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Linauguration à LHôpital-sur-Rhins<o:p></o:p>
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Les contes des Bords du Rhins<o:p></o:p>
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« M. le Député, M. le Maire, Mesdames, Messieurs ». Sur lestrade dressée place de la gare, le préfet du département, représentant le Premier Ministre, empêché, inaugurait, ce jour-là lHôtel de Ville flambant neuf de lHôpital-sur-Rhins. « Laffaire » car sen était une, avait commencé deux années auparavant lorsquun mouvement séparatiste sétait constituait pour secouer le joug de Saint-Cyr-de-Favières que daucuns nhésitaient pas à comparer à celui dune puissance coloniale. Partie dun simple canular monté par trois gais lurons : José, de Chavalon, Antoine, du Bourg, et Philippe que lon était aller mobiliser à la Côte Maréchal.
Lhistoire avait prit corps et, en quelques mois, il avait fallu faire face à un nombre inattendu dadhérents et mettre sur pied un véritable programme daction. Lorsque la municipalité en titre eut vent de lentreprise, son premier réflexe fut den rire : jamais de lavis même des anciens, ne sétait manifestée la moindre tentative de sécession et les élus de lHôpital siégeaient toujours au Conseil en parfaite harmonie avec leurs homologues de Saint-Cyr. Bien sûr, et cétait de bonne guerre, les uns et les autres défendaient avec conviction ce quils considéraient comme leurs droits et le ton des discussions atteignait parfois la côte dalerte mais tout rentrait rapidement dans lordre et les réunions se terminaient généralement au mieux des intérêts de la commune et le plus souvent au café de « Chante Alouette ».
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Quand il savéra que la question était plus sérieuse quil navait paru tout dabord, des camps se formèrent et chacun sefforça de contrôler ses troupes et de trouver des arguments pour défendre sa cause. Pour lHôpital le problème était simple : agglomération en voie dexpansion, sise à la fois sur la Nationale 7 et sur la ligne Lyon-Nantes, elle se considérait désormais comme majeure et rejetait toute espèce de tutelle. Pour Saint-Cyr il y avait le poids de la tradition, le désir de conserver cette « ouverture » sur les grands axes de circulation et le droit à la reconnaissance pour tous les sacrifices, consentis jusquà ce jour au bénéfice de la fraction rebelle. De conciliabules en réunions conciliatoires, on en vint à la rupture totale et il fallu faire appel aux instances supérieures pour essayer de trouver une issue à la crise. La Sous-Préfecture de Roanne fut rapidement débordée et mise hors détat de se prononcer dans un sens ou dans lautre. A Saint-Etienne le Roannais bref, on pria les plaideurs den référer au Ministère compétent.
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Vue de Paris, la querelle entre Saint-Cyr-de-Favières et lHôpital-sur-Rhins tenait tout au plus du folklore et lon évoquait « Clochemerle ». Mais, comme à la belle saison les parisiens adorent la campagne, on décida denvoyer sur place une commission ad hoc et dattendre son rapport avant de statuer définitivement sur la question.
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Et cest ainsi quun matin de juin, sur le coup de midi, quatre parlementaires, représentant les quatre grands partis nationaux, se retrouvèrent chez « Troisgros » pour se familiariser avec la « cuisine » locale au sens très large du terme. Comme il fallait sy attendre, on était, certes, beaucoup plus gai au dessert quon ne létait à lapéritif, mais on nen était pas plus avancé pour autant. Dans leuphorie du dernier quart dheure, lorsque lon eut porté de multiples toasts à la paix universelle, on parla dabondance de subventions et lon en resta là.
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Entre temps, les « Hospitaliers » nétaient pas demeurés inactifs et les travaux dapproche en vue de la construction de lHôtel de Ville avaient été menés rondement : si bien que tout fut prêt pour recevoir les crédits annoncés lorsque ces derniers, par des chemins tortueux, parvinrent sur le bureau de M. le Maire de Saint-Cyr
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Il fallu donc se réunir rapidement entre adversaires pour partager le « gâteau » et par la même occasion trouvé une issue valable à un conflit qui navait que trop duré. Après maints tiraillements et après avoir consulté les populations intéressées par sondage, il fut décidé que Saint-Cyr-de-Favières conservait la maîtrise de la commune mais que dorénavant le Conseil Municipal et les services siègeraient au nouveau Hôtel de Ville édifié à lHôpital-sur-Rhins.
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Ainsi fut fait ; et cest pourquoi en ce jour de réconciliation générale, M. le Préfet du département de la Loire, représentant M. le Premier Ministre empêché, développait dans lindifférence intellectuelle générale qui préside ce genre de manifestation, des thèmes dune grande élévation de pensée. A la tribune dhonneur, quelques têtes chenues oscillaient davant en arrière sous leffet conjugué dune chaleur estivale émolliente et dune allocution officielle qui ne létait pas moins. Dans la foule particulièrement dense du côté de la buvette, entre les majorettes de Balbigny et la fanfare de Saint-Just-en Chevalet
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Nos trois lurons à lorigine du canular, souriaient. Avaient-ils vraiment désiré tout cela ? Cest peu probable ; mais quimporte, après tout, puisque par leur initiative, aussi discutable fût-elle, lHôpital-sur-Rhins se voyait doté dun magnifique monument qui venait enrichir, fort opportunément et par voie de conséquence, un patrimoine national que le reste du monde nous envie.
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Léo MIQUEL (1982)
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CHEZ MICHELIN<o:p></o:p>
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Tous ses amis savaient que le fantaisiste Fernand Reynaud abhorrait les établissements Michelin, pieuvre aux tentacules multiples qui régissait Clermont-Ferrand. On sait moins que larrivée du Bibendum à Roanne ne se fit pas toute seule. Grâce aux efforts du maire M. Paul Pillet et surtout de monsieur Pierre Basset (§) de la Chambre de Commerce, qui mena d âpres et longues négociations ; lusine de pneus sinstalla finalement chez nous.
Vous trouverez ci-dessous un article paru dans le journal « LHUMANITE » en date du 30 juillet 1928. Nous ne connaissons pas le nom de lauteur qui a signe seulement M.H. sans doute par suite de représailles possibles.
PHILANTHROPIE RATIONALISEE<o:p></o:p>
L « usine modèle » du « bon patron Michelin », nest quun bagne, des salaires de famine, aucune protection contre les accidents, amendes en cascade
Les trompettes de la renommées ont apprit à la terre toute entière non seulement que les pneus Michelin sont les plus solides de lunivers, mais aussi que Michelin est le meilleur patron dans le meilleur des mondes, que la firme quil dirige à Clermont-Ferrand est un paradis pour les ouvriers, le dernier cri du confort et du bien être pour les salariés.
Des ouvriers étant accourus dans la « boite » et sétant pris, comme mouches au miel, à lappât de promesses mirobolantes, il convenait aux exploités de chez Michelin de remettre les choses au point en dégonflant le pneu de la « philanthropie » de ce « bon M. Michelin ».
Ils prennent la parole aujourdhui. Ils vont dire comment les choses se passent dans les usines de Clermont-Ferrand. Ce que la renommée bourgeoise vante comme un paradis industriel ressemble davantage à un bagne.
COMMENT MICHELIN EMBAUCHE<o:p></o:p>
Lembauche est conditionnée par les qualités supérieures, douvrier, du postulant, sa capacité au rendement.
Dabord il faut signer un contrat qui lie absolument louvrier à la boîte.
Ensuite trois épreuves vous attendent :
- Une épreuve de force et de résistance
- Une de réflexe consistant dans le triage décrous dans le minimum de temps
- Lexamen du degré dinstruction.
Selon la force et lintelligence dont ils font preuve, les candidats sont employés comme : manuvres, manuvres spécialisés ou spécialistes ; mais seulement après avoir passé la visite médicale du médecin de la compagnie. Celui-ci diagnostique bien souvent « une faiblesse des tissus » du postulant. Qui peut jouer plus tard au détriment de louvrier, sil a le malheur dattraper pendant son travail « un effort » ou une hernie.
Si celui-ci fait appel au tribunal de Clermont, auquel le contrat loblige de sadresser, il lui sera démontré que la justice et la médecine du travail ne peuvent que rendre hommage à la philanthropie désintéressée de M. Michelin , en déboutant louvrier de sa réclamation.
LES SALAIRES QUIL OFFRE<o:p></o:p>
Ce bon « monsieur Michelin » connaît lart de diviser pour mieux exploiter. Le personnel est divisé en trois catégories :
- Les simples manuvres « bonnes à tout faire » touchent <st1:metricconverter productid="1,50 F" w:st="on">1,50 F</st1:metricconverter> de lheure plus <st1:metricconverter productid="2,80 F" w:st="on">2,80 F</st1:metricconverter> de vie chère par jour.
- Les manuvres spécialisés sont payés 34 et <st1:metricconverter productid="36 F" w:st="on">36 F</st1:metricconverter> par jour
- Quand aux spécialistes « aristocratisés » par Michelin, comptant de 1200 à 1500 ouvriers sur 15 000, ils gagnent de 40 à 50 F ;
Ses spécialistes nont pas la vie belle cependant, ils marchent rationalisés au chronomètre.
Un temps type étant exécuté par un étalon, suit le temps de travail plus ou moins rapproché du modèle, louvrier sera plus ou moins payé sans que jamais les salaires augmentent en proportion de la production et du prix de revient économisé par le patron.
LE DANGEREUX TRAVAIL DES GOMMES<o:p></o:p>
Le service Z est celui de la préparation des gommes qui sont lavées, déchiquetées et mélangées aux autres ingrédients nécessaires pour donner au caoutchouc, sa résistance. Travail insalubre à cause de lodeur qui séchappe des mélanges. Travail dangereux source daccidents car les machines sont basses et sans protection et le parquet non content dêtre incliné, est ruisselant deau savonneuse.
Dernièrement un contremaître glisse, essaie de se raccrocher , et prise dans lengrenage, sa main est affreusement mutilée. Ne voila-t-il pas que la « philanthropique » direction interroge le chef de service pour savoir si louvrier « nétait pas saoul » au moment de sa chute.
Les femmes qui travaillent nombreuses dans ce service, sont obligées de manger avec les mains sales de cambouis pour ne « pas perdre de temps » et elles jouissent encore grâce à la « bonté » du patron, pendant le casse-croûte, du parfum des water-closets installés dans latelier même, ainsi que le veulent les exigences de la rationalisation.
Ici on confectionne le pneu. Les manuvres voient souvent leurs mains prises dans les cylindres, qui servent à étirer les gommes et que la prévoyance patronale a oublié de munir dappareils préservateurs. Une fois coupées et transformées par les procédés secrets du patron, les feuilles de caoutchouc passent à la cuisson, dans des chambres à air réfractaires à la chaleur
Pour arracher de ces chambres du pneu chauffé de 100 à 110 degrés, les manuvres, qui ne sont préservés quinsuffisamment par une espèce de pâte, se brûlent souvent ; en moyenne 2 à 300 ouvriers chaque année envoyés à lassurance pour leurs brûlures, ont appris à connaître la divine sollicitude de M. Michelin qui na pas les « moyens » de protéger ses ouvriers.
Le progrès de la production est la rançon des souffrances des producteurs.
En 1924 : 50 ouvriers sortaient 5 à 32 pneus par jour. En 1928 : 18 ouvriers sortent 644 pneus par jour. En 1924 les ouvriers gagnaient 30 à 35 Francs, maintenant 35 à 36 Francs : Philanthropie rationalisée.
DEBOUT SANS CESSE ET GARE AUX AMENDES<o:p></o:p>
La fabrication de chambre à air pour vélo est confiée aux femmes. Le tube caoutchouc fabriqué par une machine à trois vitesses appelée « chieuse » est amené sur la table où il est coupé, valvé, manchonné par les ouvrières qui travaillent debout, sans aucun siège pour se reposer.
Dans le même service, une femme est obligée de surveiller et dalimenter huit presses à déclanchement automatique. Si elle se met en retard, les amendes pleuvent. Mais ce service à produit en 1924, un excédent de 2 500 pneus avec un personnel réduit, et cest ce qui seulement importe en un rationalisant philanthropique.
Michelin achète la marchandise travail, il la transforme en machine à profit à laquelle il veut donner le maximum de rendement sans égards pour les besoins de l « animal humain ».
Surmenages, brûlures, accidents, mutilations sont les conséquences de labsence dhygiène, dappareils de protections, de sécurité, du travail intensif.
La chaîne humaine broyée passe à lassurance. Ça fait partie des frais généraux. Ce qui compte, cest la plus value, les superprofits. Le temps cest de largent.
Voilà Michelin déshabillé de son pardessus philanthropique.
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(§) Historien bien connu de Roanne, discret, trop tôt disparu. A 18 ans, jeune résistant, il a « sauvé » le trésor des maquisards au Combat du Gué de la Chaux.
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Recette de la « Gravirotte » pour les « Jeunes mariés » :<o:p></o:p>
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Dans un « vase de nuit rond » dont un gros il dessiné illustre le fond : après les avoir enrobés de chocolat fondu, déposer dans ce récipient, deux ou trois biscuits à la cuillère ou boudoirs plus une banane pelée coupée en deux arroser le tout de quelques verres de Champagne ou de vin blanc pour terminer le décors une ou deux feuilles de papier hygiénique seront les bienvenues.
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</o:p>FOLKORE ET LEGENDES DU FOREZ<o:p>
</o:p>Situer le folklore du Forez nest pas chose facile. Le voyageur qui a parcouru diverses régions de la France, du Pays basque à lAuvergne, en passant par la Gascogne, le Quercy et le Rouergue, a remarqué dans chacune delles des us et coutumes, parfois même des costumes caractéristiques. Mais lorsquil arrive au cur de notre région. Il ne voit plus aucune couleur locale, il traverse les villages dont les maisons lui paraissent dun modèle classique, il rencontre des paysans vêtus comme les citadins, il peut en déduire que le Folklore du Forez a disparu ou même na jamais existé.
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Il nen est rien cependant. Pour découvrir toutes les richesses folkloriques de notre province, il ne suffit pas de la traverser et de faire des observations superficielles ; il faut sarrêter dans les principaux centres ruraux, y séjourner et conquérir la confiance de ses habitants. Le voyageur qui va ainsi de place en place, ne tarde pas à trouver des différences, parfois même des divergences dans les us et coutumes ainsi que dans les arts et traditions populaires. Il lui est ainsi confirmé que ce que nous appelons le.Forez nest quune partie seulement du département de la Loire dont elle occupe le centre et la partie Sud-Ouest, tandis que, au Nord-Ouest se situe le Roannais, au Nord-Est lancien Beaujolais et au Sud-Est le Jarez.
Les divisions qui viennent dêtre énumérées sont celle que nous enseigne lhistoire et, dans ces diverses régions, le Folkloriste découvre le plus souvent une diversité de coutumes ou de manières de vivre. Cest ce quune brève étude de lhabitation paysanne, des costumes, des chants et des danses, des âges de la vie, des croyances et des légendes va nous démontrer.
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Habitations paysannes<o:p></o:p>
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Dans la partie du Forez et du Jarez, les bâtiments dhabitation et de culture sont entourés de murs dans une cour fermée par un portail. Il faut voir là la nécessité quont eue les paysans à se défendre contre les assaillants et les pillards. Lorsquon remonte au Nord du département en Roannais et Beaujolais, les cours deviennent ouvertes, les bâtiments sont séparés les uns des autres.
Il y a lieu de remarquer que dans tout le département les toits sont plats à tuiles creuses, dites romaines. Celles-ci sont remplacées peu à peu par des tuiles mécaniques plus légères et dun meilleur usage. Dans toute la France on trouve de vastes zones de toitures à tuiles romaines.
Ce sont les pays de langue doc. Tout au Nord du département, à lextrême limite du Roannais, commence une zone de toits à combles aigus couverts de tuiles plates. Dans cette zone nous pénétrons dans le pays de langue doïl.
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Costumes, chants et danses<o:p></o:p>
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Dans notre province, il ny a jamais eu de costume régional bien caractérisés, ni pour les hommes, ni pour les femmes, comme on en trouve par exemple en pays en pays dArles ou en Bretagne. Au début du XIX° siècle, les femmes portaient, le dimanche et les jours de fêtes, une jupe de couleur vive ; un mouchoir à ramage passé sur les épaules étaient retenu devant par le tablier. Elles étaient coiffées dun bonnet de linon. Il faut bien noter que ce costume était variable suivant les régions ; dans celles avoisinant lAuvergne les femmes étaient vêtues comme les Auvergnates, et dans celles du Nord du département rapprochées du Bourbonnais elles étaient vêtues comme les Bourbonnaises et portaient le chapeau dit « à deux bonjours », relevé par devant et par derrière.
Les hommes étaient généralement vêtus de noir et portaient une blouse bleue et un grand chapeau de feutre. Nous en avons rencontré, ainsi vêtus, aux foires et dans les fêtes villageoises. Au début du XIX° siècle, dans le Forez et dans le Haut Forez, les hommes portaient un costumes éclatant. Un vieux rigodon dit :
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« La vesta roudza, lo dzile blan,
« Acoue la modo dau paysan »
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En Roannais et dans lancien Beaujolais les hommes étaient vêtus de noir, mais portaient les jours de fête, un gilet en soie brochée ou en velours de couleur.
Dans nos régions, rien de caractéristique pour les chants et les danses inspirés des régions avoisinantes, le Velay, lAuvergne, le Bourbonnais. Seule, la chanson stéphanoise est restée typique : son histoire à été écrite en 1906 par J.-F. Gonon, chansonnier à Saint-Etienne. On y retrouve la célèbre « Merluroun » :
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« Quuna fêta voué-t-ou dzima ?
« La merluroun, la marlura,
« Voue la fêta de lous banas
« Ha ! merluroun, lurette,
« Ha ! merluroun lura »
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Les âges de la vie<o:p></o:p>
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Ce sont les coutumes que lon peut observer du berceau à la tombe, de la naissance aux funérailles en passant par le mariage. A la naissance sont liées de nombreuses superstitions : les femmes enceintes doivent craindre de rencontrer des bêtes monstrueuses ou même simplement des individus laids, si elles veulent avoir de beaux enfants. Dans quelques villages, il y a 50 ans, on trouvait encore, pour mettre les enfants au monde, des matrones non munies de diplômes, mais dont lexpérience était reconnu. Puis peu à peu, les sages-femmes diplômées furent accréditées. Actuellement, on va chercher un médecin accoucheur.
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La matrone ou la sage-femme porte le bébé, le jour du baptême, sur le trajet de la maison à léglise et le remet au parrain au moment de la cérémonie. Le parrain et la marraine tiennent ensemble un cierge pendant que le prêtre baptise lenfant. A la sortie de léglise, avant la guerre de 39-40, les gamins du village étaient massés devant le porche de léglise et attendaient quon leur jette des dragées. Sils estimaient que le parrain ou la marraine avaient été trop parcimonieux, ils lançaient lanathème sur le bébé en criant : « Il crèvera ». Si au contraire les dragées étaient jetées en abondance, ils criaient : « Il vivra ». Cette coutume, très courante en Forez et dans le Jarez, est presque inconnue, ou du moins rare en Roannais et dans lancien Beaujolais.
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La jeune mère ne devait pas reprendre sa vie normale sans avoir fait ses « relevailles » purificatrices. Elle apportait à léglise un gros pain que le prêtre bénissait ; elle en distribuait ensuite les morceaux à ses amies pour quà leur tour elles deviennent mères.
Celles-ci venaient chercher le « croûton ».
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Les coutumes du mariage sont plus significatives. Cest incontestablement dans les pays de montagneux du Forez et du Haut Forez que les vieilles traditions sétaient le mieux conservées avant la guerre. Le matin de la noce, on allait encore en cortège chercher la marié au domicile de ses parents. Le marié était absent, mais il déléguait ses garçons dhonneur « les chausseurs » qui devaient simuler le rapt de sa future femme et lemmener en grand arroi, flanquée de ses gardes du corps parmi lesquels figuraient « les poulaillers » portant au poing des volailles vivantes et caquetantes. Les cortèges étaient arrêtés en cours de route par des barrages. La cérémonie religieuse avait lieu ; après quoi on faisait le banquet pantagruélique, puis le bal. Tout le village y assistait. Les mariés nétaient jamais laissés en paix, même durant leur nuit de noces où ils étaient surpris par des lurons et luronnes qui leur apportaient en principe dans un breuvage dit « la Rôtie » dans la région stéphanoise et « la Gravirotte » dans le Roannais.
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Mais ces jours de liesse prennent fin et lon se sépare. On plaisante une dernière fois :
« Retirez-vous gens de la noce Retirez-vous car il est jour.
« Nous avons marié nos filles Nous navons plus besoin de vous. »
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Les parents et les amis vont reprendre leur labeur habituel ; des circonstances heureuses ou tristes, les réuniront de nouveau, notamment celles des funérailles qui, dans les campagnes, revêtent encore maintenant un caractère particulier, dévoilant nos origine latines.
La mort dun habitant affecte tous les membres dune même commune. Lun deux vient-il à décéder le glas sonne à intervalle régulier et annonce la nouvelle tout à la ronde. A la veillée funèbre viennent assister les voisins et voisines. Il y a une cinquantaine dannées lon mettait dans la main ou dans la bouche du mort un sou pour son entrée au paradis ou bien pour la dîme à payer au sinistre batelier des enfers
Actuellement encore il arrive que lon place dans le cercueil les objets favoris du défunt, sa canne ou sa pipe, une bouteille de vin ou deau-de-vie. Dans les coins reculés des montagnes, quatre hommes portent le cercueil sur une civière, un « bayard », la famille et les amis suivent en poussant des lamentations et en exprimant des regrets déchirants. Cest, nen doutons pas, un souvenir des pleureuses à gages de lantiquité.
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Voici brièvement résumée la vie des paysans dans nos régions du département de la Loire ; certes, elle est pénible et fatigante, le cultivateur fait de rudes efforts pour assurer sa subsistance et la nôtre, mais il est heureux et joyeux, vivant en pleine nature, il sy exalte : cest un homme robuste et sain.
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Les paysans on un sens communautaire très développé, soit quils habitent dans une agglomération au bourg, ou dans un hameau, soit quils vivent dans une ferme isolée, les relations de voisinage sont très suivies. Des clans se forment, des amitiés naissent ou bien, au contraire, des rivalités et des haines, mais en cas de danger, les voisins sentraident toujours. Quun incendie éclate ou que la ferme soit attaquée, tous les gens du voisinage accourent et viennent prêter main-forte.
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Cest entre voisins que se passent les veillées, ces réjouissances de la fin de lautomne et du début de lhiver. Jusquavant la deuxième guerre mondiale, des lapproche de la mauvaise saison, on se réunissaient la nuit venue, lon racontait les potins du canton, lon dansait et festoyait, les vieux cherchaient dans leurs souvenirs les légendes du passé, on faisait des contes.
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Contes et légendes<o:p></o:p>
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Comme dans toute la France et dans le monde entier, les légendes sont lémanation même du Folklore, aussi, vont-elles être évoquées ici pour terminer cette courte étude. Généralement dans ces contes et légendes le diable intervient ouvertement, ou bien lon devine une influence démoniaque. Satan sattaque aux Saints et aux Saintes qui toujours triomphent de lui. Il y a les contes et légendes de la Sainte-Vierge, il y a ceux des apparitions, des revenants. Les plus beaux contes sont ceux de Noël : songez que pendant la nuit de Noël, la terre sentrouvre et laisse voir le spectacle éblouissant des trésors accumulés aux cours des siècles. Ce ne sont que gemmes et pierreries, pièces dor et pièces dargent, mais malheur à qui ose sapprocher pour sen saisir. Limprudent est irrémédiablement entraîné dans le gouffre qui se referme sur lui. Dans maints villages on cite le cas dindividus qui sont mystérieusement disparu la nuit de Noël et que lon na jamais revus.
Durant la nuit de Noël les animaux dans les étables se mettent à parler le langage des hommes, aussi doit-on leur donner double ration, pour prolonger leur repas et éviter les complots quils pourraient former pour tuer leur maître.
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Je ne saurais taire ici les noms des Folkloristes qui ont recueilli les contes et légendes de nos régions. Ce furent au siècle dernier Noelas et Louis-Pierre Gras, ce sont à notre époque contemporaine Mathieu Varille et Marguerite Gonon. Puissent-ils, avant quil ne soit trop tard, continuer à parcourir nos contrées pour questionner les vieillards et obtenir deux le récit de nouveaux contes et légendes, touchants témoignages de la foi ou des superstitions de nos ancêtres. Avant quil ne soit trop tard, car bientôt, ces traditions orales ne se transmettront plus et le Folkloriste devra se borner à létude des coutumes locales.
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P. FORTIER-BEAULIEU (Vice-président de la Société Française du Folkore)<o:p></o:p>
Article tiré de louvrage Loire les documents de France (vers 1952).<o:p></o:p>
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En gare de REGNY<o:p></o:p>
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Les contes des Bords du Rhins<o:p>
</o:p>Félicien Le Pecq arrivé au terme dune carrière honnêtement remplie. Encore quelques mois à exercer les fonctions de chef de gare et puis ce serait la retraite quil attendait sans hâte et quil accepterait sans regret. Cest en prévision de son prochain départ de la vie « active » quil sétait fait construire un pavillon dans le style du pays sur les coteaux ensoleillés qui dominent Saint-Victor ; de son belvédère, il pourrait encore voir passer les trains.
Mais pour lheure, il était là, depuis bientôt cinq ans dans cette gare de Régny coincée entre deux tunnels. Ce nest pas quil en ressentît quelque amertume, non. Il sétait fait à ce paysage un peu étriqué et les responsabilités qui étaient les siennes lui faisaient oublier quau delà des voies de garage la colline limitait brusquement son horizon.
Ce qui le chagrinait bien autrement, mais cela il nosait guère sen ouvrir autour de lui, cétait la circulation des trains en elle-même. Il navait jamais pu se faire à lidée que seules, ce quil appelait « les pataches » devaient sarrêter devant son bureau alors que les rapides brûlaient irrémédiablement la station ; même les simples, trains de marchandises, sils passaient à une allure moindre, ne marquaient aucun temps de ralentissement : la voie, pour eux également, devait toujours être libre. Et il ressentait cela dans son fort intérieur comme une sorte dinjustice en dépit dune conscience professionnelle qui lui rappelait sans cesse linanité dune telle attitude. Tout de même, il lui était pénible certains jours, danalyser la situation avec toute lobjectivité requise : cette ligne Lyon - Nantes qui le reliait imparfaitement à sa Bretagne natale semblait lui faire des infidélités dont la proximité de la retraite amplifiait encore la résonance. Oh ! Il avait bien songé parfois mais non, ceût été trop bête de briser une carrière honorable par un acte inconsidéré ; mais il nen espérait pas moins quun jour peut-être le sort le favoriserait.
Et cest en effet, ce qui se produisit, ce matin du 2 juillet dont il se souviendrait le restant de sa vie.
Il était un peu plus de douze heures lorsque la sonnerie du téléphone retentit : un wagon de marchandises, par suite dune fausse manoeuvre, sétait couché sur la voie en gare dAmplepuis bloquant ainsi la circulation dans les deux sens pour un temps indéterminé. Il fallait donc stopper durgence le Nantes Lyon de 12 h 15 en gare de Régny ; le rêve se matérialisait. Docile mais surpris, le long convoi simmobilisa dès que Félicien le Pecq eût mis en place les signaux réglementaires et, aussitôt, les questions fusèrent de toutes parts
Non ce nétait pas lui bien sur, qui avait pris cette initiative ; et dexpliquer patiemment, mais avec une satisfaction évidente dans le regard, la cause fortuite de cet arrêt imprévu.
Au bout dun quart dheure dattente, les voyageurs commencèrent à descendre des voitures et à ségailler sur les quais en quête dinformations plus précises. Félicien allait de lun à lautre, souriant, détendu, tantôt rassurant les inquiets, tantôt déplorant sans conviction les désagréments dun retard aussi long.
Lorsquil fût à peu près certain que la circulation ne serait pas rétablie avant une heure, au moins, lon installa de-ci de-là pour pique- niquer tandis que la voiture-restaurant activait ses fourneaux pour satisfaire une demande « intérieure » tout aussi pressante. Certes, on vit bien quelques grincheux interpeller vertement le contrôleur, jeter lanathème sur <st1:PersonName productid="la S.N" w:st="on">la S.N</st1:PersonName>.C.F. in capable dassurer correctement un service public mais dans lensemble, la patience prévalut et comme le soleil brillait sur fond dazur, les visages peu à peu se détendirent et chacun prit laffaire avec philosophie.
Félicien Le Pecq, lui était aux anges. Sa gare, qui dordinaire ne voyait passer que les rares voyageurs du pays, était inondée dune foule bigarrée et bruyante ; cétait un départ de vacances, à limage des stations réputées de montagne ou du bord de la mer. Sur les quais, cétait la kermesse ; un groupe de Marseillais sétait installé près des toilettes et avait commencé une partie de pétanque tandis que les enfants jouaient à la marelle devant le dépôt des marchandises. On vit même un correspondant du journal régional prendre une photo pour immortaliser lévènement.
Il était 13 h 15 lorsque le téléphone retentit pour annoncer quà nouveau la voie était libre. Le mécanicien aussitôt prévenu actionna son sifflet et le contrôleur sactiva à faire monter des voyageurs dont certains, manifestement, nétaient déjà plus tellement pressés de partir. Félicien Le Pecq ne fit rien pour faciliter la tâche de son collègue : il flânait, triomphant, serrant quelques mains au passage, regardant se vider petit à petit sa gare avec la satisfaction dun homme marqué par un grand destin.
Quand la lanterne rouge eût disparu dans le tunnel, vers lOrient, Félicien ramassa quelques papiers qui traînaient suer le quai puis il senferma dans son bureau. Il était seul. La merveilleuse aventure se terminait mais elle avait racheté en une heure plusieurs années de dépit. Son espoir fou était devenu une réalité salvatrice dans laquelle il venait de se plonger corps et âme et dont il jouirait longtemps encore rétrospectivement. Oui, il pouvait maintenant sans regret prendre sa retraite, sa vie professionnelle avait reçu, ce jour-là, à ses yeux, le plus beau des couronnements.
Léo MIQUEL (1982)
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