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Un côté inattendu dAntonin Bécaud, Président-fondateur des « Chemins du Passé »
<o:p></o:p>En 1933, la paroisse Saint-Anne du faubourg Mulsant à Roanne décide de monter une colonie de vacances pour les garçons aux Biefs au lieu dit « Goutaudier » en montant à Arfeuilles.<o:p></o:p>
Antonin Bécaud fut, un moniteur très apprécié des enfants et de la direction de la toute nouvelle colonie. Le bulletin paroissial « L Echo de St-AnneRoanne » lui ouvrit à plusieurs reprises ses pages pour des résumés d activités. Vous en trouverez quelques lignes écrites en italique dans cet article.<o:p></o:p>
Antonin Bécaud fut lauteur aussi dun « petit exploit sportif ». Partit très tôt, à pied de Saint-Symphorien-de-Lay, en « coupant tout droit » il rejoignit la colonie aux Biefs (soit environ entre 60 et <st1:metricconverter productid="70 km" w:st="on">70 km</st1:metricconverter>) en fin de soirée (Dans quel état ? Personne ne le sait).
Dès le mois davril les préparations démarrent on lit dans lEcho de <st1:PersonName productid="la Paroisse Saint-Anne" w:st="on">la Paroisse Saint-Anne</st1:PersonName> :
« Déo gratias ! Vraiment les espérances sont bien réalisées. Ce petit entrefilet où lon demandait une petite cotisation pour aider à meubler un dortoir de trente lits na pas été négligé. Plusieurs lont compris et bien compris. Une quinzaine denfants peut être assurée de ne pas coucher sur la dure, mais dans un vrai lit. Comme Saint Joseph a bien inspiré les généreux donateurs. Aussi à tous je promets une bonne prière par les enfants chaque soir avant de sendormir. Je désire maintenant que quinze autres viennent vite souscrire une obligation, dont ils toucheront un coupon chacun des jours du mois de vacances. Je ne sais comment faire pour indiquer meilleur placement. Si votre inventaire ou votre fin de mois na pas été trop mauvaise, apportez une poignée de paille pour le nid des petits colons des Biefs. Qui sait, ce sera peut-être un « bief » pour amener de leau à votre moulin.
Passons maintenant aux questions pratiques.
Notre batterie de cuisine est en bonne forme actuellement. Certes elle à un aspect un peu bizarre, care il y en a de « toutes les paroisses » Peu importe, ce nest quune variété de plus. Plusieurs personnes ont offert de largent pour acheter des ustensiles de cuisine. Nous serions assez heureux de les charger elles-même de lachat. Il suffit quelles viennent demander ce quil faut en qualité ou dimensions et ce sera pour nous un souci dévité à travers tant dautres. Dautre part étant donné que les « Curés » ont la réputation de ne pas savoir acheter, ce sera une sécurité de plus.
A ces fins, voici une liste dobjets dont lachat simpose : un grand « faitout » de 40 litres ; une marmite à ragoût de dimensions presque égale ; des bassines pour la vaisselle ; deux seaux galvanisés ; des assiettes creuses pour la soupe.
Gardez ces indications, ne faites rien sans avertir pour éviter le double emploi et à luvre, pour nos petits gars de Saint-Anne.
On nous écrit de lAnnam (Indo-Chine Française) : Vous nauriez jamais soupçonné, un rayonnement de cette envergure à votre paroisse, cest vrai pourtant. Un missionnaire du Roannais, le Père Donjon est en relations suivies avec Sainte Anne. Pour preuve je préfère vous donner copie de quelques passages de ses lettres.
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Muong-Kiet, le 24 novembre 1932 :
« Je viens de recevoir votre lettre du 6 octobre. Jau reçu la somme que vous avez bien voulu me faire parvenir. Cela me permettra de venir en aide à dautres confrères voisins. A lavenir si je trouve quelque chose susceptible de vous intéresser, je vous lenverrai. Je suis avec les Tays dans la région du Chang-Laos. Les Tays arrivent à peu près au degré de civilisation que les paysans de Roanne devaient avoir il y a 200 ans avant la venue du Christ !!La région ne se prête pas au progrès. Cest un fouillis de montagnes à pic ; par la moindre route, partout sétend de la forêt où vivent toutes les sortes de bêtes de la création. Cest la lutte de lhomme contre la nature. Les panthères et les tigres abondent autour de mon village, mais elles ne donnent pas facilement leurs fourrures. Depuis quatre ans que je suis dans limmense forêt je nai eu quune panthère et un tigre au mois de mars ; encore le tigre a déchiqueté le corps de mon catéchumène mais je suis arrivé à temps pour le baptiser. Ces fourrures ont pris la direction de Roanne et de Perreux peut-être les verrez-vous à une vitrine.
Merci encore une fois, et recevez mes sincères amitiés,
V. Donjon, missionnaire apostolique. »
E t voici maintenant une lettre arrivée le jour de Pâques, elle est accompagnée dun beau cadeau.
Muong-Khiet, mars 1933
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« Je vous expédie par ce même courrier, une belle peau de panthère. Une peau de panthère cest assez précieux, cependant, je ne lenvoie pas à ma famille, mais à vous, puisque vous me lavez demandée et mavez promis de maider. La panthère dont la peau prend la direction de Roanne a été tuée quelques semaines après larrivée de votre lettre. Elle était venue dans le village enlever un « habillé de soie ». Le temps de prendre un fusil, de la poursuivre une première balle en plein front et la panthère lâchait sa proie qui revient au village en criant. Jai mis aussi une petite peau de renard ; renard ressemblant par sa fourrure au chat tigre. Si cela vaut la peine de vous en envoyer, je vous en tuerai un lhiver prochain.
Pour linstant je suis chez moi, occupé à faire bâtir une cure. Quel travail dans ce pays ! Mes Laotiens ne savent rien faire, et même payés, ils ne veulent rien faire. Quand tout sera fini, je vous inviterai à venir me rendre visite et jenverrai mon petit cheval noir à votre rencontre.
Priez pour moi et pour mes sauvages, vous viendrez ainsi en aide aux missionnaires du Chang-Laos.
V. Donjon, missionnaire apostolique. »
Dici un mois et demi vous pourrez voir chez M. Clément, rue Alsace-Lorraine la peau de la bête tuée par le Père Donjon ; elle sera mise en vente ou en loterie pour aider à meubler la colonie de vacances. Avis aux amateurs !!.
Juillet 1933 :
Voici quelques avis pour les parents des futurs colons.
- Il est inutile de présenter des nouveaux colons. Il ny a aucune place de disponible.
- Chaque enfant recevra dans la huitaine sa feuille de trousseau
- Une réunion des parents aura lieu le lundi 10 juillet
- Le départ aura lieu le lundi 31 juillet
De tous côtés on a travaillé pour installer nos oiseaux dans leur cage. Un gros travail a été fait : eau courante, électricité, travaux de plâtrerie, chacun a mis du sien. Nos lits sont maintenant tous payés et vous pourrez les voir monter un beau jour dans un camion avec le reste du matériel. Que nous manque-t-il pour être tranquille ? Du matériel ? Non ! Ce qui a pu être donné est tout donné. Une seule chose maintenant serait agréable : quelque peu dargent. Mais il en a été tant demandé, que nous cessons de quêter. Nous aurons un déficit à reporter sur lan prochain et qui sans doute sera comblé dans 12 mois.
Cependant, sil en était qui veuillent nous faire revenir sur notre décision, quils veuillent traduire par des dons en nature pour la cuisine votre générosité : à titre dexemple, je cite : tablettes de chocolat, pâtes sèches, confitures qui seront tout autant de gâteries utiles pour nos pensionnaires. Ils pourront le déposer au presbytère où le tout sera reçu avec reconnaissance.
Et maintenant, il nous faut remercier le magnifique effort réalisé malgré la crise. Il cause une grande joie à ceux qui sont embarqués dans cette aventure qui est pour le moment une réussite. Nous les assurons de nouveau des prières des enfants pendant ce mois de vacances et en particulier chaque jeudi où une messe sera dite à leurs intentions.
Avril 1934 :
Le soleil nous fait penser aux beaux jours, les enfants songent aux vacances, les colons rêvent des Biefs ! Ils pourront en rêver avec plus de certitude que lan dernier, car pour cet été ils auront un nid. Vous trouverez ici le mois prochain un bilan détaillé des dépenses faites pour cette uvre. Davance, je puis vous dire que malgré le déficit de 1933, nous partons confiants pour 1934. Nous ne recommencerons pas avec la même insistance les appels réitérés de lan dernier. Ils ont été trop bien écoutés pour oser les lancer à nouveau. Cependant, nous demandons à ceux qui voudraient faire une générosité pour cette uvre, de continuer à une puissance moins grande leur geste de lan dernier. Ils nous permettront lachat dun hangar, pour abriter les enfants les jours de mauvais temps. Je pourrais même dire que ce hangar est presque acheté. Jai peut-être tiré sur votre générosité un chèque hâtif. Je suis tellement sûr quil ne sera pas sans provision.
On pêche contre lespérance, par désespoir ou par présomption. Je préfère la présomption.
Pour les 42 colons des Biefs : Merci !<o:p></o:p>
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Notre appel à été entendu et merci à ceux qui déjà nous ont aidé à solder le hangar. Sommés de la payer davance, il nous a fallu emprunter et nous voici avant le départ enfoncé de deux mille francs. Les bois de ce nouvel immeuble seront à pied duvre ce mois et fin mai tout sera en place.
Comme lan dernier, les petits garçons et dautres personnes dévouées vous présenterons la carte de lan dernier avec une assiette à percer. Par faveur spéciale cette année chaque personne ayant garni une assiette aura droit à un billet de loterie à lot unique. Ce lot vous le connaissez, cest la fameuse peau de panthère du Père Donjon. Elle est arrivée depuis un an. En traitement depuis ce temps chez le maître fourreur Clément, de Roanne, elle sera à la disposition du gagnant après le tirage qui aura lieu le samedi 30 juin et le numéro gagnant sera publié dans le bulletin du 15 juillet. Que chacun tente sa chance, vous porterez bonheur à 40 petits enfants.
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Un matin à Notre-Dame-des-Bois (autre appellation de la colonie de Goutaudier)
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Un rayon de soleil méveille dans la chambre commune des grands. Le matin neuf éclaire près du mur une statuette de <st1:PersonName productid="la Vierge" w:st="on">la Vierge</st1:PersonName> en costume de voyageuse, tenant lEnfant-Jésus, et appuyée sur un bâton : Notre-Dame-de-Route. Cest elle qui guide la jeunesse.<o:p></o:p>
Comme lair est frai ! comme le temps est beau ! Ce nest plus la plaine accablée de chaleur ni la ville intenable, mais le souffle libre des hauteurs, la grande campagne et les bois.<o:p></o:p>
Soudain la cloche réveille les garçons et les fait dévaler vers le lavabo. Ils sont nuée, dirait-on.<o:p></o:p>
Ils parlent de la journée dhier et de celle qui vient. Après certains épisodes que nous revivrons ensemble, on nentend plus que les mots de « bandit corse », « feu de camp », « tente clanche » et « Australie. Vraiment, quelle vie extraordinaire et aventureuse !<o:p></o:p>
En haut dun escalier, une porte grince : je louvre sur une chambre paisible et claire où 11 petits enfants sont là qui reposent encore. Sur le mur, damusants petits loups se détournent pour les contempler. Je referme la porte doucement.<o:p></o:p>
Le bruit de la maison satténue. Seules, depuis le matin, celles qui sont, avec Notre-Dame, les mamans de tant denfants, petits et grands, travaillent sans relâche, en bas, dans la cuisine.<o:p></o:p>
Mais voici la messe. En semaine, cest une petite assemblée bien fraternelle autour du grand mystère. La petite chapelle laisse sa porte ouverte sur le chemin où les bêtes passent pour aller aux champs. Les jours de fêtes vous verrez de très belles et sympathiques messes, toujours on sent que cest de là que vit, comme un miracle, cette maison, cette amitié, cette joie.<o:p></o:p>
Après le déjeuner, cest une ruche qui bourdonne. Chacun fait son lit. Mais leffort nest pas seulement individuel ; les « moyens » sont groupés en trois « équipes », les « « petits loups » forme une « meute » et les grands « un clan ». Le dortoir est très net et les cours elles-mêmes nettoyées. La maison de Notre-Dame-des-Bois est le palais de la propreté méticuleuse. Les services finis, les jeux sorganisent. Dans la cour du haut ou dans les près, les abbésq se multiplient.<o:p></o:p>
Les petits Loups , éveillés depuis peu habillés par leur sympathique maman furètent ça et là.<o:p></o:p>
Et si vous me suivez sans faire de bruit sur le sable de lallée, vous verrez , près du massif, le Père en train de parler (ô merveille !) à deux oies magnifiques quil apprivoise. Elles frémissent à sa voix et dont des tours pittoresques sur le sable.<o:p></o:p>
Lhorloge de la cuisine sonne. Les demoiselles que vous connaissez bien se dépêchent. Deux garçons reviennent du moulin, un panier au bras. Le soleil monte dans le ciel et soudain le joyeux et singulier facteur ouvre la porte. Cest bientôt midi.<o:p></o:p>
Je crois que jai présenté tout le monde qui peuple habituellement les alentours. Il y a bien dautres personnages qui passent ici (chut !).<o:p></o:p>
Oui, les voilà tous, car sur la route de Saint-Nicolas-des-Biefs, « dun cur ému sélève un chant ». Les jeunes gens arrivent dun camp rude et merveilleux : on les accueil comme de lointains explorateurs.<o:p></o:p>
Rentrons dans lombre de la maison. La cloche sonne lAngélus de midi. Un passant, dans le chemin creux, écoute, par-dessus lui, le « Bénédicité » fraternel que chante toute cette famille dans le grand réfectoire clair :<o:p></o:p>
« Bénissez-nous Seigneur, bénissez ce repas, cette table accueillante, et procurez du pain à ceux qui nen ont pas. Ainsi soit-il. »<o:p></o:p>
<o:p> </o:p><o:p style="font-weight: bold;"> </o:p><o:p style="font-weight: bold;">Antonin BECAUD</o:p><o:p>
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SOUVENIRS INEDITS SUR <st1:PersonName productid="LA COLONIE DE" w:st="on">LA COLONIE DE</st1:PersonName> 1936<o:p></o:p>
Nous voici à lun des soirs de colonie. Une nuit comme on en voit quen montagne. Comme il fait un peu frais à cause dune petite pluie, et comme on a bien couru, la veillée ne sera pas longue. Je crois même quil ny a pas délectricité, depuis que le tonnerre est tombé il y a deux jours, cest ce qui explique pourquoi lon voit quelquun se promener dans un couloir, une bougie à la main.<o:p></o:p>
Les garçons jouent encore dans la cour, à la faveur dun peu de lune ; avec eux, on ne sarrêterait jamais de jouer, ni de sauter, ni dinventer des jeux de nuit Mais il est bon de sentir ce soir la maison tout près <o:p></o:p>
Les jeux sarrêtent pourtant, par enchantement. Et en un instant lescalier est envahi.<o:p></o:p>
Cet escalier aboutit à une grange ; dans cette grange il ny a plus de paille depuis longtemps, mais il reste un tarare, il y a des lits pliés, un établi ; il y a aussi une vieille armoire toute ouverte où pendent des marionnettes ; deux corbeilles en osier comme en ont les comédiens, et qui ont contenu longtemps des tissus admirables : des robes de princesse, des casques de chevalier et des habits du roi nègre. Ce genre de grenier est vaste et haut : cest là quau début se sont réfugiés momentanément les scouts.<o:p></o:p>
Mais il y a aussi, qui danse, le souvenir du roi Kiki-Kolo, de sa noble épouse, le souvenir de <st1:PersonName productid="la Carotte" w:st="on">la Carotte</st1:PersonName> ; et surtout le souvenir de lanimal royal aux pattes noires, quon a vu sortir un beau jour, il y a un an, portant juché sur son dos Kiki-Koko et son épouse, de lanimal énorme qui mangea la carotte : lhippopotame Béhémoth ait mystérieusement disparu après une représentation de feu de camp sans doute, avec les autruches et le dompteur qui laccompagnaient à réintégré quelque lointaine contrée.)<o:p></o:p>
Voilà pour le lieu et latmosphère. On passera là cette veillée à la chandelle ; les garçons assis par terre, en rond, attendent que le Père entreprenne dans un grand silence :<o:p></o:p>
« Mes enfants, il y avait un jour »<o:p></o:p>
La chandelle veille. De lescalier profond montent, non moins attentives, les grandes personnes.<o:p></o:p>
Cest un marchand oriental, avec quinze vaisseaux, et il a trois filles <o:p></o:p>
« Le marchand était devant le prince. Trente et un prosternements en avant et vingt-quatre en arrière et puis : « Ma fille veut quon lui apporte le Rameau dOr »<o:p></o:p>
Survient ensuite le Portrait dans la chambre grenat, le Bel Oiseau, la coupe, les robes couleur dété Mais les deux surs jalouses <o:p></o:p>
Oh ! Déjà fini pour ce soir ! Cest un cri général. Les petits loups baissent déjà la tête de sommeil. Une minute encore pour la prière en commun ; et puis « Bonne nuit ! » lescalier quon monte <o:p></o:p>
Les plus petits des loups se sont déjà laissés déshabiller. Pourvu quils nentendent pas le tonnerre ; non ils rêveront au Rameau dOr. Ils font le bon Signe de Croix, paisibles, suivant le geste de cette infatigable demoiselle qui leur sourit.<o:p></o:p>
Pendant ce temps dans le vaste dortoir des colons, on nentend une voix qui chante :<o:p></o:p>
« Entre vos mains, Seigneur, je remets mon âme, Alléluia, Alléluia. »<o:p></o:p>
Tandis que la petite lumière tremble dans la grande ombre où vont venir tous les rêves de cette claire journée.<o:p></o:p>
Il sonne quelques coups dhorloge. On a oublié de rentrer les fauteuils dosier du jardin. Autour de la table de la salle à manger se prolonge une autre veillée. Les demoiselles, les dames, les abbés et les jeunes gens profitent encore de la chandelle. On tire la leçon de la journée, on prépare un peu la prochaine.<o:p></o:p>
Voici le Père qui nous lit le début de « Clotaire Nicole ». Cest un ami comme nous qui nous est donné par ce livre ; il a campé, voyagé sur les routes, aimé le soleil, lair, leau, les arbres et cherché Dieu.<o:p></o:p>
Et puis on parle de <st1:PersonName productid="la Pauvreté" w:st="on">la Pauvreté</st1:PersonName>, de lImprévoyance, de <st1:PersonName productid="la Route." w:st="on">la Route.</st1:PersonName><o:p></o:p>
Un coup de tonnerre interminable : lire devient impossible. On va jouer. On va chanter tout doucement : « Déri-Déra », malgré le tonnerre. Et lon est aussi jeune et gai que les garçons. Car, être grand, nest-ce pas navoir rien oublié de son enfance. <o:p></o:p>
<o:p> </o:p><o:p></o:p><o:p style="font-weight: bold;">Antonin BECAUD</o:p><o:p>
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votre commentaire -
J.M. ROLAND DE <st1:PersonName productid="LA PLATIERE" w:st="on">LA PLATIERE</st1:PersonName>
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Voyage en France 1769<o:p></o:p>
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Illustration : dessin de Joëlle Savey (Le Postillon tome III « Le Chant des escoliers »)
Ce personnage fut Ministre de lintérieur de Louis XVI à <st1:PersonName productid="la Révolution" w:st="on">la Révolution</st1:PersonName> et le mari de Madame Roland (écrivain).
Il raconte sa situation à la mort de son père :
« Laîné (Dominique né en 1722, chanoine-chantre de la cathédrale, conseiller-clerc au bailliage de Beaujolais, guillotiné à Lyon le 22 décembre 1793), qui se trouve chanoine, conseiller et héritier de mon père, était déjà grand à sa mort lorsque nous étions encore petits.
Trop jeune pour régir sagement et ne pas abuser de la position où lâge, la fortune et les circonstances le plaçaient au-dessus des autres. Il arrangea dun côté, brouilla de lautre et au total fit dassez tristes débris dune fortune déjà délabrée. La nécessité de se tirer devint plus urgente pour chacun : deux Jacque-Marie (1731-1807) et Pierre (1732-1789) se firent ou ont les fit Bénédictins ; le second était alors engagé dans une autre route ; quant à moi, mon âge trop tendre me fit négliger jusquà un autre temps.
Je voulus continuer mieux des études mal commencées, on me mit au collège des Jésuites de Roanne en Forez (« Un beau collège, bâti par le soin du P. de <st1:PersonName productid="la Chaise" w:st="on">la Chaise</st1:PersonName>, confesseur de Louis XIV » dit R. de Hesseln . Cette particularité de la vie de Roland était inconnue. On voit dailleurs que ce séjour à Roanne dut être court, vers 1750 ?), et javoue que, sans une maladie qui mobligea de revenir à la maison, jétais la proie de cet ordre si souple et si insinuant quand il désirait quelque chose, si fier et si insolent quand il ne craignait rien. Il est pour tout le monde un âge de ferveur, soit pour lamour, soit pour la dévotion : on passe de lun à lautre sans cahots ; cest la même disposition de lâme, il ny a que lintention différemment dirigée. Jaime lexpression dun homme de bon sens sur la manie quont les jeunes gens de lun et lautre sexe, pendant quelques instants de leur vie, de se clôturer pour toujours : « cest, dit-il la petite vérole de lesprit ».
La maladie qui extirpa les racines de cette dernière fut longue et longtemps dangereuse ; ce ne fut quaprès plus dun an de régime, de remèdes et de langueur que, toujours délicat et faible mais néanmoins bien trop tôt et de bonne grâce livrée au plaisir que près dun an encore, je marrachai au pays, à mes parents et à moi-même pour aller à Lyon tenter un état pour lequel je ne me sentais pas trop grand goût, mais dont les bassesses et les friponneries que jy vis faire par les gens chez lesquels on m avait maladroitement placé auraient anéanti et tourné en horreur les plus décidés. Javais alors entre 18 et 19 ans, et 20 complets lorsque je pris de là lessor qui ma tant et pour si longtemps éloigné".
Toutes ces données sur la première jeunesse de Roland sont dune imprécision agaçante. Essayons de les coordonner. Quand son père meurt, en 1747, il avait treize ans, et il semble quil fut alors au collège de Villefranche : « des études très mal commencées ». On lenvoie alors chez les Jésuites de Roanne ; ce doit être en 1749 ou 1750. Une maladie le ramène vers sa mère : « un an de régime, de remèdes et de langueur » : mettons 1750-1751. Puis une année de dissipation, soit 1751-1752. On le place ensuite dans le commerce à Lyon : « Javais alors entre 18 et 19 ans », ce qui nous mène vers 1752-1753. Enfin, « un an complet » (soit 1753-1754) quand il prend son « essor » et part pour Nantes (en mai 1757, comme il le dira plus loin) ; il dut y séjourner peu de temps, et nous savons quil était déjà à Rouen avant la fin 1754. Mme Roland, dans ses Mémoires tome II page 245, dit quil quitta sa famille à « 19 ans », ce qui nous porterait à 1753. Jai dit dans une note de mon édition que se dut être en 1752. Cela devra être rectifié puisque Roland dit ici : « 20 ans complets », cest à dire 1754.
Laîné ayant tout en main, et régissant toujours tout, y a souvent mis trop de fantaisie ; il a gêné par-là les autres et sest gêné lui-même. Ce nest quaprès nombre dannées que, la trace des erreurs les mettant bien à découvert, il en a convenu et sen est repenti, mais peut-être comme un joueur qui a tout perdu gardant toujours un secret penchant pour la bâtisse, je le crois, il ne lui manque que de largent pour avoir sans cesse autour de lui toutes sortes douvriers. Cette ruse ou violence, et toujours aux dépens et tant dautres, quon croit faussement éblouir ou faire taire en les écrasant de sa morgue. Leur absence a un effet tout contraire ; on devient humain, doux, généreux ; la société, la vertu même y gagne. Jai vu une foule dhommes inabordables se mettre ensuite à la portée de tout le monde, le désirer, sen faire mérite ; jai vu en bien plus grand nombre des femmes méprisantes, hautaines, acariâtres, devenir humbles, douces, et très sociables. Les gens riches en général ne font rien, ne savent rien, et il est très ordinaire de trouver les passions et les préjugés, lignorance et labsurdité, enfouies dans lor, bien plus encore que sous les haillons. Doù je pense, et par mille autres raisons encore que ce quon nomme adversité nest pas un grand mal ; je serais au contraire fort tenté den conclure en généralisant la thèse comme le fait <st1:PersonName productid="La Fontaine" w:st="on">La Fontaine</st1:PersonName> du cocuage" ..
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Tiré de louvrage de CL.Perroud (1913)
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</o:p>J.M. ROLAND DE <st1:PersonName productid="LA PLATIERE" w:st="on">LA PLATIERE</st1:PersonName> se déplaça à plusieurs reprises dans le village de Sainte Colombe sur Gand où il avait de la famille.<o:p></o:p>
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Passage de François Vinchant (historien) sur notre route
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Photographie : Roanne, la chapelle des mariniers de Loire, transformée en bureau de poste au début du XX° siècle<o:p></o:p>
François Vinchant, historien montois, fils de Gilles Vinchant et de Marguerite Dessus-le-Moustier, naquit à Mons, le 12 février 1582
Il appartenait à une famille riche et honorable qui avait donné plusieurs de ses membres à ma magistrature échevinale, et qui depuis 1501, porta dazur à la bande dor, chargée de trois étoiles de gueules : sa devise fut VINCENTIBUS ASTRA.
Il eut un frère, Jean, qui fut reçu conseiller à la Cour souveraine de Hainaut, le 20 avril 1626 et mourut le 15 mars 1659. Cest de lui que descendaient Charles-Antoine-Joseph Vinchant et Pierre-Félix-Joseph Vinchant, créés comtes en 1756.
Leur père, Gilles Vinchant, écuyer, seigneur de la Haye, Morval, Milfort, la Motte, Offrebaix, etc fut en 1584 capitaine dune compagnie bourgeoise de Mons.
François Vinchant fit un voyage en France et en Italie du 16 septembre 1609 au 18 février 1610.
Il se trouve bientôt à Lyon mais laissons-lui la parole :
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« Ceste ville, est marchande pour autant questante scitué au milieu de lEurope. Chacun y accourt. Et dautant que cest une des clefs du royaulme de France, lon y fait bonne garde tant de jours que de nuicts, mais principalement de nuict, car lors les bourgeois y font tousjour la ronde pour descouvrir toute inconvénience, et pour autant, disoit très bien un certain, que « Armatum négotium, parit otium ».
Partant de Lyon, je fus davis daller à la ville de Vienne laquelle est ville ancienne.<o:p></o:p>
Cest une des plus belles villes du pays de Dauphiné, auquel y a plusieurs fontaines fort remarquables. Lune desquelles ayant leau exttresmement claire, jette des pierres glissantes et polies, qui garissent non seulement de lophthalemie et malles des ieux, mais aussi attirent dehors toutes ordures qui sont en lil. Une aultre, assise non long de là, est de telle nature, à ce quon dit, quand il doibt advenir quelques stérilité ou famine dans le pays, elle sort en telle abondance que deux moulins en mouleroient.<o:p></o:p>
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On dit aussy quil y a une histoire dans ceste ville de Vienne ; quelle porte que Pilate seroit dans un puits dune tour, que lon dit la Tour de Pilate, où il est entendu faire de grands hurlemens. Lon sait quil jugea à mort Nostre Seigneur injustement, et quil fust envoié en exil à Vienne par les Romains. Aulcun disent quil estoir natif de Lyon et filz dun meusnier, mais bastard ; et quencore les seigneur de Pila, alentour de Vienne, sont descendu de ce Pilate. De surplus les mesmes autrheurs disent que peu avant le relèguement de Pilate à Vienne, Hérode avec son Hérodias avoit esté envoié en exil à Lyon par lempereur Caligula.
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Quoy quil en soit, je trouva bon en mon avis daller droit à Roane pour aller par barque sur la Loire à Orléans.
Estant donc party de Lyon, lon laisse à main droite près de la ville, lhostellerie où Henryh-Corneille-Agrippa, homme de grande estude, estant envoyhé par lempereur en embassade au Roy de France, mourut. Il estoit suspect de Négromancie Aulcuns disent couvertement quil estoit le plus grand sorcier de son eage. Il avoit toujours chez lui un petit chien noir, quil mesnoit de toute parte ; et il le faisoit coucher en son lct. Estant proche de la mort, il osta audit chien un golier tout chargé de cloux dargent, et où se voyoient divers caractères, disant : « Va-t-en, beste perdue ; tu mas du tout perdu ». Labeste salla ruer dedans le fleuve Saosne, duquel on ne le veit jamais sortir. Aulcuns estiment que cestoit le diable quil mesnoit ainsi en forme de chien.<o:p></o:p>
Ceulx de Louvain racontent merveille de cest homme, disant quun certain gentilhomme allemand sestant troujvé mort en sa maison, quil commanda au diable de faire promener ce corps de çà, de là parmi la ville. Ce que le diable exécuta . Et ce corps fust en après par le diable délaissé » estendu mort en plein marché.<o:p></o:p>
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Retornons à nostre voiage. Depuis Lyon jusquà Roanne, lon passe La Tour (de Salvagny), Bresle, (lArbresle) Tarrare, beau bourg, la Montaigne de Tarrare qui dure deux lieues et demye, Capelle (La Chapelle sommet du Pin bouchain) Fontaine (La Fontaine sur la commune de Machézal) St-Symphorien, Ste Marguerite (de Neaux) La rivière de Loire.
Puis estant parvenu à Roanne, petite ville, je fist provision de vivres selon la coustume de tous pour membarquer jusquà Orléans, avec compaignie daulcuns gentilzommes que je trouve.<o:p></o:p>
Ceste rivière de Loire, dite en latin « Ligeris », est de grande longueur, prenant son origine dune fontaine qui est sur la limite dAuvergne et près de la ville du Puy. Elle croist peu à peu de fontaines et de neiges fondues en montaignes, et court vingt quatre lieues sans porter de bateaux de grande charge.<o:p></o:p>
Or nous ne fusmes si tost embarquez que nous trouvasmes matière à rire, car plusieurs bateaux partoient quant nous remplis de bufs. Lun diceulx sestant jetté dans la Loire pour quelque umbraige quil receut, les aultres jusquau dernier, firent le mesme sans quon les peut arester. Et comme la rivière estoit dune course vitte, ils furent emportez bien long arrière de nous, avant quils se peuvent mettre à bord.<o:p></o:p>
Nous laisserons notre voyageur ici, alors que son embarcation lui permet de découvrir dautres villes comme « Palisse » (Lapalisse) et « Chasteau Bourbon » où se trouvent des bains.<o:p></o:p>
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