• LE BAROMETRE DU VILLAGE

     

    Au village, tout est baromètre.baromètre

    Parmi les oiseaux de basse-cour, les pigeons sont les meilleurs indicateurs du temps. Quand ils se posent sur la couverture d’une grange, en présentant le jabot au levant, soyez assuré qu’il pleuvra le lendemain, s’il ne pleut déjà pas dans la nuit. S’ils rentrent tard au colombier, s’ils vont butiner au loin dans la plaine, c’est signe de beau temps. S’ils picorent aux environs de la ferme : pluie imminente.

    Les pronostics des poules ne sont pas moins certains : quand elles se roulent dans la poussière, en hérissant leurs plumes : signe d’un orage prochain. Même prophétie de la part des canards quand ils se mettent à plonger, à battre des ailes et à se poursuivre joyeusement sur la mare.

    Si, par un temps magnifique, le cultivateur voit la vache lécher les murs de son étable, qu’il se hâte de rentrer son fourrage. La vache lèche le salpêtre que l’humidité fait suinter de la muraille : c’est la pluie pour le lendemain.

    Encore de la pluie si les abeilles rentrent longtemps avant le coucher du soleil et avec un maigre butin.

    Toujours de la pluie lorsque les corbeaux sont éveillés de bonne heure et qu’ils crient plus qu’à l’ordinaire.

    Quand, au contraire, les pierrots sont matineux et babillards, c’est le beau temps pour l’après-midi.

    Les hirondelles volent-elles en rasant la terre, l’orage n’est pas loin, disparaissent-elles dans les nuages, vous pouvez vous mettre en route. Quand le rossignol chante clair toute la nuit, on peut compter sur un beau lendemain, c’est tout le contraire quand les grenouilles entament leurs concerts, quand les chouettes hululent et quand les bergeronnettes sautillent le long des fossés.

    Ce ne sont pas seulement les animaux et les oiseaux qui indiquent le changement de temps aux habitants de la campagne.

    Si le matin, la lame de la faux reste sèche, bon signe ; si elle prend l’humidité, se teint de bleu et de rose, c’est de la pluie à courte échéance.

    Lorsque les gerbes de blé et d’avoine pèsent plus qu’à l’ordinaire : pluie.

    Le bûcheron qui va au bois consulte sa cognée, comme le faucheur interroge sa faux ; si elle est terne et si le manche ne glisse pas dans sa main, gare au bouillon de grenouille !

    En automne la gelée blanche indique la pluie et la rosée le beau temps. Les chasseurs savent cela aussi bien que les cultivateurs.

    La lune est encore un excellent baromètre. Si Phébé est entourée d’un cercle blafard, c’est la pluie ; si le cercle est rouge, c’est le vent ; si l’astre des nuits brille pur et lumineux c’est du beau temps.

    Et si vous me demandez maintenant dans quel livre le cultivateur a appris tout cela, je vous répondrai que c’est un livre à la portée de tout le monde : il a pour titre : la nature et pour auteur le Bon Dieu.


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    LA POSTE A L’USINE

    Une réalisation P.T.T. appelée à un grand succès.

    Après trois mois d’études, M. Bernard Cornut-Gentille, ministre des P.T.T. a donné le « feu vert » à une nouvelle innovation.

      22 juillet, 16 h 10, Gennevilliers. Les bâtiments de la General Motors ceignent de leur silhouette élégante la cour de l’usine. La longue file d’ouvriers qui sort en hâte de la « pointeuse » marque aujourd’hui un temps d’arrêt devant une fourgonnette insolite. « Mais, c’est la poste ! » Plusieurs s’approchent se renseignent, « trouvent ça vraiment bien » ; quelques-uns déjà s’avancent tendent une lettre ou un mandat. Et les commentaires marchent bon train avec le groupe, vers la sortie.

    Depuis le 20 juillet 1959, une fourgonnette Citroën 1000 kilos aménagée en bureau de poste vient prendre  position à l’intérieur de l’usine, vers midi pendant les heures de cantine et le soir à la sortie. L’arrière de la voiture est équipé de deux véritables guichets et les côtés de petites tablettes écritoires, qui se plaquent contre la paroi pendant les déplacements, et d’une boîte aux lettres. Ce bureau mobile permet d’effectuer les opérations postales essentielles ; celles qui encombrent toujours les mêmes guichets aux mêmes heures : émission de mandats, dépôt des lettres et des paquets, vente de timbres-poste, Caisse nationale d’épargne (ouverture de comptes, versements, remboursements).Cela permet de satisfaire déjà la plupart des demandes et d’éviter ainsi aux ouvriers bien des dérangements. Car tels ou tels d’entre eux qui envisageaient à contrecœur de passer au bureau le plus proche (2 km) avant de rejoindre leur famille ou qui devez se résoudre à perdre une heure de travail pour expédier un mandat trouveront désormais sur place tout ce qu’il leur faut. Quant aux épouses, elles pourront se réjouir maintenant de voir entrer au foyer une paie déjà entamée : C’est que la différence aura été versée à la Caisse nationale d’épargne.

    Et preuve de l’intérêt suscité, des suggestions affluent déjà : les ouvriers italiens, nombreux aux aciéries de Gennevilliers, désireraient pouvoir utiliser le bureau mobile pour envoyer de l’argent chez eux. Ne serait-il pas possible également d’y obtenir des paiements «  à vue » ? Ne pourrait-on pas au début tout du moins, indiquer à l’avance les heures de passage de la voiture en joignant par exemple un prospectus aux bulletins  de paie ? Bref, autant de questions, autant de problèmes qui ne pourront être résolus qu’à la longue lorsque le nouveau service sera mieux rodé.

    L’accueil des chefs d’entreprise, du chef du  personnel en particulier, est partout remarquable d’empressement. Dans toutes les usines visitées, l’initiative des P.T.T. a été précédée d’une large publicité. C’est un appoint de valeur car l’ébauche d’un programme, les contacts avec les directions, l’étude des horaires et des lieux de stationnement, l’établissement d’un « circuit » ne constituent pas une affaire de tout repos. Et il reste que, malgré l’étalement des horaires de sortie des usine (afin de permettre aux métros et autobus d’absorber la foule des heures de pointe), le bureau de poste mobile, ne dispose que de très peu de temps pour se déplacer d’une usine à l’autre, y ouvrir ses guichets, faire ses comptes et rentrer pour 19 heures à son bureau d’attache.

    Mais les vœux de réussite des chefs du personnel dans les usines visitées, les exclamations admiratives des ouvriers se pressant aux guichets constituent déjà pour les P.T.T. un encouragement précieux. Et l’on imagine, en cette période de vacances, quelque « métallo » parisien se promenant sur la Canebière annoncer d’un air condescendant à un Marseillais médusé : « A Paris, mon vieux, ce sont les bureaux de poste qui se déplacent pour venir te servir ». 

    DU BUREAU DE POSTE MOBILE … AU BUREAU DE POSTE FIXE.

    Le premier circuit de poste mobile inauguré le 20 juillet permet de desservir 11 usines de Courbevoie, Gennevilliers et Saint-Denis, soit environ 20 000 ouvriers. Si les résultats de cette expérience sont satisfaisants, le système sera étendu à d’autres secteurs de la banlieue parisienne ainsi qu’aux banlieues industrielles des grandes villes de province. Il est même envisagé d’installer, à demeure dans les usines très importantes des bureaux de poste auxiliaires ouvert pratiquement à toutes les opérations postales.

                                                         La Poste et les télécommunications (1952)

    Ce service perdura pendant plusieurs années avant de s’éteindre petit à petit.

    Ils existaient encore des « tubs » jaunes de la poste dans le milieu des années 1960


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    AU XVI° SIECLE, LYON ETAIT LE POINT DE DEPART DU « COURRIER DE ROME ».

     

    Dès le XVI° siècle et jusqu’à la veille de la Révolution, Lyon fut le point de départ du « Courrier de Rome », qui effectuait, à la fois, le transport des lettres et celui de la messagerie entre la France et la capitale des Etats de l’Eglise, où fonctionnait un bureau français.

    C’est un décret du Sénat de Venise, en date du 24 mars 1561, qui codifie pour la première fois la marche de ce service, assuré conjointement par quatre courriers français et deux vénitiens. Antérieurement, les courriers français reliaient, par Zurich, la France à Venise, dont les courriers, de leur côté, allaient jusqu’à Rome.

    Ce chemin détourné, fut au cours du XVII° siècle, rendu plus direct. L’itinéraire empruntais les Etats du Roi de Sardaigne, de la République de Lucques, du Grand-Duc de Toscane et du Pape ; il passait par Pont-de-Beauvoisin, Turin, Gênes, Lucques, Pise, Sienne et aboutissait à Rome.

    En raison des difficultés provoquées durant la guerre de Succession d’Autriche par l’ancien Duc de Savoie, devenu roi des Deux Siciles et passé dans le camp ennemi de la France après avoir été son allié, la route du « Courrier de Rome » fut, en septembre 1742, détournée par Marseille. De ce port, une felouque (petit bateau rapide naviguant à la voile et à la rame) le transportait jusqu’à Gênes. Les instructions prévoyaient que, si la charge du courrier était trop importante, celui-ci devait emprunter la voie du Rhône, entre Lyon et Avignon.

    En vue de diminuer le trajet maritime et par craintes des attaques de l’escadre anglaise, qui, croisait à proximité des côtes, la route de terre fut prolongée à travers la Provence jusqu’à Antibes. Cet acheminement mixte, terrestre et maritime, se poursuivit jusqu’à la Révolution.

    A partir de 1787, Lyon fut dépossédée de la tête de ligne du « Courrier de Rome » en faveur d’Aix-en-Provence, l’existence simultanée de ce courrier, et des courriers réguliers desservant la Provence et le Languedoc ne se justifiant plus.

                                              Bulletin d'information des PTT (octobre 1957)


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  • BOURGIER CONFERENCE VELO CANON
     

    Le Tour de France 1914

    « De la fleur au guidon à la baïonnette au canon »

    Jean-Paul Bourgier

    28 juin 1914 : la douzième édition du Tour de France s’élance de Paris pour rallier Le Havre ; le même jour, à Sarajevo, capitale de Bosnie-Herzégovine, l’archiduc autrichien François-Ferdinand et son épouse sont assassinés : cette concomitance de faits rend ce Tour-là bien singulier.
    Pendant que le tracé de la Grande Boucle dessine, étape après étape, le portrait de son vainqueur, les tensions diplomatiques s’aggravent pour conduire à la Première Guerre mondiale : quand Philippe Thys l’emporte, l’Europe est au bord du gouffre.
    Participant à l’élan patriotique qui accompagne la mobilisation, de nombreux cyclistes professionnels rejoignent leur garnison dès août 1914, le Tour à peine bouclé. Parmi eux de prestigieux champions mourront pour la France, François Faber, Octave Lapize et Lucien Petit-Breton, mais aussi des sans-grades qui ont tout autant leur place ici.
    Jean-Paul Bourgier est né à Saint-Étienne, il a enseigné l’histoire-géographie avant de publier sur l’histoire du cyclisme.


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    ALAIN TERRENOIRE « PARACHUTE » A ROANNE

    Notre bonne ville possède donc à partir de 1967 le plus jeune débuté de France.

    Fils de Louis Terrenoire (ancien responsable RPF venu de la démocratie-chrétienne, ministre de l’Information du général de Gaulle en 1960-61, député de l’Orne et figure du gaullisme de gauche), Alain Terrenoire intégra l’Assemblée en 1967 comme benjamin de l’hémicycle. De sensibilité gaulliste de gauche sans s’être engagé de manière militante dans ce courant, chabaniste mais proche aussi d’Edgar Faure, passionné par les questions européennes et les pays arabes, très actif à l’Assemblée et notamment à la Commission des Lois, Alain Terrenoire présente un parcours politique et parlementaire intéressant dont l’étude éclaire le monde gaulliste des années 1960-1970. Nous avons sélectionné, dans un très riche entretien de plusieurs heures (réalisé dans le cadre du programme de sources orales de l’ANR Gaulhore, « Gaullistes, hommes et réseaux, 1958-1976 » pilotée par Bernard Lachaise), les passages évoquant le parcours parlementaire à l’Assemblée nationale (à partir de 1967) et au Parlement européen (à partir de 1973).

    Un candidat gaulliste en campagne : les législatives de 1967

      Question : Pourquoi ce choix de la Loire lors des législatives de 1967 ?

     Alain Terrenoire : Il y avait un collaborateur de Michel Debré qui s’occupait des élections et s’appelait Michel Herson. Il appréciait mon père. Il avait beaucoup d’estime pour la famille et connaissait mon engagement. En 1966, nous nous sommes vus pour envisager que je sois candidat aux législatives de manière à ce qu’il y ait quelques jeunes. Il y en a eu d’autres d’ailleurs mais les gens du Sud-Ouest (MM. Chirac, Pons, Mazeaud, etc.) avaient plus de trente ans. On a fait un tour d’horizon avec Michel Herson. Paris, n’en parlons pas. C’était soit déjà très gaulliste, soit tenu par une droite d’opposition, soit la banlieue rouge qui existait encore. Je suis né à Lyon où il n’y avait pas non plus de possibilité car c’était déjà occupé par les gaullistes. Je me suis alors rappelé que Francisque Gay était né à Roanne où son père avait été maire-adjoint. On m’a dit qu’à Roanne, il y avait un député-maire, un notable régional qui en était à son deuxième mandat de député, son troisième de maire. Il n’était pas facile à battre mais ce pouvait être un investissement pour l’avenir. C’est ce qu’on réservait aux jeunes et aux femmes. Et j’y suis allé…

     Cela n’a pas été si facile que cela car la famille Terrenoire n’a jamais eu des relations très étroites avec Georges Pompidou. Je pense que mon père a dû avoir, sans que ce soit forcément exprimé, un différend avec Pompidou. Déjà l’environnement de Pompidou lui était défavorable car mon père, comme secrétaire général du RPF, avait pris comme premier chef de cabinet Pierre Juillet. Or mon père le trouvait tellement paresseux qu’il s’en était débarrassé et l’autre en avait été vexé. Mon père l’avait remplacé par Michel Caldaguès qui fit une belle carrière à Paris… Mais comme Pierre Juillet était un grand inspirateur de Pompidou, cela a dû jouer. C’est aussi une des raisons pour lesquelles mon père n’a pas été ministre de Pompidou. Il faut ajouter enfin que Pompidou était très impressionné comme universitaire par les diplômes, or mon père n’en avait aucun car il avait dû commencer à travailler très tôt pour des questions de revers de fortune familiale, dès l’âge de 14 ans.

    Quant au comité d’investiture mon nom est arrivé pour Roanne, Georges Pompidou qui voulait lui-aussi ses gaullistes de gauche (en plus de ceux du Général…) a proposé que ce soit David Rousset. Un type formidable mais pas un vrai politique. Ils ont donné l’investiture à Rousset. Moi, j’étais allé à Roanne ; j’avais été accueilli par les militants. Il avait fallu les convaincre. Finalement, ils s’étaient prononcés pour moi à l’unanimité et étaient devenus très favorables à ma candidature. Au début, j’avais fait une réunion assez curieuse car je ne connaissais personne sur place. Je n’y avais jamais mis les pieds ! Je vois les militants qui discutent avant la réunion, on me jugeait avec l’accent (un peu entre Lyon et Clermont-Ferrand) : « pas connu », « trop jeune ». Et finalement ils m’ont adopté à l’unanimité et à partir de là, ils ont foncé. Quand ils ont su qu’à Paris on avait donné l’investiture à David Rousset, ils ont envoyé des télex du type « pas question »… Je suis allé voir David Rousset à Paris et je lui ai expliqué gentiment que les militants voulaient absolument que ce soit moi. Lui qui était né à Roanne, c’est pour ça qu’on l’avait mis là, m’a dit : « Écoutez, je vais voir ça, on va essayer d’arranger ça ». Il a été investi à Vienne dans l’Isère, il n’a pas été élu la première fois mais en 1968 et il a fait un mandat avant d’être battu par Louis Mermaz. Donc j’ai été candidat à Roanne sans bénéficier immédiatement d’un fort soutien officiel. Après, je l’ai eu…

     

    Question : Quelle était la sociologie de la circonscription ? Il y a bien une usine d’armement à Roanne ?

    Alain Terrenoire : Oui, il y avait un arsenal. On y montait des chars, l’AMX 30, cela remontait à la guerre de 14. Il y avait près de 4 000 ouvriers, c’était très à gauche. Pendant longtemps, il y avait eu un député-maire socialiste. En fait, la ville est plutôt de centre-gauche mais la campagne est partagée. Il y a une campagne de droite, mais cela ne fait qu’un tiers des électeurs, et une campagne de gauche. J’ai donc bénéficié de l’effet de la nouveauté et d’une campagne qui était convaincante. J’ai regardé mes résultats électoraux. Je suis toujours resté autour des 40 % au premier tour (sauf à ma première candidature), ce qui n’est pas mal. La première fois où j’ai été élu en 1967, je faisais moitié moitié avec les communistes dans les quartiers populaires et moitié moitié avec le député sortant de centre-gauche dans les quartiers bourgeois. Et à partir de 1969, j’ai récupéré l’électorat de centre-droit qui n’était pas gaulliste mais j’ai perdu en proportion équivalente l’électorat populaire. De Gaulle avait gardé l’électorat populaire et ses candidats aussi par conséquent. Peu importe au fond le candidat… Que j’ai été un gaulliste de gauche, je ne suis pas sûr que cela m’ait apporté une seule voix de plus ou de moins… Donc gaulliste sous de Gaulle, j’avais une partie des voix populaires mais pas toutes celles de la droite, et une fois que Pompidou est arrivé, cela a changé. Sur les bureaux de vote, cela se voit très bien.

    Question : Lors de la campagne de 1967, avez-vous été aidé par les organisations gaullistes ? Le parti, bien sûr, mais aussi les mouvements satellites…

    Alain Terrenoire : Le parti, dirigé par Baumel, m’avait envoyé l’organisation Services et Méthodes de Michel Bongrand (dont l’adjoint, Thierry Saussez, est aujourd’hui chargé de la communication présidentielle). Ils m’ont envoyé un type tellement nul qu’au bout de deux mois, je lui ai dit de partir. J’ai trouvé un type de Sciences-Po qui est venu m’aider. Moi, je savais un peu comment se faisait une campagne électorale parce que j’avais vu celles de mon père. Je me suis donc entièrement occupé de ma campagne avec du bénévolat local, les militants locaux mais pas vraiment avec les organisations gaullistes. J’avais peu de moyens car on nous en donnait peu à l’époque.

    Question : Vous n’avez donc pas utilisé la fameuse grille fournie par Services et Méthodes qui permettait, à partir d’un questionnaire type, de « cartographier » la circonscription et d’adapter son argumentaire et sa propagande… ?

    Alain Terrenoire : Si, mais le type qui s’occupait de ça avait tellement peu de sens politique que j’ai tout balancé. J’ai fait mon truc moi-même et j’ai trouvé que c’était mieux comme ça. Cela correspondait mieux à ce que je ressentais de la circonscription, des gens, de leurs attentes. Les problèmes locaux, évidemment, les intéressaient beaucoup. Les problèmes nationauxVous savez, on a du mal à le réaliser aujourd’hui mais, en 1967, dans les campagnes françaises (et la Loire n’était pas la plus reculée qui soit), on n’avait pas le téléphone, les villages isolés n’avaient pas de route goudronnée, et les fermes n’avaient pas l’eau courante. Tout cela constituait les préoccupations majeures. On était au début de la Politique Agricole Commune. Cela intéressait les gens qui ne voyaient pas ce que cela pouvait leur apporter. L’emploi, on ne savait pas que cela marchait bien. Il y avait peu de chômage, on était avant la première crise pétrolière. Mais ce qui est sûr, c’est que les rémunérations n’avaient pas suivi la croissance : c’était un élément déterminant de la crise sociale qui a éclaté l’année suivante. La crise n’aurait pas pu naître s’il n’y avait pas eu ce déficit salarial. Pompidou a été un gestionnaire trop réservé, trop conservateur : cela a contribué à l’éclatement de 68.

    Question : Avez-vous fait une campagne moderne ou plutôt à l’ancienne avec des réunions contradictoires ?

     Alain Terrenoire   J’ai tout fait. On est passé chez les gens, dans tous les villages, avec distribution de papiers, tracts, journaux. Tout ce qui était possible. Les médias m’étaient très hostiles, enfin les locaux. Car mon adversaire principal, le député sortant, était le directeur d’un des journaux du groupe Le Progrès dans la région.   L’hebdomadaire local était très attaché au souvenir de Bidault (Georges Bidault avait été député dans ce département) et donc très hostile à un gaulliste. Je n’ai pas été aidé par les médias locaux.

    (Entretiens avec Alain Terrenoire réalisés par François Audigier  les 1er et 15 décembre 2008« Entretiens avec Alain Terrenoire », Parlement[s], Revue d'histoire politique 3/2009 (n° HS 5), p. 98-112.)

    PROFESSION DE FOI D’ALAIN TERRENOIRE AUX ELECTIONS LEGISLATIVES DE MARS 1978

     

    Vous savez que depuis que je suis votre député, j’ai tenu à me mettre à votre disposition pour mériter la confiance qui m’a été accordée. J’ai tenu, aussi à être le défenseur des légitimes ambitions de notre région roannaise, de toutes ses communes. La priorité a été donnée à l’éducation, avec des écoles maternelles et primaires, des C.E.G et CES. Bientôt, pourra s’ouvrir à Roanne, une unité d’enseignement supérieur.

    Des sommes considérables ont été dépensées sur nos routes : Nationale 7, liaison avec la Saône-et-Loire, route de la Côte Roannaise, et dans chaque commune. Enfin les travaux de la déviation autoroutière de Roanne, avec un nouveau pont viennent de commencer.

    En France aussi la vie a changé. Depuis 20 ans, la stabilité politique a permis à notre pays de devenir une des toutes premières puissances économiques du monde, le quatrième exportateur mondial, où la législation sociale est la plus avancée. Les personnes âgées, les femmes, les jeunes, les handicapés, les anciens combattants, les agriculteurs, les commerçants et artisan, les cadres et bien d’autres, ont tous bénéficié des progrès que le Gouvernement et la majorité ont favorisés. C’est la cinquième République qui a permis à la France, dans la coopération européenne et internationale, d’assurer son indépendance et sa sécurité.

    Aujourd’hui, notre principale préoccupation, c’est l’emploi. Des mesures efficaces ont été prises pour aider les chômeurs, et surtout pour permettre à notre économie de sortir enfin de la dépression mondiale qu’elle subit depuis bientôt quatre ans, du fait de la multiplication par cinq du coût du pétrole, du désordre monétaire, et de l’anarchie des échanges commerciaux

    Il faut mettre tout en œuvre pour assurer une nouvelle croissance industrielle qui, seule permettra d’augmenter rapidement les bas revenus, le S.M.I.C., les retraites, les allocations familiales et de créer de nouveaux emplois.

    Pour cela, vous ne devez pas tomber dans le piège du programme commun des socialistes et des communistes. Promettre est facile. Tenir ses promesses, c’est une autre affaire. Au pouvoir, les socialistes et les communistes ruineraient la France, provoqueraient la faillite des petites et moyennes entreprises et le chômage qui s’en suivrait, une hausse considérable des prix en raison de la trop rapide augmentation des rémunérations, une baisse réelle du pouvoir d’achat, une chute du franc.

    Avec le programme commun ; vos impôts doubleraient pour payer les nationalisations, l’augmentation inconsidérée du nombre des fonctionnaires et toutes les promesses démagogiques de la campagne électorale.

    C’est pourquoi vous devez dire non aux socialistes et aux communistes qui vous trompent et veulent vous imposer le collectivisme, l’étatisation des décisions et la bureaucratie.

    De votre choix dépendront aussi vos libertés que la cinquième République a développées et renforcées.

    Etes-vous vraiment sur que des ministres communistes vous garantiraient les libertés démocratiques auxquelles nous sommes attachés ?

    Avec les objectifs d’action de la majorité et les propositions d’un Rassemblement pour la République, vous avez toutes les raisons de croire en l’avenir.

    Ainsi, vous assurerez le progrès pour votre famille, pour votre retraite, pour votre épargne, et pour une meilleure place de la femme et des jeunes dans la société.

    Ainsi, vous défendrez l’emploi, et améliorez votre niveau de vie.

    Ainsi, vous pourrez vivre libre, avec la participation, à tous les niveaux, dans une France harmonieuse et dans un environnement protégé.

    Je fais appel à votre réflexion, à votre raison, à votre cœur.

    J’ai besoin de votre confiance pour vous donner de nouvelles raisons d’espérer. ?

    Ensemble, nous pourrons, ainsi, continuer l’action entreprise pour notre région roannaise et pour la France.

    Alain TERRENOIRE

    VOTRE DEPUTE

    Candidat du Rassemblement Pour la République

    Pour l’union de la majorité

    TERRENOIRE 2

     

     

    Finalement après deux mandats, en cette année 1978 Alain Terrenoire, cède sa place à un homme du cru : Jean Auroux, qui deviendra Ministre du Travail sous l’égide du Président François Mitterrand.

     

    Note de Bernard

     EN MARGE DES EVENEMENTS DE MAI 1968 /

    Le samedi 08 juin 1968

    Des violents incidents qui se sont déroulés vendredi aux alentours des usines de Flins suscitent divers communiqués syndicaux, la CGT, pour sa part dénonce, les groupes étrangers à la classe ouvrière, entraînés quasi militairement.

    Des adhérents du SNESup critiquent vivement la direction du syndicat. De nombreux professeurs de lycées reprochent à leur syndicat de ne pas faire porter les négociations sur la réforme de l'enseignement.

    En exil depuis 6 ans M. Georges Bidault est rentré à Paris. La main levée du mandat d'arrêt lancé contre lui a été décidée.

    Un engin fait explosion vers 2h 30 devant la porte d'entrée du Celtic Hôtel 6 rue Balzac à Paris. A Melun des coups de feu sont tirés contre le palais de justice. A Villerest (Loire) un engin fait explosion contre la voiture de M. Terrenoire député UD Vème. La CFDT propose aux autres centrales syndicales une journée d'action pour le 10 juin, face à l'intransigeance patronale et à l'intervention de la police. La CGT a répondu à cet appel en déclarant que la solidarité syndicale ne saurait en aucun cas conduire à des incidents semblables à ceux qui ont été fomentés à l'usine de Flins et qui ne peuvent qu'être nuisibles à la cause des travailleurs. Elle regrette la décision unilatérale de la CFDT.

    Suite à cette explosion, je fus convoqué à la gendarmerie de Roanne, un véhicule de la couleur bleue, comme celui de ma Simca 1000 avait été remarqué à Villerest le jour de l’incident. Reçu, directement, par le Capitaine, commandant la brigade de Roanne (ce qui m’avait surpris à mon arrivée à la Gendarmerie) quelques minutes d’entretien avec lui me mirent rapidement hors de cause. 

     

     


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