• Dans son dernier numéro n° 291 de « Vivre à Roanne » figure un article sur une des COMMEMORATIONS DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE sous le titre : « Une délégation roannaise se rend à Ménil sur Belvitte (Vosges).

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    Répondant à l’invitation de la municipalité de Ménil sur Belvitte, Christian Maisonneuve, Adjoint au Maire en charge des anciens combattants, et le porte-drapeau de la Ville de Roanne, se sont rendus dans ce village de Lorraine pour participer aux commémorations du centenaire de la Grande Guerre.

     

    En août 1914, le 98° Régiment d’Infanterie en garnison à Roanne, était parti dans les Vosges pour stopper l’avancée allemande. En tout, ce sont 4000 morts qui tombent au champ d’honneur en trois semaines de combats acharnés, soit un tous les 10 m2 !

    En mémoire des « Poilus » roannais, la Ville de Roanne avait en 1917 offert un drapeau, qui, depuis, est porté par un habitant de Ménil sur Belvitte à chaque commémoration anniversaire. Cette année, c’est le porte-drapeau de la Ville de Roanne qui a  eu cet honneur ! Les Roannais n’oublient pas.

     

     Note de Bernard : Mon père était originaire de ce beau département des Vosges. J’ai en mémoire les souvenirs heureux de nombreux mois de « grandes vacances » passés en famille chez ma grand-mère paternelle. Encore aujourd’hui cette région de Lorraine me tient à cœur.

    Les cartes postales anciennes utilisées pour illustrer cet article proviennent de divers sites d’Internet, consultés dans le cadre de recherches faites sur la Grande Guerre par l’Association Philatélique et Cartophile du Roannais.

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    L'Ubaye et la bataille du 28 août 1914 de Ménil dans les Vosges

     

     

    En avril 2009, Yvon Arnaud, rencontré au marché de Barcelonnette me pose cette question : « Toi, l’ancien alpin, est ce que Ménil te dit quelque chose ? » « Non, vraiment, Ménil ne me dit rien ».

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    Yvon, passionné par l’histoire du vallon de Fours, en consultant les archives communales de Fours, avait par hasard lu dans le registre de délibérations de la commune qu’en mars 1922, le conseil municipal avait voté la somme de 20 francs comme participation à l’élaboration d’un monument à la gloire de l’Infanterie Alpine à Ménil dans les Vosges.

     

     

    Au sein de l’Amicale Ubayenne des Chasseurs Alpins, un de nos membres, le colonel Edmond Vayriot, ancien commandant en second du 11ème BCA dans les années 1970, habite à Gérardmer. Contacté, Le colonel me dit : « Facile, Ménil se trouve à 10 km de Gérardmer, j’y passe souvent. Je vais y faire un tour !». Quelque temps après, il m’appelle et me dit qu’il n’y a absolument rien. Le maire de ce village, également questionné, affirme qu’il n’y a aucun monument de ce type dans son village.

    Le mystère demeure !

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    Quelque temps après, une délégation de notre association est invitée à Beuil par l’Amicale des Anciens du 22ème BCA. Henri Béraud, le célèbre historien et écrivain (on lui doit l’œuvre magistrale de l’Album Mémorial du Combat dans les Alpes) était également présent. A Plus de 80 ans, sa mémoire est infaillible. Au milieu d’une conversation à table, il me vient l’idée de lui poser la question sur Ménil. Immédiatement, une réponse complète, précise fuse : « mais cher ami, il s’agit sûrement des combats autour du 28 août 1914 à Ménil-sur-Belvitte  dans les Vosges (entre Baccarat et Rambervilliers) où la 44ème division (dont faisait partie le 157ème RI qui tenait garnison en Ubaye et à Gap) a repris, après de violents combats ce village puis le col de la Chippotte.

     

     

    D’ailleurs, il s’y trouve un très beau monument, sans doute le plus beau à ma connaissance à la gloire de l’Infanterie Alpine ». Tout devenait limpide. J’avais de quoi approfondir des recherches et répondre à Yvon Arnaud. Dans la foulée, Henri Béraud m’envoie une photo  de ce monument.

     

    Au bout de quelques temps de recherche sur Internet et dans des ouvrages consacrés au début de ce premier conflit mondial, voilà ce que l’on peut dire sur Ménil :Ménil est un nom courant en Lorraine. Ce nom vient de Méné, c'est-à-dire la maison de famille du chef. Dans les Vosges, il y a au moins une dizaine de villages qui portent ce nom. Dès septembre 1914, le drame de cette bataille désormais connu en Ubaye alimentait les conversations et bientôt on ne disait plus Ménil-sur-Belvitte mais tout simplement Ménil. C’est un village de 300 âmes à peine, constitué d’une seule rue avec des maisons de part et d’autre, d’une école et d’une église. Ce village est en bordure ouest des Vosges à 8 km au sud de Baccarat et au nord-ouest de Rambervillers.

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    Le 157ème Régiment d’Infanterie

     

    Nous sommes en août 1914. Le 2 août 1914, l’ordre de mobilisation générale est transmis par la Gendarmerie au 157ème Régiment d’Infanterie de Ligne (souvent appelé quinze/sept) dont deux bataillons stationnent en Ubaye à Tournoux, Jausiers, Viraysse, Roche-La-Croix et St-Vincent-les-Forts. Les deux autres bataillons stationnent à Gap. Le 15/7 a été mis sur pied en 1887 comme le 15/8 (Tarentaise et Maurienne) et le 15/9 de Briançon, lors de la création de 18 régiments territoriaux pour défendre tous les ouvrages fortifiés le long de la frontière de l’Est.

     

    Début des années 1900, ce régiment s’instruit, manœuvre, parcourt à pied, en compagnie de mulets tous les vallons ubayens à Fours ou ailleurs. Il participe à de nombreuses réalisations routières et a notamment travaillé au déblaiement de la piste de Restefond.

     

    La guerre approche. En 1914, c’est devenu un gros régiment avec plus de 50 officiers, 264 sous-officiers, plus de 4000 hommes, 117 chevaux de selle ou de trait et 232 mulets. De nombreux Ubayens y font leur service militaire.

     

    Dès le 1er août, selon les instructions en vigueur, l’état-major du régiment tient à jour le JMO (le journal de marche et des opérations). Ainsi, on peut connaître exactement le déroulement des actions principales du régiment. Le régiment se met donc sur pied de guerre et reçoit ses réservistes du 3 au 7 août.

     

    Or, le 3 août, l’Italie annonce sa neutralité. Le 15/7 n’a plus de raison de défendre la frontière et est donc mis à la disposition de l’état-major. C’est pourquoi, on va vite l’engager au sud de l’Alsace. Peu à peu, il quitte ses différents casernements. Le 12, le régiment est prêt. Le 13, il rejoint Chorges et est embarqué pour l’Alsace le 17 à bord de 5 trains.

    Dès le 19 aout, c’est le baptême du feu à Walheim près de Mulhouse.

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    La bataille de Ménil-sur-Belvitte

    Mais la situation se dégradant dans les Vosges après la débâcle de Morhange où les allemands tentent de percer vers le sud en direction de Baccarat et de Raon-l’Etape afin de contourner Nancy, on a besoin de renfort. Le régiment, toujours disponible, est embarqué le 23 pour rejoindre St-Dié où il arrive le 25 août. Il y arrive en compagnie d’autres unités des 88ème et 89ème brigades de la 44ème division. Cette division fera partie d’environ 225 000 Français qui vont s’opposer à 300 000 Allemands dans ce qu’on appelle la Bataille de la Mortagne.

    Car face à l’Est se trouve au nord la 1re armée du général de Castelnau et à sa droite la 2ème armée du général Dubail face aux Vosges. Mise en échec entre Morhange et Sarrebourg, la 1re armée bat en retraite à l’est de Nancy vers la Mortagne (affluent de la Meurthe passant par Rambervilliers) du 21 au 23 août. Lunéville est pris par les Allemands. L’intention de l’état-major est de protéger la trouée de Charmes en se liant à l’armée du général Dubail. 

     En effet, l’idée des Allemands est de passer par cette trouée de Charmes séparant les forts de Toul de ceux d’Epinal puis d’atteindre la Meuse en tentant de prendre Commercy, Bar-le-Duc et Verdun, par un mouvement de revers. Par contre, le généralissime Joffre donne l’ordre de défendre Nancy et de tenir à outrance devant Charmes tandis que Dubail sur la Mortagne et la Meurthe pourra attaquer de flanc les forces allemandes.

     

    Du 25 au 1er septembre, de nombreuses attaques successives de tous les bataillons permettent enfin à la 44ème Division de reprendre le col de la Chipotte. En effet, la possession de ce col a une importance capitale, les Allemands pouvant alors poursuivre leur avance dans un terrain plus facile.

    C’est pourquoi dès son débarquement à St-Dié, à marche forcée, le 15/7 rejoint le village de Bru au nord de Rambervilliers et y cantonne. L’attaque est prévue pour le 26.

    Ce jour-là, le 3ème bataillon soutenu par les autres bataillons attaque les Allemands qui sont au Ménil.

     

    Le débouché du bois d’Anglemont est terrible car il est victime des tirs de 105 mm et de 77 mm situés derrière le plateau de Ste-Barbe. Impossible de franchir le glacis de 800 m. Le bataillon se replie et rentre dans les bois.

    Le 27, nouvelle attaque avec les 1ers et 4ème bataillons. Cette fois-ci le village est atteint sauf la partie nord. Puis les 2ème et 3ème bataillons attaquent en direction de Ste-Barbe à travers bois afin de s’emparer des batteries de 105 qui ont fait échouer les attaques précédentes. Mais les Allemands qui ont surpris ce mouvement empêchent cette progression par des feux nourris qui causent de nombreuses pertes. Le 3ème bataillon passe une nuit terrible. Au petit matin du 28 août, dès 5 h, une contrattaque allemande menée par au moins deux régiment va causer de nombreuses pertes au 15/7. Mais non soutenus à l’arrière, les deux bataillons engagés sont obligés de se retirer sur les positions de la veille. Sur un glacis de 200m environ sous les feux de l’artillerie allemande. Des pertes importantes sont constatées.

     

    Les jours suivants, le régiment est reconstitué et occupe des tranchées établies autour de Germénil. A côté, c’est le 159ème RIA qui a la charge de s’emparer du col de la Chipotte tandis que le 163ème RI combat du côté d’Anglemont. Durant ces quelques jours, ce sont une vingtaine de régiments, soit l’équivalent de 2 divisions qui participent à ce combat désormais appelé la Bataille de Mortagne. Mi-septembre, les Allemands sont enfin contenus en avant de Ménil et du col de la Chipotte. La guerre des tranchées va commencer.

     

    Le bilan de ces journées de combats est extrêmement lourd. Pour la seule journée du 28, selon le JMO, on recense 27 tués qui sont ramenés à l’arrière ainsi que 168 blessés mais on déplore l’absence de 647 hommes restés sur le terrain qui sont considérés comme disparus. En 2 jours à peine, le 15/7 perd ¼ de son effectif. A l’heure où sont écrites ces lignes, j’ai recensé 32 Ubayens tués à l’ennemi ce jour-là. Ce fut considéré comme une hécatombe même s’il y a eu plus de pertes du côté allemand.

     

    Dès la nouvelle connue en Ubaye, ce fut un terrible choc. A peine une quinzaine de jours après le début du conflit, l’Ubaye entre de plain-pied dans l’ambiance redoutée de la Guerre. Même si, par la suite, d’autres Ubayens tombèrent au front, la bataille de Ménil fût sans aucun doute la plus terrible.

     

    Quelques mots sur la poursuite de la guerre du 15/7. Fin 1914, le 15/7 va se battre dans la Woevre, à l’est de Verdun. Puis, on le dirige en Belgique où il se bat sur l’Yser. Le roi des Belges visite des blessés du 15/7 à l’hôpital de Furnes. En 1915, il est ramené en France et se bat à Flirey en Meurthe-et-Moselle de janvier à mars. D’autres Ubayens appartenant toujours au 15/7 tombent à nouveau à. Flirey, à Bouconville. Puis en 1916,  ils participent  aux combats de Verdun et d’Avocourt. Enfin, on rejoint les Vosges du côté de la Chapelotte avant d’être désigné en 1917 pour renforcer l’armée d’Orient au sein de la 76ème DI et ne rejoindre la France qu’en 1919.

     

    L’Ubaye et Ménil après cette bataille, l’hommage permanent aux héros

    Le triste et tragique bilan du 28 août est peu à peu annoncé aux Ubayens. Hélas, pour certaines familles, il faut attendre de longues années (jusqu’en 1920) pour que des soldats soient considérés par des tribunaux administratifs comme « tués à l’ennemi au Ménil ».

     

    Dignement, l’Ubaye fait front et fait preuve de solidarité. Les municipalités et les voisins s’occupent des familles meurtries. Des comités de secours aux soldats se créent. Dans les écoles, on tricote des chaussettes ou des tours de cou pour nos braves soldats. Des paysans fournissent des pommes de terre qui partent en train pour le front.

     

    Dès 1915, on rend hommage aux « Morts pour la France » tombés à Ménil. Et ceci, grâce à l’Abbé Collé, curé du village, qui a suivi ces combats durant dix-neuf jours autour de sa commune. En pleine bataille, il s’occupe des blessés et transforme son presbytère en infirmerie.

     

    Avec quelques paroissiens, il enterre sommairement les nombreux morts. Dans le livre « La Lorraine dévastée » de Maurice Barrès, l’auteur raconte la guerre vécue par l’abbé Collé, les bombardements des 26 et 27, août, l’incendie d’une partie de son église qu’il essaie seul avec une pompe à eau d’éteindre, la récupération des blessés transportés dans une brouette, la prise des adresses des blessés afin de donner des nouvelles aux familles, la recherche dès le calme établi vers le 13 septembre des testaments, livrets de caisse d’épargne, lettres, couteaux, objets personnels de façon à consoler les familles. Il procède aux identifications, enterre sommairement les victimes aidés par les villageois, numérote les tombes. De nombreux cimetières sont confectionnés aux quatre coins du village que des cartes postales encore en vente dans les sites des collectionneurs immortalisent. Il crée provisoirement « l’Œuvre des Tombes »et recueille des dons.

     

    Il écrit à toutes les communes concernées par la bataille. A Lyon, c’est un « groupement des disparus des Vosges » qui est créé. A chaque printemps, il fait mettre des pervenches et petits drapeaux par les petites villageoises sur les tombes des nombreux cimetières jonchés ci et là.

     

    Pour marquer ce lieu de mémoire et de sacrifice, il crée dans une partie du presbytère, partiellement détruit, le premier musée souvenir de ce conflit qu’il appelle « le Musée de la Bataille ». Puis il écrit à toutes les communes concernées et leur demande l’envoi de drapeaux.

     

    En Ubaye, une souscription est faite pour réaliser un drapeau en soie. Ce premier drapeau est confectionné par des jeunes filles, acheminé au musée dès 1915. Plus tard, toujours à la demande de l’abbé Collé qui désire un drapeau officiel de toutes les communes ayant des enfants tués au Ménil, la ville de Barcelonnette décide à son tour, de réaliser un drapeau aux armes de la cité. Il est confectionné par les dames du Comité de la Croix-Rouge et baptisé lors d’une messe mémorable dans l’église de Barcelonnette le 22 mars 1918 par l’abbé Chabot. La municipalité et les familles l’amènent ensuite à Ménil pour le 4ème anniversaire de la bataille qui a lieu du 26 au 28 août 1918. Par la suite, chaque année, des familles ubayennes accompagnées des délégations municipales se rendent en pèlerinage à Ménil.

     

    Mais l’infatigable curé de Ménil, qui reçoit en 1917 la Croix de Guerre pour son action au milieu des combats, ne s’arrête pas là. Il prend l’initiative, en 1922, de construire un mémorial à la gloire de l’Infanterie Alpine. En Ubaye, on répond favorablement à sa demande. Fours vote en mars 1922 la somme de dix francs, St-Pons, Les Thuiles et  Barcelonnette font de même (en l’état actuel des recherches car dans certaines communes les registres des délibérations n’existent plus comme à la Condamine ou Larche ou Méolans). Mais je suis persuadé qu’elles ont aussi contribué au financement de ce mémorial.

     

    C’est un magnifique monument terminé en 1927. Plus tard, comme partout ailleurs le long du front, c’est l’Etat en créant un ministère ou secrétariat d’Etat aux Anciens Combattants va généraliser la construction de nécropoles militaires où sont rassemblés peu à peu tous les corps exhumés des innombrables cimetières.

     

    On y trouve de nombreuses tombes d’Ubayens comme celle d’Elie Bellon de Fours avec le numéro 422. Sur une surface de 7850 m2 carrés reposent 1096 corps dont 197 en ossuaire. En 1965, la réfection totale de cette nécropole est faite

    Jusqu’au début de la seconde Guerre Mondiale, l’Ubaye se souvient et chaque année une délégation des familles meurtries s’y recueille.

     

    En 1940, les Allemands ramèneront en Allemagne tous les objets et souvenirs déposés au musée de la Bataille. Peu à peu, les souvenirs s’effaceront. Il n’y aura plus de déplacement à Ménil.

     

    En hommage à : Elie BELLON, Louis FERAUD tous les deux nés à Fours, à Virgile BLANC

    et Joseph Jules FABRE d’Uvernet et aux  28 autres combattants du 157ème Régiment d’Infanterie connus à ce jour tous tués à l’ennemi le 28 août 1914 à Ménil-sur-Belvitte.

    https://sites.google.com/site/amicaleubayennechasseursalpins/informations-utm/l-ubaye-et-la-bataille-du-28-aout-1914-de-menil-dans-les-vosges

     

     

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    LA CHIPOTTE

     

    C’est dans le massif de la Chipotte que s’opère la lutte désespérée, à partir du 26 août 1914, afin de reprendre une position plus favorable, après de violents combats qui ont émaillé l’offensive d’Alsace et l’échec des batailles de Lorraine.

     

    La bataille des Frontières s’achève le 12 septembre 1914, sur une victoire française mais une partie du territoire vosgien demeure occupée pendant quatre longues années. La Chipotte, devenue nécropole, voit s’ériger plusieurs monuments aux troupes françaises qui y ont combattu. Ils impriment aujourd’hui à ce lieu sacrificiel de la bataille des frontières sa forte identité de col mémoire vosgien


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  • A GRANDE GUERRE  VIEIL ARMAND 3
     

    Le quartier de l’Arsenal se situe sur les communes de Roanne et de Mably.

    De nombreuses rues évoquent des durs moments de la « Grande Guerre » :

    Boulevard d’Arras, boulevard de Verdun, Boulevard de Reims, Boulevard de Péronne, Avenue de Vauquois, Avenue de Beauséjour, rue de Bapaume, rue de Tavanne, rue du Vieil-Armand, rue des Eparges, Rue des Marais de St-Gond, rue d’Yprès, Allée de Soisson, rue de la Maison du Passeur, rue de Guise, rue de Rethel etc.

    Ces petites rues calmes et tranquilles contrastent curieusement, avec les douloureux combats sanglants qu’elles rappellent.

     

    A GRANDE GUERRE  VIEIL ARMAND

     

    LE VIEIL ARMAND

     

    Le massif du Hartmannswillerkopf, que le commandement allemand désignait par l’abréviation « HK », est un éperon rocheux pyramidal surplombant le sud de la plaine d’Alsace.

     

    Les « poilus » le surnommeront dès 1915 le « Vieil Armand »  puis qualifieront la falaise de « mangeuse d’hommes » ou de « montagne de la Mort ». Culminant à 956 mètres, cette position stratégique est l’enjeu de furieuses batailles qui s’échelonnent entre le 26 décembre 1914 et le 9 janvier 1916.

     

    Durant cette période, alors qu’attaques et contre-attaques se succèdent, le sommet change huit fois de main. Les régiments les plus illustres, dont le fameux 152° RI, appelé par les soldats le « 15-2 », s’y distinguent perdant parfois la moitié de leurs effectifs en quelques jours de combat. Quant aux intenses bombardements : 250 000 obus sont tirés par l’artillerie française pendant la seule journée du 21 décembre 1915. Ils transforment progressivement la forêt en  paysage lunaire.

     

    Les estimations des pertes évoquent le chiffre de 25 000 morts dans les deux camps, résultant de l’acharnement des généraux à maîtriser cette hauteur : pour Joffre, « le Hartmann doit être repris ». « Je veille la garde sur le Rhin » répondra le général allemand Gaede. Les aménagements, casemates, galeries et abris souterrains qui sont installés pour abriter les hommes et les munitions sont les plus imposants du Massif des Vosges. Parmi les 6 000 abris construits la moitié est encore visible, jalonnant un parcours de 90 kilomètres de tranchées.

     

    Le Monument National« Hartmannswillerkopf 14-18 » fait partie des quatre monuments nationaux de la Grande Guerre. Œuvre de l’architecte Robert DANIS et du sculpteur Antoine BOURDELLE, ce monument résolument original, a été inauguré  en 1932 par le président de la République Albert LEBRUN.

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    Nécropole allemande.

    Le cimetière militaire allemand de Cernay, situé au pied du Hartmannswillerkopf, rénové dans les années 1979-1983 et dont certaines tombes datent du XIX° siècle, a accueilli l’essentiel des tombes de prisonniers allemands des différents fronts internés dans les camps français. 7085 victimes allemandes de la Première Guerre mondiale y reposent.

     

     

     LE FROND DES VOSGES (Tourisme de mémoire 14 18)

    http://www.front-vosges-14-18.eu


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  • A SOLDAT APICULTEUR 1
     

    Il est un fait indéniable et qui prouve combien est grand le sang-froid de nos soldats au milieu des dangers et des calamités de la guerre : c’est celui de leur belle sérénité morale. En effet ne voyons-nous pas à chaque instant s’ouvrir des expositions d’art ou d’industrie alimentées spécialement par nos poilus ? Ne trouvons nous pas dans la librairie toute une littérature (livres ou revues) écrite par eux sur le front ? N’entendons-nous pas dans les concerts, et même dans les rues, des chansons composées et chantées par nos admirables mitrailleurs ou grenadier, au milieu des éclats de marmites et des shrapnells ?

     

    Le fait intéressant que nous signalons aujourd’hui est celui d’un élevage d’abeilles sur le front de Verdun, de glorieuse mémoire, et de leur acclimatation dans des ruchers de fortune transportés de tranchées en tranchées.

     

    Les brigadiers d’artillerie Paul Morise et de la Vilarmoy, cantonnés dans le village D’Autrécourt, firent l’année dernière une abondante récolte de miel délicieux.

     

    Ils avaient recueilli les abeilles un peu partout, tantôt dans des ruches abandonnées, tantôt dans le creux des arbres ou dans des nids aériens. Ainsi, un jour, dans un vieil orme, à 6 mètres du sol, ils récoltèrent en même temps que les abeilles plus de dix kilos de miel ! C’était une véritable aubaine.

     

    Le plus curieux fut la création du rucher. Primitivement, nos poilus avaient pu se procurer une ruche comme nos pères s’en servaient et qu’emploient encore certains producteurs peu au courant des progrès de l’apiculture ; elle était en paille, mais elle était en pleine activité. Cette ruche, au mois de mai, donna deux essaims à quelques jours d’intervalle. Ils furent aussitôt capturés et enruchés.

    A SOLDAT APICULTEUR 2

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dans la première quinzaine d’août, le composé d’un premier essaim, nombre considérable d’individus, environ 7 0000 abeilles, se dédoubla et donna naissance à un deuxième dans la seconde quinzaine du même mois et, à la même époque, le second essaim produisait son essaimage.

    De cette ruche primitive, qui enfanta tous ces essaims, sortit donc d’un petit rucher composé de six ruches, avec lesquelles nos poilus entreprirent quelques expériences.

     

    Avec des caisses de vin de Champagne, article très courant et très commun sur le front, parait-il, ils confectionnèrent une grande ruche à cadres, semblables à celles que les vrais apiculteurs emploient aujourd’hui. Ils y réunirent deux essaims après avoir supprimés la reine d’une des colonies.

    Voici de quelle manière ils s’y prirent : à défaut de vaporisateur, ils se servirent de leur bouche pour projeter de l’alcool de menthe, seul ingrédient en leur possession sur la première ruche, dont ils avaient enlevé le toit, puis comme le font les apiculteurs de métiers, ils renversèrent, non sans brusquerie, toutes les abeilles du deuxième essaim sur une planche inclinée et placée devant la grande ruche à cadres, projetant également sur les bestioles, par insufflation, un mélange d’alcool et de menthe et d’eau de pluie.

    Très rapidement, la masse des abeilles bruissa, se souleva, et comme si un rappel eût sonné à l’intérieure de la grande ruche, l’essaim entier y pénétra, se mélangea sans lutte et sans pillage au premier essaim qui y avait été antérieurement introduit.

    Plusieurs autres essaims furent capturés par nos artilleurs dans les environs d’Autrécourt et transportés dans la tranchée.

     

    L’un deux était suspendu à une branche d’arbre, un des rares restés debout, sur la route qui traverse le bois de Hesse, alors balayé par les obus allemands.

     

    Ayant étendu sur le sol une toile d’équipage, un des poilus frappa la branche où se tenait l’essaim d’un coup sec et les abeilles tombèrent dans la toile, qui fut aussitôt refermée et emportée. Le soir même elles étaient enruchées.

     

    Mais nos poilus, en capturant l’essaim, avaient-ils aussi capturé la reine ? Non, car quelques jours plus tard, ils s’aperçurent que la ruche ne prospérait pas : elle n’offrait aucune trace de couvain. Ou la reine s’était échappée lors de la prise de l’essaim, où elle avait été tuée accidentellement pendant les diverses opérations nécessité par la mise en ruche.

    Que faire, en vérité dans la circonstance ?

    Nos soldats apiculteurs devaient-ils se résigner à voir périr le fruit de leur trouvaille faite dans des circonstances assez dangereuses ? Sans la mère, l’essaim était destiné à disparaitre, à s’égrener à tous les vents, à produire des abeilles brigandes et pillardes.

     

    Ils se souvinrent que certaines apiculteurs avaient préconisés le transfert des œufs d’une ruche active à une ruche sans mère et que les abeilles de cette dernière ruche les adoptaient, les élevaient et reprenaient goût au travail.

     

    Cette assertion était-elle vraie ? Ils voulurent en faire l’expérience.

    Ils prirent donc dans une bonne ruche des œufs frais du jour, et, le soir, les placèrent devant l’entrée de la ruche orpheline.

    Dès le lendemain matin à leur grande satisfaction, les œufs avaient tous disparus. Ils visitèrent aussitôt l’intérieur de la ruche cadre par cadre, et se convainquirent que les œufs étaient installés dans le fond des cellules. Ils avaient donc été adoptés.

     

    Quelques jours plus tard plusieurs des cellules qui avaient reçu les œufs, étaient transformées en cellules royales, et, trois semaines après, l’éclosion s’opérait ; les reines fraiches écloses se promenaient au milieu des ouvrières. Une seule fut conservée dans la ruche, et bientôt, elle commença à pondre. Ce qui prouve, une fois de plus que l’accouplement n’est pas toujours aérien, et qu’il se produit aussi à l’intérieur de la ruche.

     

                                  Alphonse Labitte (attaché au Muséum)

                                                      Almanach illustré du « Petit Parisien ».


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  • TOMMY PAR LUI MEME 1
     
     

    LE « TOMMY » PEINT PAR LUI-MEME (GRANDE GUERRE)

     

    Bully-beef : c’est notre singe à nous les Angliches. Présenté par le gouvernement en petites boites carrés, cette conserve de bœuf sert à toutes sortes de choses curieuses. Dans la tranchée ont les lances aux Boches. Une de ces boites bien diriger d’une main adroite suffit à mettre un Bavarois knock-out. Et Dieu sait s’ils ont la tête dure. On s’en sert aussi pour caler les bancs dans les guitounes et pour tuer les rats. Enfin on dit que certain mangent de ce bœuf, mais il faut demander confirmation.

     

    Marmelade : confiture dite d’orange, fournie par l’intendance. C’est le régal du guerrier Anglo-Saxon. Elle est livrée en fut de 1000 kg et servie à la louche par le sergent-major de bataillon. La marmelade est faite d’après une récente enquête de : melon, de la carotte, de la betterave, du navet et des potirons. C’est pourquoi on l’appelle « marmelade d’orange ». Quelle que soit son origine, on la déguste avec satisfaction dans la tranchée ou dans la cour de ferme et on l’échange parfois contre du beurre et des œufs de paysans français. Le « Tommy » sans marmelade, c’est une jolie femme sans poudre de riz.

     

    Clou de cercueil : expression militaire pour « cigarettes », les « Virginias » offertes aux « Tommy » sont longues et minces, dans cette philosophie pittoresque, ils les fument sans tristesse par les routes de France en pensant aux yeux bleus des « girls » qui les attendent dans la chère vieille Angleterre.

     

    Souvenirs : cris, cent fois répétés par les habitants de la France quand ils voient passer un régiment de soldats Anglais. Les dames surtout sont particulièrement persévérantes dans cette exclamation. Alors « Tommy » pour être galant, se sépare d’une quelconque petite chose qu’il porte sur lui et qu’il peut offrir sans risquer le Conseil de guerre par exemple, un écusson de bataillon, un bouton de sa tunique, un petit drapeau de l’Union Jack.

    Les jours de grande chaleur et de marche forcée, « Tommy » donnerait même volontiers comme souvenir « son sac, sa casquette, son fusil, sa pelle-bêche et sa cartouchière ».

     

    Thé : l’indispensable breuvage du « Tommy » en campagne. Qu’il tombe de la pluie, de la grêle de la neige, des obus ou des bombes d’aéroplane, il prépare son thé. Tous les récipients sont bons : marmite, bidon d’essence, douille de 77, casque de tranchée. Ce dernier est très goûté car il conserve après une petite odeur de thé qui fait le délice de son propriétaire.

     

    Zigzag : autre mot français indispensable au « Tommy ». Etre zigzag cela veut dire avoir son plumet, être éméché. Il est recommandé d’employé ce mot lorsque le patron d’un estaminet refuse le énième verre de bière parce que le consommateur semble un peu trop mur. On dira alors froidement en s’appuyant contre la table : « Moi, monsieur…pas du tout ZIGZAG… Donnez-moi un autre glass ! »

     

    Archibald : de même que les Boches ont baptisé le 75 français « le petit Gustave », nous appelons « Archibald » notre canon de campagne. Toute notre artillerie a ainsi des surnoms bizarres : les « grenouilles » sont les crapouillots ; le « petit ourson » est l’obusier de 105 ; mère et grand-mère sont les 280 et 305 ; enfin la « paresseuse Lizzie » c’est notre grand canon de siège d’un calibre analogue à celui de grosses pièces du fameux cuirassier Queen-Elisabeth.

     

    Crème de Menthe : ancêtre célèbre à présent des tanks. « Crème de Menthe » a connu la plus bruyante notoriété. Elle débuta sur le théâtre de la guerre comme une grande étoile en septembre 1916. Elle eut un tel succès que les boches au parterre se hâtèrent vers la sortie sans se faire rembourser leurs fauteuils.

    « Crème de Menthe » mariée à « Cordon-Rouge », tank de sexe mâle a eu beaucoup d’enfants. Un peu lourdauds d’apparence ceux-ci mettent souvent les pieds dans le tas. Ils ont besoin d’une main ferme pour les conduire. Ils boivent l’essence et crachent du fer. Avec leurs camarades français, ils boiront aussi l’obstacle et cahin-caha grinçant des dents et des pignons, ils prennent tout doucement le chemin du Rhin.

     

                                  Pour la Compagnie « Tommy » : Maurice Dekobra

     

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  • BOITE AUX LETTRES CALICE 3
     

    Extrait d’une lettre de M. L’abbé Chauffret, aumônier militaire à la…division.

     

    « Il ne m’est pas possible de préciser quel jour, mais sûrement dans la première semaine de juillet 1916, un de nos régiments coloniaux entrait dans le village. L’église bombardée flambait. UN groupe de marsouins y pénètre et remarque aussitôt aux murs du sanctuaire un grand drapeau français, avec l’insigne du Sacré-Cœur, que les Allemands avaient respecté depuis 1914. Devant l’autel garni, les bouquets commençaient à se faner. Nos hommes entrent dans la sacristie, sur les meubles, des livres de prière, des tracts, des cantiques en allemand. Dans les armoires, ils trouvent des calices, des ciboires, des ornements. A la hâte, ils enlèvent ce qui leur parait le plus précieux. Comme ils vont sortir, l’un d’eux a l’idée de regarder dans le tabernacle : un ciboire plein d’hosties y était resté. Le soldat l’enlève et toute la troupe repart sous les obus qui continuent de pleuvoir.

     

    « Mais ce n’était pas du tout d’avoir sauvé les vases sacrés ; qu’allait-on faire de ce butin précieux repris aux Boches ? Le combat fini on va trouver le colonel, très populaire et très aimé de ses marsouins ; on lui expose le cas. Le colonel donne l’ordre aux sapeurs de faire une grande caisse, on mettra dedans ciboires, calice et ornements pour envoyer le tout à l’aumônier divisionnaire. Restait un problème embarrassant : le ciboire contenant les saintes espèces, qu’allait-on en faire ? Nous avons « sauvé » le bon Dieu et nous ne savons où le mettre ! disaient les coloniaux avec leur savoureux accent du midi. Il faut bien se « débrouiller » et l’un d’eux avisant un pan de mur encore debout une vaste boite aux lettre qui avait dû, pendant des mois contenir tout le courrier de la garnison allemande : « On va toujours y mettre le bon Dieu, du moins comme cela il sera tout seul ! » Ainsi firent nos marsouins, et pendant les vingt-quatre heures que le ciboire resta dans ce tabernacle improvisé, on aurait pu voir de temps à autre un de ces braves enfants esquisser, en passant, une rapide génuflexion devant la boite aux lettre de Flaucourt.

     

    « Quelques jours après, grâce à la complaisance d’un payeur aux armées, l’évêché d’Amiens rentrait en possession des biens de cette église séquestrée par l’ennemi depuis bientôt deux ans.


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