• commissions poste

     

    LA POSTE AU COMMISSIONS DE 1848

     

    dite « Poste à cinq sous »

     

    Après la proclamation de la II° République en 1848 un souffle de liberté balaya la France et on vit se fonder un peu partout des journaux républicains et des associations démocratiques.

     

    Tout le monde sait que les postes n’échappèrent pas à ce zèle qui suit d’ordinaire toutes les révolutions. Les postiers réclamèrent, comme les autres fonctionnaires des augmentations et formèrent des syndicats. Ils eurent même leur journal le « Moniteur des Postes » dont l’unique numéro célèbre les vertus des « esclaves d’hier », maintenant citoyens à part entière…

     

    Une tentative de service privé vit le jour dans l’euphorie générale et ne semble pas avoir duré bien longtemps : il s’agit de la « Poste au commissions. »

     

    Donc en cette année 1848, par acte devant Maitre Bayard, notaire, 22, place du Louvre à Paris, était fondé une « Société de travailleurs organisés » dont le siège social était au 6 de la rue Neuve-Saint-Augustin.

     

    Le capital de 100 000 francs en 4000 actions de 25 francs  ne semble pas avoir été entièrement versé. Le fond de réserve déposé au départ à la Caisse des dépôts et Consignations fut cependant de 25 000 francs. Le but de la Société était de permettre à tout Parisien, commerçant ou particulier d’envoyer un objet quelconque à n’importe quel autre Parisien en quelques heures et de recevoir éventuellement une réponse. De plus les cartes de visites pouvaient elles aussi être apportées ainsi que les imprimés.

     

    Une organisation fut mise en place : Paris était quadrillé en 30 quartiers. Dans chaque quartier plusieurs « relais hommes » étaient établis, de telle sorte que la distance entre chacun ne dépassa pas 200 mètres ! Ainsi « Chaque habitant en trouvera un à 50 mètres de chez lui en moyenne, c’est-à-dire les uns à 100 mètres au plus, les autres dans leur maison même »

     

    Chaque quartier avait droit à un Inspecteur qui avait «  pour mission d’ouvrir des relations avec la population toute entière, de veiller à l’excellente exécution du service, d’entretenir la clientèle dans un état constant de satisfaction ».

     

    Les relais sont numérotés de 1 à 585 mais des numéros sont laissés vacants pour des extensions éventuelles. En plus des « stationnaires centraux » et des « stationnaires répétiteurs » il n’y avait pas moins de 324 courriers qui remettaient n’importe où la « commission » en moins de deux heures.

     

    Tout ce monde était rémunéré  par un partage communautaire des recettes.

    Pour être inspecteur il fallait avoir cependant acheté 20 actions. Une option de salaire sous forme d’action et non d’espèces était prévue pour les camarades peu fortunés mais riches d’espoir.

     

    Le tarif était de 25 centimes par envoi, soit 5 sous, et 30 avec réponse. Il faut noter la vente de cachet à 20 francs le cent qui permettaient aux gros clients de ne payer que 20 centimes. Il y avait là un véritable billet de port payé précédant le timbre-poste de quelques mois ! On ne connaît pas le tarif des cartes de visite. Les clients avaient droit à un récépissé et la Société garantissait en même temps une indemnité en cas de perte et la protection de tout envoi par une toile cirée en cas de pluie. Le service a commencé en octobre 1848.

     

    Hélas notre poste à cinq sous ne semble pas avoir bien fonctionné. Dans un « ordre du jour » du 7 janvier 1847 signé de Ph. Maneiry on peut lire bien  des déboires « Travailleurs, le service ne se fait pas régulièrement, la distribution laisse beaucoup à désirer, les réponses mettent trois fois trop de temps ou manquent tout à fait, les objets s’égarent, on ne tient pas compte des ordres du jour, chacun veut faire le service à sa manière…au lieu de s’unir étroitement dans une pensée commune pour le bien de l’entreprise, comme nous l’avons tant de fois recommandé, chacun déblatère sur son coassocié, rejette les fautes sur les autres et c’est à qui de tous les sociétaires, qui jettera des bâtons dans les rouages de cette affaire pourtant si belle, si sure, et qui ne demande pour progresser qu’un peu de bon sens ».

     

    Le pauvre gérant explique plus loin qu’il est « en buttes aux accusations les plus absurdes », « jusqu’ici quelques amertume qu’il ait pu rencontrer dans l’accomplissement de sa tache, il a tout supporté en vue du succès de l’entreprise…Mais aujourd’hui que les mauvaises passions de quelques travailleurs les ont poussés à répandre des calomnies sur sa personne et son caractère, il prévient qu’il va saisir les tribunaux. » Il ajoute cependant qu’il y a de bons travailleurs qui suivent une voie « honnête et droite ».

     

    Il espère rentrer dans une phase plus brillante et fait un bilan désabusé. Au cours de la semaine écoulée, il y a eu 6787 commissions à prix divers qui ont rapporté 1733,60 francs, lesquels partagés entre les seuls courriers donneraient 5,35 francs à chacun. Il faut prélever sur les recettes des cartes de visite du nouvel an pour porter leur salaire à 6 francs seulement. Ce prélèvement laissera tout juste asse pour donner un acompte de 50 centimes par jour aux inspecteurs qui n’ont rien touché depuis le début (Ils ont cependant versé 500 francs).

    Les stationnaires, eux non plus n’ont rien touché encore. I leur faut faire une demande écrite pour réclamer leur part mais on les avertit qu’il n’y a que 604 franc à leur distribuer.

     

    Après avoir recommandé à tous de bien remplir les imprimés de service blanc et jaune, de les barrer à l’encre lorsqu’ils sont utilisés, de porter en tout temps la casquette « même pour les distributions d’imprimés » le gérant termine par le rituel : « Salut et Fraternité ».

     

    On peut douter que la « Poste à cinq sous » ait fonctionné encore bien longtemps. Il est probable que les « Travailleurs organisés » sont tombés dans l’oubli.

    assiette

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  • facteur rural parapluie

    Journal  « Echo de la Loire » : 29 janvier 1843

     

    Postes – Service Rural

     

    Le Préfet de la Loire aux Maires du département

     

                                                               Messieurs,

     

         Il existe encore, dans le département de la Loire 210 communes qui ne sont desservies que de deux jours l’un par les facteurs ruraux.

     

         Le budget de l’état, pour l’année 1843, contient une augmentation de crédit de 300,000 francs destiné à l’amélioration du service rural des postes ; mais cette somme est insuffisante pour généraliser l’avantage d’un service journalier, en l’étendant à toute les communes.

     

         Cependant, l’administration des postes désirerait être éclairée sur les besoins relatifs des communes pouvant prétendre à cet avantage, qui leur sera offert tôt ou tard.

     

         A cet effet, si votre commune est du nombre de celles dont je viens de parler, je vous invite à réunir le conseil municipal, pour qu’il émette son avis sur l’opportunité de la création d’un service journalier. Ce conseil devra expliquer les motifs qui seraient de nature à justifier la nécessité de cette création immédiate.

     

         Vous m’enverrez sans retard, par l’intermédiaire de M. le sous-préfet la délibération prise dans cet objet, et je la transmettrai à l’administration des postes.

     

                                     Recevez, etc.

     

                                                                           Le Préfet, P. de Daunant


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  • chauffeurs d'autrefois
     

    La Révolution à Saint-Germain-Laval…

     

    Les Chauffeurs du Pont Morru

     

    Les brigands s’étant cruellement manifestés, la Municipalité prend des mesures énergiques, hélas sans résultat et les chauffeurs s’en furent tranquilles avec les hardes et la bourse de Dame TERLUT.

     

         Ce jourd’hui 2 pluviose en IV de la République une et indivisible.

         Le Commissaire provisoire du Directoire exécutif a dit…

     

         « Dans la nuit dernière et environ sur les sept heures du soir, des brigands que l’on croit être au nombre d’une vingtaine environ, se sont introduits dans la maison de Claude Terlut, meunier au Pont Marru, commune de Saint-Martin-la-Sauveté, dépendant de ce canton, ils ne se sont point contenter de piller et emporter les effets dont ils ont pu se saisir et l’argent, ils ont exercé des cruautés et barbaries sur la personne de la maîtresse de cette maison en lui faisant griller les pieds, ainsi que nous nous en sommes assurés par le transport de notre personne dans le domicile du dit Terlut ; un pareil brigandage ne saurait trop réveiller l’attention des autorités constituées et est de leur devoir d’employer tous les moyens pour protéger la Société, veiller à ce que les personnes soient respectées, et leurs domiciles à l’abri de pareilles incursions, requiert en conséquence que le Commandant de la Garde Nationale de ce canton se concerte avec l’administration pour pouvoir aux moyens les plus prompts pour saisir les auteurs de pareils brigandages et les prévenir par la suite.

     

         Remettre en vigueur les ordonnances concernant les passeports des étrangers qui peuvent passer sur notre commune, notamment l’ordonnance de Messidor qui doit être de nouveau proclamée pour rappeler aux aubergistes et aux autres personnes recevant des étrangers qu’ils doivent s’enquérir de leurs passeports. Nous voulons pouvoir à la sécurité des personnes et des propriétés et à la tranquillité publique.

     

         Cela fait sur le papier, la Municipalité donne des ordres énergiques, l’urgence des circonstances et la gravité des sévices commis, a cru devoir suspendre tout arrêté jusqu’à l’effet de concourir conjointement à l’arrêté que se propose de prendre la dite administration municipale, soit pour réprimer les délits qui sont commis, soit pour parer à ceux qui pourraient se commettre, ainsi que pour assurer la tranquillité publique ».

         1° Que tous les agents des diverses communes répondront dans les vingt-quatre heures aux invitations des Commandants des gardes nationaux qui commanderont des piquets pour surveiller les lieux soupçonnés de servir d’asile aux brigands.

         2° Que l’arrêté pris par la Municipalité relatif aux hôteliers, aubergistes et cabaretiers logeant des étrangers et autres citoyens aura pleine et entière exécution sous peine d’être poursuivis conformément à la Loi.

         3° Que les commandants des divers piquets seront tenus de se faire présenter par les divers voyageurs les passeports dont ils doivent être nantis et s’ils n’en possèdent pas de les traduire devant les juges de police.

        4° Que les agents qui sont voisins des divers fleuves ou rivières apporteront exacte surveillance auprès des pontonniers, pour les engager à déclarer les personnes qui pourraient leur paraître suspectes. »

         Malgré ces magnifiques exhortations, les brigands continuèrent en toute tranquillité le sac des vergers, poulaillers et clapiers sans molester toutefois les personnes.

     

         Les gardes nationaux si énergiquement requis se tinrent coi, peu soucieux de courir les bois par nuit noire et d’y rencontrer les brigands.

         Monsieur DUPUY du CHATELARD commandant général de la garde nationale s’en plaint amèrement.

         «  Ce jourd’hui 7 pluviose en IV l’Administration municipale du canton de Saint-Germain-Laval en séance…

         Le citoyen DUPUY du Chatelard commandant de la Garde Nationale nous a assuré que diverses fois, il aurait requis des piquets pour faire des patrouilles pendant la nuit dans les endroits soupçonnés de servir de retraite aux malveillants, ainsi que pour prévenir les délits qui ne se sont que trop manifesté dans toute l’étendue de ce canton, mais que ces mandats ou invitations péremptoires sont restés sans exécution et que plusieurs citoyens se livrent à une insouciance impardonnable, ce qui nous force à porter plainte pour engager les citoyens à rentrer dans le devoir prescrit par la Loi ».

     

         La plainte du Commandant resta, elle aussi, sans effet ; au crépuscule il se trouvait seul au lieu de rassemblement et bien entendu se gardait de parcourir champs, bois et guérets à la recherche des bandits.

         La Municipalité ulcérée par l’échec de son  autorité décida de s’en prendre à des adversaires plus nombreux mais beaucoup moins dangereux à occire, elle déclara la guerre à la grande famille des « lépidoptères » également ennemis des vergers, il s’agissait tout simplement de la destruction des chenilles.

     

         Et l’on reprit la plume :

         « Ce jourd’hui 5 germinal en IV de la République une et indivisible, l’Administration municipale en séance publique.

       Le Commissaire du Pouvoir Exécutif a représenté que pour la justesse de l’Agriculture et la conservation des arbres à fruits, il importe d’engager les citoyens des diverses communes à écheniller les arbres pour pouvoir annuler les pontes d’insectes.

         Arrête que les agents des communes sont invités à réunir leurs concitoyens à l’effet d’écheniller les arbres à fruits et haies, invitons les dit agents à se livrer sans faiblesse à cette utilité dans la huitaine à défaut de remplir les vœux de la Loi relative à l’échenillage, ceux qui s’y refuseront seront condamnés aux peines y portées.

         Fait et arrêté les susdits jours et mois.

         Suivaient six signatures follement décidées

                                                                                           Lignon et Forez 1959


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  • facteur rural

     

    CURIEUSE  LETTRE POSTALE DE 1830

     

                                                            Roanne le 3 avril 1830

     

              Monsieur et cher Collègue

     

         Les facteurs ruraux doivent preter serment

    Devant le Juge de paix du Canton où ils sont employés

         Vous devez verser tous les jours à moi le montant de la

    taxe des lettres que je vous enverrai, mai quand à la taxe

    suplémentaire c’est seulement au Directeur de Lapacaudière

    a qui vous verserez en l’expliquant sur la feuille d’avis

    journalière.

         Vous n’aurez donc plus à tenir un compte par moi comme

    faisiez puisque ce sera tous les jours que m’enverrez le montant des

    lettres que je vous aurez envoyé.

           S’il y en a et il ne faut pas omettre de m’envoyer les feulles

    d’’avis vous devez voir que c’est une pièce de comptabilité qu’il faut

    que j’envoye à la suite de mes comptes demain.

           Les feuilles d’avis pour que les facteurs doivent cous être

    envoyées par le Directeur de Lapacaudière demandez les lui.

           Relisez bien l’instruction que vous avez reçue et penetrez

    vous bien de toutes les dispositions.

           J’ai l’honneur d’être avec ma parfaite considération

                                                                  Votre dévoué

                                          (signature) JOURJON

     

    (A monsieur Chavannes Distributeur des Postes à Saint-Germain-l’Espinasse)

     

                                              

       

        

     

     

     

     

     

                                                                                


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  • SORTIE DES CHEMINS DU PASSE AOUT 2011
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