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    L’UNION REPUBLICAINE DE ROANNE<o:p></o:p>

    Journal du dimanche 24 novembre 1895<o:p></o:p>

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    NEULIZE :

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    Existe à Neulize une pharmacie communale qui dépend de l’hospice. Cette pharmacie est au nom de M. Peronnet, et ancien pharmacien à Saint-Symphorien-de-Lay, mais le service en est fait par un élève pharmacien M. Monceaux. L’exploitation de la dite pharmacie telle qu’elle se pratique, n’est pas absolument légale dans le sens étroit du mot mais enfin cet établissement rend de si grands et de si réel services aux malheureux surtout, qu’on a jamais songé en haut lieu de s’occuper de son mode de gérance et pourquoi le faire, puisque en aucun moment,  on n’a eut à enregistrer de plaintes des clients à l’adresse de l’élève qui depuis onze ans fait admirablement bien son service.

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    Mais malheureusement pour les indigents de la commune, nous disons les indigents,  car le bénéfice de la pharmacie sert à alimenter les besoins de l’hospice, et aussi pour les contribuable, il s’est trouvé tout récemment qu’un jaloux, un enfant du pays cependant, qui a vendu dernièrement sa pharmacie à Roanne pour aller en installer une autre à Neulize, a voulu essayer de nuire à la pharmacie de l’hospice.

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    Il a un  beau matin pris sa plume et il a écrit une lettre au parquet de Roanne, lui formulant ses plaintes très vives sur la façon dont était exploitée cette officine. Il espérait en obtenir la fermeture, à son profit bien entendu.

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    Le parquet naturellement a fait faire une enquête par le gendarmerie qui a constaté ce que tout le monde sait. Mais l’administration de l’hospice, prévoyante et sans attendre la suite qui serait donnée à l’affaire, a décidé de mettre à la tête de la pharmacie communale une personne munie d’u n diplôme de pharmacien. De la sorte les malheureux y trouvent encore leur compte et le concurrent jaloux en sera pour ses frais de dénonciation.

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    Il n’obtiendra pas non plus satisfaction de la vengeance qu’il espérait tirer et contre la commune de Neulize et contre son homonyme, l’honorable M. Peronnet, de Saint-Symphorien-de-Lay, qui jadis fit partie d’une commission, qui avait eu à prendre des mesures contre lui.

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    C’est égal, se venger ainsi sur le dos des malheureux, n’est pas faire preuve d’humaniste. Mais qui en souffrira le plus, sinon l’auteur de cette vengeance lui-même ;

    En agissant comme il l’a fait, ne va-t-il pas, en effet tout droit à l’encontre de ses propres intérêts.



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    L’UNION REPUBLICAINE DE ROANNE<o:p></o:p>

    Juillet  1896<o:p></o:p>

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    NEULIZE :

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    Le 14 juillet dernier, monsieur Regray, le très sympathique maire de Neulize, par esprit de pure conciliation faisait demander « à la fraction de la fanfare » qui participe aux cérémonies religieuses et qui fournit l’orchestre du théâtre clérical, si ses membres désiraient prendre part à la cérémonie de la fête nationale, qui est la fête patriotique par excellence.

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    Ces messieurs, qui subissent la haute domination du curé Guillaume firent comprendre que la chose n’était pas possible, que le chant de <st1:PersonName productid="la Marseillaise" w:st="on">la Marseillaise</st1:PersonName> blessait leurs convictions intimes ; qui leurs opinions ne leurs permettaient pas de s’unir avec des républicains dans une fête qu’ils qualifiaient facilement de « scélérate » bref, ils refusèrent.

    Depuis les choses ont pris une autre tournure. Sur un mot d’ordre venu de Rome les mêmes hommes ont monté à l’assaut de <st1:PersonName productid="la R←publique" w:st="on">la République</st1:PersonName>, et n’ont plus vu la tache du drapeau qu’ils traitaient la veille encore de « loque infâme »

    L’autre dimanche, le curé a tapissé l’église de drapeaux tricolores, les murs disparaissaient sous les couleurs nationales près desquelles autrefois on aurait pu passé en détournant la tête.

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    Pourquoi cette comédie ?

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    Le mot de l’énigme  est facile à trouver nous affirme notre correspondant, le clergé dans l’âpre ambition est der gouverner à nouveau toutes les consciences cherche à mettre sous sa griffe la génération nouvelle.

    Il fait tous ses efforts pour affilier les jeunes gens à ces cercles dénommés « catholiques » il fait plus, il bénit les soldats à leur départ à la caserne afin pense-t-il de les mieux dominer à leurs retour.

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    Pour avoir un atout de plus dans son jeu, le curé de Neulize s’était mis dans la tête de rehausser encore la cérémonie par une promenade en musique à travers les rues de la commune. Il avait à cette intention demandée une permission à monsieur le maire. Mais monsieur Regray s’est souvenu du refus qu’il avait essuyé le 14 juillet dernier et comme son devoir lui ordonnait, il a refusé l’autorisation demandée.

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    Tous les républicains ont crié bravo ! Et ont pleinement approuvé le refus du maire, le considérant comme un acte de bonne administration et une leçon donnée.

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    Illustration :        ITINERAIRE JALONNE ET GRADUE<o:p></o:p>

    Cette voie qui était une partie d’un itinéraire joignant Gergovie à Macon, avec passage de <st1:PersonName productid="la Loire" w:st="on">la Loire</st1:PersonName> à Pinay (Cré Chatelard), a servi au Moyen Age aux pèlerins de Compostelle se rendant au Puy. Cette circonstance à permis la conservation par l’apposition d’une croix sur cinq menhirs placés le long de la voie : 1. 2. 3. 4. 5. menhirs christianisés.<o:p></o:p>

    -          A : oppidum de Pinay<o:p></o:p>

    -          B : oppidum de Chazy<o:p></o:p>

    -          C : le Château<o:p></o:p>

    -          D : croix<o:p></o:p>

    -          E : le Bourget<o:p></o:p>

    -          F et H : carrefours triangulaires<o:p></o:p>

    -          G : Château Gaillard<o:p></o:p>

    -          I : fortin romain<o:p></o:p>

    -          J : cromlech de Ronno<o:p></o:p>

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    UN DES CHEMINS SUIVIS PAR LES PELERINS DE ST JACQUES DE COMPOSTELLE<o:p></o:p>

    Arrive le temps où, après la découverte du corps de l’apôtre St jacques ramené de Jérusalem dans l’Espagne qu’il avait évangélisée, commence le pèlerinage sans conteste le plus important du Moyen-âge. Il attire des chrétiens de toute l’Europe vers l’un des points majeurs de rassemblement qu’est la ville du Puy.

    Pour y parvenir, ils empruntent les cheminements les plus directs et les plus surs. Ils les balisent d’abord en  gravant grossièrement des croix sur d’énormes pierres qui en jalonnent le parcours. Plus tard, les coquilles gravées sur les linteaux de portes des demeures et des frontons de sanctuaires indiqueront les relais d’accueil pour les pèlerins.

    L’un des itinéraires, comme l’a démontré P. Fustier passe par le Pin  Bouchain.  Venant du nord et de l’est par <st1:PersonName productid="la Vall←e" w:st="on">la Vallée</st1:PersonName> de <st1:PersonName productid="la Sa￴ne" w:st="on">la Saône</st1:PersonName> et pour atteindre l »’Auvergne, bon nombre de ces courageux marcheurs prennent le chemin des crêtes qui longe le cromlech des Salles et débouche sur Charpenay.

    Après les Sauvages, la sente aboutit au col qu’elle traverse, pour continuer par le versant sud du sommet et revenir par <st1:PersonName productid="la Croix Bourru" w:st="on"><st1:PersonName productid="la Croix" w:st="on">la Croix</st1:PersonName> Bourru</st1:PersonName> dont l’origine pourrait bien être liée à ce parcours. Puis elle gagne les hameaux de Montmiron, <st1:PersonName productid="la Casse" w:st="on">la  Casse</st1:PersonName>, Savigny, le sud de St Just-la-Pendue, Neulise et Pinay qui était connu au Moyen-âge  pour son pont et son Hôtel-Dieu. Les Archives de <st1:PersonName productid="la Loire" w:st="on">la Loire</st1:PersonName> citent plusieurs reconnaissances datant de 1555 dans la nomenclature des Terriers : « de Jean de Montezin pour maison…joignant le  chemins public tendant de l’Hôtel-Dieu de Piney à Cys de matin…(A.D.L. –B III – 284 .) « d’Etienne Molon pour terre ver le pont de Piney, joignant la terre de N. Terrolier recteur du Pont de Piney…(-d°- 285). L’origine de ce pont, romain ou non, n’a pas fait l’unanimité des archéologues et historiens…

    Sur ce trajet, on a retrouvé quatre pierres menhirs sacralisées d’une croix.

    A partir de <st1:PersonName productid="la Loire" w:st="on">la Loire</st1:PersonName>, et en suivant les rives ou villages en ordure du fleuve, la voie est directe jusqu’au Puy.

    Plus d’un demi millénaire plus tard on trouvera en ces lieux des pèlerins inattendus. En 1742, la brigade de maréchaussée de Thizy reçoit l’ordonnance d’élargissement du « nommé René Auger, natif de la paroisse de Plougonnier au diocèse de Tréguier en Basse-Bretagne, revenant du Pèlerinage de St Jacques en Galice » (A.D.L. _ B . 816.)

    Les registres paroissiaux de Tarare ont enregistré eux aussi d’autre passage de « jacquets », telle cette hongroise morte avant d’atteindre le but…

    « GERHUDIF GEMANERIN, pèlerine d’Hongrie allant à St Jacques en Galice, âgée d’environ quarante huit ans est décédée, munie des sacrements de l’Eglise, dans l’Hôpital du lieu, le vint huit Août mil sept cent vingt et inhumée dans le cimetière de Ste Marie Magdelaine de Tarare, par moi vicaire soussigné dudit lieu, en présence de Jean et Louis Fillion, tireurs de cordes (sonneurs) de Tarare qui n’ont su signer de ce enquis et sommé suivant l’ordonnance par moi.

    Comme le prouve ses papiers de la ville de Presbourg de l’année 1714  où onze mots sont écrits : GERHUDIF  GEMANERIN HUNGAVA POLONIEN allant à Saint-Jean de Compostelle en Galice.

                                                 Signé MARTIN – vicaire »

    A l’ouest du col, le paysage se présentait alors sous un aspect bien différent d’aujourd’hui. Les collines étaient aux trois quarts recouvertes de forêts. Après le Mont Miron, on descendait dans une magnifique cassina (chêneraie), devenue « <st1:PersonName productid="la Casse" w:st="on">la Casse</st1:PersonName> », où l’on pratiquait la ratille : ratissage des glands pour nourrir les troupeaux de porcs, d’où la dénomination du lieu : Chez Ratignier.

    Le château de Ressis, à <st1:metricconverter productid="200 m" w:st="on">200 m</st1:metricconverter> de là, était un havre de repos pour les pèlerins. On a dû y vivre des veillées passionnantes à écouter devant les feux de cheminées les récits et aventures des uns et des autres.

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    Illustration : Édouard II demande pardon à Charles VII (vitrail du Château  de Beauregard à Trévoux dans l’Ain.)

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    EDOUARD II de BEAUJEU<o:p></o:p>

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    Nous savons après la lecture de l’article : Dans notre région au Moyen-Âge et pendant <st1:PersonName productid="la Guerre" w:st="on">la Guerre</st1:PersonName> de 100 ans, qu’au déclin du XIV° siècle le château de Perreux devint une demeure princière et servit de résidence à Édouard II, dernier sire de Beaujeu qui, en 1400, fit don du Beaujolais au duc Louis II de Bourbon. Voici dans quelles circonstances :

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      Édouard II de Beaujeu était un prince fantasque et débauché. Déjà, en 1394, il avait excité contre lui, par ses exactions, les habitants de Villefranche. En 1400, un  de ses vassaux, Guyonnet de la Bessée, osa lui refuser la main de sa fille. Ce refus excita la fureur d’Édouard qui prit une série de mesures vexatoires destinées à atteindre aussi bien les habitants de Villefranche que le sieur de la Bessée. Alors les Caladois se révoltèrent et vinrent assiéger Édouard dans son château : mais leurs efforts étant restés vains, il déposèrent une plainte entre les mains du roi contre leur seigneur et maître. Le roi cita Édouard devant le Parlement de Paris. L’huissier chargé de la signification fut séquestré par Édouard qui après lui avoir fait avaler parchemin et sceau le fit jeter dans les fossés du château, où il se rompit le cou.

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    Des hommes d’armes, envoyés par le roi, emmenèrent Édouard prisonnier à Paris, et ses crimes furent instruits.

    L’affaire tournait mal et sentait la corde. Dans cette extrémité, Édouard se jeta dans les bras du duc de Bourbon son cousin germain, et, en compensation de son aide et protection, il lui fit don de toutes les seigneuries qu’il possédait. Cet acte eut lieu le 23 juin 1440 ; il augmentait la puissance de la maison de Bourbon qui, par l’alliance de Louis II avec Anne d’Auvergne et de Forez, avait agrandi ses domaines jusqu’aux portes du Beaujolais.

    Édouard recouvra sa liberté aussitôt l’acte signé et se retira au château de Perreux où il mourut sis semaines après de honte et de regrets

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  • Sur la photographie : gisants de Louis II de Bourbon et de son épouse Anne d'Auvergne  à Souvigny

     

    A PROPOS DE LOUIS II DE BOURBON<o:p></o:p>

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    (Par son mariage avec Anne d’Auvergne,  héritière du Forez, il devint maître de cette province)<o:p></o:p>

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    En recherchant dans les divers historiens du XIV° siècle les jugements qu’ils avaient porté sur Louis II, je me suis aperçu une fois de plus que les anciens étaient fort sages lorsqu’ils se bornaient à récapituler les actions d’un personnage pour en donner une image impartiale, laissant ainsi le lecteur libre de conclure à son gré.

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    Christine de Pisan a tracé de Louis II un portrait hyperboliquement flatteur, où la louange est toute parée de l’onction propre au style mystique. « Que dirons-nous de ce bon duc, sinon qu’il fut un vase de bonté, de clémence, de bénignité et de douceur ?«  D‘ordinaire Christine de Pisan  n’est pas chiche de louanges envers les princes et seigneurs ; mais celles qu’elle décerne à Louis II sont telles qu’il ne tient qu’à nous de croire que ce prince s’approcha de la perfection plus qu’aucun autre ne le fit jamais. Ne serait-il pas possible cependant de trouver la raison de cette admiration sans mélange dans les lignes qui terminent ce portrait si flatteur ? « Ce bon duc est le réconfort des pauvres gentils femmes et de toutes celles qui sont dignes de compassion : il les aide de son bien, présente leurs requêtes au conseil et les rappelle, leur procure bien et aide, soutien leur droit de sa parole et se montre leur défenseur en toutes choses. De cela, je ne puis parler par droite expérience, car j’ai invoqué son appui, et son appui n’a pas manqué ; que le benoît fils de Dieu veuille lui en tenir compte ! »

    Ce témoignage si formel de gratitude ne suffit pas cependant à son cœur reconnaissant, car tout aussitôt elle recommence son cantique de remerciements presque dans les mêmes termes : »ce bon duc est le refuge assuré des pauvres femmes besogneusement grevées injustement, lesquelles femmes ne sont pas écoutées en maintes cours. » Ainsi voilà qui est clair, le duc de Bourbon est venu en aide à la pauvre Christine ; il a présenté ses requêtes, il lui a donné peut-être de l’argent. Christine ne peut don être un témoins impartial, car son jugement doit être regardé comme le payement d’une dette.

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    Adressons-nous à un autre historien. J’ouvre Froissard, je recherche curieusement dans ses chroniques tout ce qui se rapporte à Louis II, et je découvre avec quelques étonnements que cet admirable narrateur n’aimait pas du tout le prince. Ce n’est pas, comme bien vous entendez, que l’antipathie se montre d’une manière très déclarée ; Froissard ne serait plus lui-même, s’il parlait d’un seigneur autrement qu’avec réserve ; mais toutes les fois qu’ils nomment Louis II, il a des mots en sourdine qui frappent d’autant plus qu’ils font contraste avec le tout confit en respect qui lui est habituel. Christine de Pisan exalte la courtoisie chevaleresque du duc ; or cette courtoisie, Froissard la lui refuse, ou du moins prétend qu’elle était chez lui intermittente. Je rencontre par exemple la phrase que voici dans le récit du voyage que le duc fit en Navarre en 1387 : « partout où il venait et il passait il était le bienvenu, car le duc a ou avait grande grâce d’être courtois et garni d’honneur et de bonne renommée. » Tous ceux qui ont fait de fréquentes lecture de Froissard comprendront qu’elle force il y a dans ce simple prétérit avait ; c’est comme si l’historien avait écrit : « Autrefois, le duc de Bourbon était poli, mais il y a de beaux jours qu’il ne l’est plus. » Le duc, selon Froissard, ne manquait pas seulement de courtoisie, il était orgueilleux jusqu’à la présomption, et cet orgueil, en lui aliénant l’affection des siens, en faisait un chef militaire dangereux. L’historien l’accuse très formellement d’avoir fait manquer par sa hauteur cette expérience contre les côtes barbaresques que les chevaliers français entreprirent à la fin du XIV° siècle sur la prière des Génois.

    Le passage est curieux et bon à citer. « Le sire de Coucy par espécial avait tout le retour des gentilshommes, et bien savait être, et doucement entre eux et avecque eux, trop mieux sans comparaison que le duc de Bourbon ne faisait ; car ce duc était haut le cœur et de manière orgueilleuse et présomptueuse, et point ne parlait si doucement, ni si humblement aux chevaliers et écuyers étranges que le sire de Coucy faisait. Et séait le dit duc de Bourbon par usage le plus du jour en dehors de son pavillon, jambes croisées, et convenait  parler à lui par procureur et lui faire grande révérence, et ne considérait pas si bien l’état ni l’affaire des petits compagnons que le sire de Coucy faisait ; pourquoi il était le mieux en leur grâce, et le duc de Bourbon le mons. Il me fut dit des chevaliers et écuyers étranges que, si le sire de Coucy eût seulement emprins le voyage souverainement et été capitaine de tous les autres, leur imagination et parole était telle que on eût fait autre chose que on ne fit, et demeurèrent, par cette deffaute et par l’orgueil de ce duc Louis de Bourbon, plusieurs b elles emprises à non être faites, et la ville d’Auffrique, ce fut le propos de plusieurs, à mon être prise. »

    Ainsi pour l’un des témoins, le duc Louis II ne fut que douceur et courtoisie, pour l’autre il ne fut qu’orgueil et présomption. J’en croirais volontiers Froissard de préférence, car c’est un témoin autrement sérieux que Christine de Pisan, n’était que le ton de ses jugements me fait soupçonner de la rancune et entrer en défiance. Il est croyable que Froissard aura eu pour dénigrer le duc la raison opposée à celle que Christine de Pisan avait eue de le louer. Peut-être a-t-il demandé quelques faveurs qui lui aura été refusée, quelques renseignements qui  ne lui auront pas été fournis, et Froissard s’est vengé sournoisement du refus par ce jugement d’une sévérité doucereuse, mais qui sous sa modération et son calme porte plus loin que ne portent les louanges hyperboliques de Christine de Pisan, puisque à cette distance de cinq siècles il arrête le lecteur et le laisse incertain sur la valeur morale du duc.

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    Heureusement il nous reste pour mieux juger de Louis II ses actions mêmes, et elles sont nombreuses, car il tint la scène du monde pendant près d’un siècle. Il vit quatre règnes, et quels règnes ! ceux de Philippe VI, de Jean, de Charles V et Charles VI, et mourut à la veille d’Azincourt. Quoi que Froissard essaye d’insinuer, ce fut un des plus vaillants hommes de guerre de l’ancienne France ; son ami Duguesclin à part, les Anglais n’eurent d’adversaire plus habile et plus heureux. Chargé de les combattre sous le règne imparfaitement réparateur de Charles V, il en nettoya pour un temps le Poitou et le Limousin, et les chassa d’Auvergne d’une façon plus décisive. Il commandait une des ailes de l’armée qui fut victorieuse à Roosebeck lorsque Philippe de Bourgogne réduit à l’état de fantôme la démocratie gantoise. Sa campagne la plus malheureuse fut cette expédition d’Afrique entreprise à la demande des Génois dont Froissard vient de nous parler ; mais cette expédition, qui fut plutôt stérile que désastreuse, n’est qu’un épisode en quelque sorte parasite qui ne fait pas corps avec sa vie militaire. Une des chose qui étonnent le plus dans ce sanglant XIV° siècle, c’est de voir que des gens qui avaient sur les bras de telles affaires et étaient menacés de dangers si pressants trouvaient encore du temps pour des entreprises aventureuses jusqu’à la folie.

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    L’expédition que commanda Louis II sur les côtes d’Afrique ne fut qu’un de ces passe-temps chevaleresques, comme la descente de Jean de Vienne en Écosse, comme l’expédition de Nicopolis ; encore est-il juste de dire qu’elle était moins insensée en principe que l’entreprise de Jean de Vienne, et qu’elle n’eut pas le lugubre résultat de l’équipée de Nicopolis.

    Il fut le véritable fondateur de la maison de Bourbon, si tant est qu’on puisse dire qu’une maison qui par son origine touchait de si près le trône ait eu un fondateur, et ce fut justement qu’il put prendre dès lors la devise Espérance et la donner pour cri de guerre à son ordre de l’écu d’or. Par son mariage avec Anne, héritière du Forez, il devint maître de cette province ; puis, lorsque Edouard, comte de Beaujolais, eut payé de son riche fief le joli roman renouvelé de Sextus Tarquin qu’il essaya avec certaine demoiselle de La Bassée, Louis II hérita de ses terres, et se trouva par suite de ces énormes acquisition aussi princièrement apanagé que ses cousins de Bourgogne et de Berry. (1)

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    Louis II fut donc un prince heureux dans un temps où si peu le furent, et ce bonheur fut mérité.

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    Emile MONTEGUT (En Bourbonnais et en Forez)

    Hachette Paris 1888 

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    (1)   - Une reproduction du sceau de Louis II de Bourbon est présente à l’exposition.

    -  En complément de cet article nous vous conseillons la lecture de celui intitulé : Dans notre région au Moyen-Âge et pendant la Guerre de 100 ans dans la même série

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    Dans notre région au Moyen-Âge <o:p></o:p>

    Et pendant <st1:PersonName productid="la Guerre" w:st="on">la Guerre</st1:PersonName> de 100 ans<o:p></o:p>

    La « bonne et forte ville de Perreux » comme disent les documents anciens, est située sur le bord d’un plateau qui fait la soudure entre les montagnes du Beaujolais et la plaine de Roanne.

    Le château fort de Perreux, aujourd’hui disparu existait déjà à la fin du XI° siècle. Un comte de Forez le cède à foi et hommage, avec presque la totalité de ses chasements et dépendances, à Humbert II, sire de Beaujeu.

     Ce château avait même à cette époque une importance considérable, car il pouvait alors loger dans ses murs les nombreux seigneurs accompagnés de gens à pied et à cheval, qui vinrent assister comme témoins à la cérémonie d’inféodation de la forteresse d’Urfé par Arnolphe Raimbi à Guichard, sire de Beaujeu (d’après : Le Forez pittoresque.)

    Dans ces temps lointains, alors que les puissants seigneurs qui possédaient le pays étaient sans cesse en guerre, les châteaux forts de Perreux, Thizy et Lay étaient chargés de couvrir le Beaujolais contre les incursions des comtes de Forez.

    Perreux était presque constamment occupé par une garnison chargée de protéger la ville, qui en meilleure position que Lay et plus proche des ennemis que Thizy, est appelé dans les documents anciens : « Clef du  Beaujolais ». Dans la suite, les comtes de Forez ayant accru leur domaine, les sires de Beaujeu se trouvèrent dans un état d’infériorité manifeste et incapable de lutter contre leurs redoutables voisins. C’est alors que, pour obtenir la protection des ducs de Bourgogne, les sires de Beaujeu leur cédèrent la suzeraineté des châteaux de Perreux, Thizy et Lay, déclarant les tenir en fiefs du duc de  Bourgogne. Hélas ce transfert de souveraineté ne rendit pas la paix au pays.

    Au cours de la guerre de Cent ans, la châtellenie de Perreux fut maintes fois visitée par des bandes anglo-saxonnes.  Commandées par des chefs jaloux de leur autorité, ces bandes exécutaient par ordre pillages et crimes.

     En 1362, une troupe de routiers s’empara du château de Perreux et s’y installa. La bande exploita la région de différentes manières. Les bourgeois de la ville furent d’abord contraints de payer une rançon ; puis les paysans du voisinage furent obligés par intérêt, menaces ou violence, d’apporter leurs denrées au château.

    Quant aux localités voisines, elles n’étaient pas à l’abri des vexations de la garnison de Perreux, fréquemment ses chefs organisaient des compagnies qui, à marches forcées, se dirigeaient nuitamment  sur un village ou un château, le livraient au pillage et s’en  revenaient chargées de butin à l’abri des murs de la ville. Chef et soldats écoulaient ensuite le produit de leurs vols dans les foires et marchés de l’endroit.

    En 1377, après une bataille livrée au bas de Perreux , sur la rivières de Rhins, le château fut de nouveau occupé par une bande de soldats indisciplinés, qui commirent plusieurs méfaits et crimes dans les environs de la ville.

    Il y eut une nouvelle alerte en 1387, époque à laquelle plusieurs bandes anglo-gasconnes exercèrent leurs déprédations dans les châtellenies de Perreux et de Lay.

    Au déclin du XI V° siècle de château de Perreux devint une demeure princière et servit de résidence à Edouard II, dernier sire de Beaujeu qui, en 1400, fit don du Beaujolais au duc de Bourbon.

    Les campagnes de Jeanne d’Arc rejetèrent les Anglais vers le nord de <st1:PersonName productid="la France" w:st="on">la France</st1:PersonName> et donnèrent la tranquillité aux provinces du Centre. Toutefois, ce ne fut pas pour longtemps, car quelques mois après sa mort, il se forma dans cette région plusieurs bandes et compagnies qui sous les, noms variés vécurent sur le pays et se livrèrent au brigandage.

    A la fin de 1436, des bandes d’écorcheurs venant de Franche-Comté traversèrent <st1:PersonName productid="la Bourgogne" w:st="on">la Bourgogne</st1:PersonName> et parurent en Beaujolais. Pendant six ans la région fut livrée à ces bandes. Le duc de  Bourgogne et le gouverneur du pays envoyèrent bien des troupes pour le protéger, mais presque toujours ces troupes arrivèrent trop tard, lorsque l’ennemi avait disparu, après avoir tout pillé et saccagé sur son passage.

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