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    L’inauguration à L’Hôpital-sur-Rhins<o:p></o:p>

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    Les contes des Bords du Rhins<o:p></o:p>

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    « M. le Député, M. le Maire, Mesdames, Messieurs ». Sur l’estrade dressée place de la gare, le préfet du département, représentant le Premier Ministre, empêché, inaugurait, ce jour-là l’Hôtel de Ville flambant neuf de l’Hôpital-sur-Rhins. « L’affaire » car s’en était une, avait commencé deux années auparavant lorsqu’un mouvement séparatiste s’était constituait pour secouer le joug de Saint-Cyr-de-Favières que d’aucuns n’hésitaient pas à comparer à celui d’une puissance coloniale. Partie d’un simple canular monté par trois gais lurons : José, de Chavalon, Antoine, du Bourg, et  Philippe que l’on était aller mobiliser à la Côte Maréchal.

    L’histoire avait prit corps et, en quelques mois, il avait fallu faire face à un nombre inattendu d’adhérents et mettre sur pied un véritable programme d’action. Lorsque la municipalité en titre eut vent de l’entreprise, son premier réflexe fut d’en rire : jamais de l’avis même des anciens, ne s’était manifestée la moindre tentative de sécession et les élus de l’Hôpital siégeaient toujours au Conseil en parfaite harmonie avec leurs homologues de Saint-Cyr. Bien sûr, et c’était de bonne guerre, les uns et les autres défendaient avec conviction ce qu’ils considéraient comme leurs droits et le ton des discussions atteignait parfois la côte d’alerte mais tout rentrait rapidement dans l’ordre et les réunions se terminaient généralement au mieux des intérêts de la commune et le plus souvent au café de « Chante Alouette ».

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    Quand il s’avéra que la question était plus sérieuse qu’il n’avait paru tout d’abord, des camps se formèrent et chacun s’efforça de contrôler ses troupes et de trouver des arguments pour défendre sa cause. Pour l’Hôpital le problème était simple : agglomération en voie d’expansion, sise à la fois sur la Nationale 7 et sur la ligne Lyon-Nantes, elle se considérait désormais comme majeure et rejetait toute espèce de tutelle. Pour Saint-Cyr il y avait le poids de la tradition, le désir de conserver cette « ouverture » sur les grands axes de circulation et le droit à la reconnaissance pour tous les sacrifices, consentis jusqu’à ce jour au bénéfice de la fraction rebelle. De conciliabules en réunions conciliatoires, on en vint à la rupture totale et il fallu faire appel aux instances supérieures pour essayer de trouver une issue à la crise. La Sous-Préfecture de Roanne fut rapidement débordée et mise hors d’état de se prononcer dans un sens ou dans l’autre. A Saint-Etienne… le Roannais… bref, on pria les plaideurs d’en référer au Ministère compétent.

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    Vue de Paris, la querelle entre Saint-Cyr-de-Favières et l’Hôpital-sur-Rhins tenait tout au plus du folklore et l’on évoquait « Clochemerle ». Mais, comme à la belle saison les parisiens adorent la campagne, on décida d’envoyer sur place une commission ad hoc et d’attendre son rapport avant de statuer définitivement sur la question.

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    Et c’est ainsi qu’un matin de juin, sur le coup de midi, quatre parlementaires, représentant les quatre grands partis nationaux, se retrouvèrent chez « Troisgros » pour se familiariser avec la « cuisine » locale au sens très large du terme. Comme il fallait s’y attendre, on était, certes, beaucoup plus gai au dessert qu’on ne l’était à l’apéritif, mais on n’en était pas plus avancé pour autant. Dans l’euphorie du dernier quart d’heure, lorsque l’on eut porté de multiples  toasts à la paix universelle, on parla d’abondance de subventions et l’on en resta là.

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    Entre temps, les « Hospitaliers » n’étaient pas demeurés inactifs et les travaux d’approche en vue de la construction de l’Hôtel de Ville avaient été menés rondement : si bien que tout fut prêt pour recevoir les crédits annoncés lorsque ces derniers, par des chemins tortueux, parvinrent sur le bureau de M. le Maire de Saint-Cyr

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    Il fallu donc se réunir rapidement entre adversaires pour partager le « gâteau » et par la même occasion trouvé une issue valable à un conflit qui n’avait que trop duré. Après maints tiraillements et après avoir consulté les populations intéressées par sondage, il fut décidé que Saint-Cyr-de-Favières conservait la maîtrise de la commune mais que dorénavant le Conseil Municipal et les services siègeraient au nouveau Hôtel de Ville édifié à l’Hôpital-sur-Rhins.

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    Ainsi fut fait ; et c’est pourquoi en ce jour de réconciliation générale, M. le Préfet du département de la Loire, représentant M. le Premier Ministre empêché, développait dans l’indifférence intellectuelle générale qui préside ce genre de manifestation, des thèmes d’une grande élévation de pensée. A la tribune d’honneur, quelques têtes chenues oscillaient d’avant en arrière sous l’effet conjugué d’une chaleur estivale émolliente et d’une allocution officielle qui ne l’était pas moins. Dans la foule particulièrement dense du côté de la buvette, entre les majorettes de Balbigny et la fanfare de Saint-Just-en Chevalet

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    Nos trois lurons à l’origine du canular, souriaient. Avaient-ils vraiment désiré tout cela ? C’est peu probable ; mais qu’importe, après tout, puisque par leur initiative, aussi discutable fût-elle, l’Hôpital-sur-Rhins se voyait doté d’un magnifique monument  qui venait enrichir, fort opportunément et par voie de conséquence, un patrimoine national que le reste du monde nous envie.

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                                                                                                          Léo MIQUEL (1982)


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    CHEZ MICHELIN<o:p></o:p>

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    Tous ses amis savaient que le fantaisiste Fernand Reynaud abhorrait les établissements Michelin, pieuvre aux tentacules multiples  qui régissait Clermont-Ferrand. On sait moins que l’arrivée du Bibendum à Roanne ne se fit pas toute seule. Grâce aux efforts du maire M. Paul Pillet et surtout de monsieur Pierre Basset (§) de la Chambre de Commerce, qui mena d âpres et longues négociations ; l’usine de pneus s’installa finalement chez nous.

    Vous trouverez ci-dessous un article paru dans le journal « L’HUMANITE » en date du 30 juillet 1928. Nous ne connaissons pas le nom de l’auteur qui a signe seulement M.H. sans doute par suite de représailles possibles.


    PHILANTHROPIE RATIONALISEE<o:p></o:p>

    L’ « usine modèle » du « bon patron Michelin », n’est qu’un bagne, des salaires de famine, aucune protection contre les accidents, amendes en cascade…

    Les trompettes de la renommées ont apprit à la terre toute entière non seulement que les pneus Michelin sont les plus solides de l’univers, mais aussi que Michelin est le meilleur patron dans le meilleur des mondes, que la firme qu’il dirige à Clermont-Ferrand est un paradis pour les ouvriers, le dernier cri du confort et du bien être pour les salariés.

    Des ouvriers étant accourus dans la « boite » et s’étant  pris, comme mouches au miel, à l’appât de promesses mirobolantes, il convenait aux exploités de chez Michelin de remettre les choses au point en dégonflant…le pneu de la « philanthropie » de ce « bon M. Michelin ».

    Ils prennent la parole aujourd’hui. Ils vont dire comment les choses se passent dans les usines de Clermont-Ferrand. Ce que la renommée bourgeoise vante comme un paradis industriel ressemble davantage à un bagne.


    COMMENT MICHELIN EMBAUCHE<o:p></o:p>

    L’embauche est conditionnée par les qualités supérieures, d’ouvrier, du postulant, sa capacité au rendement.

    D’abord il faut signer un contrat qui lie absolument l’ouvrier à la boîte.

    Ensuite trois épreuves vous attendent :

    • Une épreuve de force et de résistance
    • Une de réflexe consistant dans le triage d’écrous dans le minimum de temps
    • L’examen du degré d’instruction.

    Selon la force et l’intelligence dont ils font preuve, les candidats sont employés comme : manœuvres, manœuvres spécialisés ou spécialistes ; mais seulement après avoir passé la visite médicale du médecin de la compagnie. Celui-ci diagnostique bien souvent « une faiblesse des tissus » du postulant. Qui peut jouer plus tard au  détriment de l’ouvrier, s’il a le malheur d’attraper pendant son travail « un effort » ou une hernie.

    Si celui-ci fait  appel au tribunal de Clermont, auquel le contrat l’oblige de s’adresser, il lui sera démontré que la justice et la médecine du travail ne peuvent que rendre hommage à la philanthropie désintéressée de M. Michelin , en déboutant l’ouvrier de sa réclamation.


    LES SALAIRES QU’IL OFFRE<o:p></o:p>

    Ce bon « monsieur Michelin » connaît l’art de diviser pour mieux exploiter. Le personnel est divisé en trois catégories :

    • Les simples manœuvres « bonnes à tout faire » touchent <st1:metricconverter productid="1,50 F" w:st="on">1,50 F</st1:metricconverter> de l’heure plus <st1:metricconverter productid="2,80 F" w:st="on">2,80 F</st1:metricconverter> de vie chère par jour.
    • Les manœuvres spécialisés sont payés 34 et <st1:metricconverter productid="36 F" w:st="on">36 F</st1:metricconverter> par jour
    • Quand aux spécialistes « aristocratisés » par Michelin, comptant de 1200 à 1500 ouvriers sur 15 000, ils gagnent de 40 à 50 F ;

    Ses spécialistes n’ont pas la vie belle cependant, ils marchent rationalisés au chronomètre.

    Un temps type étant exécuté par un étalon, suit le temps de travail plus ou moins rapproché du modèle, l’ouvrier sera plus ou moins payé sans que jamais les salaires augmentent en proportion  de la production et du prix de revient économisé par le patron.


    LE DANGEREUX TRAVAIL DES GOMMES<o:p></o:p>

    Le service Z est celui de la préparation des gommes qui sont lavées, déchiquetées et mélangées aux autres ingrédients nécessaires pour donner au  caoutchouc, sa résistance. Travail insalubre à cause de l’odeur qui s’échappe des mélanges. Travail dangereux source d’accidents car les machines sont basses et sans protection et le parquet non content d’être incliné, est ruisselant d’eau savonneuse.

    Dernièrement un contremaître glisse, essaie de se raccrocher , et prise dans l’engrenage, sa main est affreusement mutilée. Ne voila-t-il pas que la « philanthropique » direction interroge le chef de service pour savoir si l’ouvrier « n’était pas saoul » au moment de sa chute.

    Les femmes qui travaillent nombreuses dans ce service, sont obligées de manger avec les mains sales de cambouis pour ne « pas perdre de temps » et elles jouissent encore grâce à la « bonté » du patron, pendant le casse-croûte, du parfum des water-closets installés dans l’atelier même, ainsi que le veulent les exigences de la rationalisation.

    Ici on confectionne le pneu. Les manœuvres voient souvent leurs mains prises dans les cylindres, qui servent à étirer les gommes et que la prévoyance patronale a oublié de munir d’appareils préservateurs. Une fois coupées et transformées par les procédés secrets du patron, les feuilles de caoutchouc passent à la cuisson, dans des chambres à air réfractaires à la chaleur

    Pour arracher de ces chambres du pneu chauffé de 100 à 110 degrés, les manœuvres, qui ne sont préservés qu’insuffisamment par une espèce de pâte, se brûlent souvent ; en moyenne 2 à 300 ouvriers chaque année  envoyés à l’assurance pour leurs brûlures, ont appris à connaître la divine sollicitude de M. Michelin qui n’a pas les « moyens » de protéger ses ouvriers.

    Le progrès de la production est la rançon des souffrances des producteurs.

    En 1924 : 50 ouvriers sortaient 5 à 32 pneus par jour. En 1928 : 18 ouvriers sortent 644 pneus par jour. En 1924 les ouvriers gagnaient 30 à 35 Francs, maintenant 35 à 36 Francs : Philanthropie rationalisée.


    DEBOUT SANS CESSE ET GARE AUX AMENDES<o:p></o:p>

    La fabrication de chambre à air pour vélo est confiée aux femmes. Le tube caoutchouc fabriqué par une machine à trois vitesses appelée « chieuse » est amené sur la table où il est coupé, valvé, manchonné par les ouvrières qui travaillent debout, sans aucun siège pour se reposer.

    Dans le même service, une femme est obligée de surveiller et d’alimenter huit presses à déclanchement automatique. Si elle se met en retard, les amendes pleuvent. Mais ce service à produit en 1924, un excédent de 2 500  pneus avec un personnel réduit, et c’est ce qui seulement importe en un rationalisant philanthropique.

    Michelin achète la marchandise travail, il la transforme en machine à profit à laquelle il veut donner le maximum de rendement sans égards pour les besoins de l’ « animal humain ».

    Surmenages, brûlures, accidents, mutilations sont les conséquences de l’absence d’hygiène, d’appareils de protections, de sécurité, du travail intensif.

    La chaîne humaine broyée passe à l’assurance. Ça fait partie des frais généraux. Ce qui compte, c’est la plus value, les superprofits. Le temps c’est de l’argent.

    Voilà  Michelin déshabillé de son pardessus philanthropique.

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    (§) Historien bien connu de Roanne, discret, trop tôt disparu. A 18 ans, jeune résistant, il a « sauvé » le trésor des maquisards au Combat du Gué de la Chaux.




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    Recette  de la « Gravirotte » pour les « Jeunes mariés » :<o:p></o:p>

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    Dans un «  vase de nuit rond » dont un gros œil dessiné illustre le fond : après les avoir enrobés de chocolat fondu, déposer dans ce récipient, deux ou trois biscuits à la cuillère  ou boudoirs plus une banane pelée coupée en deux arroser le tout de quelques verres de Champagne ou de vin blanc pour terminer le décors une ou deux feuilles de papier hygiénique seront les bienvenues.

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    FOLKORE ET LEGENDES DU FOREZ<o:p>
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    Situer le folklore du Forez n’est pas chose facile. Le voyageur qui a parcouru diverses régions de la France, du Pays basque à l’Auvergne, en passant par la Gascogne, le Quercy et le Rouergue, a remarqué dans chacune d’elles des us et coutumes, parfois même des costumes caractéristiques. Mais lorsqu’il arrive au cœur de notre région. Il ne voit plus aucune couleur locale, il traverse les villages dont les maisons lui paraissent d’un modèle classique, il rencontre des paysans vêtus comme les citadins, il peut en déduire que le Folklore du Forez a disparu ou même n’a jamais existé. 

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    Il n’en est rien cependant. Pour découvrir toutes les richesses folkloriques de notre province, il ne suffit pas de la traverser et de faire des observations superficielles ; il faut s’arrêter dans les principaux centres ruraux, y séjourner et conquérir la confiance de ses habitants. Le voyageur qui va ainsi de place en place, ne tarde pas à trouver des différences, parfois même des divergences dans les us et coutumes ainsi que dans les arts et traditions populaires. Il lui est ainsi confirmé  que ce que nous appelons le.Forez n’est qu’une partie seulement du département de la Loire dont elle occupe le centre et la partie Sud-Ouest, tandis que, au Nord-Ouest se situe le Roannais, au Nord-Est l’ancien Beaujolais et au Sud-Est le Jarez.

    Les divisions qui viennent  d’être énumérées sont celle que nous enseigne l’histoire et, dans ces diverses régions, le Folkloriste découvre le plus souvent une diversité de coutumes ou de manières de vivre. C’est ce qu’une  brève étude de l’habitation paysanne, des costumes, des chants et des danses, des âges de la vie, des croyances et des légendes va nous démontrer.

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    Habitations paysannes<o:p></o:p>

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    Dans la partie du Forez et du Jarez, les bâtiments d’habitation et de culture sont entourés de murs dans une cour fermée par un portail. Il faut voir là la nécessité qu’ont eue les paysans à se défendre contre les assaillants et les pillards. Lorsqu’on remonte au Nord du département en Roannais et Beaujolais, les cours deviennent ouvertes, les bâtiments sont séparés les uns des autres.

    Il y a lieu de remarquer que dans tout le département les toits sont plats à tuiles creuses, dites romaines. Celles-ci sont remplacées peu à peu par des tuiles mécaniques plus légères et d’un meilleur usage. Dans toute la France  on trouve de vastes zones de toitures à tuiles romaines.

    Ce sont les pays de langue d’oc. Tout au Nord du département, à l’extrême limite du Roannais, commence une zone de toits à combles aigus couverts de tuiles plates. Dans cette zone nous pénétrons dans le pays de langue d’oïl.

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    Costumes, chants et danses<o:p></o:p>

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    Dans notre province, il n’y a jamais eu de costume régional bien caractérisés, ni pour les hommes, ni pour les femmes, comme on en trouve par exemple en pays en pays d’Arles ou en Bretagne. Au début du XIX° siècle, les femmes portaient, le dimanche et les jours de fêtes, une jupe de couleur vive ; un mouchoir à ramage passé sur les épaules étaient retenu devant par le tablier. Elles étaient coiffées d’un bonnet de linon. Il faut bien noter que ce costume était variable suivant  les régions ; dans celles avoisinant l’Auvergne les femmes étaient vêtues comme les Auvergnates, et dans celles du Nord du département rapprochées du Bourbonnais elles étaient vêtues comme les Bourbonnaises et portaient le chapeau dit « à deux bonjours », relevé par devant et par derrière. 

    Les hommes étaient généralement vêtus de noir et portaient une blouse bleue et un grand chapeau de feutre. Nous en avons rencontré, ainsi vêtus, aux foires et dans les fêtes villageoises. Au début du XIX° siècle, dans le Forez et dans le Haut Forez, les hommes portaient un costumes éclatant. Un vieux rigodon dit :

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    « La vesta roudza, lo dzile blan,

    « Acoue la modo dau paysan »

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    En Roannais et dans l’ancien Beaujolais les hommes étaient vêtus de noir, mais portaient les jours de fête, un gilet en soie brochée ou en velours de couleur.

    Dans nos régions, rien de caractéristique pour les chants et les danses inspirés des régions avoisinantes, le Velay, l’Auvergne, le Bourbonnais. Seule, la chanson stéphanoise est restée typique : son histoire à été écrite en 1906 par J.-F. Gonon, chansonnier à Saint-Etienne. On y retrouve la célèbre « Merluroun » :

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    « Qu’una fêta vou’é-t-ou dzima ?

    « La merluroun, la marlura,

    « Vou’e la fêta de lous banas

    « Ha ! merluroun, lurette,

    « Ha ! merluroun lura »

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    Les âges de la vie<o:p></o:p>

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    Ce sont les coutumes que l’on peut observer du berceau à la tombe, de la naissance aux funérailles en passant par le mariage. A la naissance sont liées de nombreuses superstitions : les femmes enceintes doivent craindre de rencontrer des bêtes monstrueuses ou même simplement des individus laids, si elles veulent avoir de beaux enfants. Dans quelques villages, il y a 50 ans, on trouvait encore, pour mettre les enfants au monde, des matrones non munies de diplômes, mais dont l’expérience était reconnu. Puis peu à peu, les sages-femmes diplômées furent accréditées. Actuellement, on va chercher un médecin accoucheur.

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    La matrone ou la sage-femme porte le bébé, le jour du baptême, sur le trajet de la maison à l’église et le remet au parrain au moment de la cérémonie. Le parrain et la marraine tiennent ensemble un cierge pendant que le prêtre baptise l’enfant. A la sortie de l’église, avant la guerre de 39-40, les gamins du village étaient massés devant le porche de l’église et attendaient qu’on leur jette des dragées. S’ils estimaient que le parrain ou la marraine avaient été trop parcimonieux, ils lançaient l’anathème sur le bébé en criant : «  Il crèvera ». Si au contraire les dragées étaient jetées en abondance, ils criaient : « Il vivra ». Cette coutume, très courante en Forez et dans le Jarez, est presque inconnue, ou du moins rare en Roannais et dans l’ancien Beaujolais.

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    La jeune mère ne devait pas reprendre sa vie normale sans avoir fait ses « relevailles » purificatrices. Elle apportait à l’église un gros pain que le prêtre bénissait ; elle en distribuait ensuite les morceaux à ses amies pour qu’à leur tour elles deviennent mères.

    Celles-ci venaient chercher le « croûton ».

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    Les coutumes du mariage sont plus significatives. C’est incontestablement dans les pays de montagneux du Forez et du Haut Forez que les vieilles traditions s’étaient le mieux conservées avant la guerre. Le matin de la noce, on allait encore en cortège chercher la marié au domicile de ses parents. Le marié était absent, mais il déléguait ses garçons d’honneur « les chausseurs » qui devaient simuler le rapt de sa future femme et l’emmener en grand arroi, flanquée de ses gardes du corps parmi lesquels figuraient « les poulaillers » portant au poing des volailles vivantes et caquetantes. Les cortèges étaient arrêtés en cours de route par des barrages. La cérémonie religieuse avait lieu ; après quoi on faisait le banquet pantagruélique, puis le bal. Tout le village y assistait. Les mariés n’étaient jamais laissés en paix, même durant leur nuit de noces où ils étaient surpris par des lurons et luronnes qui leur apportaient en principe dans  un breuvage dit « la Rôtie » dans la région stéphanoise et « la Gravirotte » dans le Roannais.

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    Mais ces jours de liesse prennent fin et l’on se sépare. On plaisante une dernière fois :

    « Retirez-vous gens de la noce – Retirez-vous car il est jour.

    « Nous avons marié nos filles – Nous n’avons plus besoin de vous. »

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    Les parents et les amis vont reprendre leur labeur habituel ; des circonstances heureuses ou tristes, les réuniront de nouveau, notamment celles des funérailles qui, dans les campagnes, revêtent encore maintenant un caractère particulier, dévoilant nos origine latines.

    La mort d’un habitant affecte tous les membres d’une même commune. L’un deux vient-il à décéder le glas sonne à intervalle régulier et annonce la nouvelle tout à la ronde. A la veillée funèbre viennent assister les voisins et voisines. Il y a une cinquantaine d’années l’on mettait dans la main ou dans la bouche du mort un sou pour son entrée au paradis ou bien pour la dîme à payer au sinistre batelier des enfers

    Actuellement encore il arrive que l’on place dans le cercueil les objets favoris du défunt, sa canne ou sa pipe, une bouteille de vin ou d’eau-de-vie. Dans les coins reculés des montagnes, quatre hommes portent le cercueil sur une civière, un « bayard », la famille et les amis suivent en poussant des lamentations et en exprimant des regrets déchirants. C’est, n’en doutons pas, un souvenir des pleureuses à gages de l’antiquité.

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    Voici brièvement résumée la vie des paysans dans nos régions du département de la Loire ; certes, elle est pénible et fatigante, le cultivateur fait de rudes efforts pour assurer sa subsistance et la nôtre, mais il est heureux et joyeux, vivant en pleine nature, il s’y exalte : c’est un homme robuste et sain.

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    Les paysans on un sens communautaire très développé, soit qu’ils habitent dans une agglomération au bourg, ou dans un hameau, soit qu’ils vivent dans une ferme isolée, les relations de voisinage sont très suivies. Des clans se forment, des amitiés naissent ou bien, au contraire, des rivalités et des haines, mais en cas de danger, les voisins s’entr’aident toujours. Qu’un incendie éclate ou que la ferme soit attaquée, tous les gens du voisinage accourent et viennent prêter main-forte.

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    C’est entre voisins que se passent les veillées, ces réjouissances de la fin de l’automne et du début de l’hiver. Jusqu’avant la deuxième guerre mondiale, des l’approche de la mauvaise saison, on se réunissaient la nuit venue, l’on racontait les potins du canton, l’on dansait et festoyait, les vieux cherchaient dans leurs souvenirs les légendes du passé, on faisait des contes.

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    Contes et légendes<o:p></o:p>

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    Comme dans toute la France et dans le monde entier, les légendes sont l’émanation même du Folklore, aussi, vont-elles être évoquées ici pour terminer cette courte étude. Généralement dans ces contes et légendes le diable intervient ouvertement, ou bien l’on devine une influence démoniaque. Satan s’attaque aux Saints et aux Saintes qui toujours triomphent de lui. Il y a les contes et légendes de la Sainte-Vierge, il y a ceux des apparitions, des revenants. Les plus beaux contes sont ceux de Noël : songez que pendant la nuit de Noël, la terre s’entr’ouvre et laisse voir le spectacle éblouissant des trésors accumulés aux cours des siècles. Ce ne sont que gemmes et pierreries, pièces d’or et pièces d’argent, mais malheur à qui ose s’approcher pour s’en saisir. L’imprudent est irrémédiablement entraîné dans le gouffre qui se referme sur lui. Dans maints villages on cite le cas d’individus qui sont mystérieusement disparu la nuit de Noël et que l’on  n’a jamais revus.

    Durant la nuit de Noël les animaux dans les étables se mettent à parler le langage des hommes, aussi doit-on leur donner double ration, pour prolonger leur repas et éviter les complots qu’ils pourraient former pour tuer leur maître.

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    Je ne saurais taire ici les noms des Folkloristes qui ont recueilli les contes et légendes de nos régions. Ce furent au siècle dernier Noelas et Louis-Pierre Gras, ce sont à notre époque contemporaine Mathieu Varille et Marguerite Gonon. Puissent-ils, avant qu’il ne soit trop tard, continuer à parcourir nos contrées pour questionner les vieillards et obtenir d’eux le récit de nouveaux contes et légendes, touchants témoignages de la foi ou des superstitions de nos ancêtres. Avant qu’il ne soit trop tard, car bientôt, ces traditions orales ne se transmettront plus et le Folkloriste devra se borner à l’étude des coutumes locales.

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       P. FORTIER-BEAULIEU  (Vice-président de la Société Française du Folkore)<o:p></o:p>

        Article tiré de l’ouvrage  Loire  les documents de France  (vers 1952).<o:p></o:p>

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    En gare de … REGNY<o:p></o:p>

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    Les contes des Bords du Rhins<o:p>
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    Félicien Le Pecq arrivé au terme d’une carrière honnêtement remplie. Encore quelques mois à exercer les fonctions de chef de gare et puis ce serait la retraite qu’il attendait sans hâte et qu’il accepterait sans regret. C’est en prévision de son prochain départ de la vie « active » qu’il s’était fait construire un pavillon dans le style du pays sur les coteaux ensoleillés qui dominent Saint-Victor ; de son belvédère, il pourrait encore voir passer les trains.

    Mais pour l’heure, il était là, depuis bientôt cinq ans dans cette gare de Régny coincée entre deux tunnels. Ce n’est pas qu’il en ressentît quelque amertume, non. Il s’était fait à ce paysage un peu étriqué et les responsabilités qui étaient les siennes lui faisaient oublier qu’au delà des voies de garage la colline limitait brusquement son horizon.

    Ce qui le chagrinait bien autrement, mais cela il n’osait guère s’en ouvrir autour de lui,  c’était la circulation des trains en elle-même. Il n’avait jamais pu se faire à l’idée que seules, ce qu’il appelait « les pataches » devaient s’arrêter devant son bureau alors que les rapides brûlaient irrémédiablement la station ; même les simples, trains de marchandises, s’ils passaient à une allure moindre, ne marquaient aucun temps de ralentissement : la voie, pour eux également, devait toujours être libre. Et il ressentait cela dans son fort intérieur comme une sorte d’injustice en dépit d’une conscience professionnelle qui lui rappelait sans cesse l’inanité d’une telle attitude. Tout de même, il lui était pénible certains jours, d’analyser la situation avec toute l’objectivité requise : cette ligne Lyon - Nantes qui le reliait imparfaitement à sa Bretagne natale semblait lui faire des infidélités dont la proximité de la retraite amplifiait encore la résonance. Oh ! Il avait bien songé parfois… mais non, c’eût été trop bête de briser une carrière honorable par un acte inconsidéré ; mais il n’en espérait pas moins qu’un jour… peut-être le sort le favoriserait.

    Et c’est en effet, ce qui se produisit, ce matin du 2 juillet dont il se souviendrait le restant de sa vie.

    Il était un peu plus de douze heures lorsque la sonnerie du téléphone retentit : un wagon de marchandises, par suite d’une fausse manoeuvre, s’était  couché sur la voie en gare d’Amplepuis bloquant ainsi la circulation dans les deux sens pour un temps indéterminé. Il fallait donc stopper d’urgence le Nantes – Lyon de 12 h 15 en gare de Régny ; le rêve se matérialisait. Docile mais surpris, le long convoi s’immobilisa dès que Félicien le Pecq eût mis en place les signaux réglementaires et, aussitôt, les questions fusèrent de toutes parts…

    Non ce n’était pas lui bien sur, qui avait pris  cette initiative ; et d’expliquer patiemment, mais avec une satisfaction évidente dans le regard, la cause fortuite de cet arrêt imprévu.

    Au  bout d’un quart d’heure d’attente, les voyageurs commencèrent à descendre des voitures et à s’égailler sur les quais en quête d’informations plus précises. Félicien allait de l’un à l’autre, souriant, détendu, tantôt rassurant les inquiets, tantôt déplorant sans conviction les désagréments d’un retard aussi long.

    Lorsqu’il fût à peu près  certain que la circulation ne serait pas rétablie avant une heure, au moins, l’on installa de-ci de-là pour pique- niquer tandis que la voiture-restaurant activait ses fourneaux pour satisfaire une demande « intérieure » tout aussi pressante. Certes, on vit bien quelques grincheux interpeller vertement le contrôleur, jeter l’anathème sur <st1:PersonName productid="la S.N" w:st="on">la S.N</st1:PersonName>.C.F. in capable d’assurer correctement un service public mais dans l’ensemble, la patience prévalut et comme le soleil brillait sur fond d’azur, les visages peu à peu se détendirent et chacun prit l’affaire avec philosophie.

    Félicien Le Pecq, lui était aux anges. Sa gare, qui d’ordinaire ne voyait passer que les rares voyageurs du pays, était inondée d’une foule bigarrée et bruyante ; c’était un départ de vacances, à l’image des stations réputées de montagne ou du bord de la mer. Sur les quais, c’était la kermesse ; un groupe de Marseillais s’était installé près des toilettes et avait commencé une partie de pétanque tandis que les enfants jouaient à la marelle devant le dépôt des marchandises. On vit même un correspondant du journal régional prendre une photo pour immortaliser l’évènement.

    Il était 13 h 15 lorsque le téléphone retentit pour annoncer qu’à nouveau la voie était libre. Le mécanicien aussitôt prévenu actionna son sifflet et le contrôleur s’activa à faire monter des voyageurs dont certains, manifestement, n’étaient déjà plus tellement pressés de partir. Félicien Le Pecq ne fit rien pour faciliter la tâche de son collègue : il flânait, triomphant, serrant quelques mains au passage, regardant se vider petit à petit sa gare avec la satisfaction d’un homme marqué par un grand destin.

    Quand la lanterne rouge eût disparu dans le tunnel,  vers l’Orient, Félicien ramassa quelques papiers qui traînaient suer le quai puis il s’enferma dans son bureau. Il était seul. La merveilleuse aventure se terminait mais elle avait racheté en une heure plusieurs années de dépit. Son espoir fou était devenu une réalité salvatrice dans laquelle il venait de se plonger corps et âme et dont il jouirait longtemps encore rétrospectivement. Oui, il pouvait maintenant sans regret prendre sa retraite, sa vie professionnelle avait reçu, ce jour-là, à ses yeux, le plus beau des couronnements.

                                                                                              Léo MIQUEL (1982)

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