• carnet roux

    LE CAHIER DU CURE ROUX

    D’après le Bulletin Paroissial « Le Clocher de Saint-Symphorien-de-Lay » 1941 (Première partie)

    Nous avons trouvé dans nos archives un cahier grand in-folio de 112 pages, portant la date du 1° novembre 1843.

    Ce cahier a été écrit par l’abbé Jean Roux, qui fut curé de Saint-Symphorien-de-Lay de 1841 à 1872. Il renferme des noms et prénoms de tous les paroissiens de cette époque, et un certain nombre de renseignements concernant leurs propriétés et leurs conditions sociales. Près d’un siècle s’étant écoulé depuis la rédaction de ce précieux document, nous ne pensons pas commettre une indiscrétion en le livrant à nos lecteurs. Nous omettrons d’ailleurs tout ce qui nous a paru être d’un ordre trop confidentiel.

    En 1843, la commune de Saint-Symphorien-de-Lay qui comprenait aussi le bourg de Lay et le territoire annexé depuis à Régny, avait une étendue de 4,849 hectares, 30 ares et ­60 centiares (chiffres du cahier). La paroisse, un peu moins considérable que la commune, puisque Lay aussi était paroisse, comptait 861 foyers et 3 975 habitants.

    Voici quels étaient les principaux propriétaires :

    -          Desvernay père, 471 hectares.

    -          De Ponthus, 313

    -          Gouttenoire Clément, à Peray 115

    -          Madame Gouttenoire, à Chatain, 106

    -          De Saint-Cyr, 104

    En dessous de cent hectares, nous citerons encore, par ordre d’importance :

    -          Gouttenoire Auguste, de Berchoux,

    -          Desvernay Antonin,

    -          Fontenelle Etienne, à Thélis,

    -          Ayet, à la Forêt,

    -          Gouilloud André, au bourg,

    -          Besson de Saint-Marcel,

    -          Giroud Benoît, au bourg,

    -          Bragard François à Bardillon,

    -          Lattas Antoine, à Martoret,

    -          Veuve Bailly, au bourg,

    -          Ducoing, de La Bénisson-Dieu

    -          Larréguy de Lyon,

    -          Desvernay, de Montagny,

    -          Veuve Lapoire, à Piron,

    -          Thély Barthelemy, à Pirotte, 

    -          Delorme Philibert à Matoret,

    -          Valfort Louis, à Varrion,

    -          Giroudon Claude, à Bras de Fer,

    -          Moine Jean, à Montcizor,

    -          Couty Philibert à Recorbet,

    -          Veuve Boulat, chez Matard, etc…

     

    Parmi les anciennes familles du pays qui exploitent depuis très longtemps les mêmes fermes, nous relevons les noms de Pivot, de Jourcy ; Gouttenoire, des Salles ; Pontille, de Charpenay ; Marcellin, de la Forêt ; Imbert, de Marigny ; Marcellin, de Grange-Blanche ; Mignard, de Chantelay.

    Note de l’auteur du cahier : l’unité employée dans le pays pour l’évaluation des terrains est la « mesure ». Elle se compose de 1200 pas de 2 pieds et demi. Elle vaut, en mètres carrés, 7 ares et 91 centiares, et l’hectare vaut 12 mesures.

     

    La commune de Saint-Symphorien-de-Lay qui comprenait aussi le bourg de Lay et toute la campagne au-delà du ruisseau d’Ecoron, était partagé alors en deux sections : la section de Saint-Symphorien-de-Lay et la section de Lay. Saint-Symphorien, chef-lieu depuis un temps immémorial avait fait pourtant une grande place, dans les affaires municipales, au bourg de Lay, où résidaient les plus importantes et les plus riches familles du pays.

    A de rares exceptions près, la section de Saint-Symphorien se trouvait peuplée par de petits cultivateurs et d’ouvriers mousseliniers dont le gain était modeste.

    Nous possédons sur ce point des documents qui font foi : ce sont deux rapports imprimés envoyés au Conseil Général de la Loire. L’un par le Conseil municipal, l’autre par le curé. Nous y lisons ceci : «  Dans la section de Saint-Symphorien, 222 familles sont entièrement exonérées d’impôts et 178 paient moins de dix francs. Pour la section de Lay, les chiffres correspondants sont seulement de 104 et 86.

    En dehors du bourg, la paroisse englobait des hameaux importants qui avaient l’aspect de vrais villages : le Picard, le Matoret, Montcizor, la Marine, Maroille, Thélis, Chatain et Ronfin : puis d’autres hameaux moins importants, au nombre de quinze, et les lieux-dits très nombreux, où se trouvaient deux ou trois maisons et parfois une seule ferme isolée.

    C’est à la campagne que l’on retrouve les plus anciennes familles de la paroisse. Il y a des noms respectables qui semblent fixés depuis toujours aux mêmes lieux, aux mêmes maisons. A ceux que nous avons cités déjà  plus haut, il convient d’en ajouter encore : Duret à la Bussière, Démolière chez Pirotte, Lafay et Moine à Montcizor, Sévos à Guignard, Givre et Mignard à Maroille, Cortay au Bouchet, Farjot et Fayard à Ronfin, Janet au Désert, Vial à la Pinée, Berchoux au Martoret, Marcel à Pramondon, Guillard à Recorbet…Mais au bourg également, il y a des noms qui ont acquis leurs titres d’ancienneté : Chenevier, Fraigne ou Fragne, Perriat, Valois. Et nous en oublions certainement !

    Ces considérations générales étant faites, nous aborderons sans plus tarder l’objet de notre étude, à savoir le dénombrement de la paroisse et de la presque totalité de la commune, il y a un siècle.

    LE BOURG :

    A l’époque dont nous parlons, le bourg comptait 217foyers et 836 habitants. Nous y trouvons le maire, Jean-Baptiste Aimé Dumolin ; le curé Jean Roux et ses deux vicaires, les abbés Ville et Mazeran. L’abbé Ville après être resté sept ans à Saint-Symphorien, fut nommé curé de Machézal. C’est lui qui fit bâtir, en 1857, la belle église de cette paroisse.

    L’école communale de garçons était tenue, depuis plusieurs années déjà, par les Frères du Sacré–Cœur du Puy. Le Frère Marie-Joseph, directeur avait pour adjoints les Frères Liguori, Célestin et Timothée. Une autre école de garçons existait dans le bourg : celle-ci tenue par Etienne Goyet, marié et père de quatre enfants. L’école de fille était à Lay, ce qui créait un gros inconvénient pour la pluralité des enfants de la paroisse. Le curé Roux ne tarda pas à y remédier, et c’est à lui que nous devons la grande maison des Sœurs qui est encore notre maison d’école. C’est aussi le curé Roux qui acheta la maison du docteur Barathieu pour en faire un hôpital, qu’il céda à la commune au prix minime de quatre mille francs.

    Tous les fonctionnaires résidaient au bourg de Saint-Symphorien. Parmi eux nous relevons deux noms connus : Philippe Gourlat, le percepteur, et Alphonse Déchatelus, fils de l’ancien notaire, qui avait la charge de la Justice de Paix.

    Les gendarmes, aux nombres de six, occupaient en haut de la grand’rue, l’immeuble d’une dame Giroud de Paris. Le gardien de la prison était Jacques Noyel.

     

    Deux docteurs-médecins, Barathieu et Baraduc, veillaient à la santé publique et se partageaient les malades. Pour les remèdes, il fallait aller les quérir à Lay, chez les bonne Sœurs Saint-Charles, qui tenaient l’unique pharmacie du pays.

     

    Le répertoire du cahier fait mention de trois notaires et de deux huissiers. Les notaires étaient Pierre Verrière, Jacques Rateau et Claude Déchaland. L’étude Verrière, qui occupaient cinq clercs, était la plus importante.

    Ce même répertoire renferme les noms de trois négociants : Gouilloud, Dumolin et Fougerat.

     

    Les corps de métiers étaient largement représentés. Nous n’avons noté, il est vrai, qu’un seul maître-maçon, mais, par contre, trois charpentiers, cinq menuisiers, et un ébéniste (Fonfrède), deux serruriers, deux ferblantiers, quatre charrons et deux maréchaux-ferrants. Ces derniers ne devaient pas manquer d’ouvrage car en plus des attelages particuliers, il y avait sur la commune onze postillons ou voituriers de profession.

     

    Les commerçants étaient nombreux. Il y avait cinq auberges, six boulangers, deux bouchers, un charcutier, huit cafetiers et, inouïe ! Un seul épicier (Flandre). Pour l’habillement : cinq tailleurs, trois cordonniers, un sabotier et un chapelier   .

     

    Enfin, on pouvait se faire raser ou demander une coupe de cheveux « à la Louis Philippe » ou «  aux Enfants d’Edouard » chez Mariotton et Devillaine, et…se munir de tabac chez Foujol.

    Pour être complet, il nous resterait à énumérer toutes les familles qui vivaient au bourg de Saint-Symphorien entre 1840 et 1850. Mais une longue énumération risquerait de lasser. Contentons-nous donc de citer les familles nombreuses d’autrefois qui méritent bien cet honneur :

     

    Famille :Fournel-Dumonceau : 8 enfants.

     

    Familles :Valfort ; Copet-ELizard ;  Faubert-Deroire ; Chenevier-Roche ; Combe-Guillon : 7 enfants

     

    Familles : Mariotton-Buton ; Truchet-Bouquin ; Jallon-Villachon ; Magat-Chambodu ; Goullioud- de Lombard ; Mignard-Berthuel ; Perret-Talichet ; Devillaine-Mariotton, Davis-Perrin : 6 enfants

     

    Familles : Berthuet-Millet ; Grosdenis-Brosse ; Garnier-Giroud : 5 enfants

     


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    ROANNE, les mariniers, les autrichiens, M. Chorgnon

    Revue Bleue 1905

     

    Il y a des villes dont la gloire est importante. Il ya d’autres villes dont le renom est modeste.

    Roanne n’appartient pas à la catégorie des cités qui ont établi très activement la grandeur de la France. Ce n’est qu’une petite ville sous l’ancien régime. Elle avait 8 000 habitants en 1815. Elle en compte 35 000 aujourd’hui. Comme elle est sans prétention, il est probable qu’elle ne dépassera jamais ce chiffre.

    Roanne n’est pas une cité militaire. Les habitants y occupent honnêtement leurs jours dans la fabrication de cotonnades estimables. Les Roannais ne sont point naturellement des soldats. Pourtant, ces pacifiques ont jadis joué ou failli jouer un rôle «leur » rôle comme guerriers ;

    C’était en 1814. Les Autrichiens étaient maîtres de Lyon. Leur avant-garde s’acheminait sur la route de Roanne à Saint-Symphorien. Les Roannais, en ces conjonctures, montrèrent des dispositions à l’héroïsme. Dieu ne leur permit pas de traduire dans des actes inoubliables cet héroïsme tout entier. Et aussi bien Roanne était une ville ouverte sans nulle défense contre une attaque digne de ce nom. L’héroïsme des Roannais eût donc été inefficace. Bref les Autrichiens foulèrent le sol de Roanne. Et la guerre en France s’arrêta net. Ce fut il est vrai, pour d’autres motifs.

    Mais une cinquantaine de volontaires roannais se couvrirent de gloire, comme on disait si joliment naguère, dans un fait d’armes pittoresque. Ils étaient quarante-cinq. Et ils firent passer un mauvais quart d’heure à un bataillon de quatre cents Autrichiens sur les coteaux de Saint-Symphorien-de-Lay. Et il y avait là le commandant Antoine Faure. Il y avait aussi Balouzet Louis dit « Lenfile » (tambour) ; Bertillot Jacques dit « Raquebot » (tambour), tous deux mariniers. Il y avait aussi l’ouvrier Joseph dit « Torron », marinier ; Ferrand Jean-Marie dit « Babolin », marinier ; Brissac François dit « le Borgne », propriétaire ; Cristin Pierre aîné dit Frelin, marinier ; Cristin Pierre cadet dit Paturat, marinier ; Cristin Claude dit « Patache », marinier ; Plossard Antoine dit « Battu », marinier, Plossard Louis dit « Cagliostro » marinier, Plossard Charles dit « Peton », marinier. Et vous y étiez, Louis Bertillot dit « Paris-Mollet », marinier, ancien militaire ; Dissard Louis dit « Pignoux », aubergiste ; Chollet cadet dit Dauphiné, charron… Et je ne nomme pas vos compagnons, héros de Saint-Symphorien, mais je pense à eux. Et d’ailleurs ils vivent dans le cœur des bons Roannais.

    Donc les volontaires partirent. Et quand ils furent près d’arriver, le commandant Faure leur tint à peu près ce langage : Vous m’avez nommé votre chef, vous pouvez compter sur moi, mais je veux que personne ne puisse m’adresser un reproche. Si vous voulez vous en retourner, je vous suivrai bien à regret ; si vous voulez revenir par la grand route, je marcherai avec vous ; si vous voulez aller à Saint-Symphorien-de-Lay, ma place est à votre tête.

    Le commandant Faure parlait raisonnablement. Les frères Delias Charles (caporal), qui était marinier, Delias Antoine qui était également marinier, mais qui n’était pas caporal, furent d’avis qu’on devait se battre. Le grand Laurent, vous savez, Laurent (Antoine), ferblantier, surnommés « la Balafre », à cause d’une glorieuse cicatrice qui lui couturait la figure, s’écria : Oui, partons ! Voilà le moment ou les cavaliers vont relever leurs postes, ils seront disséminés : allons voir où sont ces b…là »

    Ils dirent et ils marchèrent à l’ennemi. Les deux tambours reçurent l’ordre de battre bruyamment la charge… Le commandant dispersa sa troupe afin de donner moins de prise au tir des Autrichiens et de leur faire croire qu’ils étaient attaqués par des forces supérieures. Ils firent tant et si bien que les Autrichiens, se croyant attaqués par toute la garnison de Roanne, s’enfuirent en désordre, saisis de panique, et perdirent une soixantaine d’hommes, morts blessés ou prisonniers. Et voici la fin de l’histoire d’après une relation du temps :

    « Le commandant autrichien, surpris dans son sommeil, se sauva à peine vêtu par la fenêtre d’un fenil. Nos volontaires, après avoir cassé beaucoup de fusils, retournèrent à l’auberge de Flandre où ils prirent six chevaux ; il y eut un incident : le grand Laurent, entré un des premiers dans une cour, trouva, armés de sabres deux cavaliers à la porte de l’écurie. Il en couche un en joue et le renverse ; il court sur le second baïonnette baissée ; mais celui-ci la saisit par la douille et empêche ainsi le Roannais d’en faire usage. Tout d’un coup Laurent se rue sur lui l’étreint de ses mains vigoureuses, le renverse sur la litière et le transperce avec sa baïonnette.

    Tous les vainqueurs revinrent sains et saufs. Ils étaient 45. Mais voyez la difficulté d’écrire l’histoire. Une liste dressée un peu plus tard contient 48 noms. Trois intrus ! Quels sont-ils.

    Je dis l’histoire est difficile à écrire. Mais M. Abel Chorgnon, l’auteur de Roanne pendant l’invasion, a mis tous les soins à rétablir l’exacte vérité des faits, sauf qu’il ne sait pas comment les héroïques volontaire roannais, étant partis 45, on pu revenir 48 ; M. Abel Chorgnon est impeccable érudit. Et son œuvre, si discrète d’apparence, est une monographie complète, prudente, sagace, minutieuse.

    M. Abel Chorgnon ne l’eût pas écrite si, le 25 mars, 45 Roannais ne fussent allés à Saint-Symphorien, pour en revenir 48. Et pourtant son livre contient mieux qu’un récit d’un curieux fait-divers. L’âme d’une petite ville en des temps troublés y palpite.

    Les Roannais sont gens raisonnables. Ils possédaient en ce temps-là un Conseil municipal sage comme eux. Lorsqu’on apprend à Roanne la capitulation de Paris, la déchéance de l’Empereur, l’avènement de Louis XVIII, le Conseil municipal, que préside le maire Populle, se réunit et décide :

    « Le Conseil municipal spontanément réuni à la mairie, sur la connaissance qu’il a des diverses pièces émanées du gouvernement provisoire établi en suite de la prise de Paris par les armées alliées, après s’être pénétré des grands événements qui viennent d’arriver et qui permettent à la nation française un heureux avenir, et mû par les sentiments dont il est animé, a déclaré reconnaître le gouvernement provisoire et a délibéré à l’unanimité que l’adresse dont suit la teneur sera publiée et affichée :

    « Habitants de Roanne, l’on vous fait connaître les grands événements qui se sont succédé pendant ces derniers jours, et sur lesquels repose l’espoir de la France jadis, si belle, aujourd’hui si malheureuse. Les lis vont refleurir et avec eux les jours de paix et de prospérité. Un souverain, frère de ce digne monarque dont les malheurs affreux ont fait couler nos larmes, va monter sur le trône qui lui fut légué par le bon Henri, par cette suite de  rois qui furent tous votre bonheur et votre gloire. Une constitution sage, et qui ne présente aucune de ces institutions sous le poids desquelles vous gémissiez, va vous être donnée. Bénissons hautement la Providence qui nous fait enfin entrevoir un port assuré après tant d’orages ; ouvrons nos cœurs à l’espérance, ne comprimons plus un sentiment qui y fut si longtemps renfermé et crions tous avec transport : Vive Louis XVIII ! Vive le roi ! »

    Les conseillers municipaux de Roanne avaient alors un beau style. Mais quelques temps après cette adresse ultra-royaliste, Napoléon revint de l’ile d’Elbe. Les conseillers municipaux reprirent leur plume et leur enthousiasme. Ils affichèrent cette proclamation :

    « Habitants de Roanne, l’Empereur Napoléon vient de remonter sur ce trône qu’il a environné d’une gloire immortelle. Dans cette circonstance mémorable, écoutons la voix de la patrie qui nous avertit d’étouffer tous les germes de discussion qui pourraient se développer au sein de notre, cité de  nous rallier dans un seul sentiment : l’amour de la France, la nécessité de seconder de tous nos moyens les effort du grand homme, qui déjà, en l’an VIII, l’a préservée des horreurs de l’anarchie et qui déclare ne vouloir régner sur elle que d’après les lois et pour son bonheur !’etc.) »

    M. Abel Chorgnon a bien recherché dans les archives de la mairie la troisième proclamation que ne manquèrent d’ »afficher les conseillers municipaux de Roanne au second retour de Louis XVIII. Hélas ! Il ne l’a pas trouvée.

    Mais M. Abel Chorgnon a suivi un à un Tous ces petits mouvements des esprits et des cœurs. Il a reconstitué les mœurs politiques, les habitudes civiques d’une époque, dans une médiocre cité. Sa reconstitution est significative, non seulement pour la petite ville de Roanne, mais pour la plupart des villes de France. Héroïsmes, faiblesses, témérités, prudences, qualités et défauts des bourgeois entraînements généreux et un peu incohérents du populaire. M. Abel Chorgnon dépeint tout cela avec une indulgence aimable, et le décrit avec une douce sérénité. Il sourit cordialement à la vie de ses compatriotes d’autrefois, et sa piété ne laisse pas que d’être un peu narquoise.

    Au demeurant, son livre sans lourdeur, bien composé, clair, de style poli, est une des meilleures monographies locales que je connaisse.

    J.Ernest-Charles (REVUE BLEUE, Revue Politique et Littéraire -1°juillet 1905)

     


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  • foncia
     
    CARTON ROUGE
     
    Les handicapés font désordre dans les locations de cette sociéte et surtout les maigres pensions reçues échappent à la saisie, donc PAS D'HANDICAPES DANS LES IMMEUBLES GERAIENT PAR FONCIA.
     

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  • oiseaux

     

     

     

    LES MESANGES

     

    Les premières voix du printemps ne sont pas les plus harmonieuses, mais, après le morne silence des longs mois d’hiver, elles éveillent dans nos cœurs un sympathique et joyeux écho.

     

    Quelques coudriers, premiers enfants du printemps ; semblent se cacher dans un coin, pour se parer à leur aise de leurs petits groupes de chatons jaunes et perlés.

     

    Par-dessus le mur, on aperçoit dans des saules couronnés de leurs fleurs verdâtres, à la tendresse nuance, tandis que les branches des grands trembles laissent pendre mélancoliquement leur floraison.

     

    Or, parmi ces branches nues encore s’agite une foule bruyante et affairée. Une petite colonie joyeuse vient de s’y montrer sans qu’on l’ait vue venir.

     

    C’est une troupe de mésanges. Son arrivée a singulièrement animé le petit coin, naguère si morne, où elle s’est abattue. Chacun de  individus qui composent cette troupe bigarrée et qui inspectent minutieusement les crevasses des arbres fourchus et des vieux murs est libre et isolé, tout en faisant partie de la bande dont il suit le mouvement. La sociabilité des mésanges s’accuse nettement. Il suffit d’un appel un peu plus perçant que leur cri ordinaire pour qu’elles se réunissent immédiatement. Leur agitation est si grande qu’elles semblent deux fois plus nombreuses qu’elles ne sont réellement.

     

    On s’étonne de voir dans un si petit corps une si grande abondance de vie. Car les mésanges sont peut-être de tous les oiseaux les plus actifs et les plus pétillants. C’est un va-et-vient continu, d’un arbre sur un autre. Elles sont dans un mouvement perpétuel ; et quel mouvement ! Elles voltigent, sautent, grimpent, s’accrochent, se suspendent dans toutes les postures, la tête en bas ou de côté, sur les branches, courant dans tous les sens le long des écorces. C’est une succession ininterrompue des attitudes les plus excentriques. Et tout en se livrant à cette gymnastique prodigieuse, elles ne cessent de manger ; il faut, en effet, beaucoup d’aliments pour entretenir un foyer si brûlant ; insecte, graines, tout leur est bon.

     

    On a calculé qu’une mésange bleue du poids de 120 grammes absorbe, par jour, plus de 3 000 œufs de papillons, représentant le cinquième environ de sa nourriture. On a évalué qu’en détruisant les insectes et les œufs dont elle se nourrit, une seule mésange conserve au cultivateur quatre litres de blé par an. Voilà, je pense, une démonstration suffisante à la nécessité qu’il y a de protéger les oiseaux.

     

    Rien n’échappe à l’étreinte de leurs petites serres ; rien ne résiste à leur petit bec droit, fort, généralement tranchant et aigu. Ce sont des échenilleuses infatigables de nos forêts, de nos vergers et de nos jardins.

     

    Sans doute, elles ne nous rendent pas ce service gratis et le font payer par une dîme prélevée, sans consentement commun, sur quelques-uns de nos fruits et sur quelques graines précieuses. Mais qu’y faire, sinon acheter le bien en le payant du mal le moins cher possible ? Nous ne devons pas les aimer pour elles-mêmes, par charité, mais pour nous-mêmes, par égoïsme, à cause des services qu’elles nous rendent…à leur profit.

     

    Avec la grande vivacité de nature que nous avons signalée, les mésanges sont très sociables, mais non moins querelleuses. Elles se battent, se réconcilient pour se battre à nouveau une minute après. Il n’est pas d’ennemis qu’elles ne bravent ; au cri de la chouette, elles accourent et se précipitent dessus avec acharnement ; prises par l’oiseleur, elles le piquent, lui mordent les doigts, elles se défendent tant qu’elles peuvent. Mais il y a loin de là, tout de même, à tout ce qu’on leur reproche parfois. 

     

    Nous ne prétendons pas que leur intrépidité ne les entraîne parfois trop loin. Mais ajoutons vite qu’elles ne mettent pas moins de fougue dans leurs bons sentiments : il  n’y a pas de meilleures mères ni mères plus fécondes ; elles trouvent le moyen de procréer et de nourrir dix, douze, jusqu’à dix-huit petits à la fois.

     

    Pour loger une telle lignée, quels nids ne faut-il pas ? Aussi ne ménagent-elles ni leur industries ni leur peine. Elles emploient à les construire des matériaux de choix, tels qu’herbes menues, racines flexibles, mousse soyeuse, flocons de laine, plume et duvet végétal, et elles se servent très adroitement de leur bec pour tresser, arrondir, tisser, façonner en forme de boules ces matières diverses.

     

    Elles ne se bornent pas à être fécondes, elles ont le sentiment de la famille très développé. Mâle et femelle déploient un zèle et une activité infatigable pour sustenter leur nombreuse nichée.

    Les mésanges forment dans la grande famille des oiseaux un clan qui se tient d’une manière remarquablement homogène. Caractère, mœurs, voire même couleur, facies, tout les distingues des autres genres.

     

    Les désigner l’une après l’autre nécessite presque un dénombrement à la façon homérique. :

    Il y a la mésange « charbonnière » reconnaissable à sa forme trapue et son capuchon noir. Lorsque le temps est à la pluie, elle an un cri rappelant le grincement de la lime sur le fer et qui lui a valu le surnom de « serrurière ». A côté d’elle se trémousse la mésange « à tête bleue », la plus jolie, la plus effrontée et la plus courageuse de la famille. C’est une formidable échenilleuse.

    Puis la « nonnette cendrée », qui emmagasine des graines dans son trou est fait une rude guerre aux guêpes, la « penduline » qui tisse son nid de façon la plus merveilleuse et le suspend aux branches des arbres, absolument comme le loriot ; enfin la « mésange à longue queue », si élégante et si rapide dans son vol qu’on la prendrait pour une flèche…

                                                 L. Kuentz (Extraits du journal « La Croix) (1938)


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  • abbesse pradines
     
    crosse
     
    Illustation : la crosse de l'Abbesse
     

    BENEDICTION ABBATIALE A PRADINES

    Le jeudi 5 mai 1938, le monastère des Bénédictines de Pradines, qui s’élève majestueusement au-dessus d’une humble vallée, était en liesse. Car la Révérente Mère Sainte Elisabeth, née Clotilde Denis originaire de Neaux, y recevait solennellement des mains de Son Eminence le Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, la bénédiction abbatiale.

    Donc dans le chœur de la chapelle, avaient pris place Mgr Rouche, Vicaire Général, Supérieur des Religieuses, Dom Laure, Abbé d’Hautecombe, Dom Fulbert Gloriès, abbé de la Pierre-qui-Vire. MM. Les Aumôniers du couvent et un nombreux clergé.

    Les parents de la nouvelle Abbesse, les anciennes élèves de l’ex-pensionnat et tous les invités remplissaient les bas-côtés.

    Nous ne pouvons songer à retracer ici les splendeurs de la messe pontificale et les cérémonies particulières, dont l’exécution impeccable fut l’œuvre d’un liturgiste éminent Dom Buenner.

    Dison seulement que la nouvelle Abbesse fit le serment de garder intacte la Règle de l’Ordre et d’en assurer l’observation dans sa communauté ; que, prosternée devant l’autel, et tandis que les assistants imploraient à son intention le secours de tous les saints, elle renouvela à Dieu le don total de sa personne et de sa vie ; et que, après avoir reçu l’anneau et la crosse, elle fut intronisé par Mgr l’Archevêque.

    Ensuite dans la clôture, chacune des moniales vint à son tour promettre obéissance à l’Elue et recevoir d’elle le baiser de paix : cérémonie bien touchante, affirmation symbolique de deux grandes forces, l’autorité et la charité, qui font, de tous nos monastères, des foyers de satisfaction intensive et rayonnante, personnelle et sociale. Et cela suffit amplement pour démontrer leur utilité.

    Puisse la regrettée Mère Saint François d’Assise, dont le souvenir planait sur l’assemblée, obtenir de Dieu, pour celle qui lui succède, les longues et si fructueuses années de son règne !

     

    LA CROSSE PASTORALE DE L’ABESSE

    Technique : orfèvrerie

    Désignation : crosse pastorale d'abbesse

    Dénomination : crosse pastorale

    Matériaux : argent : repoussé ; ivoire (décor) : taillé ; ébène : taillé, poli

    Description : Crosse composée d'une hampe en ébène et d'un crosseron en argent, orné d'un motif en ivoire. Le nœud, également en ivoire, est sculpté en relief de deux écus, en forme de losange, portant des armoiries et de deux médaillons circulaires identiques.

    Dimensions : h = 19,5 ; l = 18 ; pds = 521 (dimensions du crosseron) Iconographie : colombe ; vannerie

    Commentaire iconographique : Motif de vannerie sur le noeud et colombe aux ailes déployées au centre du crosseron.

    Inscription : armoiries (sur l'oeuvre, en relief) ; inscription (initiale, sur l'oeuvre)

    Précision inscription : Armoiries identifiées (sur le noeud) : armes de l'abbaye Saint-Pierre de Lyon et armes de l'abbesse de Pradines ; inscriptions (sur les médaillons du noeud reproduisant la médaille de saint Benoît, initiales des mots de phrases latines) : C S P B (entre les bras de la croix : "voici la croix de saint Benoît") / C S S M L (verticalement : "que la croix soit ma lumière") / N D S M D (horizontalement : "que le dragon ne soit pas mon chef").

    Lieu d'exécution : Rhône-Alpes,69,Lyon

    Stade création : pièce unique

    Date : 1938

    Historique : Cette crosse a été réalisée pour la révérende mère Stanislas (Marie-Elisabeth Denis), abbesse de l'abbaye Saint-Joseph de Pradines (42), en 1938. Commandée d'abord à l'orfèvre lyonnais Amédée Cateland qui meurt avant d'avoir pu honorer la commande, sa réalisation est ensuite confiée à l'atelier Mémery et Hours. Cet atelier travaille d'après un dessin du décorateur lyonnais Jean Coquet.


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