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    LA « ROTULA »
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    Au Moyen-Age les moines correspondaient par l’intermédiaire d’un porte-rouleau qui transportait d’abbaye en abbaye une longue bande de parchemin qui s’allongeait au cours du voyage en raison des accusés de réception.

    Certains rouleaux atteignaient jusqu’à <st1:metricconverter productid="16 mètres" w:st="on">16 mètres</st1:metricconverter> de longueur.

    Le ROTULUS  de saint Vital : curieux et très exceptionnel le document informe ses lecteurs du rappel à Dieu de saint Vital, le 16 septembre 1122, alors qu’il officiait comme prieur de l’abbaye de Savigny.

    Le « rouleau des morts » (rotulus en latin) est en effet le moyen de communiquer qu’ont adopté les communautés monastiques à partir du IX° siècle pour annoncer les nouvelles importantes de leurs abbayes et monastères.

    Rédigé en latin sur un rouleau de parchemin, le « rotulus était confié à un « rotuliger » ou « porteur de rouleau » qui l’acheminait jusqu'à l’abbaye ou le prieuré voisin. Le message étant bien reçu, le destinataire y ajoutait ses propres nouvelles sur un rouleau le « titulus »  qu’il attachait au précédent avant de confier le tout au rotuliger qui reprenait la route. Chaque destinataire agissant ainsi de même.

    Le rotulus de saint Vital est une lettre de plus de  <st1:metricconverter productid="8 mètres" w:st="on">8 mètres</st1:metricconverter> de long et comptant 206 réponses écrites des deux côtés qui est parvenu jusqu’à nous.


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    A PIED …..COLPORTEURS, COMPAGNONS DU TOUR DE  FRANCE et….AUTRES

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     Autre familier de la grande-route : le colporteur, le vrai tentateur du village. Il sort de sa « balle » de grosse toile les fantaisies, la mercerie, les colifichets pour les femmes et les filles, les livres et les almanachs pour ceux qui savent lire, les images pour les autres, les mille riens, enfin, plus ou moins inutiles qui ornent encombrent une maison. Très entouré, il répand également les nouvelles au temps où la gazette franchit rarement les murs des villes.<o:p></o:p>

    Chacun lui sait gré d’apporter, avec les nouvelles de la région, l’aliment de nouveaux commérages. Seuls l’économe, le sage et le ladre le fuient avec prudence.

    Une caravane de bêtes de bât en file indienne, baudets, mules, mulets. Un valet en tête, un autre en queue. Le marchand de foire ou de marché, personnage d’une certaine importance, tient le milieu de la route pour mieux surveiller, gens, bêtes et chargement. L’œil méfiant, la bouche froide, il réserve ses sourires pour la clientèle avenir.

    Parmi les livres de jeunesse que lisaient nos parents, il était toujours un titre qui remportait beaucoup de suffrages : « Les compagnons du Tour de France ». Reprenons ensemble le récit de leurs voyages de ville en ville. Ils se mettent en route, au sortir de leur apprentissage, pour satisfaire leur goût de l’aventure et compléter leur instruction professionnelle.

    Singulier enseignement que celui qu’ils trouvent dans vingt provinces variées et quel contraste d’horizon avec celui de l’artisan rivé toute sa vie à son échoppe ou à son atelier de ville !

    Partout sur leur chemin ils reçoivent un accueil hospitalier et chacun s’efforce de leur procurer du travail. Sous la protection de leur corporation, la table, le gîte et les soins de maladie leur sont offerts, même s’ils n’ont pas d’argent. Leur parole d’honneur suffit et l’on sait que toute avance qui leur est faite sera tôt ou tard intégralement remboursée. Et quand ils jugent qu’ils n’ont plus rien à apprendre dans telle ville, ils la quittent en cortège, accompagnés par les ouvriers de l’endroit qui leur ont servi de guides. Ils ornent leur costume de longs rubans aux couleurs de leur métier, ils portent des boucles d’oreilles avec les attributs de la corporation. Et deux par deux, un guide à côté d’un compagnon, ils franchissent les murs et se réunissent pour la dernière fois dans quelques cabarets de banlieue.

    Après les accolades de l’adieu, les compagnons du Tour de France, le paquet sur l’épaule gauche et la canne dans la main droite, disparaissent lentement, non sans crier encore quelque merci à l’adresse de ceux qu’ils laissent.

    La route entraîne également avec elle les marchands de rêve et d’illusion. Chanteurs, jongleurs, comédiens, bateleurs, batteurs d’estrade et autres amuseurs se déplacent sans cesse en longs cortèges pitoyables, mais suspects également, tant la population les confond volontiers avec des Bohémiens et les maraudeurs. Enfin la troupe innombrable des « enfants de dieu », les mendiants, couchant la nuit sous les ponts, dans les granges ou à la belle étoile, le jour tendant la main de porte en porte, couverts de plaies et d’ulcères, claquant des dents, pleurant, geignant, cherchant ainsi à émouvoir la pitié des bonnes âmes, joli monde groupé en confréries avec ses usages et son argot.

    Pour calmer les craintes et pacifier les esprits, la maréchaussée, de temps à autre, purge les grands chemins et les plus mauvais garçons de France vont, à l’ombre des cachots, rêver, provisoirement de leur liberté perdue !

    Un poète burlesque méconnu « Dassoucy », chantre de la promenade à pied, en 1654 (donc un siècle avant Jean-Jacques Rousseau), fait l’éloge du voyage à pied et raconte sa traversée de la Bourgogne :

                            « les bras pendants, avec une bonne paire de souliers plats…, un âne devant lui portant ses hardes dans un coffre, son valet et deux pages le déchargeant de tout souci aux étapes » Il chante la découverte inopinée d’un petit tertre fleurant le thym et le serpolet, l’air qui aiguise l’appétit, le bon vin de l’étape, les draps blancs à l’odeur de lavande, le sommeil bienfaisant qu’interrompent les premiers rayons du soleil et le chant des oiseaux, le départ matinal avec toutes les promesses d’une merveilleuse journée…

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    Photographie : la maison du tanneur à Lay

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    Ancienne maison en Forezienne

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    La GALERIE ou AÎTRE

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    Autre interprétation du latin « atrium » en passant par le latin ecclésiastique le mot change de sens.
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    L’ « aître ou estre » se rencontre de la plaine à la moyenne montagne dans le Forez, avec une forte concentration entre le quadrilatère BOEN – CHAMPOLY – VILLEMONTAIS – AMIONS.

    L’aître est construit en général au niveau du premier étage de la façade avant du bâtiment d’habitation.

    Au rez-de-chaussée se trouvent : la salle commune, une souillarde et une chambre orientée au sud.

    Pour aller aux pièces supérieures ou pour faire sécher à l’air, les noix, le chanvre, les oignons et le fromage, un escalier droit en bois permet d’y accéder (parfois une simple échelle avec une trappe.)

    La forme la plus ancienne et la plus fréquente et celle du poisson, le signe protecteur de la maison, puisque c’est un symbole de prospérité et de fécondité. Le poisson évoque Jésus  Christ le Sauveur, l’espérance à Dieu.

    Les galeries hélas tendent à disparaître, la maison perd alors une partie de son caractère.

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    A PIED : LE MOINE ET LES MIGRANTS
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    Autre piéton respectable et bien connu de toute l’ancienne France : le moine.

    Il parcourt inlassablement les rues et les routes dans l’exercice de son apostolat. Il prêche, confesse, dirige  une mission, donne l’absolution et distribue des indulgences. Il visite les maisons, tantôt pour mendier, tantôt  pour faire la charité. Mais quel embarras ce devait être pour nos pères de reconnaître, l’uniforme et les insignes distinctifs des innombrables ordres monastiques installés dans le royaume !

    Pendant tout le Moyen-Age et même encore plus tard, beaucoup d’étudiants pauvres font à pied le chemin entre leur terre natale et leur ville d’Université. Les « écoliers », c’est ainsi qu’on nommait jadis les étudiants, vivent au long du chemin, d’aumônes et de bienfaits. Les paysans les accueillent mieux que les bourgeois, qui ont trop souvent à se plaindre de la fantaisie et de la turbulence des universitaires.

    Tout le temps du voyage, les étudiants restent sous la protection puissante de leur Faculté. Cet avantage et l’importance d’autres privilèges expliquent que trop de mauvais sujets, maraudeurs, voleurs, se déclarent faussement comme des « écoliers ». Il ne manque pas de jeunes gens pour tourner mal. Tel cet ancien étudiant, plusieurs fois mis en prison pour de graves méfaits, au temps de Louis XI et de Charles VII, réchappé à grand-peine du dernier supplice, et qui devint immortel comme poète sous le nom de François Villon.

    Depuis les premiers siècles de notre histoire jusqu’à nos jours, les routes ont été suivies par des voyageurs de profession. De tout temps les hommes se sont déplacés en quête de travail. Certaines régions trop peuplées ou trop pauvres, ou les deux à la fois, se sont vidées d’une partie de leurs habitants.

    L’Ancienne France a connu, d’autre part, un mouvement d’ouvriers considérable, avant l’époque des manufactures et des usines. Le commerce s’est diffusé à  travers tout notre pays grâce aux routes qui ont permis la fixation de foires et de marchés. Sans parler des liens qui  se sont créés entre les villes et leur banlieue. N’oubliez pas le tableau de Perrette, légère est court vêtue pour y vendre son lait.

    Que de silhouettes sont restées familières pendant des siècles à nos aïeux : l’émigrant provincial à Paris, le colporteur, le marchand, le compagnon du Tour de France.

    Chaque année les provinces se vident d’hommes et d’enfants qui vont dans les grandes villes et surtout à Paris exercer un petit métier.

    De vieilles chansons  nous ont transmis les cris modulés qui annoncent l’objet de leur commerce :

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    « Charbon de jeune bois !<o:p></o:p>
    Il n’est qu’à trois sous le minot »

                           (le charbonnier du Morvan)

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    « Faites-moi gagner ma journée<o:p></o:p>
    A ramoner : je m’y esbas »<o:p></o:p>

                  (Le petit Savoyard)

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    « Chaudronnier, chaudronnier !<o:p></o:p>
    Je mets la pièce auprès du trou. »

                 (le réparateur Auvergnat )

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    « Peignes de buis, la mort aux poux !<o:p></o:p>
    C’est la santé de la tête,<o:p></o:p>
    Et aux enfants fait faire fête ;<o:p></o:p>

    Et guérit les chats de la toux. »

                 (le montagnard du Jura)

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    Et nous passons sur certains métiers curieux, apanages de provinciaux, tels les épiciers d’enfer (vendeurs ambulants de poivre, gingembre et autres épices brûlants le palais).

    <o:p> </o:p>Après une saison, une année, voire plus, les émigrants retournent à pieds au pays natal, les poches lestées de quelque argent.


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    A pied sur la route : le Pèlerin
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    L’histoire du voyage à pied devrait  commencer au paragraphe des chaussures. Non que les populations ne marchent les pieds nus et ne parcourent pas ainsi de grandes distances. Mais sans chaussures, pas de piéton capable de faire régulièrement par tous les temps, à travers tous les terrains, des étapes journalières de 25 à <st1:metricconverter productid="30 kilomètres" w:st="on">30 kilomètres</st1:metricconverter>. Songeons aux pèlerins et aux croisés populaires, aux compagnons du  Tour de France et aux grognardS de <st1:PersonName productid="la Grande Armée" w:st="on">la Grande Armée</st1:PersonName>, pour apprécier justement l’importance….. de la cordonnerie française !

    Le paysan, aux origines même de notre histoire, fait et s’entoure souvent les jambes de houseaux, guêtres de cuir avec sous-pied pour se protéger dans une marche à travers les champs et les fourrés. Le citadin préfère le soulier, la botte étant plutôt réservée au cavalier, noble ou soldat. La forme de la chaussure reste immuable (il suffit de se souvenir que la mode de la poulaine, avec sa pointe démesurée, a régnée chez nous pendant quatre siècles.)

    Le luxe apparaît très tôt, mais il affecte peu « l’article de voyage ».

    Pendant tout le Moyen-Age, le piéton le plus populaire est sans conteste le pèlerin. On le reconnaît aisément à sa robe mantelet et capuchon, ornée de médailles de plomb, à son attirail bénit, fait d’une « escarcelle » ou bourse, d’une « écharpe » ou sac à  provision pendu de côté et du « bourdon », long bâton terminé au sommet par une pièce de métal portant une inscription pieuse.

    Il cache soigneusement sa « licence » (nous dirions aujourd’hui sauf-conduit ou passeport) et ses lettres de recommandation. Il jouit d’une considération toute spéciale qu’il aille à Rome, en Espagne (à Saint-Jacques-de-Compostelle), à Jérusalem ou que la piété et la pénitence le poussent plus modestement vers quelques sanctuaires français (Chartes ou Tours par exemple). Il se sait sous la protection de la juridiction de l’Eglise (« Excommunication et damnation à qui oserait le toucher d’une main, sacrilège »), mais la route est longue difficile et dangereuse.

    Il peut compter sur des subventions au  départ, des aumônes en cours de route, des exemptions de taxes pour lui et ses bagages, l’hospitalité dans l’hôtellerie des couvents ou, s’il est noble, le gîte dans le château de ses égaux.

    Mais rien ne vaut pour le confort, les bonnes pièces d’or et d’argent qu’il fera tinter à l’étape. Il peut demander sa route au passage, mais il préfère, par crainte d’aventure, se fier plutôt à son manuel du pèlerin. Ce livre comporte, après des hymnes et les miracles les plus célèbres du saint qu’on honore, la description des routes et des étapes avec les distances, un vocabulaire usuel des langues et patois des pays traversés, la liste des points où l’on trouve de l’eau, des reliques et des curiosités au passage.

    Le plus souvent il préfère se joindre à une bande, pour plus de précaution et de facilité et si la piété y perd parfois au profit d’une certaine « liesse » collective, bien vite on se ressaisit et le cantique ou la prière reprennent en cœur, pour la plus grande édification des passants.

    Et de retour, quel ne sont point les récits lourds de souvenir et parfois également imaginaires, qui feront du pèlerin un personnage prestigieux et entouré. C’est au point que bien des chroniqueurs de l’époque, sans doute d’assez méchante espèce, écrivaient que pour rompre la monotonie du temps, le meilleur remède à l’ennui était encore un pèlerinage.


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