou d’un côté ou de l’autre de la Chapelle. La neige n’est pas loin en ce jour de Toussaint.  C’est tout cet environnement qui forge le caractère de ses habitants.

     

        Marie Claude, Noël puis Rémi ne connaîtront pas le pépé qu’une attaque emportera. Inconsolable, mémé restera alors dans une petite location proche de la ferme. « Ce n’est pas bien de rester avec les enfants. J’ai beaucoup souffert dans ma jeunesse de trois générations sous le même toit. Mais, mes enfants s’occupent bien de moi » avoue-t-elle à ses voisines.

     

        Pierrot et Jeanne feront prospérer par leur travail le domaine familial. Il rentrera même au conseil municipal de la commune. 

     

     

     

    Poème lu par  Martine

    Louis MERCIER

    Voix de la Terre et du Temps

     

    Le parfum de la Terre

     

    O Terre, sur ton cœur j’aime à poser mon cœur ;

    Le visage dans l’herbe épaisse,

    Je goûte à respirer ta profonde senteur,

    Je ne sais quelle obscure ivresse.

     

    Ton parfum n’est-ce pas le parfum souverain,

    Dont l’univers même s’embaume ?

    L’odeur des fleurs, l’odeur des fruits, l’odeur du pain

    Vivent déjà dans cet arome.

     

    Il est sauvage et tiède, il est âpre et puissant.

    A humer sa liqueur subtile,

    Il me semble parfois que j’aspire le sang

    Qui bout en tes veines d’argile.

     

    Et pendant que, pareil à celui d’un amant

    Contre le tien mon cœur s’appuie,

    Je savoure ton âme et je bois longuement

    Le souffle même de la vie !

     

     

     

      3/ Goût particulier : goût de terroir.

         

        Papy Pierrot n’a pas voulu être appelé « pépé ». « Ca fait vieillot » leur a –t-il dit. « Il faut vivre avec son temps ». Le petit dernier de Rémi saute sur ses genoux. Ce sera un solide gaillard, à voir ses membres déjà solidement charpentés.

     

        Que de changements en 50 ans depuis les années 30 ! Ce matin, en faisant son tour du hameau comme tous les jours, il se rappelle même que dans un coin de la boutique, un grand métier à tisser Jacquard prenait poussière et vermine. Que de fois, en vacances chez les grands parents,  il l’avait fait marcher en imitant le bruit et le tintement de la clochette : « Tiacapan, digueling, digueling ». Mais une vie est peu de chose et passe si vite.

     

        Pendant quelques temps, après avoir pris sa retraite, Pierrot a gardé deux vaches et a aidé dans son travail le fils qui a repris la ferme. Mais maintenant, il souffle et prend son temps. Les années sont là. Dans leur petite maison toute proche de la ferme, le couple passe une retraite paisible. Pierrot a laissé le conseil municipal mais rend encore souvent des services car il a le temps.

     

        « Le SIVOM a demandé s’il y avait eu des vignes à Chirassimont. Ils montent une Association, « Les Couleurs du Goût » à St Symphorien de Lay. C’est un joli nom  et ils cherchent des choses sur le terroir. Le terroir, c’est le goût particulier à un produit, un produit du terroir et on pense à la vigne. Mais la vigne chez nous !!! » lui a annoncé le 1er adjoint quand il l’a croisé chez le boulanger. « Tu veux pas demander à la mairie de St Symphorien s’ils ont quelque chose sur les vignes locales ».

     

        Toujours disponible, Pierrot a dit qu’il allait chercher. « Chercher, c’est une jolie occupation ».

     

         Alors, un jour qu’il voulait aller se promener, il a décidé de partir du côté de la Croix de Malle et de pousser jusqu’à Passinge. Avant d’aller au chef lieu, il faut d’abord regarder sur place. Depuis qu’il est gamin, il connaît le quartier par cœur et son grand père lui a souvent dit qu’autrefois il y avait des vignes dans chaque ferme pour la consommation locale. Il lui avait même fait voir où elles étaient à Passinge. « Je vais rendre une visite au père DUBOST qui a toujours vécu là, lui aussi. Il saura » pensa-t-il en lui-même.  

     

        Sur place, les fils de fer qui étaient tendus au moyen de crosses piquées dans le crépi, entre les trous des pierres, ont disparus ; tout comme d’ailleurs les mêmes fils de fer qui pendaient le long de la bâtisse pour aider la vigne à monter. La façade au sud, en face la croix de Malle,  aidait grandement à la maturation

     

        Gabriel DUBOST lui a dit et montré tout ce qu’il savait. Il y a bien eu des vignes mais elles ne sont plus cultivées aujourd’hui. Le père MAGAT avait même construit un petit local pour installer un pressoir mais tout a disparu. « C’était une piquette » lui confirma Gabriel « mais autrefois, quand il n’y avait rien ou que l’on ne pouvait pas se le payer, on la buvait quand même. Il se faisait aussi du cidre avec les poires ruire et les pommes », a –t-il ajouté.

     

        Souhaitant que les découvertes soient plus fructueuses, il descendit un jeudi matin au marché à St Symphorien et en profita pour demander au maire de pouvoir consulter les archives.

     

        Et là, surprise. Un document de 1909 prouve bien que dans le coin, il se produisait du vin :

     

     

    Document de 1909, en mairie de St Symphorien de Lay :

     

         Monsieur le Président

     

        Note à l’Assemblée qu’en vue de l’application de la loi sur les fraudes, des commissions ont été instituées pour la délimitation des territoires qui pourront réclamer pour leurs vins, les appellations de Bourgogne, Beaujolais, Champagne, Bordeaux, etc…

     

        Une commission va incessamment se réunir pour déterminer, à ce point de vue, les limites du Beaujolais.

     

        Il invite en conséquence l’assemblée qui comprend l’importance considérable des décisions de cette commission, à prendre une délibération demandant énergiquement que la commune de St Symphorien de Lay, qui a toujours fait partie de l’ancienne province du Beaujolais, ainsi qu’en témoignent les documents authentiques de l’histoire et des Archives de la Province, reste bien comprise dans la liste des localités qui pourront se réclamer pour la vente de leurs produits vinicoles, de l’épithète de « Beaujolais ».

     

         Le Conseil municipal, après avoir entendu l’exposé de son Président qui a démontré à l’aide de documents authentiques que la commune de St Symphorien de Lay a toujours fait partie de la province de Beaujolais,

     

        Considérant que ce serait absolument arbitraire de ne pas comprendre cette commune dans le périmètre du Beaujolais,

     

        Que ce  qui a démontré à l’aide de documents authentiques que la commune de St Symphorien de Lay a toujours fait partie de la province de Beaujolais,

     

        Considérant que ce serait absolument arbitraire de ne pas comprendre cette commune dans le périmètre du Beaujolais,

     

        Que ce serait donc une erreur géographique et une injustice

     

        Considérant d’autre part que les produits vinicoles de la commune ont toujours présenté les qualités et caractères des vins de la région beaujolaise et sont cités dans les documents et histoires de l’époque

     

        Que ce serait causer un préjudice grave aux vignerons de notre commune que de les frustrer du droit qu’ils ont toujours eu de présenter leurs vins sous le nom de « Beaujolais »

     

        A l’unanimité, prie instamment l’Administration supérieure de bien vouloir demander à la Commission de délimitation de laisser figurer la commune de St Symphorien de Lay dans le périmètre du « Beaujolais ».

     

           Monsieur le Maire.

     

        Ainsi, à cette période là, 500 ares de vigne produisaient  12 000 hectolitres sur le canton.

     

         Fier de sa trouvaille, dès le lendemain, Pierrot était à la mairie pour rencontrer le 1er adjoint. « Nous étions dans le « Beaujolais » et ils se sont battus pour que l’appellation y soit maintenue », montre-t-il sur une belle photocopie que la secrétaire de mairie de St Symphorien a bien voulu lui faire.

     

        « C’est peu ou pas connu » a-t-il commenté mais depuis que l’homme est homme, même chez nous, le goût du terroir fait partie intime de la vie journalière.

     

    Alors, bon appétit à tous.

     

     

    Poème de Martine. 

    Les voix sur l’infini

     

     

    Sous les grilles des mots griffe la révolte

    Le sans abri, à la frontière des mondes

    Et le cri de l’enfant soldat sans comprendre

    Incertitude de l’adulte avide de connaissance

     

    Sur les grilles des mots poète éveille toi

     

    L’ardeur d’un désespoir aux confins de la vie

    Sur les non dits qui enferment les regards

    Au temple des rêves s’arrêtent les rancoeurs

    Et le temps songeur reprend son aventure

     

    Sur les grilles des mots frémit la liberté

     

    Oubli de nos terreurs sur l’espoir du toujours

    Sur les chants d’un troubadour joyeux d’inventer

    A l’écharpe de ciel bleu dessinant la confiance

    L’univers soupire découvrant l’amour

     

    Sur les grilles des mots s’amuse la vérité

     

    Aux sentiers escarpés parfumés de tendresse

    Les mains offertes pour accueillir l’infini

    Sous le silence doucement s’installe la paix

    En balbutiant la joie étreint l’humanité

     

    Par les grilles des mots se construit l’avenir

     

     

     

    Ma maison

     

    Aux pierres sages de siècles écoulés

    Aux frémissements enjoués du passé

    Ma maison

    Pour la douceur de ton chant

    Pour la vérité de ton ailleurs

    Je t’aime

     

    Lorsque s’allongent les ombres du soir

    Tu souris en racontant leurs histoires

    Ma maison

    Vivante

    Songes des murs ou souvenirs bleutés

    Je reste près de toi

    Et mon âme reconstruit son enfance

     

     

     

    Terre mon Amie

     

     

    Sur les cris des laboureurs

    Et le soupir de la terre

    Sur les chants des métiers à tisser

    Et les rires des ouvrières

    Pour toi le moulin

    Qui rythme la vie

    Entre le ciel et l’air

    J’inscris la joie d’un merci

     

    Terre nourricière

    Amante de tes paysans

    Terre notre mère

    Cueille nos remerciements

     

     

    Sur les temps de jadis,

    Femmes courbées sur les blés

    Au festin du labeur

    Par les clochers cadencés

    Pour nos frères les animaux

    Travailleurs jusqu’à nuit tombée

    Que vibre la joie d’un merci

     

    Terre nourricière

    Amante de tes paysans

    Terre notre mère

    Cueille nos remerciements

     

     

     


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