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    SUR LA BONNE VOIE AVEC ETIENNE CHEVILLARD

     

    Il faudrait écrire un très gros livre pour raconter la vie et le travail des poseurs S.N.C.F. Il y a quarante ans, les équipes se composaient de 7 à 8 hommes par brigade et le District d’Amplepuis en comptait cinq : l’Hôpital, Régny, St-Victor, Amplepuis et les Sauvages.

     

    Le travail des poseurs était varié, souvent fatiguant mais agréable pour qui aime la nature et la vie en plein air ; pour la plupart issu de la campagne, ils avaient la jovialité et la résistance des paysans.

     

    Nivellement, dressage des voies et renouvellement des traverses étaient souvent au menu, de temps à autre remplacement des rails usés que nous transportions avec le Lorry en marchand sur le rail que nous appelions « rayons ».

     

    En hiver, le débroussaillage se faisait avec des outils simples, faux, faucille, serpette et goyard ; le girobroyeur n’était pas inventée en 1951 ; Nous coupions ronces et buissons dans les talus abrupts aux risques de nous rompre le cou, mais quand on a vingt ans on est heureux de se faire peur. Le ballast était notre plancher des vaches et sous les vieilles traverses les vipères se terraient à l’ombre. Les tunnels qui étaient nombreux étaient notre bête noire, le courant d’air était malsain et les lampes à acétylène peu éclairantes. Par grands froids, pendant la nuit, des chandelles de glace impressionnantes se formaient sous la voûte des tunnels ; avant le passage de la première Micheline, un poseur devait les faire tomber à l’aide d’une trique ; celui qui habitait le passage à niveau le plus proche était désigné d’office pour ce travail peu réjouissant par moins 20 degrés à cinq heures du matin, et souvent un pic était nécessaire pour dégager le rayon. Au retour de la corvée, notre copain appréciait un verre de vin chaud ou un café brûlant.

     

    Chaque semaine, le chef de canton avait le privilège d’une longue promenade aller retour, environ 15 kilomètres, pour déceler visuellement les moindres anomalies des rails, traverses, éclisses, les joints et les possibles éboulements sur le parcours.

     

    Le sous-chef  remplaçait son supérieur en cas d’absence sur les chantiers et également pour les rapports au District. Pour les grands renouvellements, également pour les aiguillages des voies de garage près des gares, le conducteur de travaux « chef-poseur » était Jean Varnier qui vient de nous quitter à l’âge de 88 ans ; M. Fayard notre chef de District venait souvent faire son tour quant au chef de section, les poseurs ne le connaissaient pratiquement pas.

     

    En 1951, nous vissions les tire-fonds à la main à l’aide d’une clef à quatre mains. J’admirais l’adresse des anciens qui ouvrageaient les pièces de bois à l’herminette pour y déposer les salles en fer sur lesquelles reposaient les rails et appareils d’aiguillages. Le nivellement était de grande précision avec lunette et mire à partir des points hauts, les chiffres étaient inscrits sur le patin du rail, vous y ajoutez l’évaluation des danseuses et cela donnait un dosage précis de gravillons que nous faisions glisser sous chaque traverse à l’aide de pelles souffleuses, les rails étaient soulevés de quelques centimètres par des crics spéciaux. Les lourds convois aplanissaient l’ensemble, Il ne restait que le dressage des voies qui se faisait à l’aide de grosses barres de fer et l’œil du chef pour ripper l’ensemble en cadence par petits-à-coups.

     

    Dans les tunnels, de chaque côté des parois, se trouvent des refuges assez profonds qui permettent de laisser passer les trains en toute sécurité pour les ouvriers, un agent était spécialement affecté à ce service avec une trompe voire même un téléphone relié à la gare pour les travaux importants, ces refuges étaient signalés par des plaques en émail qu’il fallait nettoyer de temps à autre.

     

    Dans les années 50, les locomotives à vapeur tiraient encore des lourds convois de marchandises et manoeuvraient dans chaque gare pour le triage des wagons, les escarbilles pouvaient vous blesser les yeux et quelques fois, en période de sécheresse provoquer des incendies que les poseurs combattaient avec des genets ou simplement des pelles. Par forte chaleur, le travail était vraiment pénible, il est même arrivé de nous faire travailler de 5h à 13 h ; les jeunes intrépides que nous étions montraient leur force et leur vitalité, les plus vieux suivaient le rythme comme ils pouvaient engoncés dans leurs vêtements de moleskine noir, chemise à pantillon et ceinture de flanelle de trois mètres qui les faisaient transpirer abondamment, alors que les jeunes portaient shorts et chemisettes quand nous n’étions pas torse nu, chaussés de brodequins de cuir et de chaussettes de laine retombant sur les chaussures, bronzés comme des Africains.

     

    Rassurez-vous, les anciens savaient doser leurs efforts et les poses intermittentes permettaient de boire un petit coup. Ces hommes de fort tempérament qui en avaient vu d’autres comme ils disaient ne buvaient que rarement de l’eau, « elle faisait transpirer et rouiller l’estomac » !

     

    Près du couvent de Pradines sur les collines de « Chez France », M. Seigneret faisait un petit vin pas trop alcoolisé et agréable à boire ; j’étais désigné pour faire le « mousse » donc prendre le vin à la ferme, servir à boire pendant les poses et diviser le prix par le nombre d’assoiffés. C’est ainsi qu’au bout de quatre ans, étant auxiliaire, ayant la bosse du commerce, j’ai quitté mes amis et les voies ferrées mais pendant quelques années, je ne manquais pas de les rencontrer à l’occasion sur les chantiers en bordure de route ayant soin d’avoir dans mon camion-magasin ce qu’il fallait pour leur prouver mon amitié.

     

    Quarante ans plus tard, moi-même retraité, je leur devais cet hommage, la plupart d’entre eux ne sont plus de ce monde, le paradoxe dans ce métier est que les voyageurs confortablement installés dans les wagons ne voient jamais en plein travail ces hommes qui animent la vie du rail et pour cause.

     

      Etienne CHEVILLARD (Pays Roannais du 24.12.1993).


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    MONTBRISON – LOIRE<o:p></o:p>

    31° Bourse Exposition<o:p></o:p>

    Cartes Postale et toutes collections<o:p></o:p>

    Dimanche 28 Mars 2010 de 8 h 30 à 18 h 00<o:p></o:p>

    Salle Guy POIRIEUX (Accès route de Boën)<o:p></o:p>

    Renseignements : 06 62 00 73 94<o:p></o:p>

    SECTION CARTOPHILE DU FOREZ PHILATELIQUE<o:p></o:p>

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    Le Club Cartophile se réunit une fois par moi (le 3° jeudi), participe à diverses bourses expos (Givors etc.)<o:p></o:p>

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    Le bénéfice de leurs bourses sera redistribué à la recherche médicale.<o:p></o:p>

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    Le bureau se compose de :<o:p></o:p>

    ·        Président : DI FLORIO Thierry<o:p></o:p>

    ·        Secrétaire : JUBAN Eddy<o:p></o:p>

    ·        Trésorier : TISSIER Virginie<o:p></o:p>

    Et d’une quinzaine de membres<o:p></o:p>

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    LA CARTE POSTALE<o:p></o:p>

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    Son charme rétro la met à la pointe de la mode, on dit qu’elle fait courir de froids spéculateurs ; comme une femme fatale, elle suscite de véritables passions. Bref, la carte postale fait parler d’elle ! Clubs, expositions, bourses, revues et catalogues cartophiles fleurissent et mettent toujours en évidence les mille et une façons de regarder et d’aimer les cartes postales.<o:p></o:p>

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    Il faut dire qu’elle a une façon bien à elle de nous parler d’histoire, celle du champ de bataille mais aussi celle du coin de la rue ou du coin du feu ; elle nous redonne le goût un peu jauni des bons vœux et des « tendres caresses » d’autrefois ; elle satisfait enfin, tout simplement, une curiosité et un goût du souvenir qu’on a tous au fond du cœur. Collectionneur ou pas tout le monde y trouve sa vie.<o:p></o:p>

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    Cette flambée de succès n’a d’ailleurs rien d’une crise de jeunesse, puisse Dame Carte Postale n’à pas moins de 137 ans !<o:p></o:p>

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    Née en Autriche, elle allait rapidement conquérir l’Europe et au-delà. En France, elle faisait sa rentrée officielle le 15 janvier 1873.<o:p></o:p>

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    D’abord simple carton sans illustration ni recherche, elle bénéficia dès la fin du XIX° siècle des progrès de la photographie. Des artistes en vogue s’intéressaient à elle et participaient au premier lancement de la carte postale sur le marché populaire. Et quel succès !<o:p></o:p>

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    Nos arrière-grands-mères sacrifiaient donc déjà à la mode avec ces gros albums où les souvenirs de voyages côtoyaient de charmants baisers fleuris. Albums délicieux qu’on retrouve avec émotion.<o:p></o:p>

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    Et puis la mode passa… ! Après la Première Guerre mondiale, ce fut la traversée du désert, jusqu’à…ces dernières années.<o:p></o:p>

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    Aujourd’hui, on découvre ou on redécouvre la C.P. qui a à peine vieilli, juste un peu mûri. Elle est devenue sujet de thèse depuis qu’on à découvert son « identité esthétique et la spécification (de son)  message populaire » (d’après Joëlle et Gérard Neudin).<o:p></o:p>

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    On la sélectionne et la classe scientifiquement autour des lieux ou de thèmes qu’on aime, suivant cinq grandes périodes de production : les précurseurs, jusqu’en 1889 ; l’ancienne 1889-1900 ; l’âge d’or 1900-1920 ; récente 1920-1950 ; moderne : 1950 à nos jours.<o:p></o:p>

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    Tout est permis, toutes ont leur charme.<o:p></o:p>

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    Et si vous voulez en voir quelques échantillons, en curieux ou en amateurs éclairés, venez donc à MONTBRISON, LE 28 MARS 2010 où le Club Forez-Philatélie exposera. Vous pourrez enrichir ou commencer votre collection en échangeant ou en achetant les cartes postales qui sauront vous séduire, à moins que vous ne leur préfériez d’autres « vieux documents ».<o:p></o:p>

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  • Que j’aime ta couleur café !

     

    Inventé par l’archange Gabriel pour restaurer les forces défaillantes de Mahomet, le café fut pendant longtemps plus un élixir qu’une gourmandise.

     

    On sait peu de chose sur la découverte du café. Il doit, parait-il, son nom à la région du Kaffa, au sud-ouest de l’Éthiopie Il fallut attendre  le XVII° siècle pour qu’il fasse son apparition en  Europe.

     

    En réalité les Européens connaissaient l’existence de cette plante  depuis qu’un médecin Italien, Prosper Alpini, qui voyagea  surtout en botaniste en Orient, en eut rapporté un Traité des plantes d’Égypte publié en 1592.

     

    L’Anglais Édouard Terry qui séjourna de 1615 à 1617 dans les États du Grand Moghol dit que se breuvage fortifie l’estomac, arrête « le cours des fluxions et des catarrhes » et empêche qu’on s’assoupisse. Un autre Anglais, sir Thomas Herbert qui avait fait le voyage de Perse et des Indes orientales, lui attribue des vertus extraordinaires. Un religieux, le P. Pierre Dan, sera le premier Français à mentionner le café dans son Histoire de Barbarie et de ses corsaires (1637).

     

    En 1638, l’Allemand Jean Vesling écrit que le café est l’objet d’un grand commerce en Égypte, que le Caire compte quelques milliers d’établissements où on le consomme et que quelques-uns y ajoute du sucre pour en corriger l’amertume. Il dit aussi que cette graine est d’une extrême rareté en Europe, ce qui laisse supposer que le café n’était déjà plus tout à fait inconnu en Occident.

     

    Marseille fut la première ville de France où le café ait été importé. Un certain La Roque, négociant arrivé de Constantinople, en rapporta en 1644, « non seulement du café, mais encore tous les petits meubles et  ustensiles qui servent son usage dans la Turquie. Cela passait alors pour une vraie curiosité »…

     

    Le premier usage du café à Marseille n’alla pas au-delà d’un cercle restreint d’amis du commerçant. C’est vers 1660 seulement que des voyageurs et des marins revenus d’Orient mirent vraiment le café à la mode. L’Égypte l’exporta alors par lourdes balles et les droguistes de Marseille, puis de Lyon commencèrent à en vendre.

     

    Son succès ne s’affirma qu’après la publication en 1664 des voyages de Thévenot dans le Levant. Celui-ci écrivait « lorsque nos marchands ont beaucoup de lettres à écrire et qu’ils veulent travailler toute la nuit, ils prennent le soir une ou deux tasses de cahvé ».

     

    Les cafés, tels que nous les connaissons, existaient déjà, en Orient ; mais l’Europe n’allait pas tarder à en posséder. Le premier que connut la France fut ouvert à Marseille en 1671. « On y fumait et on y jouait. Le concours ne manqua pas d’y être fort grand, surtout de la part des Levantins. Outre que les marchants et tous les marins trouvèrent ce lieu-là commode pour conférer de leur commerce et pour s’entretenir sur la navigation. Ce qui fit bientôt augmenter le nombre de ces lieux publics, sans que, pour cela, on prit moins de café dans les maisons particulières. On en prenait aussi sur les galères du roi. »

     

    A peine connu le café se vit en butte à de ridicules superstitions des médecins qui attaquèrent publiquement le café. Le 27 février 1679 dans une thèse qui devait être soutenue dans la Maison de Ville de la cité phocéenne. La « question » était posée en ces termes : « Savoir si l’usage du café est nuisible aux habitants de Marseille » ; l’auteur concluait positivement, accusant le café de tous les maux : il « attaquait le cerveau » « relâchait les nerfs » et provoquait la « paralysie et une terrible maigreur » ; surtout, il « engendrait l’impuissance ».

     

    A Paris l’introduction de ce breuvage noir comme l’encre est le fait d’un ambassadeur turc envoyé par le sultan Mahomet IV auprès du Roi-Soleil, Soliman Aga Mustapha Raca qui fit fureur à Paris durant l’année 1669.

    Moins de trois ans après son arrivée dans la capitale, il y avait plusieurs boutiques où l’on vendait publiquement du café. La première fut ouverte par un Arménien, nommé Pascal en 1672, sur l’actuel quai du Louvre. Vers le même temps, un petit boiteux, originaire sans doute de Candie, en Crète, qu’on appelait le Candiot parcourait les rue de Paris ceint d’une serviette blanche, avec un éventaire devant lui et tenant à la main un réchaud surmonté d’une cafetière. Pour deux sous, il versait aux chalands une tasse de café.

     

    En 1687, le café était plutôt considéré comme un remède, cette année là des médecins eurent l’idée de le soumettre à une analyse chimique ; elle démontra que le café était souverain contre les maux d’estomac et contre les vomissements. Il avait encore la propriété de « tenir les reins ouverts », de « déboucher tous les endroits par où il passe », de prévenir l’hydropisie, la gravelle et la goutte, et d’ « adoucir les levains des entrailles et d’en perfectionner les fermentations ».

     

    Les hollandais les premiers, allèrent chercher eux-mêmes le café à Moka, pour l’importer directement à Amsterdam. Surtout, ils dérobèrent plusieurs plants aux Arabes et les transplantèrent dans leur colonie de Java, où il réussit si bien qu’en peu d’années l’île en était couverte.

     

    La France en 1714, obtint un plant de café du bourgmestre d’Amsterdam. Présenté solennellement à Louis XIV, il fut transféré dans une serre du Jardin des plantes par les soins de Jussieu. L’arbrisseau prospéra et devint la source de tous les caféiers qui seraient cultivés dans les Antilles Françaises.

     

    Un capitaine d’infanterie, Gabriel-Mathieu de Clieu, eut l’idée de profiter d’un voyage à la Martinique pour y acclimater le café. Il s’embarqua à Nantes, avec un arbuste cultivé à Paris. L’arbuste prospéra à la Martinique et grâce au capitaine cette culture s’étendit avec rapidité à la Guadeloupe et à Saint-Domingue.

     

    Louis XV le récompensa en le nommant gouverneur de la Guadeloupe et en le faisant grand-croix de Saint-Louis. Après sa mort survenue en 1774, les planteurs de Saint-Domingue lui élevèrent un monument.

     

    La France cultiva également avec succès le café dans ses colonies de la Guyane, de l’île de Bourbon (la Réunion), où l’on comptait en 1776 près de neuf millions de caféiers, et de l’île de France (île Maurice).

     

     A cette époque la cause du café était depuis longtemps gagnée. Ce succès ne se démentit pas au siècle suivant, et en 1855 les Français consommaient environ 50 mille tonnes de café, en provenance des Antilles, du Brésil, des Indes et de l’Insulinde hollandaise.

     

    Claude Laforêt (Historia magazine n° 33 novembre 1982)

     

     


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    LES ANCETRES DE MARGUERITE GONON

     

    Marguerite Gonon était fière de ses racines foréziennes et était attachée à son Forez au point de n’accepter un poste de chercheur au C.N.R.S. qu’à la condition qu’elle pût rester à Poncins, le pays de ses ancêtres maternels, le pays de son enfance, le pays où elle avait appris le patois avec les « drôles » qui allaient à l’école avec elle. « Le plus beau des villages du monde » disait-elle.

     

    Marguerite Gonon avait accepté de rédiger dans la collection « Patrimoine rhônalpin » une brochure, bien illustrée, qui s’intitulait « Le Forez de Marguerite Gonon » : son Forez, celui qu’elle aimait, ses monuments et ses hommes : une vision sentimentale et savante à la fois. Elle savait en parler dans le style plein de verve qui nous permet aujourd’hui de retrouver le son de sa voix.

     

    Partir à la recherche des ancêtres de Marguerite Gonon n’est donc pas un exercice convenu qui se fait par simple goût de la recherche généalogique. Tous ses ancêtres sont foréziens. Les résultats de cette recherche nous montrent la profondeur d’un enracinement auquel l’œuvre de l’historienne doit sa force est sa saveur.

     

    Les Gonon

     

    Les ancêtre paternels de Marguerite Gonon viennent des monts du Matin et de la région qui, de ce côté, borde la plaine du Forez. Ils sont originaires de Saint-Denis-sur-Coise près de Chazelles-sur-Lyon, où Jean Pierre Gonon, est granger (métayer) sous le premier Empire. Son fils, Jean Gonon, habite à Saint-Médard où il est, à la fois cultivateur et tisserand : paysan pauvre, obligé d’exercer un second métier et qui sans doute, tient un ou deux métiers à tisser.

     

    Puis viennent deux générations de chapeliers : Jean Gonon (né en 1820) et Mathieu Gonon (né en 1850), bisaïeul et aïeul de Marguerite Gonon, qui furent tous deux ouvriers chapeliers. C’est l’époque où la chapellerie est, à Chazelles une activité importante et prospère : le chapeau est à la mode et le porter fait partie du savoir-vivre !

     

    La classe ouvrière chazelloise est fière de son savoir-faire et souvent gagnée aux utopies sociales. Lorsque j’évoquais le destin de Martin Bernard et d’Eugène Baune, deux quarante-huitards montbrisonnais qui furent députés sous la seconde République, Marguerite Gonon me disait souvent que son grand-père paternel était, lui aussi, par ses opinions, un héritier de 1848, avec tout ce que cela comporte : croyance en la « République universelle », à la fraternité, au progrès, aux vertus de l’instruction…

     

    Les Gonon étaient alliés à des familles de Saint-Galmier (les Duboeuf), de Bellegarde (les Charvolin et les Tissot), de Saint-Médard (les Chomat, Berne et Bruyas). Ils furent d’abord cultivateurs ou journaliers puis vinrent travailler « à la ville » comme chapeliers (Jean et Mathieu Gonon, père et fils) ou ouvrière en soie (Marguerite Duboeuf, épouse de Mathieu Gonon).

     

    Les Péronnet

     

    Marguerite Gonon s’est sans doute, davantage identifiée à sa lignée maternelle qui était de Poncins, près de Feurs : nous sommes là dans la plaine du Forez. Son arrière-grand-père Louis Péronnet et son grand-père, lui aussi nommé Louis Péronnet étaient menuisiers à Poncins.

    Le grand-père Louis Péronnet (1851-1913) épousa Christine Mignard (1856-1932).

    Celle-ci semble avoir joué un rôle important auprès de sa petite fillequi avait dix-huit ans au moment de sa mort : on sait que les relations entre grands-parents et petits-enfants sont souvent privilégiées, en particulier à la campagne où les membres de plusieurs générations vivent ensemble. En tout cas, lorsque Marguerite Gonon entra dans la Résistance, elle prit comme pseudonyme le nom de Christine, celui de sa Grand-mère, et cela avait sans doute un sens fort. C’est à « Christine » que « La guerre de Cent Ans » d’Edouard Perroy est dédiée.

     

    Christine Mignard était née à Croizet-sur-Gand en 1856, elle épousa Louis Péronnet : elle vivait alors à Saint-Cyr-de-Valorges, chez son père.Sa mère était morte depuis deux ans. Christine Mignard s’installa à Poncins avec son mari.

     

    Les parents :

     

    Joanny Benoît Gonon (1883-1953) et Marguerite Claudia Péronnet (1885-1968) les parents de Marguerite Gonon se sont mariés en 1907 à Poncins. Joanny Gonon, fils de Mathieu Gonon et Marguerite Duboeuf avait 24 ans et était instituteur à la Ricamarie, Marguerite Péronnet, fille de Louis Péronnet et de Christine Mignard avait 21 ans ; son acte de mariage lui donne la profession de couturière. L’un de leurs témoins est Etienne Péronnet, frère de la mariée, né à Poncins mais « industriel à Chazelles-sur-Lyon » : ce qui fait le lien entre Poncins et Chazelles d’où les jeunes mariés étaient originaires.

     

    Marguerite Gonon, née en 1914, était la deuxième enfant de la famille. On lui donna le prénom de sa grand-mère paternelle qui était aussi celui de sa mère.

     

    Avoir un père instituteur puis directeur d’école et combattant de la guerre de 1914-1918, avec lequel on apprend, à la fois l’amour de l’étude et de la patrie ; avoir une mère qui vous apprend l’amour de la langue de son terroir, tout cela est essentiel pour comprendre la formation de la personnalité de Marguerite Gonon.

     

    Les grands-parents et sans doute aussi les parents de Marguerite Gonon reposent dans le cimetière de Poncins, dans le caveau qui est situé contre le mur latéral, à gauche en entrant, non loin de celui du peintre Charles Beauverie que signale une palette sculptée. Il y a là inscrits dans la pierre les noms de Louis Péronnet et de Christine Mignard et aussi celui de Reine Péronnet, une tante maternelle. On n’a pas inscrit les noms de Joanny Gonon et de Marguerite Péronnet. Celui de Marguerite Gonon ne sera pas inscrit puisqu’elle a donné son corps à la Science. Mais, pour nous, c’est à Poncin, à Feurs et à Montbrison que son souvenir reste. Et selon la formule célèbre, le véritable « tombeau des morts » n’est-il pas ‘le cœur des vivants » ?

     

                                                  Claude Latta

     

     

    Claude Latta, professeur d’histoire (h), docteur en histoire, chercheur associé à l’Université de Saint-Etienne. Collabore à la Revue d’histoire du XIXe siècle et au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français et a participé à plusieurs colloques sur l’histoire du mouvement républicain entre 1830 et 1871. Auteur de deux biographies de « quarante-huitards », Martin Bernard (1808-1883) et Eugène Baune (1799-1880). Président de l’Association des Amis de Benoît Malon, qui publie un bulletin semestriel, il a dirigé deux ouvrages collectifs (actes de colloques) consacrés à Benoît Malon puis à la Commune de 1871. Claude Latta est l’auteur d’une Histoire de Montbrison (1995) et un Guide de la Corrèze (1988, 1990 et 1996).

     

    Nota : Marguerite Gonon avaient de très bons rapports avec Antonin Bécaud et Gabriel Fouillant et donc avec « Les chemins du Passé » souvent sollicitée, elle est venue plusieurs fois à Saint-Symphorien-de-Lay donner des conférences ou voir nos expositions.

     


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    PAROISSE SAINT-ROCH  A ROANNE

     

    Autrefois dans le secteur de France-Rayonne, il existait aucun lieu de culte. Les chrétiens se rendaient à pied à l’Eglise du Sacré-Cœur de l’Arsenal en empruntant le Chemin des Écoliers très désert.

     

    Le Père Migeat, curé de l’Arsenal de 1941 à 1950 en se promenant route de Charlieu constatait cette absence de lieu de prières et de rencontres, ce qui l’ennuyait beaucoup.

     

    Un jour, l’idée lui vint de construire une petite chapelle, toute en bois. Ce qui se réalisa en janvier 1944, route de Charlieu, derrière la ferme Charret, face à la rue Pressencé environ où se situe actuellement « Grand Frais » (ancien : Espace Fraicheur).

     

    Bien des personnes se dévouaient pour rendre cette petite chapelle, toute simple, accueillante, rayonnante et priante : l’abbé Christophe, le Père Pagnon, des Religieuses et aussi des laïcs s’engageaient.

     

    Une chorale s’était formée pour animer la Messe du Dimanche.

     

    Quelques années plus tard, les enfants étant très nombreux dans ce quartier, un bâtiment fut construit, également en bois, divisé en trois salles pour accueillir les enfants du catéchisme.

     

    Les années passaient. Des constructions poussaient comme des champignons dans un quartier occupé jusque-là par des jardins ou des terrains incultes.

     

    Beaucoup de maisons individuelles, immeubles collectifs, cités, voyaient le jour rue de Charlieu, rue Albert Thomas, Boulevard Bernard Palissy, rue Etienne Dolet, Boulevard Camille Benoît etc. Une forte poussée démographique était en cours dans ce quartier d’où un pressant besoin de lieux de culte.

     

    Une religieuse, Sœur Marie-Paule, tout en exerçant sa profession d’infirmière, prenait le temps d’enseigner le catéchisme aux enfants dans un local situé route de Charlieu à l’angle du Boulevard de la Liberté, aidée dans cette tâche par le Père Clapier, vicaire à la Paroisse Saint-Etienne de Roanne.

     

    De plus en plus, la construction d’une chapelle pour le quartier « des Papeteries », c’est ainsi qu’on l’appelait à l’époque, s’imposait.

     

    Le Père Duboeuf, curé archiprêtre de Saint-Etienne de Roanne, chargea son vicaire, le Père Clapier de prospecter un terrain disponible et bien placé pour recevoir une construction.

     

    Ceci se passait en 1953 et, malgré les années, le Père Clapier s’en souvient très bien et nous raconte les péripéties de l’acquisition de ce terrain.

    « Dans une réunion avec quelques messieurs, nous avions constaté qu’un terrain de la rue Branly n’était pas cultivé. Je me suis renseigné ; ce terrain appartenait à une dame, veuve sans enfant, habitant Nice. Son neveu habitait à côté de l’église des Tuileries et le régisseur était situé rue Alsace-Lorraine.

     

    Fort de tous ces renseignements, j’entrais en contact avec ces gens et environ un mois après, une bonne nouvelle m’était annoncée : non seulement la propriétaire était vendeuse de ce terrain mais en faisait la donation pour la construction d’une chapelle. L’acte de donation devait être signé le 8 décembre 1953 par le notaire de la place du Palais de Justice, mais celui-ci avait oublié de préparer les documents et l’acte ne fut signé que huit jours plus tard ».

     

    Le Père Clapier se rappelle avoir, lors d’une convalescence à Nice, rencontré la généreuse donatrice, en décembre 1953. Il se souvient qu’elle l’a invité à dîner et emmené au théâtre voir une pièce religieuse intitulée « Sur la terre comme au ciel », quelle mémoire !...

     

    La construction de la chapelle débuta au printemps 1955. Bien sûr, il fallait beaucoup d’argent pour cette réalisation. Dans le bulletin de Saint-Roch de mars 1955, le Père Doizy, curé de la paroisse, fait le point de la situation : beaucoup de dons, souvent anonymes, sont parvenus. Des quêtes dans les paroisses voisines (Saint-Etienne – Saint-Anne) ont battus des records de générosité. Les gens du quartier Saint-Roch sont sollicités les premiers et répondent favorablement.

    L’emprunt Saint-Roch est lancé (Bons de 1 000 francs, remboursables sans intérêt à partir de 1956).

    L’organisation de kermesses, fêtes diverses et manifestations apportent des pierres pour la construction de l’édifice.

     

    Un petit mot dans la boîte aux lettres de la cure annonce l’arrivée prochaine d’un ostensoir pour la chapelle. Pas de signature du généreux donateur, seulement deux phrases : « Dieu connait mon nom…Priez pour moi… »

    Effectivement, quelques jours plus tard, arrive un bel ostensoir tout rayonnant et orné de mille brillants.

     

    La parole du Christ nous revient à l’esprit « Que ta main droite ignore ce que donne ta main gauche ».C’est une joie très pure que de donner ainsi pour l’édification d’une Paroisse.

     

    Dieu est grand. Finalement, les diverses sources de recettes permirent de terminer la construction de la chapelle et la première messe fut célébrée en octobre 1956 ;

     

    Plus tard furent construites les salles de catéchisme, pour recevoir les enfants très nombreux dans ce quartier qui ne cessa de s’agrandir dans les années suivantes. C’est ainsi que l’on vit « pousser » les tours de la place Vivaldi (1) actuelle ainsi que les nombreuses maisons individuelles.

     

    Le quartier devenant alors de plus en plus peuplé, le Père Migeat souhaite la construction d’une nouvelle chapelle pour les habitants du « Parc des Sports ». Un nouveau lieu de culte vit alors le jour, rue Alfred de Musset à Roanne, et en 1960 fut consacrée la Chapelle Saint-Antoine.

     

    Près de 40 ans se sont écoulés depuis la naissance de la Chapelle Saint-Roch. Beaucoup de choses ont changé dans l’Eglise depuis le Concile. Les changements de mentalité ont entraîné la baisse de la pratique religieuse et la chute de Vocations.

    Cette dernière s’est particulièrement ressentie dans notre paroisse Saint-Roch puisque depuis 1987 notre cure n’héberge plus de prêtre. Par ailleurs, la volonté de faire en sorte que les chrétiens se regroupent et se rendent plus solidaires, les paroisses Saint-Roch et Saint-Antoine se sont rassemblées avec le Sacré-Cœur et Mably pour constituer le secteur Roanne-Nord.

     

    Paul Dugelay (Mars 1995)

     

    (1) La place Vivaldi et les tours n’existent plus aujourd’hui.


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