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Par TESTENOIRE le 1 Octobre 2014 à 11:26
SOIR D’OCTOBRE
Soir d’octobre ! Le vol attardé des palombes
Tourne dans le ciel mauve au ras de chênes bleus ;
Le village dissout ses pignons anguleux
Autour du froid clocher qui veille sur les tombes.
Un chariot qui crie emporte, vacillant,
La dépouille des bois sur la route déserte,
Et, dans le vide obscur de la campagne inerte,
Un paysan lointain chante un vieil air dolent.
La romance se perd, ineffablement triste,
Derrière le brouillard qui monte des guérets,
Laissant de longs échos et de vastes regrets
Dans l’âme où la lueur de l’enfance persiste.
Aux vergers, par instants, la chute d’un fruit mûr
Retentit : le retour d’une génisse tinte ;
Comme la nue en feu, la rose s’est éteinte.
Et lasse, au vent furtif, s’effeuille sur le mur.
L’heure est douce et, pourtant, de l’amertume traîne
Dans l’air où les celliers épandent leur odeur,
Car le fruit ne vaut pas l’ivresse de la fleur.
La tige n’atteint point au désir de la graine.
Les songes d’un passé vibrant d’illusions
Et les vaines ardeurs d’une jeunesse veuve,
Ainsi que les fanaux aux berges d’un grand fleuve
Projettent dans le cœur de vagues visions.
La barre du couchant, déjà, s’est embrunie
Et la nuit douloureuse a voilé les hameaux.
Seule, dans le silence, à travers les rameaux
Une cloche lointaine annonce une agonie.
Joseph POMIE
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