• GOUTAUDIER EN FAMILLE SAINT RIRAND
     

    Avant la création de la Croix de Guerre, les décorations pour récompenser la conduite sur le champ de bataille sont "naturellement" la Légion d'Honneur pour les officiers et la Médaille Militaire pour les sous-officiers, caporaux et soldats. Il me semble que même les soldats et sous-officiers ayant pris des Drapeaux au combat en 1914 n'ont reçu "que" la Médaille Militaire.

     

    Légion d'Honneur pendant la période des hostilités :

     

    ·        Soldat Jouy (22e R.I.C) en 1916.

    ·        Caporal Goutaudier (Chasseur, 11°BCA) en 1916.

    ·        Soldat Gourvès (60e R.I) en 1917.

    ·        Caporal Pacini (Chasseur à pied,) en 1917.


    Source : livre "Les Croix de Guerre" -Librairie de France 1936.

     

    Dans le livre "les poilus" de Miquel (terre humaine plon), une photo le montre en famille.
     La légende de la photo : 
    "la permission tant attendue après Verdun. Ce chasseur héroïque, le caporal Claude Goutaudier. rentre à Renaison,  près de Roanne pour embrasser ses parents. Il est l'un des seuls à arborer la Légion d'honneur, réservée aux officiers, à côté de la croix de guerre avec palmes"

     

    L’exploit de Goutaudier

     

    Le caporal Claude Goutaudier a fait cent prisonniers.


    Décoré de la croix de chevalier de la légion d’honneur par le président de la république.
    « Audace et mépris absolu du danger, jetant la terreur dans les tranchées et abris ennemis. A fait, avec un camarade, une centaine de prisonniers, dont deux officiers. Après les avoir conduits, est revenu prendre sa place. »

    Goutaudier ayant traversé Paris, en se rendant en permission à Renaison (Loire) où il était cultivateur quand la guerre éclata, un rédacteur du même journal a pu le joindre et l’interroger :


    - Oh ! dit-il à notre confrère, ce que j’ai fait n’a rien d’extraordinaire. Une fois qu’on y est, vous savez, on y va de tout son cœur.
    - Mais les cents prisonniers, comment ?…
    - On avait des grenades plein la besace que je porte là ; alors, avec Guillot… ce pauvre Guillot qui a été tué du coup quand nous avons voulu « repiquer au truc »…on s’est avancé en rampant jusqu’à leur boyau et on leur en a flanqué tant qu’on a pu. Deux de leurs officiers se sont montrés en levant les bras ; on leur a fait signe de déboucler leur ceinture à cartouches et de partir à l’arrière ; ils ont obéi et tous les autres les ont imités. Nous, nous avions une grenade dans chaque main, et le premier qui aurait fait mine de « rebiffer » était sûr de son affaire… Voilà !…


    - Mais, dit encore le journaliste au nouveau décoré en désignant la Croix de guerre ornée de deux palmes et d’une étoile qu’il porte à côté de sa croix, vous aviez déjà d’autres beaux faits à votre actif ?…
    Il sourit avec un petit haussement d’épaules d’insouciance :
    - J’ai eu ma première citation à Metzeral, l’autre à… ma foi, je ne sais plus au juste… il y en a tant, des « coups de torchon », que l’on se rappelle pas où on s’est le mieux battu !

     

    GOUTAUDIER EN FAMILLE SAINT RIRAND groupe                  L’illustration, 73e année, N°3832 du 12 août 1916 et N°3833 du 19 août 1916

     


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    Etienne Chevillard : Régny : Les mémoires de Jean Devillaine 1887-1964

     

    Je suis catholique convaincu et pratiquant, dans la mesure où cela m’est possible, en raison des vicissitudes de la guerre. DIEU m’a donné une famille que je chérie, et ma seule ambition est de le servir, comme il le désire, en union intime avec ma femme et mes enfants. Je me soumets en tous points à sa volonté divine. La vie terrestre est une épreuve passagère, semée très souvent de peines, d’ennuis et de tristesse qui, par leur acceptation chrétienne, doivent nous mériter la vie éternelle.

     

    Je ne crois point au hasard, mais je suis persuadé que tout ce qui m’arrive comme épreuves ou afflictions est voulu par DIEU, et par conséquent doit servir à ma sanctification. Mon plus cher désir n’est pas d’accroître ma fortune matérielle pour permettre à mes enfants de vivre dans l’oisiveté, mais il est surtout d’accroître en moi les trésors de la vie chrétienne que Dieu met à notre disposition de façon à ce que, transmis à mes descendants, ces trésors ayant fructifié en eux, les rendent par conséquent, meilleurs chrétiens que moi. Je remercie DIEU du fond du cœur de m’avoir donné des parents et des maîtres dévoués qui, par une éducation chrétienne bien comprise, m’ont donne en quelque sorte le sens de la vie.

     

    En politique, les doctrines extrêmes s’alimentent mutuellement. Les unes sont la raison d’être des autres. Par certains côtés, elles séduisent l’esprit mais elles risquent de nous entraîner dans de dangereuses exagérations.

     

    Beaucoup de gens se laissent conduire en aveugle par l’égoïsme qui leur fait sacrifier l’intérêt général de la collectivité sur l’autel de leurs intérêts particuliers.

     

    Puisse le sacrifice sublime de nos frères que nous voyons tomber chaque jour sur l’autel de la patrie et pour le salut commun, leur être une leçon salutaire.

     

    Pour le plus grand bien de la France et de la République, chassons de nos cœur le parti-pris et l’esprit de parti. Cherchons d’abord tout ce qui peut nous unir, avant d’épiloguer sur ce qui serait susceptible de nous diviser.

     

    Nous nous reconnaîtrons certainement un grand nombre d’aspirations communes qu’il nous sera possible de réaliser par une collaboration loyale et fraternelle.

     

    Il faut mieux élever nos enfants dans le culte de l’honnêteté e de l’amour du travail bien fait, que de chercher à leur assurer fortune et oisiveté.

     

    Le mal est d’abord individuel avant de devenir social, c’est donc en nous et autour de nous qu’il faut d’abord le combattre si nous voulons rendre la société meilleure.

     

    Travaillons donc sans cesse à notre amélioration personnelle, et faisons le plus de bien possible, dans le milieu où la Providence nous a placé.

     

    De nos jours, une politique de réaction violente semble rencontrer quelques succès auprès d’un certain nombre de catholiques. Il y a là un immense danger pour l’avenir du catholicisme en France qui devrait se maintenir en dehors de nos luttes politiques. Certains incroyants ne considèrent la religion que comme un gendarme moral. Si elle n’était que cela, elle serait en réalité peu de choses. Pour certains bien-pensants, la religion est considérée par eux comme la gardienne de leur coffre-fort. Si elle n’était que cela, nous n’aurions aucune raison de la respecter. Proclamons donc avec force que la religion du CHRIST n’est inféodée à aucun système politique ou économique. Les papes l’ont proclamé bien souvent.

     

    … /…

     

    En lisant, il y a quelques temps déjà, la belle lettre du Cardinal Maurin (1916-1936), au sujet des syndicats, et plus récemment le message du Cardinal BOURNE à la nation anglaise, je me disais que ces deux éminents prélats traçaient un merveilleux programme d’action social pour l’après-guerre. Il y aura là un immense champ d’action, ouvert de ceux d’entre nous qui échapperont à la terrible étreinte de la guerre et reviendront pour : « travailler à la vigne » dont parle l’Evangile

     

    Ces fortes paroles de l’Abbé Peyre sont plus que jamais de circonstance :

    «  Il faudrait, disait-il, que dans les temps où nous sommes, un chrétien intelligent ne se laisse dépasser par personne dans l’étude et dans l’application des scènes sociales. Nous ne devrions pas souffrir, bons chrétiens, que quelqu’un dans le monde parlât mieux que nous sur les questions qui agitent si puissamment et si légitimement les esprits de ce siècle, et que l’Evangile a seule soulevé dans l’univers les questions du paupérisme, du travail, de la famille, associations de secours mutuels, des caisses de retraites, des syndicats, des crèches, du travail des femmes et des enfants ; questions qu’une importance absolue et qui intéresse les fondements de la société humaine. Il faudrait que tous les catholiques se pénètrent bien de ces principes. Malheureusement, beaucoup d’hommes ont méconnu la grande loi d’amour et de fraternité que le Christ a apportée au monde ; en se laissant conduire par la haine, l’orgueil et l’égoïsme.

     

    Depuis vingt siècles, la céleste et éclatante lumière de la Rédemption projette ses rayons vivificateurs sur l’écran de notre monde en ébullition qui, plus que jamais à besoins de cette divine lumière.

     

    Souhaitons qu’à l’exemple de l’apôtre Saint-Paul, les cœurs sincères qui veulent aller au vrai avec toute leur âme, trouvent eux aussi leur chemin de Damas et soient éblouis par la lumière du Christ. Domptant l’orgueil de leur esprit, ils se prosterneront devant la Croix Rédemptrice. L’Evangile du Christ qui fit couler, avec l’esclavage antique, la Rome sensuelle des Césars, est le fondement de tout progrès social.

     

    Comme le disait si bien l’universitaire catholique Philippe Gonnard, professeur d’histoire du Lycée de Lyon, tombé héroïquement devant Verdun : « Nous savons que l’ordre social n’est pas fondé sur la force mais sur l’amour, et qu’il ne dépend pas d’un sabre dressé sur son trône, mais d’une Croix adorée dans chaque foyer ».

     

    …/…

     

    FOURNITURES POUR L’ALLEMAGNE

    Sur mon carnet de guerre 1914-1918, j’avais émis la réflexion suivante : beaucoup se laissent conduire en aveugles par l’égoïsme qui leur fait souvent sacrifier l’intérêt général de la nation sur l’autel de leurs intérêts particuliers.

     

    Confirmation de l’affirmation ci-dessus nous a été donné entre les deux guerres, à maintes reprises.

     

    La cause de la seconde guerre mondiale fût le réarmement formidable de l’Allemagne hitlérienne. Or, cette Allemagne ne possédait pas les ressources nécessaires à ce réarmement intensif Si nous lui avions refusé ces ressources la tentative nazie se trouvait paralysée

     

    C’est en effet la France qui contribua au réarmement de l’Allemagne parce que, au-dessus des peuples qui veulent la paix, il y a les trusts pour lesquels l’argent n’a pas d’odeur et qui s’enrichissent par la préparation de la guerre.

     

    Voici puisé dans une excellente revue : LA PAIX, par le droit, des statistiques concernant les achats faits chez nous par l’Allemagne en 1932 et 1934. Vous noterez la progression fantastique de ces achats :

           

    Matière : en tonnes

    1932

    1934

    -        Minerai de fer pour la construction d’armement

    7 608 518

    18 038 897

     

    -        Minerai de nickel

    95 918

    297 687

    -        Chrome

    272 912

    483 078

    -        Chlorure de sodium

    93 677

    120 972

    -        Produits résineux (explosifs)

    86 173

    207 681

    -        Coton en fil et déchets

    54 173

    118 322

    -        Produits chimiques divers

    151 280

    552 655

    -        Bois pour crosses de fusils

    6 659

    14 133

     

    Indépendamment de ces livraisons directes, des quantités considérables de matériel de guerre expédiées de France par la SUISSE. Le fait m’avait été signalé par un ancien employé de la gare de Perrache à Lyon qui fût assassiné par la gestapo durant la dernière guerre.

    C’est ainsi que les rails du petit chemin de fer à voie étroite, qui réunissait REGNY à BALBIGNY et continuait sur VICHY, furent démontés en un temps record et paraît-il passèrent en SUISSE suffisamment à temps pour nous permettre de les recevoir, sous forme de bombes, pendant la débâcle de 1940 !

                                                                           ---------------------------

    C’est fin 1910 que Monsieur Antoine Desvernay me procure l’emploi de caissier-comptable aux Crayons Conté. En juillet 1912 je me mariai et venais habiter Régny. Au début de 1914, j’effectuai une période de 18 jours et quelques mois après je partais pour 5 ans à la guerre, dans la compagnie d’armée de pontonnier n° 23.

     

    Notre départ pour le front eut lieu d’Avignon le 15 août 1914. En passant à Dole dans le Jura, j’aperçus sur le quai de la gare, le camion de déménagement de monsieur Chaintre de Régny. Il avait été réquisitionné à la mobilisation. En débarquant à la gare d’Igney, nous étions un peu émus. Nous prenions de suite la direction de Rambervillers et traversions un champ de bataille ; j’avisais une paire de chaussures dans un fossé, mais en voulant l’emporter je m’aperçus qu’une jambe était demeurée dans le soulier, inutile de vous dire que je la laissais sur place.

     

    Un peu plus tard, nous traversions le champ de bataille de Sarrebourg, il y avait là des cadavres non encore enterrés et quelques chevaux qui agonisaient. Pour les empêcher de souffrir, notre capitaine en acheva quelques-uns avec son révolver.

     

    Un peu plus tard encore nous allions réparer les ponts à Baccarat et construire des passerelles complémentaires. Puis ce fût la réparation et la construction de ponts sur la Moselle à Marbaclo, Dieulouard et Pont à Mousson.

     

    Nous demeurâmes plusieurs mois à Jezainville et allions travailler en forêt de Puvenelle.

     

    …/…

     

    Pendant l’hiver de 1916, j’ai été détaché au génie de l’armée. On m’avait doté d’un sapeur-conducteur, d’un cheval et d’une voiture du génie monté. J’étais chargé de visiter les communes de l’arrondissement de Neufchâteau, pour aménager des cantonnements destinés à loger les troupes américaines. Je devais aménager des cantonnements pour loger le plus grand nombre d’hommes et de chevaux.

     

    Je rendais d’abord visite aux maires pour leur expliquer la mission qui m’avait été confié. Au début il paraissait un peu réticents, mais lorsque je leur indiquais que le génie effectuerait tous les travaux de réparations nécessaires aux immeubles, réparations des planchers, pose d’échelles de meuniers avec rampes pour l’accès aux greniers et granges, etc. Mon travail se trouva bien facilité.

     

    J’établissais un plan des communes avec indication du nombre d’hommes et de chevaux qu’il serait possible de loger chez chaque propriétaire. Du reste des équipes vinrent immédiatement pour réparer tous les locaux.

     

    Un jour où nous manquions de planches de parquet, je vis arriver un lot important de madriers en chêne de 4 c/m d’épaisseur pour les remplacer. J’ai su par la suite que ces madriers venaient de Pagny/sur/Moselle où il y avait un important chantier du génie pour la construction de poutrelles en ciment armé pour les blockhaus des tranchées. Or trois mois plus tard, lorsque ma mission fût terminée, on me détacha à Pagny/sur/Moselle pour la confection des poutrelles en ciment armé, et il n’y avait plus de madriers en chêne, on les avait remplacés par des planches de 27 c/m.

     

    Pendant mon séjour dans l’une des communes que j’avais aménagé, j’ai fait la connaissance de l’ancien précepteur français de l’Impératrice Zita d’Autriche. Cet homme, très cultivé, me permis de passer quelques moments charmants, dans son intimité.

     

    Un peu plus tard, notre compagnie fût affectée, avec d’autres compagnies, du génie, à la construction d’un campement de 800 baraques à Bois l’Evêque, au sud de Toul. Ces travaux très importants étaient commandés par un officier supérieur du génie.

     

    Les travaux furent très activement poussés. J’étais chargé du matériel, Or je m’aperçus au bout de quelques jours que les rondelles de boulons faisant partie du matériel disparaissaient avec une rapidité surprenante. Les sapeur qui avaient une journée de repos le dimanche s’étaient aperçus que les rondelles de boulons remplaçaient avantageusement les pièces de bronze de dix centimes pour faire fonctionner les pianos mécanique qui étaient très nombreux dans la région. Tous les villages voisins en possédaient et le dimanche ils fonctionnaient continuellement, grâce aux rondelles. Bien entendu, lorsque les propriétaires des pianos s’aperçurent que les sous en bronze étaient remplacés par des rondelles de boulons, ils furent certainement vexés.

     

    Vers la fin des mêmes travaux, on amena des camions des meubles de la place de Toul pour aménager les nombreux baraquements. Un certain jour, au moment du déchargement d’une ancienne commode à tiroirs, elle glissa sur le plan incliné à l’arrière du camion et les trois tiroirs de la commode se renversèrent sur la chaussée.

     

    Savez-vous ce qu’ils contenaient ? Tous les plans des forts de Toul, avec les dossiers annexes comportant les batteries à installer dans le camp retranché en cas de siège, ainsi que les canevas de tir de ces batteries et les zones à bombarder. J’allais immédiatement prévenir le commandant du génie chargé des travaux qui fût extrêmement surpris. Et Bien les plans des forts de Toul sont bien gardés, s’exclame-t-il ! Il fit immédiatement charger tous ces plans dans sa voiture pour ramener immédiatement ces documents secrets à la place de Toul.

     

    Là il eut le mot de l’énigme. C’est bien simple. Cette commode se trouvait dans une pièce dont un militaire avait la garde. Or ce militaire avait été relevé par la loi Dalbiez et on ne lui avait désigné aucun remplaçant.

     

    C’est ce qui explique que les plans des forts de Toul n’étant plus gardés par personne, ils leur avaient été  possible de prendre la clef des champs !

     

                          

     

     

     

     


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  • recupération materiel guerre
     

    DU VIEUX DONT ON FAIT DU NEUF<o:p></o:p>

    Tout le monde s’accorde à rendre hommage à l’Intendance pour la perfection de ses services pendant le cours de cette guerre.<o:p></o:p>

    Avec quelle ingéniosité elle sait tirer parti des plus vieilles défroques et des plus informes débris, on ne peut le comprendre que lorsqu’on a vu de ses yeux l’activité qui règne dans les ateliers consacrés à cette besogne ingrate et nécessaire.<o:p></o:p>

    Nous allons les faire visiter au lecteur qui restera émerveillé de ce chef-d’œuvre dans l’art d’utiliser les restes.<o:p></o:p>

    C’est en vérité un étrange débarquement auquel nous assistons. Du wagon autour duquel s’agite une équipe territoriaux, on extrait successivement en moins d’une heure de temps : des ballots d’effets englués de boue, des armes brisées ou rouillées, une lessiveuse, un lot épars de ceinturons et de cartouchières une cinquantaine de havresacs autant de bidons, quelques douzaines de casques, des couvertures, des toiles de tentes, des boîtes de « singe » vides de leurs conserves, des gamelles, des godillots dépareillés, deux moulins à café, trois lanternes d’escouade, quelques caisses vides, parmi un amoncellement de douilles d’obus, un casier à bouteilles, un crapouillot en fâcheux état, des fusils anglais, une cage à poules, un bois de lit des caisses à grenades et un sabre d’artilleur. Ce sont les épaves du front.

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    recupération materiel guerre 2
    Voir taille réelleAU ROYAUME DES EPAVES


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    Aux épaves, ainsi appelle-t-on la gare de triage, territoriaux, auxiliaire et Kabyles s’occupent activement au déchargement des wagons.<o:p></o:p>

    Dans une seule gare, il arrive directement du front et journellement, une moyenne de soixante-quinze wagons lourdement chargés des matériaux les plus hétéroclites ; Tout est entassé pêle-mêle. Au fur et à mesure que le convoi a passé dans les gares d’étapes, le personnel de chaque gare a versé dans les wagons, sans distinction et sans choix, tout ce que les camions automobiles, les charrettes et les tombereaux réquisitionnés ont apporté des cantonnements de l’avant, des tranchées nettoyées, des positions conquises. <o:p></o:p>

    Tout cela est trié, compté, rechargé méthodiquement par catégories et par destinations, car les armes iront dans telle usine, les caisses dans tel centre et la cage à poules, comme le casier à bouteilles, dans tel dépôt où l’administration des Domaine les brocantera au mieux.<o:p></o:p>

    Dans cette gare que nous visitons, deux millions de douilles d’obus de tous calibres sont passés en huit jours, lors de la dernière offensive.<o:p></o:p>

    Faut-il dire que plus d’une fois l’on a trouvé, parmi ce matériel, des ouvrages artistiques faits sur le front ? Douilles d’obus découpées ou repoussées en forme de vases, fusées travaillées en encriers que les artistes trop consciencieux qui les avaient créés, et peu satisfait de leur travail, avaient mis au rebut.<o:p></o:p>

    Maintenant moins dangereux, certes que celui d’armes ou d’obus encore chargés.<o:p></o:p>

    Les Kabyles montrent avec terreur un hangar où le zinc du toit a été percé comme à l’emporte-pièce, après que plusieurs d’entre-deux eurent été blessés par un fusil encore chargé et qui ne présentait pourtant qu’un aspect bien inoffensifs avec sa crosse brisée et sa culasse rouillée.<o:p></o:p>

    D’autre se rappellent la découverte d’un obus allemand de gros calibre dont la percussion ne s’était pas faite et qui voisinait avec un chargement de grenades  au rebut.<o:p></o:p>

    C’est un cas isolé, il est vrai ; car les explosifs sont détruit sur place.<o:p></o:p>

    Ainsi revient du front vers l’arrière, continuellement, inlassablement, le vieux matériel de tout usage et de tout ordre glané sur le champ de bataille, dans les bivouacs ou les cantonnements de repos. Nous sommes dans un des six grands centres répartis à l’intérieur, où on reçoit ainsi de l’avant tout ce qui a cessé d’être utilisable. De là, après un triage sommaire, on achemine le tout par catégorie dans des établissements où s’effectuera, sous les formes les plus variées, et quelquefois les plus imprévues, la transformation de ces épaves.<o:p></o:p>

     

     

     

    VIEUX HABITS, VIEUX GALONS<o:p></o:p>

     Dans quelque remise ou quelque grange du petit village où cantonne le régiment, le sergent-major de la…° compagnie échange la capote en loques, le pantalon élimé du poilu qui revient des lignes. Se soucie-t-il, maintenant qu’il est refringué à neuf, du sort réservé à l’uniforme qu’il vient de quitter ? Non pas. Au surplus il aurait tort. On rappelle à la soupe, et ventre affamé n’agite point de questions en apparences mesquines. Dans un coin du réduit gît maintenant un tas de capotes et de vareuses trouées, déchirées, brûlées par le soleil ou décolorées par la pluie. On les ficelle par dix et les voitures du train régimentaire les emporteront à la prochaine gare.<o:p></o:p>

    Après un relais au triage des épaves, nos vieux effets arrivent un beau jour à leur centre de récupération. <o:p></o:p>

    Huit heures du matin. Nous entrons dans cette bâtisse surnommée la chiffonnerie. Cent hommes , R.A.T., auxiliaires ou Kabyles, et deux cent cinquante femmes en sont les chiffonniers et les chiffonnières, mais d’accortes chiffonnières propres et coquettes, aux cheveux protégés de fichus bariolés qui égaient la maison de leurs couleurs vives.<o:p></o:p>

    Depuis longtemps, la ruche est en pleine effervescence ; d’un peu partout, de Flandres, d’Alsace, et de Champagne arrivent des effets au rebut. Nous y retrouvons nos capotes glorieuses et misérables que, de son village de cantonnement, notre sergent-major a expédiées.<o:p></o:p>

    La première intervention sera celle de la blanchisseuse. Savonnées, lavées à grande eau, séchées, nos capotes reviennent se soumettre au triage minutieux. Celles qui sont encore bonnes recevront les quelques réparations qu’elles comportent et seront expédiées dans les dépôts, pour l’habillement des bleus, des inaptes, des auxiliaires, pour tous ceux, en un mot, à qui une étoffe neuve serait superflue.<o:p></o:p>

    Et si une capote revient du front, pâlie, tachée mais sans usure ? On lui réservera un traitement de faveur qui lui permettra de rendre au front encore d’appréciables services.<o:p></o:p>

    C’est d’ailleurs, une assez récente innovation des services de l’Intendance. L’opération consiste, après nettoyage, à découdre le vêtement, à le « le retourner » et le confectionner à nouveau le dessus dessous. Affaire fort intéressante puisqu’elle permet le retour aux armées de 300 000 capotes chaque mois.<o:p></o:p>

    Si l’on ajoute celui également mensuel de 150 000 capotes renvoyées quasi neuves après un dégraissage obtenu par de nombreux procédés, on arrive à un coquet appoint de fournitures réalisant une importante économie.<o:p></o:p>

    Et cette capote en loques ? Elle est mise soigneusement sur une pile spéciale. On en retire les boutons, boutons d’artilleurs, de fantassins, de sapeurs, boutons de cuivre, de bois, ou d’aluminium, qui feraient une bien jolie collection d’amateur. Des femmes les classent dans des gamelles et des marmites.<o:p></o:p>

    Car dans un établissement militaire dont l’installation est sommaire et surtout économique, une gamelle percée ou une marmite désétamée peut fort bien, à défaut de « fricot », recevoir les boutons variés de l’uniforme français.<o:p></o:p>

    Revenons à notre capote. Elle est déchirée, usée, mais la couleur « tient » et il y a encore de bons morceaux. Dans ce pan, on découpe une enveloppe de bidon ; dans cette manche, on trouve six pattes d’épaule ; dans le dos, trois bandeaux de casques qui, sous la coiffe, amortiront les chocs ; peut-être, sur chaque devant, taillera-t-on un mocassin de drap, juste de quoi faire la paire ! Pour garnir deux sabots, à moins que l’on y trouve matière à la confection d’un bonnet de police.<o:p></o:p>

    Est-ce tout ? Que non ! Des débris qui restent, on effiloche la laine qui, expédiée à Estresaint ou à Elbeuf, servira à tisser d’excellents draps… pour capotes toujours.<o:p></o:p>

    Les débris de coton auront une plus belliqueuse destinée. Triés en plus de vingt catégories par des expertes chiffonnières, suivant la qualité, l’épaisseur et la couleur, ils vont dans des hottes nombreuses, attendre leur transfert dans un centre de pyrotechnie. On en fera du coton-poudre.<o:p></o:p>

    Et cette autre veste qui n’a plus de couleur, tant le soleil l’a jaunie et tant la pluie l’a détrempée ? Elle est bonne encore : point de gros accrocs et la trame résiste. Mais la lessive ne lui a pas redonné la teinte horizon dont elle se parait. Quel est son sort ? On la plongera dans une cuve où la teinture fera son œuvre, une teinture du plus beau vert-épinard. Puis, comme ornements, des boutons taillés en rondelles à l’emporte-pièce dans les débris de cuir ; une majuscule P. G. tracée à la céruse dans le dos et, si le pantalon l’accompagne, un autre P. G. sur le fond. Et voilà…un laissé pour compte qui habillera décemment, visiblement et dans les couleurs qui lui sont chères, un prisonnier de guerre prussien.<o:p></o:p>

    Des 800 000kilos de vieux effets que la chiffonnerie reçoit chaque mois, les quatre cinquième seront récupérés. Et l’ultime déchet n’est pas encore perdu, puisqu’en le vendant par 300 000 kilos à la fois, l’administration des Domaines réalise encore de belles recettes.<o:p></o:p>

    Et les chandails ? Et les lainages tricotés qui reviennent déchirés et inutilisable ? Au prix de la laine il y a matière à une intéressante récupération. Tout bonnement, des ateliers d’agiles ouvrières auront pour mission de défaire cette laine au crochet (il  suffit d’attraper le bon bout et de tirer doucement) et de l’entourer en milliers de pelote que les tricoteuses convertiront à nouveau en chauds sous-vêtements.<o:p></o:p>

    FERRAILLE A VENDRE<o:p></o:p>

     Entrons maintenant dans une autre ruche. Aux portes de Paris, de nombreux baraquements sont bien alignés au bord d’une voie ferrée qui apporte à quai encore de vieilles choses.<o:p></o:p>

    Le bidon cher au poilu, le bidon sans lequel il n’y a pas de pinard, le pinard sans lequel il n’est pas de salut, tout s’enchaîne, le bidon y est chirurgicalement soigné. Si sa panse n’est pas crevée par un éclat de marmite, il est ouvert en deux moitiés. Il est alors expédié au Grand-Palais où dans un atelier de mutilés de la guerre qui révèle d’excellents chaudronniers, il est étamé finement. Refermé, soudé, paré d’un bouchon neuf et d’une enveloppe de drap prélevée sur une de nos capotes de tout à l’heure, voilà notre bidon, neuf, prêt encore une fois, copieusement garni, bien entendu, à désaltérer un nouveau propriétaire.<o:p></o:p>

    Voici ailleurs une avalanche de havresacs. Ils sont bien vieux, bien fatigués, bien décousus, les » as de carreau » ! Il en arrive ainsi un millier par semaine qui n’en peuvent mais !<o:p></o:p>

    De tout ce mobilier délabré, le soldat n’appelle-t-il pas son sac « l’armoire à glace » ? On va en reconstruire 40 pour cent de neufs. Lavage d’abord, confection d’un cadre nouveau avec les bons morceaux des vieux ; pose de courroies taillées dans les débris de vieux cuirs : vernissage, et vous avez là de fort beaux havre sacs prêts à peser de tout leur poids sur les épaules solides du fantassin. Un sac neuf valant 25 francs, l’intendance pour une minime dépense, récupère ainsi journellement un lot important de matériel. Il va sans dire que les cartouchières, les ceinturons subissent le même traitement. Les toiles de tentes déchirées, trouées, feront de solides musettes de pansage.<o:p></o:p>

    LE COIN DES GODILLOTS<o:p></o:p>

    Mais voici une pyramide impressionnante et imprévue. Pêle-mêle, crottés, fangeux, bâillant de fatigue et de misère dépareillés, les godillots ; vaillants compagnons de marche des poilus      , se retrouvent là après de rudes étapes ; c’est le terme de leur existence, avant la métamorphose.<o:p></o:p>

    Tous les jours, près de quatre mille brodequins, il n’est plus question de paires parmi ces unipédistes, quittent la cité magique, réquisitionnés par l’Intendance, où ils font leur dernière pause et vont à de somptueuses régénérations. Double triage : d’une part, les chaussures qui ne supporteraient aucune réparation et qui sont vendues à l’encan ; d’autre part, celles que l’on pourra encore utiliser. Et ce traitement qu’elles vont suivre est bien une création issue des nécessités de la guerre. Il représente, et c’est un beau chiffre, près d’un demi-million d’économie par mois.<o:p></o:p>

    Tout d’abord un bain de plusieurs heures dans de grandes cuve où la potasse, dissoute dans l’eau, exerce son action bienfaisante sur le cuir et le débarrasse de toute souillure.<o:p></o:p>

    Vient alors le renformage. Chaque brodequin est mis sur un embauchoir et placé dans un casier aéré où il sèche sans que le cuir puisse rétrécir. Ensuite un premier graissage à l’huile de poisson et le brodequin passe à la mensuration, pardon, au mesurage. La pointure est inscrite, les pieds droits et les pieds gauches sont rassemblés séparément. Puis vient l’appareillage ; chaque pied droit retrouve son pied gauche ou du moins un pied susceptible de faire bonne figure, si l’on peut dire, en sa compagnie.<o:p></o:p>

    Voici donc deux godasses, en argot de tranchées, de dimensions assorties. Elles ne se quitteront plus. Ensemble elles passent à l’atelier de réparation. Une pièce à mettre, une couture à refaire ? Il faudra peu de temps, car chacun a sa tâche et le travail est bien compris. Un ressemelage ? Autre affaire. Nos jumelles passent successivement devant les divers établis où l’on coupe le cuir, où on le fixe, où on le polit. Puis d’experte femmes, à coups ininterrompus de marteau, gratifieront chaque semelle du nombre de clous exactement comptés qui lui est dévolu suivant sa surface.<o:p></o:p>

    Chaque paire recevra ainsi, si l’on prend la dimension moyenne : 178 clous, de ces gros clous à tête ronde, spécialement fabriqué par des forges renommées, qui résistent aux plus dur silex.<o:p></o:p>

    Sa journée terminée, la savetière  aura planté 8 900 clous sur 50 paires de bottes qui, bien fignolées, passées à l’ocre et bien graissées, seront dirigées sur les formations de l’intérieur, car il faut brevet de neuf pour prétendre à la gloire de la tranchée.<o:p></o:p>

    Un convoi entier vient d’être aiguillé sur une usine militaire dont les cheminées s’élèvent dans la région du sud-ouest de Paris. Des toisons laineuses, des peaux, des cornes, des os sont empilés dans les wagons. C’est tout ce qui reste du bétail abattu dans la zone de l’avant pour les besoins de l’armée. Résidus trop précieux pour qu’on ne les emploie pas utilement !<o:p></o:p>

    En peu de temps, grâce à l’art perfectionné d’appliquer le tanin aux cuirs, on conserve aux peaux leur souplesse en les débarrassant de leur matière putrescible. C’est là un gros appoint pour la cordonnerie et la sellerie militaires, à une époque surtout où la rareté du cuir le rend fort cher.<o:p></o:p>

    Les armes, les munitions qui sont arrivées à notre dépôt d’épaves sont aussi l’objet, par les services de l’artillerie, d’une récupération méthodique et d’une multiple transformation. Les douilles d’obus, en cuivre jaune, qui retournent à l’arrière par trains entiers, sont recalibrées, mises au tour et prêtes à recevoir de nouvelles charges. De plusieurs fusils hors d’usage on démonte les pièces intactes qui serviront encore à la fabrication d’un autre fusil ; et des milliers de baïonnettes tordues brisées, rouillées, deviendront encore des milliers de baïonnettes neuves, brillantes et acérées.<o:p></o:p>

    Certes, ce n’est pas du premier jour que l’on a pu mettre sur pied ce mécanisme compliqué qui permet de rénover tant de matières hors d’usage, tant de matériaux disparates. Il a fallu petit à petit louer ou réquisitionner de vastes terrains, des locaux inoccupés un peu dans tous les coins de la France.<o:p></o:p>

    On s’y est employé dans une louable et utile mesure puisque c’est par centaines de millions de francs que se chiffrent les économies réalisées.<o:p></o:p>

                                                                Lecture pour Tous (1918)<o:p></o:p>

     

     


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    Au cours d’une recherche sur Internet  concernant la Grande Guerre, je consulte quelques monuments aux morts du département des Vosges (berceau de la famille). Pas hasard, je consulte celui du village de Colroy-la-Grande. Sa lecture m’interpelle : 2 militaires morts pour l’année 1916 alors que les victimes civiles inscrites sont au nombre de 6  toutes du sexe féminin et trois sont mentionnées comme des demoiselles. Que s’est-il passé ?

    Je n’avais rien trouvé de précis jusque à l’article suivant :

     

    LES ANGES DE COLROY-LA-GRANDE (Vosges)

    « Un obus Français s’abat sur l’église »

     

    Henri n’était pas encore né. Sa maman lui a raconté ce qui s’était passé et dans quelles circonstances sa sœur Hélène, âgée alors de dix ans et demi, allait perdre la vie avec ses petites « camarades.

    L’école de Colroy-la Grande (près de Saint-Dié) était en partie occupée par l’armée allemande, qui y avait ouvert une infirmerie.

    Le commandant allemand a désigné la salle de catéchisme pour faire la classe aux petites filles, afin qu’elles ne soient pas livrées à elles-mêmes dans les rues.

    Les garçons, eux, ont continué à se rendre à l’école communale. Madame Maurice, une institutrice en retraite, a été placé à la tête de cette nouvelle école de filles par décision de l’autorité allemande. Car il n’y avait plus de lien avec l’inspection académique française » indique Henri.

    Trois jours avant le drame, en février 1916, un avion de reconnaissance français est signalé dans le ciel de Colroy, survolant la localité. « Il planait au-dessus de l’église. Il avait sans doute aperçu de la fumée qui s’échappait de la salle de catéchisme. Il a pu voir aussi des terrassements à la gauche de l’église. C’était des tranchées que les Allemand avaient creusées dans le talus, des abris où ils se réfugiaient pour se protéger des tirs français ».

    En effet l’artillerie, avec ses canons de 155, est installée à la côte 607, au lieu-dit la Pouxe, près du village de Lusse, à 3,7 kilomètres à vol d’oiseau. « Les Français ne pouvaient pas savoir que la classe de filles avait été transférée à l’église Ce qu’ils visaient, c’était les installations allemandes », insiste Lucienne Simon, une             autre habitante du village institutrice retraitée, à qui sa mère a également raconté le détail de cette page d’histoire très singulière.

    « Le 26 au matin, un obus est tombé tout près de l’église, où se trouvaient les fillettes. Apeurées, certaines ont voulu quitter la salle, traverser l’église afin de s’échapper par la grande porte.

    C’est à ce moment qu’un obus a traversé la façade sud de l’édifice et est venu exploser devant le maître-autel. Six petites ont été tuées sur le coup, déchiquetées par les éclats, sept autres ont été grièvement blessées. La maîtresse, qui était restée dans la salle, a été épargnée, ainsi que le reste du groupe » indique le frère d’Hélène.

    « Les soldats allemands ont porté les corps dans une maison avoisinante. Ils étaient criblés d’éclats. Les infirmiers allemands ont soigné les autres.

    Eux aussi étaient pères de famille. Ma mère m’a toujours dit qu’ils étaient d’une correction absolue », insiste-t-il.

     

    Pour marquer l’événement et s’en servir comme un instrument de propagande, las autorités allemandes firent graver une plaque de marbre relatant les faits, « en lettres gothiques ».

    Une photographie de l’intérieur de l’église éventrée par « l’artillerie française » fut également utilisée sous forme de carte postale.

    L’objectif était de stigmatiser la cruauté de leur adversaires », souligne Lucienne Simon.

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    « Lorsque l’abbé Lemorge, le prêtre de la paroisse, revint de la guerre et qu’il découvrit cette plaque, il la décrocha et la brisa avec un marteau » ajoute-t-elle.

     

    « Dans le village, il n’y avait aucun ressentiment à l’égard de l’armée française. C’était une terrible méprise, comme il en existe dans toutes les guerres et dont les exécutants ne peuvent être tenus pour responsables », estiment aujourd’hui encore Henri et Lucienne mémoires vivantes de Colroy-la-Grande. Les petites filles du monument ne sont pas oubliées.

     

                   François Moulin (Les enfants de la Grande Guerre) ouvrage   collectif  L’Est Républicain 2006


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