• A CORRECTION 2
     

    PUNITIONS CORPORELLES

     

    On n’y allait pas de main morte, au bon vieux temps. Les verges et la férule régnaient sans conteste dans les écoles.

     

    Une fresque de Pompéi représente, avec une précision qui ne laisse rien à désirer, l’exécution solennelle d’un élève récalcitrant.

    Le délinquant est tenu par deux de ses camarades. L’un le porte sur son dos, de manière à faire ressortir la partie du corps particulièrement menacée ; l’autre lui a empoigné les pieds. Le maître brandit le fouet vengeur. Si  c’est ainsi qu’Horace a été accommodé par son premier précepteur, on conçoit qu’il lui applique l’épithète de plagosus, qui se traduit librement par « Père Fouettard ».

     

    Le Moyen-âge n’a pas été plus chiche de punitions corporelles que l’antiquité, à en croire le témoignage de Montaigne, qui n’est pas isolé. Les fruits de l’arbre de la science devaient être alors bien amers. Luther passa par la férule quinze fois en une seule matinée. Et notez que c’était un bon élève ! Il est vrai qu’en Allemagne on a toujours été plus prodigue qu’ailleurs de châtiments corporels.

     

    Le record en ce genre appartient sans doute à un certain maître d’école souabe, dont je ne veux pas transmettre le nom à la postérité qui « pouvait se faire gloire, après cinquante et un ans et sept mois d’exercice, d’avoir administré lui-même : 2 227 302 corrections corporelles les plus variées, dont on peut trouver le détail dans un livre de pédagogie allemande ».

     

    Ses élèves durent trouver qu’il avait gagné sa retraite, après une moyenne de cent corrections par jour. Ceci se passait au siècle dernier ; mais l’Allemagne pédagogique n’a pas encore désarmé.

     

    Récemment encore, un Congrès d’instituteur allemands s’occupait de déterminer les fautes qui doivent être réprimées par « l’application d’une sensation douloureuse ». Et le résultat ? Direz-vous. Il est tout entier résumé dans une conversation de saint Anselme avec un brave abbé qui se plaignait de ses pupilles : » Ces enfants, disait-il, deviennent pires de jour en jour, et, cependant, on ne cesse de les frapper jour et nuit. – Et que deviennent-ils, quand ils sont grands ? Demanda le saint. –Idiots et brutes, hébétés et bestiales » répondit l’abbé.

     

    Journal « L’ECOLE ET LA FAMILLE » 1er Février 1900.


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